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 Quatrième de couverture : À la Belle Époque, François-Ferdinand 
        fait partie de la jeunesse insouciante de Vienne. Entouré de ses 
        amis, il tourne en dérision lamour et le temps qui passe, 
        samuse et sinstruit. Un autre François-Ferdinand, larchiduc, 
        est assassiné. Les jeunes gens sengagent avec enthousiasme 
        dans la guerre, sans deviner que le déclin de la monarchie austro-hongroise 
        aura bientôt raison de leurs illusions. 
 Si La Marche de Radetzky illustrait 
        la gloire et le déclin de lAutriche-Hongrie au rythme enjoué 
        de la marche militaire de Johann Strauss, le titre même de La 
        Crypte des capucins, qui décrit le désordre de lAutriche 
        disloquée, évoque une marche funèbre. Joseph Roth, né en Galicie austro-hongroise en 
        1894 de parents juifs, mène parallèlement à sa carrière 
        de journaliste à Vienne, Berlin, Francfort, Paris, celle de romancier 
        et nouvelliste. Opposant de la première heure au national-socialisme, 
        il quitte lAllemagne dès janvier 1933 pour venir sinstaller 
        à Paris, où il meurt en 1939. Rabats jaquette : Joseph Roth est né en Galicie austro-hongroise en 1894, de parents juifs. Après des études de philologie à Lemberg et à Vienne, en 1916, il sengage dans larmée autrichienne. Au sortir de la guerre, il se tourne vers le journalisme tout en menant une carrière de romancier. Opposant de la première heure au national-socialisme, Roth quitte lAllemagne dès janvier 1933 pour venir sinstaller à Paris, où il meurt en 1939. Il laisse une uvre abondante et variée : treize romans, huit longs récits, trois volumes dessais et de reportages, un millier darticles de journaux. Blanche Gidon, confidente et amie de Joseph Roth, était professeur dans un lycée parisien et traductrice littéraire. De Roth, dont elle a défendu luvre avec passion, elle a traduit plusieurs romans et nouvelles. 
 
 
 
 
 
 Les éditions de La Crype des capucins 
        :  Et un film allemand de Johannes Schaaf, adapté du roman en 1971 : Trotta | Joseph Roth (1894-1939) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
| DES 
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Fanny (avis 
        transmis)
(avis 
        transmis) 
        J'ai vite été happée par cette lecture, la thématique 
        me laissait penser que l'approche serait plus ardue. 
        J'ai aimé la dimension instructive de la peinture sociale qui traverse 
        le récit. Je trouve aussi qu'à plusieurs moments Roth donne 
        un regard décalé qui amène un angle de vue intéressant. 
        
        Par exemple sa définition de la guerre mondiale (p. 71, éd. 
        du Seuil) : "Non 
        parce qu'elle a été faite par le monde entier mais parce 
        qu'elle nous a tous frustrés d'un monde..."
        Ou encore sur la vision des matins :"faux 
        ami, morose et doucereux, perfide bienfaiteur".
        L'entrée dans la guerre marque un point de rupture avec un saut 
        dans le temps entre l'annonce du début de la guerre et une immersion 
        directement deux ans plus tard (p. 81).
        Cette rupture se retrouve dans le basculement de la relation aux autres 
        des personnages principaux, en particulier dans leurs relations amoureuses. 
        Au début du chapitre 30, en quelques mots Roth dresse une peinture 
        du statut marital qui est très éloignée du romantisme 
        passionné et vient en quelque sorte répondre au positionnement 
        volage en début de roman et corroborer les craintes des jeunes 
        étudiants. Le glissement du "je" sur le "on" 
        au deuxième paragraphe embarque, je trouve, le lecteur dans cette 
        position ("Je 
        couchais donc dans notre maison aux côtés dÉlisabeth. 
        Cétait ma maison. Elle était ma femme. En vérité, 
        le lit conjugal devient une maison secrète, au beau milieu de la 
        maison visible, ouverte. Et la femme qui nous 
        y attend a notre amour tout simplement parce quelle est là, 
        présente. Elle est là, présente à toute heure 
        de la nuit, quel que soit le moment où lon rentre. Par conséquent, 
        on laime. On aime ce qui est sûr, 
        on aime tout particulièrement ce qui nous attend, ce qui se montre 
        patient.")
        Quelques bémols cependant au niveau du style : je trouve 
        que régulièrement les chapitres se terminent sur des envolées 
        lyriques un peu lourdes. Heureusement que ce n'est pas davantage présent, 
        car je pense que j'aurais trouvé cela surfait, d'autant que cela 
        a parfois un côté poncif par exemple sur l'instinct 
        de maternité "qui 
        ne connaît pas de bornes" ou trop emphatique, par 
        exemple : "fardeau chéri 
        de nous tous".
        J'ouvre aux ¾ et j'ai hâte de découvrir vos avis.
        Laura
        Je suis dans la dernière ligne droite de mes partiels et de fait 
        je me suis peu plongée dans le livre même si on avait beaucoup 
        de temps pour le lire
 
        J'ai tout de même lu jusqu'à la page 78 (chapitre 17), mais 
        je n'ai pas du tout accroché. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a 
        bloquée : son style d'écriture qui m'a semblé parfois 
        maladroit, l'idée d'avoir un narrateur à la première 
        personne et pourtant omniscient, ou le fait d'avoir l'impression que l'auteur 
        repoussait toujours le "vrai" sujet du livre à plus tard, 
        comme s'il y avait nécessairement des détails inintéressants 
        à raconter avant. J'ai vraiment eu l'impression qu'il cherchait 
        à cocher des cases : j'ai raconté l'histoire du cousin, 
        bon, maintenant il faut le marier, allez hop en une demi-page, c'est fait 
        ! Ce survol m'a rapidement lassée, et m'a sincèrement empêchée 
        de m'attacher aux personnages. Et puis, c'est quoi cette manie de répéter 
        3 ou 4 fois en 78 pages "au-dessus 
        des verres où nous buvions ensemble, la mort croisait ses mains 
        décharnées", ce n'est pas le dernier vers 
        d'Apollinaire, non plus ! Je serai néanmoins charitable : 
        j'admets que le sujet aurait pu être intéressant s'il avait 
        été bien traité, le déclin et la décadence 
        d'une génération qui fait face à la réalité 
        de la guerre, c'est intriguant. Seulement, les romantiques y ont déjà 
        pensé. Conclusion : soit j'ai vraiment loupé quelque chose 
        - ce qui est possible vu mon rythme de lecture - soit le livre est bâclé, 
        maladroit, inabouti, et se veut de la bonne littérature sans parvenir 
        à l'être. Hâte de lire les avis de tout le monde, je 
        changerai peut-être d'avis.
        Mais pour l'instant, je le ferme. 
        Nathalie
        Bonsoir, je ne peux pas être parmi vous ce soir et je vous envoie 
        quand même une petite participation en espérant que j'arriverai 
        à finir le livre ce week-end.
        J'ai réussi à en lire à peu près la moitié. 
        J'avoue que j'ai un peu traîné la patte
 les chapitres 
        sont courts, c'est agréable à lire, mais j'ai du mal à 
        comprendre sa programmation.
        À mon stade de lecture, je trouve le texte trop simple et surtout 
        un peu répétitif.
        Le narrateur ne cesse de faire des prolepses* qui nous conduisent après 
        la guerre et après la modification profonde d'une organisation 
        sociale et politique. C'est assez vite pénible.
        La description de la jeunesse oisive et décadente (qui a un rapport 
        aux femmes assez particulier) et la mention de ses activités sont 
        répétées également plusieurs fois - de même 
        que la métaphore de la mort qui plane au-dessus d'eux.
        Il me semble que certaines affirmations auraient pu être approfondies. 
        Par exemple, la construction identitaire d'une nation par les membres 
        qui en sont d'une certaine manière extérieurs - parce que 
        raccordés - est très intéressante. Cela va également 
        avec le costume qui semble pour le narrateur la garantie d'une âme 
        slave !
        Bref pour le moment j'ouvre un quart. Je crois que je sature un peu des 
        uvres nostalgiques et pour moi ce roman manque de dynamisme.
*Question à Nathalie 
        : peux-tu donner un exemple de "prolepse", car on risque de 
        ne pas comprendre ta critique et juste visualiser une maladie de peau. 
        Voir des éléments de réponse 
        ici
        Manuel (en 
        Inde)
(en 
        Inde) 
        J'ai fini la lecture de La Crypte des capucins et j'enchaîne 
        la lecture de La Marche de Radetzky. Je ne comprenais pas pourquoi 
        le héros François-Ferdinand revenait de la guerre tel un 
        paria. C'est qu'il était déshonorant de ne pas avoir combattu. 
        Il est décrit comme un perdant. J'ai trouvé étonnant 
        le personnage de la femme tiraillée entre son mari et sa compagne 
        créatrice ou la mère seule qui est forcée de convertir 
        sa maison en pension. La Crypte est un livre crépusculaire 
        traversé de la nostalgie d'un empire perdu. D'ailleurs, j'ai parcouru 
        les pages Wi-Ki de l'histoire 
        de l'empire austro-hongrois et pour situer les pays qui le composaient. 
        Il y a tellement de choses apprises à l'école dont on ne 
        se souvient plus. Comme dans La Marche, on suit l'épopée 
        du héros lors de différentes situations et époques : 
        Joseph Roth nous fait passer d'une situation à une autre en une 
        phrase. La Guerre de 14 est survolée, on perd de vue le cousin 
        qui fait une rapide apparition au retour de Vienne. Le fils du cocher 
        rappelle le contexte politique. 
        Des tournures poétiques m'ont parfois paru alambiquées et 
        il y a beaucoup de répétitions : les mains de la mort.
        J'ai beaucoup pensé aux Buddenbrook 
        qui est une espèce de pendant prussien du roman de Roth. Le passage 
        de la mort de Jacques est bouleversant ainsi que la scène dans 
        le café avec l'arrivée des nazis. J'ouvre aux ¾ en 
        recommandant La Marche qui donne l'impression d'un roman plus achevé, 
        travaillé et virtuose. Philip Roth a terminé la rédaction 
        de La Crypte à la fin de sa fin pendant son exil. Ce qui 
        explique cela je pense. 
        Etienne
        J'aime beaucoup les romans historiques, mais La Crypte des capucins 
        n'a emporté qu'une (petite) moitié de mon adhésion, 
        je dois avouer que je m'attendais à un peu mieux. Je vais commencer 
        par ce qui m'a plu :
        - L'atmosphère globale du livre est très bien sentie ; on 
        arrive presque à palper cette ambiance de fin de règne et 
        la grande connaissance de l'auteur de son empire, ses ethnies, coutumes, 
        rend le récit assez poignant.
        - La lecture est fluide ; l'écriture est ce qu'il faut de sophistiquée 
        pour avoir un charme désuet.
        - L'effet de surprise total de la deuxième partie avec le ménage 
        à trois est cocasse. 
        Cependant, même s'il est sympathique, ce roman m'a paru avoir des 
        défauts gênants :
        - de (très) nombreuses répétitions de tournures de 
        phrases, d'aphorismes donnent véritablement l'impression d'avoir 
        lu un brouillon. Je cite : "la 
        mort croisait ses mains décharnées", les 
        "blondes aux formes 
        généreuses", "nous 
        étions jeunes
" et j'en passe probablement, 
        répétées parfois 4 fois sur 40 pages. Joseph Roth 
        m'a souvent donné l'impression d'un gentil grand-père gâteux 
        qui rabâche
 S'il-vous-plaît, dites-moi que je ne suis 
        pas le seul à avoir ressenti ça !
        - Même amusante, son écriture faite d'hyperboles a fini par 
        me lasser et surtout m'a rendu complètement désincarnés 
        les personnages : impossible de ressentir de l'empathie pour François-Ferdinand, 
        Elisabeth, Joseph Branco et consorts. 
        - Des ellipses trop brutales, surtout que ces dernières ne me paraissaient 
        pas vraiment servir un propos.
        En résumé je dirais que, même s'il possède 
        le charme d'avoir su retranscrire l'atmosphère de déliquescence 
        d'une époque, j'ai été déçu. Je pense 
        aussi qu'inconsciemment j'en attendais une sorte de Le 
        pont sur la Drina version 
        autrichienne et qu'il a souffert de la comparaison. 
        Je l'ouvre à moitié. 
        Catherine, entre 
         et
et 
         (à 
        Annecy)
(à 
        Annecy) 
        Je connaissais Joseph Roth de nom, mais n'avais 
        jamais lu ses livres. J'ai donc commencé par La marche de Radetzky, 
        avant de lire La Crypte des capucins, un peu dans l'idée 
        que l'un était la suite de l'autre, ce qui n'est pas vraiment le 
        cas en fait. Les périodes se chevauchent et il s'agit de deux branches 
        différentes de la famille Trotta. Dans les deux cas, on assiste 
        à la fin de l'empire austro-hongrois, mais l'ambiance est différente, 
        le style aussi. La Crypte des capucins est un récit à 
        la première personne ; j'ai apprécié le ton plutôt 
        nostalgique, et l'ambiance un peu funèbre, comme l'indique le titre, 
        d'un monde en train de sombrer. Cette fin est annoncée dès 
        la première page. La mort est régulièrement évoquée, 
        avec une phrase stéréotypée qui revient régulièrement 
        comme un leitmotiv, "la 
        mort croisait déjà ses mains décharnées au-dessus 
        des verres", contrastant avec le milieu dans lequel évolue 
        le personnage principal, de jeunes bourgeois, désenchantés, 
        oisifs et inconscients du fait que la guerre approche et qu'ils vont tout 
        perdre. 
        J'ai trouvé le personnage de François-Ferdinand attachant, 
        avec son côté un peu décalé. On est assez surpris 
        qu'il soit fasciné par son cousin Joseph, le vendeur de marrons 
        et de pommes cuites, et par Manès, le cocher de fiacre, au point 
        qu'il accepte de se faire plumer sans protester, et qu'il aille séjourner 
        sans hésiter à Zlotogrod. Cela permet à l'auteur 
        de nous expliquer, via le comte Chojnicki, le rôle essentiel dans 
        l'empire des États entourant l'Autriche. La vision de Vienne, donnée 
        par Joseph Roth, m'a parue très différente de celle donnée 
        par Zweig dans Le 
        monde d'hier. 
        Il y a très souvent des moments d'humour, la description des deux 
        Slovènes, les beignets de quetsches au moment du départ 
        de François-Ferdinand pour la guerre, le beau-père chapelier 
        qui se transforme en fabricant de képis lorsque la guerre éclate, 
        puis se lance dans le commerce des arts décoratifs, la mère 
        qui devient beaucoup plus gaie quand elle est sourde et qu'elle perd un 
        peu la tête. Le personnage d'Elisabeth, que l'on retrouve après 
        la guerre, vivant avec une femme, et qui finit par s'enfuir avec elle, 
        après être retournée plusieurs fois dans le lit de 
        son mari, est plus inattendu, surtout pour l'époque.
        Le contexte historique m'a beaucoup intéressée, bien qu'il 
        ne soit qu'ébauché, vu uniquement à travers le vécu 
        du personnage principal. C'est parfois un peu frustrant mais ce n'est 
        pas un roman historique. Ça m'a donné l'occasion d'aller 
        réviser un peu. L'histoire est évoquée par petites 
        touches. La guerre se limite à une retraite et un séjour 
        plutôt bref dans un camp russe, la chute de la république 
        via l'enterrement du fils de Manès, presque incidemment et l'arrivée 
        des nazis par l'irruption d'un personnage bizarre dans le restaurant où 
        dînent François-Ferdinand et ses amis. Là encore, 
        le contraste entre son aspect assez ridicule (son chapeau ressemble à 
        un pot de chambre et on pourrait le confondre avec un préposé 
        aux lavabos) et la terreur qu'il inspire à tous les dîneurs 
        qui s'enfuient, est très réussi.
        J'ouvre l'ensemble (Marche et Crypte) entre ½ et 
        ¾.
        Annick 
        L (avis 
        transmis)
(avis 
        transmis) 
        S'engager dans la lecture de ce roman est un peu déroutant : 
        il faut s'habituer au point de vue très subjectif du narrateur 
        (dans lequel l'auteur s'est visiblement beaucoup projeté), avec 
        toutes ses lacunes. Le lecteur n'a pas forcément les repères 
        historiques et géographiques (où se trouvait la Galicie ?) 
        qui permettraient de contextualiser le récit. Et François-Ferdinand 
        von Trotta lui-même a un comportement erratique, comme s'il avait 
        perdu le sens de son existence et se laissait porter par les événements 
        : il se marie, il retrouve un lointain cousin, s'engage dans une division 
        militaire périphérique... Quelles sont ses motivations au 
        juste ?
        Ce personnage de grand bourgeois oisif est d'ailleurs peu attachant, avec 
        son absence totale d'empathie, son cynisme, sa frivolité. Mais 
        il a une qualité essentielle : sa capacité d'auto-dérision 
        ! Et cela en fait un observateur remarquable de cette époque de 
        fin de règne, de cette société en pleine décadence. 
        J'ai beaucoup pensé à un autre roman d'un auteur autrichien 
        qui se situe dans le même contexte : L'Homme 
        sans qualités de Robert Musil.
        L'entrée en guerre précipite l'intrigue et ramène 
        FFVT à des enjeux essentiels : comment survivre ? Comment se reconstruire 
        quand les fondements même de sa vie antérieure se sont effondrés 
        : sa famille est ruinée, beaucoup de ses amis sont morts et l'empire 
        austro-hongrois n'existe plus, réduit à la seule Autriche. 
        
        J'ai été touchée par cette vision nostalgique, hantée 
        par la mort, d'un monde qui disparaît, mais aussi par l'évocation 
        de la confrontation d'un homme ordinaire avec la violence et l'absurdité 
        de la guerre, puis avec la barbarie du nazisme (la scène dans le 
        café est saisissante). Comme l'auteur, il ne reste plus à 
        FFVT que l'exil.
        On ne peut rester indifférent au côté testamentaire 
        de ce dernier roman de Joseph Roth, un an avant sa mort à Paris.
        Au-delà de ce roman il me reste une interrogation : comment Joseph 
        Roth a-t-il pu rester monarchiste, fidèle au mythe de l'empire 
        austro-hongrois salvateur ?
        J'ouvre aux ¾ à cause de mes difficultés à 
        entrer en lecture.
        Annick A (en 
        direct pour les avis qui suivent)
(en 
        direct pour les avis qui suivent)
        C'est 
        un livre historique profondément mélancolique sur la chute 
        de l'empire austro-hongrois et sa destruction jusqu'à l'Anschluss, 
        qui nous fait remarquablement ressentir le désespoir des personnages 
        et l'ambiance de l'époque. La mort est omniprésente avec 
        de beaux moments d'écriture. Par exemple : "à 
        mon retour de la guerre, et parce que je n'en revenais pas seulement mûri 
        mais foncièrement vieilli, les nuits de Vienne aussi me montrèrent 
        leurs rides, telles des femmes âgées, assombries par les 
        ans. [
] La mort me gratifiait en somme d'un congé illimité, 
        mais il lui était loisible de l'interrompre à tout instant 
        et les affaires d'ici-bas ne me concernaient plus guère."
        François-Ferdinand, 
        un Trotta, est un personnage très attachant, profondément 
        humain, qui s'attache aux gens différents de lui, tels son cousin 
        Joseph Branco le marchand de marron et Manès Reisiger, cocher. 
        La scène où il accompagne son serviteur Jacques mourant 
        est très émouvante. Il est clairvoyant quant à l'avenir. 
        J'ai beaucoup aimé le passage entre la mère et le fils, 
        très pudiques quant à leurs sentiments qui les lient ; leur 
        amour mutuel se dit à travers des petits riens et de bons petits 
        plats. J'aime le personnage de la mère. C'est une forte femme froide 
        et dure avec son fils, mais sachant lui montrer son amour et qui ne s'en 
        laisse pas conter. La description de sa mort est comique : "Faites 
        vite, mon père, le Bon Dieu na pas autant de loisir que lÉglise 
        se limagine parfois [
] 
         Si tu revois Élisabeth, mais je crois que cela narrivera 
        pas, dis-lui que je nai jamais pu la souffrir."
        Très belle écriture poétique et très fine 
        dans ses descriptions. La fin est tragique. François-Ferdinand 
        se retire du monde : "Je 
        me trouvais exclu du circuit des vivants ! Exclu, oui, quelque chose 
        comme exterritorialisé. Cest bien cela, jétais 
        exterritorialisé de la terre des vivants, voilà." 
        Dans ses derniers moments près de la crypte des Capucins où 
        il ne peut entrer, nous pouvons y lire l'amour de Joseph Roth pour les 
        Habsbourg.
        C'est un bien beau roman qui m'a plongée dans un monde qui m'était 
        inconnu. Je ne l'ouvre qu'aux 
        ¾ car quelques passages 
        m'ont ennuyée.
        Brigitte (à 
        l'écran)
(à 
        l'écran)
        Nous avions lu dans le groupe La marche de Radetzky.
        La Crypte des capucins se place aussi dans le contexte de la fin 
        de l'empire austro-hongrois, mais un peu différemment.
        C'est un livre très pessimiste sur la fin d'un monde et l'échec 
        de l'ancienne classe aisée viennoise à s'y adapter. Mais 
        peut-on s'adapter à une société qui plonge dans le 
        totalitarisme ?
        L'écriture est vraiment intéressante, même s'il s'agit 
        d'une traduction. Je suis très impressionnée par cette phrase 
        : "La mort croisait 
        déjà ses mains décharnées au-dessus des verres 
        que nous vidions." Elle revient comme un leitmotiv tout 
        au long de la description de la vie à Vienne avant le début 
        de la Guerre de 14. C'est un procédé littéraire que 
        je découvre ici, dont l'efficacité est redoutable pour produire 
        une ambiance plutôt macabre, comme les visites à la crypte 
        des Capucins, dans la seconde partie, au retour de la guerre.
        Beaucoup de scènes sont à retenir : tout ce qui concerne 
        la relation du héros avec sa mère figée dans son 
        monde ancien, dont l'affection pour son fils est évidente, mais 
        peu manifeste ; la scène de la mort du vieux serviteur, à 
        qui François-Ferdinand sacrifie sa nuit de noces. Je passe sur 
        les péripéties de sa relation avec Élisabeth, pour 
        retenir la dernière scène, où un militant nazi intervient 
        dans un café, provoquant l'effondrement total et définitif 
        du monde viennois.
        L'empire austro-hongrois n'était plus qu'un monde de pacotille, 
        qui finit balayé par les nazis.
        Pour terminer, je citerai quelques phrases qui m'ont fait réfléchir 
        : il est question du vacarme spécial causé par "ces 
        individus qui n'ont plus de présent mais qui sont sur le chemin 
        menant du passé à l'avenir, d'un passé familier à 
        un avenir extrêmement incertain" (p. 58) 
        et dans la seconde partie : "Il 
        est dans la nature humaine de préférer au chagrin particulier 
        la calamité générale qui dévore tout." 
        (p. 145)
        J'ouvre aux ¾.
        Jérémy
        Avant la lecture
        Je connaissais Joseph Roth de nom, mais ne l'avais jamais lu. Je dois 
        avouer que je ne savais même pas vraiment qu'il était autrichien, 
        je pensais plus à lui comme à un auteur allemand. J'étais 
        impatient de le lire. D'une part parce que je vais bientôt en Autriche 
        et ai découvert l'existence, en préparant mon voyage, de 
        la fameuse crypte des Capucins où sont enfermées les sépultures 
        des Habsbourg. La lecture de ce livre me semblait donc particulièrement 
        à-propos en guise "d'amuse-bouche". D'autre part, tant 
        l'époque, début du XXe siècle, que l'origine géographique 
        de l'auteur, la Mitteleuropa, m'attirent. J'étais enfin heureux 
        de pouvoir découvrir un nouvel auteur autrichien, n'ayant lu jusqu'à 
        présent que Zweig. 
        Après la lecture
        J'ai lu ce livre presque entièrement sur une journée, le 
        1er mai, alors que je ne suis pas un lecteur particulièrement rapide. 
        La lecture est donc très fluide et agréable sans qu'on puisse 
        dire que Roth est un grand "styliste". 
        Je crois que si j'ai aimé ce livre, ce n'est pas tant ni pour son 
        style que pour l'empathie que j'ai ressentie envers François-Ferdinand, 
        représentant d'un monde sur le point de disparaître et qui 
        ne sent pas/plus à sa place, ni avant, et encore moins après 
        la guerre : "Je ne suis 
        pas fils des temps présents. Il me paraît même difficile 
        de ne pas me déclarer absolument leur ennemi."
        J'ai aimé son côté intrinsèquement réactionnaire 
        et pourtant attachant, ainsi que la description, par touches, du monde 
        tel qu'il est et surtout tel qu'il vient, décadent, marqué 
        un renversement des valeurs et de l'ordre établi et qui est décrit 
        par le biais de ses représentants : Elisabeth, qui croise les jambes 
        de manière indécente, qui a des lectures frivoles pour ne 
        pas dire inconvenantes, qui fume et qui s'adonne au lesbianisme, qui se 
        met aux arts décoratifs (cf. mots de la mère du narrateur 
        sur ce point : "Si nous 
        nous mettons à fabriquer avec des matériaux sans valeur 
        des choses qui ont l'air d'en avoir, où cela nous mènera-t-il 
        ?"), le professeur Yolande : "Où 
        est le vieux ?" (en parlant du père d'Elisabeth, 
        ce qui marque la perte du respect pour les anciens par la nouvelle génération). 
        Stettenheim qui parle fort, fait de grands gestes, est mal élevé, 
        grotesque, vulgaire. 
        Et pourtant le passé ne vaut pas mieux ; les aristocrates que le 
        narrateur fréquente sont décrits ainsi : frivolité 
        sceptique, mélancolie impertinente, laisser-aller coupable, air 
        de distraction hautaine, etc. Ils ne pensent qu'à s'amuser, se 
        complaisent dans leur cynisme. Sous le vernis du raffinement, il n'y a 
        que pourriture. 
        Les seuls à sauver sont Joseph, Manès et le Polonais qui 
        les recueille : simplicité, droiture, jovialité, solidarité, 
        une vie simple et laborieuse, au contact de la terre les caractérisent, 
        et non une vie faite d'oisiveté et de plaisirs faciles. 
        J'ai aussi aimé le livre pour les portes qu'il m'a ouvertes : je 
        ne connaissais pas du tout l'histoire de l'empire austro-hongrois. Je 
        me suis un minimum renseigné au moment où il est question 
        de la Cisleithanie (partie allemano-autrichienne) et de la Transleithanie 
        (partie hongroise) et ce livre m'a donné envie d'aller plus loin. 
        J'aime les livres qui amènent vers autre chose. 
        J'ai aimé le personnage de la mère que j'ai trouvé 
        à la fois touchant et très drôle : "Faites 
        vite, mon Père, le bon Dieu n'a pas autant de loisir que l'Église 
        se l'imagine parfois.", "Oh 
        ! alors mon garçon n'insiste pas. Ces amitiés-là 
        je les connais de ouï-dire. Ça me suffit. J'ai pas mal lu, 
        mon petit ! Tu ne te doutes pas combien j'en sais, des choses ! Un amant 
        aurait mieux valu. Les femmes, à peine si on peut s'en débarrasser. 
        Et depuis quand y a-t-il des femmes professeurs ?"
        J'aurais cependant préféré que le livre m'en donne 
        plus. Le narrateur qualifie l'aristocratie décadente plus qu'il 
        ne la donne à voir. J'aurais aussi aimé qu'il m'en dise 
        plus sur cet empire, sur sa substance, sur les raisons pour lesquelles 
        il y était tant attaché. J'ai l'impression qu'il est un 
        peu resté au milieu du gué. Par manque de temps ? D'énergie ? 
        Par volonté de produire un roman très ramassé ?
        La fin du livre m'a particulièrement marqué. Le narrateur 
        dit que les affaires d'ici-bas ne le concernaient plus guère et 
        signe ainsi son renoncement et son apathie. Malgré tout, les affaires 
        d'ici-bas finissent par le rattraper, pour le pire : il se retrouve avec 
        une croix gammée sur les bras... Son renoncement et sa passivité 
        sont coupables. Pour moi, ce passage est très intéressant 
        et nous interroge aujourd'hui : on ne peut pas vivre de manière 
        "extraterritorialisée" comme le souhaite le narrateur 
        en se repliant sur sa vie d'individu privé et en délaissant 
        la chose publique et ses devoirs de citoyens. Cela m'a fait penser à 
        ce mot de Montalembert 
        : "Vous avez beau ne 
        pas vous occuper de politique, la politique s'occupe de vous tout de même."
        
        Renée (à 
        l'écran depuis Narbonne)
(à 
        l'écran depuis Narbonne) 
        On nous parle d'une une Europe avant la Guerre de 14. Toutes ces provinces 
        sont compliquées.
        Ceci mis à part, j'ai lu ce livre avec plaisir.
        Roth décrit parfaitement l'effondrement de l'Autriche, de la société, 
        des valeurs morales.
        L'épisode entre Élisabeth et son amie m'ont rappelé 
        que début 20e il y a eu une libération des femmes qui ont 
        osé (voir l'exposition "Pionnières") 
        fumer, travailler et revendiquer leur homosexualité (pensons aux 
        amies de Colette). Malheureusement la guerre a arrêté cette 
        évolution.
        Roth montre bien la destruction des hommes par la guerre ; les rescapés 
        envient quelquefois les morts car ils se sentent "inféconds", 
        "impropres à la mort".
        Il y a des passages grotesques : la nuit de noce ou l'ami qui a rasé 
        sa moustache pour ressembler à son domestique, puisqu'il est réellement 
        son "propre domestique" et joue les deux personnages 
        en se donnant des ordres, c'est risible !
        Le symbole du rideau baissé dans le bar à la fin est très 
        beau.
        Le pessimisme de Roth m'a touchée, mais je n'ouvre le livre qu'à 
        moitié à cause de mon inculture historique...
        Geneviève
        C'est un livre que j'ai beaucoup aimé. Il n'a pas la même 
        puissance, la même force que d'autres livres de Roth que j'ai lus, 
        mais il y a une finesse, une tendresse que j'ai appréciées.
        Il commence ainsi : "Nous 
        nous appelons Trotta. Notre race est originaire de Sipolje, en Slovénie. 
        Je dis bien race, et non famille, car nous ne sommes pas une famille."
        Et se termine par ces mots : "Où 
        aller à présent ? Où aller ? Moi, un Trotta ?"
        Le livre commence et finit par ces questions d'identité. Cela m'a 
        beaucoup plu.
        Un autre aspect du livre qui domine pour moi, c'est l'originalité 
        de ce personnage qui devient ami avec ceux qui ne sont pas de son monde. 
        Il choisit ces deux hommes qui incarnent des valeurs.
        La relation avec sa mère est d'abord distante, mais elle bouge 
        énormément. C'est lui qui comprend ce qui se passe, c'est 
        lui qui la sauve, qui la comprend : "De 
        jour en jour dailleurs, ma mère devenait de plus en plus 
        injuste, particulièrement depuis que javais pris lhypothèque 
        sur notre maison. Arts décoratifs, Élisabeth, dame professeur, 
        cheveux coupés, Tchèques, sociaux-démocrates, jacobins, 
        Juifs, viande en conserve, papier-monnaie, papiers en Bourse, beau-père, 
        toutes ces choses-là excitaient son mépris et son animosité."
        Quant à sa judéité, il n'y attache pas vraiment d'importance 
        : c'est être Trotta qui compte.
        J'ai aimé la finesse et la subtilité pour évoquer 
        la relation entre des personnes et des lieux, et la perplexité 
        de ces gens qui vivent cette période. J'ouvre aux ¾, contente 
        d'avoir lu ce livre.
        
        Danièle 
        (qui a lu en allemand, puis en français pour découvrir la 
        traduction)
        Je la trouve excellente ! J'avoue que je n'ai pas tout relu en entier. 
        Mais j'ai éprouvé un réel plaisir à lire alternativement 
        les deux. Rien à redire, sauf, pour pinailler, l'expression fréquenter, 
        qu'elle utilise en intransitif dans l'expression "des milieux 
        où je fréquentais". J'aurais dit "des 
        milieux que je fréquentais". Mais ce n'est rien 
        par rapport au style, aussi raffiné que celui de l'auteur. Je n'ai 
        pas vu de trahison dans la traduction. Bref, j'étais fort satisfaite.
Claire, qui avait eu vent de cette remarque et pour pinailler
        J'ai vu dans le dictionnaire 
        que fréquenter est trans et intransitif, avec un exemple 
        pris chez Marcel : "Ce 
        n'est pas que la duchesse de Guermantes eût un salon plus aristocratique 
        que sa cousine. Chez la première fréquentaient des gens 
        que la seconde n'eût jamais voulu inviter"  construction 
        intransitive qui va bien avec la décadence...
        Danièle entre  et
et 
 
        
        Merci pour cette recherche qui me fait d'autant plus admirer la traduction 
        : trouver l'équivalent du style de cette époque dans la 
        langue surannée de de Proust, c'est du grand art ! 
        Je me sens proche de ce qu'a dit Annick A. C'est un livre touchant 
        et intéressant du point de vue historique, et parce qu'il livre 
        une atmosphère, celle de la fin d'une époque : et j'ai retrouvé 
        la nostalgie (plus ou moins justifiée !) du monde d'hier, comme 
        dans Stefan 
        Zweig. 
        Mais aussi la nostalgie d'un empire en décadence, comme l'empire 
        tsariste puis soviétique que défend tant Poutine... j'ai 
        donc été ramenée aussi à notre époque, 
        et cherché à comprendre le sentiment de perte et de dégradation 
        que peuvent éprouver les ressortissants d'un pays qui a connu une 
        certaine grandeur par l'étendue de son territoire mais aussi, par 
        l'assujettissement des populations qui le constituent, il ne faut pas 
        l'oublier. Or, le narrateur idéalise ce monde, pas si rose, pour 
        en avoir la nostalgie... ! 
        Le livre nous fait entrer dans sa vie : il regrette la monarchie, l'empire 
        austro-hongrois. Il montre que les Juifs font partie intégrante 
        d'un monde qui n'a pas de frontières, comme si l'antisémitisme 
        n'existait pas à l'époque. Tolérant, il apprécie 
        la richesse de la diversité, tout en remarquant au passage que 
        tout le monde n'en profite pas de la même manière : "Les 
        tziganes de la plaine hongroise, les Houzoules subcarpathiques, les cochers 
        juifs de Galicie, mes propres parents, marchands de marrons à Sipolje, 
        les Souabes, planteurs de tabac de la Bacska, les éleveurs de chevaux 
        de la steppe, ceux de Bosnie et dHerzégovine, les maquignons 
        de lHanakie en Moravie, les tisserands de lErsgebirg, les 
        meuniers et les marchands de corail de Podolie, tous, ils nourrissaient 
        généreusement lAutriche. Plus ils étaient pauvres 
        et plus ils étaient généreux. Tant de souffrances, 
        tant de maux, volontairement offerts comme une chose toute naturelle, 
        avaient été nécessaires afin que le cur de 
        la monarchie pût passer dans le reste du monde pour la patrie de 
        la grâce, de la gaieté, du génie !"
        C'est donc une vision finalement assez subtile qu'il nous livre des rapports 
        entre les populations de l'Empire. 
        Une certaine veine romantique apparaît aussi dans sa déclaration 
        de se sentir plus en communion avec son cousin Joseph Branco, vendeur 
        de marrons, et Manès Reisiger, cocher de fiacre, qu'avec ses relations 
        un peu dandy de l'époque d'avant. Un peu une constante dans la 
        littérature germanophone, et en particulier chez Goethe, dans Werther, 
        qui explique qu'il éprouve de la joie dans les petits plaisirs 
        simples de la vie, ou encore ce passage où il se sent en totale 
        empathie avec un paysan qui a les mêmes déboires amoureux 
        que lui.
        Par ailleurs je me suis délectée de découvrir des 
        noms et des régions totalement inconnus de moi. Cette région 
        du monde a connu de tels bouleversements !
        La guerre, il n'en parle pas, il a été prisonnier très 
        vite, et se déclare lui-même "impropre à la mort", 
        vivant pour constater avec amertume le déclin de l'Empire austro 
        hongrois et l'arrivée du nazisme.
        Trotta lui-même est un personnage attachant, qui livre honnêtement 
        ses sentiments profonds envers les gens qui l'entourent, en particulier 
        les liens très ambigus avec sa mère, d'apparence froide, 
        mais qui cache ses sentiments pour lui. Mais c'est vers elle qu'il revient 
        en premier après la guerre. C'est elle qui le pousse à revoir 
        Élisabeth, malgré son antipathie pour sa belle-fille. Elle 
        le pousse à trouver une solution, devant la nouvelle situation 
        à laquelle il est affronté au retour de la guerre. Pragmatique 
        mais non pas insensible, elle ne cherche pas à savoir ce que son 
        fils a vécu pendant la guerre. 
        Lui a surtout perdu ses illusions : les amis qu'il s'est choisis en opposition 
        à sa classe sociale l'ont déçu, la vie qu'il a subie 
        pendant la guerre, ne lui a pas coûté la vie, il n'a même 
        pas été vraiment blessé, mais il a traversé 
        géographiquement et socialement cette époque sans y mettre 
        vraiment du sien. Seul son caractère trempé et son honnêteté 
        lui ont fait bénéficier d'avantages matériels 
        Élisabeth, sa femme par la force des circonstances, est un personnage 
        à part. En contraste avec le style traditionnel représenté 
        par la mère du narrateur, elle a adopté un style de vie 
        "moderne" pour l'époque (cheveux courts, vie de bohème
). 
        Elle mène sa vie comme elle le veut à l'intérieur 
        du couple, délaisse son enfant pour profiter de sa liberté 
        (de créer ?). La mère, qui semblait figée dans son 
        espace de vie, se met à apprécier sur le tard une vie plus 
        chaotique et moins routinière. Dans ce livre, les femmes bougent 
        ! Et Trotta, conscient des manipulations exercées par les uns et 
        les autres, essaie de faire la part des choses. Il n'entrera en colère 
        qu'une seule fois, lors de la dépossession des biens de sa mère. 
        Il semble plutôt le reste du temps considérer cela avec humour.
        Ce livre, dans un style très agréable à lire et une 
        langue riche et précise, fourmille de détails qui donnent 
        bien l'atmosphère de l'époque et fouille aussi la psychologie 
        des personnages. J'ai beaucoup aimé, sauf quelques longueurs à 
        la fin.
        J'ouvre entre ¾ et grand ouvert. 
        Claire
        J'avais lu La marche de Radetsky dans le groupe il y a 34 ans, 
        donc je n'en ai aucun souvenir : mes vagues notes indiquent "quelques 
        scènes fortes", "des bouts de style dans une marée 
        de grisaille"... J'ai beaucoup aimé voir le film de 3h30 que 
        nous avons regardé en deux parties, plongeant agréablement 
        dans l'Histoire et dans l'histoire des Trotta, une bonne introduction 
        à notre livre, puisque le frère du grand-père de 
        notre narrateur était le héros était de la bataille 
        de Solférino qui sauva la vie de lempereur François-Joseph 
        et qui d'obscur péquenot et petit lieutenant dinfanterie 
        devint baron  ce dont découle toute La marche de 
        Radetzky. Comme Manuel, j'ai pensé aux Buddenbrook 
        "transgénérationnel sur fond historique" qu'on 
        a lu l'été dernier. Bref !
        La Crypte m'a bien plu. J'ai suivi avec un intérêt 
        constant :
        - la description de sa bande d'aristocrates décadents avec ses 
        modes et conformismes intéressants : par exemple, notre narrateur 
        doit cacher qu'il est amoureux car c'est mal vu, mais il frime avec le 
        gilet à ramages acheté à son cousin slovène 
        vendeur de marrons
        - les deux ploucs auxquels il s'attache, hauts en couleur
        - le surgissement de la guerre et les aventures qui s'ensuivent, les nationalismes 
        qui montent dangereusement
        - les relations avec les femmes (gratinée avec sa mère - 
        j'ai adoré - et surprenantes avec Élisabeth et la vilaine 
        Yolande) et celle avec le nouveau-né ("l'avoir 
        engendré ne suffisait plus. J'aurais voulu l'avoir porté 
        et mis en au monde. Il trottait dans la pièce, vif comme un furet.")
        - et le narrateur auquel je me suis vraiment attachée, contrairement 
        à Annick L. 
        La fin est dramatique à souhait. Si je n'ouvre pas en grand, c'est 
        que j'aurais aimé moins d'ellipses à la fin pour bien tout 
        comprendre des événements politiques ; la crypte elle-même 
        m'a laissée un peu... froide. 
        Enfin, très important, car c'est la raison de la raison de l'intérêt, 
        j'ai vraiment apprécié l'écriture, la voix, le ton 
        mêlant :
        - dérision ("Tous 
        auraient eu plaisir à m'acheter mon cousin tout entier, ma parenté, 
        mon cher Sipolje.")
        - vague désespoir ("Nous 
        savourions notre tristesse avec la même étourderie que notre 
        plaisir.") 
        - ou carrément humour ("l'amour 
        passait pour un égarement, on considérait les fiançailles 
        comme une espèce d'attaque d'apoplexie, et le mariage comme une 
        maladie chronique"). 
        Il y a une densité d'événements, de descriptions, 
        de réactions que j'ai lues avec un très grand plaisir.
        Monique 
        L 
 
        
        C'est un roman de la nostalgie irrépressible de la fin d'un monde, 
        de sa décomposition, de la désagrégation de la mosaïque 
        culturelle qu'a pu constituer aux temps de ses fastes la monarchie austro-hongroise.
        Cela nous est relaté, non pas d'un point de vue historique ou guerrier, 
        mais au moyen de la biographie d'un jeune aristocrate qui passe d'une 
        vie de bourgeois insouciant de Vienne à celle d'un prisonnier dans 
        un camp de Sibérie, puis son retour dans un monde qu'il ne reconnaît 
        plus.
        Le pouvoir d'évocation de l'auteur ressuscite avec talent cette 
        période et surtout la différence entre la Vienne d'avant 
        et après la Guerre de 14.
        Pour le narrateur, mais également pour des personnes plus modestes, 
        comme le marchand de marrons, tout devient méconnaissable. Leur 
        monde est mort et ne reviendra plus. 
        Le narrateur se décrit comme un mort parmi les vivants : "Je 
        me trouvais exclu du circuit des vivants !"
        L'intime se mêle ici à l'Histoire qui est juste évoquée, 
        comme les fusillades de février 1934 par l'enterrement du fils 
        révolutionnaire de Manès Reisiger.
        L'auteur exprime son amertume, son regret et sa nostalgie du passé 
        mais aussi son pessimisme quant à l'avenir. Il regrette une Europe 
        cosmopolite qu'il oppose à une Europe des nations qui est bien 
        plus divisée (la réapparition des passeports).
        Roth se montre conscient des problèmes futurs : le nazisme, la 
        question des nationalités, du nationalisme, des frontières, 
        des libertés.
        Je comparerais ce roman à un tableau qui par touches nous décrit 
        une époque. L'écriture est élégante et la 
        mélancolie qui se dégage m'a beaucoup touchée.
        Cet excellent roman m'a donné envie de lire La Marche de Radetzky 
        que je n'avais pas encore lu, que j'ai apprécié, mais 
        finalement j'ai une préférence pour La Crypte des capucins 
        que j'ouvre en entier.
        Jacqueline
        Le livre, lu il y a un mois, m'avait bien plu, mais je l'avais 
        beaucoup oublié et ne savait plus guère comment en parler. 
        Je suis contente de vous avoir écouté pour le retrouver... 
        J'avais vu la deuxième partie du film La 
        Marche de Radetzky qui ne m'avait pas emballée 
        bien que ce soit joli  peut-être 
        était-ce parce que je n'avais pas vu la première. Cela m'a 
        amené à lire le roman, finalement très proche de 
        La Crypte des capucins, et j'ai du mal à séparer 
        les deux. Cependant, je préfère La Crypte dont le 
        narrateur est plus sympathique que le héros de La marche 
         même 
        s'ils ont beaucoup de points communs
        Je me suis beaucoup retrouvée dans tout ce qui a été 
        dit. J'aurais aussi aimé que certains passages soient plus développés 
        notamment quand il est prisonnier en Sibérie. C'est très 
        ramassé et ça m'a laissée sur ma faim. Mais d'un 
        autre côté, le procédé est intéressant, 
        avec un livre court mais très dense.
        J'ai commencé aussi un autre livre de Roth La 
        Toile d'araignée, l'histoire d'un jeune ambitieux dans 
        la montée du nazisme qui m'a rappelé L'Enfance 
        d'un chef de Sartre, mais je l'ai abandonné en cours de 
        route
        Je suis assez ignare en histoire mais, justement, j'ai aimé avoir 
        cet éclairage sur l'empire austro-hongrois  points 
        de vue légèrement complémentaires entre La Crypte 
        des capucins et La marche de Radetzky où il est question 
        de l'actuelle Hongrie. Sur une même période et avec un même 
        sentiment de perte, il m'a semblé que Roth parlait plus de l'empire 
        que Zweig dans Le 
        monde d'hier  qui était centré sur 
        Vienne
 J'ai pensé à d'autres livres que nous avions 
        lus sur cet empire et son éclatement, comme Le 
        pont sur la Drina d'Andric ; cela résonnait 
        aussi pour moi avec les figures ruthènes et les Carpathes de Appelfeld
        J'ouvre à moitié parce que j'avais beaucoup oublié, 
        mais j'ai été très intéressée par ce 
        que j'ai entendu ce soir.
        Maëva (à 
        l'écran depuis Toulouse)
(à 
        l'écran depuis Toulouse) 
        Cette uvre est la première de Joseph Roth que je découvre 
        et j'avais peu de repères historiques avant de commencer. Pour 
        être honnête, j'ai eu du mal à entrer dans le récit. 
        Les répétitions et les images stéréotypées 
        de la mort ("la mort 
        croisait ses mains décharnées" p. 41 
        et p. 47 par exemple), assez prévisibles, me laissaient 
        à une distance respectueuse du narrateur. 
        Celui-ci 
        se présente comme sans ambition, il se laisse vivre oisivement 
        au début du roman et se délite au retour de la guerre. Il 
        semble impuissant et assiste simplement aux événements. 
        Cette passivité m'a un peu questionnée au départ.
        Les mentions répétées de la mort à travers 
        le roman m'ont fait penser à une marche funèbre et on sait 
        très vite le délitement à venir. Cette présence 
        témoigne aussi des illusions de cette jeunesse qui ne s'attend 
        pas à la longueur et à la dureté de la guerre. Le 
        passage p. 64 en est un exemple, avant de 
        partir au front le narrateur dit à sa mère : "je 
        reviens bientôt" et elle lui répond simplement 
        : "je t'attends pour 
        déjeuner".
        Par ailleurs, j'ai noté certains passages sur les femmes qui sont 
        décrites avec leurs "formes 
        généreuses" ou la description de Yolande 
        comme ayant un "fort 
        duvet ombrageant les lèvres" p. 123 
        ou encore celle de sa femme comme ayant un "goût 
        très prononcé pour ce qu'on appelle 'le ménage' et 
        la manie de l'ordre, de la propreté, comme bon nombre de femmes" 
        p. 167.
        Je trouve que les points forts du livre sont : 
        - le délitement de la société austro-hongroise vécu 
        à travers celui du narrateur, ainsi que le personnage de la mère 
        ; 
        - l'absence de récit de guerre (on évite le côté 
        cru des champs de bataille) ; 
        - l'épilogue, que je trouve particulièrement concis et efficace. 
        
        Comme beaucoup d'entre vous, j'ai été touchée et 
        marquée par la relation du narrateur avec sa mère. Je trouve 
        qu'elle symbolise à elle seule le délitement de la société, 
        tant elle transmet ces valeurs traditionnelles auxquelles le narrateur 
        est tant attaché. Le passage du retour après la guerre, 
        comme si les horreurs ou la destruction de la monarchie n'avaient pas 
        eu lieu, l'infirmité que la mère tente de cacher, sa lente 
        déchéance et sa mort, qui précède tout juste 
        l'arrivée des nazis au pouvoir, sont autant d'éléments 
        significatifs et particulièrement intéressants. 
        J'ai trouvé le décalage du monde de l'après-guerre 
        avec le narrateur saisissant, il y a une véritable fracture entre 
        deux périodes. Cette distinction est d'autant plus frappante que 
        le "monde d'après" s'est construit sans la présence 
        des combattants, ils n'ont plus de place : Zlotogrod a disparu, les marrons 
        sont véreux et le narrateur n'a aucun métier. 
        Si au début la posture du narrateur m'a un peu ennuyée, 
        je trouve, après avoir terminé le livre, qu'il fonctionne 
        avec cette émotion nostalgique et mélancolique qui traverse 
        le récit. Le traitement des personnages, que ce soit le narrateur, 
        la mère, Élisabeth ou l'amitié avec Branco et Manès, 
        montre avec subtilité les enjeux historiques.
        C'est une bonne découverte et je pense lire La Marche de Radetzky 
        pour compléter ! Je l'ouvre aux ¾. 
Claire
        C'est l'écriture d'une 
        histoire, mais aussi l'histoire d'une écriture... Comment prendre 
        cette petite mise en abyme à deux moments, au ch. VII : "ll 
        me faut parler ici d'une chose importante et que j'avais espéré 
        pouvoir passer sous silence quand j'ai commencé 
        d'écrire ce livre. Il ne s'agit en effet de rien moins que 
        de la religion."
        Et au ch. XX : "Il conviendrait 
        d'exposer ici les sentiments qui animent un prisonnier de guerre. Mais 
        je ne sais pas trop quelle grande indifférence rencontrerait actuellement 
        ce genre de récit. J'accepte volontiers 
        le destin d'être un disparu, mais je ne puis me résigner 
        à devenir le narrateur de choses disparues. À peine serais-je 
        compris si j'entreprenais de parler aujourd'hui de la liberté, 
        par exemple, ou de l'honneur, à plus forte raison de la captivité. 
        Mieux vaut se taire provisoirement. Je n'écris 
        que pour y voir clair en moi-même et aussi pro 
        nomine Dei. Qu'il 
        me pardonne le péché." Est-ce utile ? Quel 
        effet ça créé  me suis-je demandé : 
        une sorte de distance supplémentaire, et peut-être un après... 
        ce Trotta va écrire...
        
        Comme le livre se termine sur les lieux d'un tombeau, j'en ai fait autant 
        et me suis livrée au fétichisme littéraire...
        
| Je suis 
            d'abord allée non loin d'ici voir rue de Tournon où 
            il avait logé à l'hôtel, au-dessus du café 
            Tournon :  | |
| Voilà la plaque 
            :  | |
| Pire que ça, après avoir lu le récit de son enterrement folko, je suis allée voir sa tombe, ce qui m'a permis de découvrir le cimetière parisien de Thiais, absolument gigantesque. Le livre La Crypte des capucins se termine par la visite d'une tombe, j'ai fait de même... Je voulais voir aussi les tombes de Paul Celan, Severo Sarduy et Zamiatine, mais c'est tellement étendu qu'il aurait fallu prévoir une randonnée de trois jours. Voilà la photo d'une allée au loin, les gens peuvent circuler en voiture tellement c'est grand : | |
|  | Une 
            fois dans la division 63, j'ai cherché la tombe repérée 
            par une photo sur la fiche wikipedia de Roth :   Facile avec cette pierre grise à deux niveaux, et surtout avec ce petit arbuste, je vais la reconnaitre sans tarder... Et effectivement... J'ai alors éclaté de rire (intérieurement, étant donné la dignité des lieux) en découvrant l'arbuste... | 
| 1=> Voici l'arbuste au pied de la tombe : | 2=> Et l'arbuste vu de l'autre côté de la tombe : | 
|  |  | 
| J'ai trouvé que ce gag 
              allait très bien à Joseph Roth... Son enterrement est commenté par plusieurs contributeurs au Cahier de L'Herne consacré à Roth : je ne peux résister à les citer... : | |
| Paula Jacques - 
            Il y aura cet enterrement inénarrable. On se dispute la dépouille 
            spirituelle du mort. Il y a ceux qui veulent un rabbin et des prières 
            en hébreu et ceux qui disent : vous n'y êtes pas, il 
            s'était converti
 Le problème, c'est qu'on ne trouve 
            pas le certificat de baptême
 Bref, les juifs, les communistes, 
            les anarchistes - il avait écrit des articles sous le pseudonyme 
            de Joseph le Rouge - tous ceux qui le revendiquent sont furieux. Et 
            l'enterrement se termine comme une comédie à l'italienne. Florence Noiville - Une comédie qui se termine à Thiais Pourquoi Thiais ? Personne ne sait vraiment très bien. Il voulait être enterré à Montmartre où reposait le grand Heine qu'il admirait beaucoup. Mais c'était trop cher. Alors il a cette petite tombe à Thiais. Une petite tombe envahie par les herbes La tombe se trouve dans la section catholique du cimetière. L'inscription sur la pierre tombale dit : "écrivain autrichien - mort à Paris en exil." Je ne crois pas que beaucoup d'admirateurs aujourd'hui viennent lui rendre visite de façon posthume [si si si, MOI, mes photos le prouvent !]. Mais ça aussi, Roth l'avait anticipé : "Ma mort, disait-il, sera aussi solitaire que l'aura été ma vie." Blanche Gidon, sa traductrice et amie, était présente aux funérailles à Thiais : voir son récit | |
Jérémy, quant à lui, a filé directement à Vienne après la séance afin de faire un reportage photographique sur la crypte des Capucins où logent 149 Habsbourg, dont 12 empereurs et 19 impératrices et reines...
| Au centre François-Joseph, 
              à gauche Rodolphe, à droite Sissi :  | 
| Sissi... 
              (1854-1898) = Élisabeth de Wittelsbach, impératrice 
              d'Autriche, reine de Hongrie, de Bohême et de Lombardie-Vénétie :  | 
| Rodolphe, 
              prince héritier (1858-1889), fils de François-Joseph 
              et Sissi :  | 
|  | 
| L'entrée de la crypte des 
              Capucins (Kapuzinergruf) :  | 
| La séance 
              se déroule dans le jardin plein de charme de Suzanne | 
Brigitte (avis transmis)
 
        (avis transmis)
        Ce roman inspiré de la vie de l'auteur Joseph Roth est plaisant 
        à lire. La préface 
        de la traductrice qui a connu l'auteur est très intéressante 
        pour situer le livre dans son époque. La lecture est facile alors 
        que, vu le sujet, je m'attendais à une lecture plus ardue. Facile 
        : je me dis que cela cache peut-être des éléments 
        que je n'ai pas vus... De plus ce livre est riche en références 
        historiques, ce que je trouve intéressant pour se replonger dans 
        l'Histoire.
        Je vois trois parties dans le roman : la vie d'un jeune aristocrate 
        viennois avant, pendant et après la Première Guerre mondiale 
        et les conséquences de cette dernière sur la société 
        viennoise.
        Dans la première partie je fais connaissance avec François 
        Ferdinand Trotta, le narrateur - même prénom que l'archiduc 
        François Ferdinand d'Autriche, héritier de l'Empire austro-hongrois 
        dont un ancêtre des Trotta a sauvé la vie à Solferino. 
        Je n'ai pas lu 
        La Marche de Radetzky, mais j'ai regardé la mini-série 
        allemande. L'atmosphère est sombre, avec la chute de l'empire 
        austro-hongrois au rythme de la musique militaire de Strauss. Je souligne 
        des répétitions imagées sur la mort
 c'est, 
        je pense, un choix de l'auteur pour nous imprégner de l'atmosphère 
        viennoise du début du XXe et partager l'ambiguïté entre 
        la jeunesse aristocratique qui se noie dans un tourbillon de vie (surtout 
        festif et nocturne) et la mort qui plane. 
        Revenons à François Ferdinand. Ce jeune homme a de l'humour, 
        il m'est sympathique. C'est un homme bon, un grand noctambule, membre 
        de l'aristocratie viennoise à l'aube de la Grande Guerre, qu'il 
        qualifie à son retour de "fête de la mort". La 
        mort plane et Trotta s'étourdit dans des occupations frivoles et 
        coupables à la recherche d'une confirmation de la vie car la mort 
        menace : "au-dessus 
        de nos verres que nous vidions gaiement, la mort invisible croisait déjà 
        ses mains décharnées". 
        Puis Trotta se marie rapidement avec une sobriété militaire 
        et part de suite à la guerre. Alors, j'attendais un récit 
        chargé d'émotion. Mais c'est comme si, pour se protéger 
        ou pudiquement, le narrateur n'avait pas envie de partager ces mois/années 
        en Russie. Trotta survole son parcours de soldat captif. A-t-il honte 
        de ne pas avoir été un soldat combatif au front dans la 
        lignée de ses ancêtres, de ne pas être un héros 
        ? Lorsque sa femme lui demande : "Et 
        toi qu'as qu'as-tu fait tout ce temps-là ?" Il 
        répond sobrement : "Je 
        me suis laissé pousser par les événements." 
        Il ne veut ou ne peut pas le lui raconter. Revenir pour lui c'est être 
        "impropre à la 
        mort". La blessure est forte.
        Enfin, le retour (c'est la partie que je préfère) tant espéré 
        à Vienne arrive pour lui et ses amis sauvés des mains de 
        la mort. Mais la ruine, le désespoir sans borne les attendent. 
        Sa mère s'est ruinée en emprunts de guerre, mais d'autres 
        comme son beau-père ont tiré profit de la guerre et se sont 
        enrichis. Les titres de noblesse sont abolis. Il dit : "nous 
        avions tous perdu notre position, notre maison, notre argent, notre valeur, 
        notre passé, notre présent, notre avenir." 
        Leur vie perd de son sens et vivre leur donne un mal être et de 
        grandes souffrances morales. "Et 
        chacun de nous enviait ceux qui étaient tombés au champ 
        d'honneur". Arrivera-t-il à vivre sans illusion 
        ? Il se dit aussi incapable de prendre des responsabilités : "je 
        ne craignais pas la mort mais un bureau, un notaire, un postier me faisaient 
        peur." Il apprend à se fâcher
 : 
        trop drôle ! Mais l'Histoire ne l'épargne pas. Il reste seul, 
        perdu, abandonné face à la tentative d'hégémonie 
        allemande : même la crypte des Habsbourg ne sera pas un refuge.
        J'ai bien aimé les personnages : sa mère vieillissante et 
        sourde, bien sévère pour son fils et elle-même, mais 
        qui se révèle séductrice et sociable, sa femme Elisabeth 
        (même prénom que la princesse Sissi, femme de Francois Joseph 
        Ier empereur d'Autriche), artiste et émancipée accompagnée 
        de son amie la vilaine Yolande, ses deux amis d'un autre milieu social, 
        surprenants hommes rustiques que sont son cousin Joseph Branco et le cocher 
        Manès Resiger
 Les personnes sont souvent dépeintes 
        avec une pointe d'humour et force de qualificatifs. Chapitre XXX, je m'amuse 
        de sa vision du foyer conjugal.
        Roth posent des questions autour des territoires, des unités linguistiques 
        et ethniques, des frontières et de la complexité de cohabitation 
        de multiples nationalités, à la fois source de richesses 
        et source de conflits. Guerre entre les peuples et souffrance d'hier, 
        d'aujourd'hui et de demain !?
        Ce livre me ramène à une fresque historique que j'ai lue 
        l'été dernier, un roman qui a comme point de départ 
        l'exil d'un couple autrichien juif vers la République dominicaine 
        dans les années trente : Les 
        déracinés de Catherine Bardon. Je n'oublie pas un 
        clin d'il à Thomas Mann et les 
        Buddenbrook. 
        Chantal (avis 
        transmis)
(avis 
        transmis)
        Voici mon avis, pas très étoffé, j'ai oublié 
        mes notes à Houat. Acte manqué ? Peut-être, parce 
        que la chose qui me revient sans cesse de cette lecture, ce sont les menaces 
        de mort qui planent au-dessus des verres de ces jeunes gens insouciants 
        à la veille de la guerre de 1914. Quelquefois, j'ai peur qu'elles 
        ne planent au-dessus de nos verres !
        J'ai lu ce livre il y a deux mois, beaucoup trop vite, et il m'en reste 
        peu d'impressions - enfin je le croyais - sinon d'une écriture 
        remarquable et d'une grande nostalgie du narrateur et de l'auteur de ce 
        temps passé, l'empire austro-hongrois où le peuple était 
        "gouverné", où l'ordre et la stabilité 
        régnaient.
        Mais en relisant certains chapitres, je réalise un texte beaucoup 
        plus riche, plus profond que ce que j'en avais perçu.
        La narration me semblait "froide", les faits , rien que les 
        faits, ce que Roth nomme "la réalité transformée", 
        avec pour moi pas assez d'émotion
 les faits, le départ 
        à la guerre, les camps de prisonniers, le retour, les retrouvailles 
        avec les amis rescapés de la guerre, les faits, les faits... Mais 
        cette sobriété de narration met en relief, bien plus que 
        s'ils étaient étalés, l'amour de sa patrie, l'amour 
        de sa mère, de sa famille Trotta, et surtout sa douleur de l'explosion 
        de cette patrie !
        Il y a de la poésie dans ces phrases concises, un moment, Dieu 
        sait pourquoi, j'ai pensé à l'écriture de contemporains, 
        Marguerite Duras.
        Enfin le dernier chapitre, en 1939, dans le café de Vienne où 
        se retrouvent les amis, l'arrivée du jeune nazi, là c'est, 
        comment dire ? Après ces chapitres linéaires, le bouleversement 
        total ! Le mouvement, la précipitation, la peur, l'effroi même, 
        la fuite. Changement d'écriture, moi lectrice, j'ai peur.
        Et le départ du narrateur avec le chien, vers la crypte des Capucins, 
        seul, le désespoir total. Quelle chute ! 
        Et... dès l'arrivée des nazis au pouvoir, les livres de 
        Joseph Roth sont brûlés ! Bien sûr, juif, pacifiste.
        Je l'ouvre aux ¾, le ¼ enlevé, c'est moi, ma lecture 
        trop superficielle.
        Un auteur injustement méconnu. Merci Voix au chapitre !
        Édith
        Mon avis est très proche de celui de Chantal. 
        Je me suis précipitée sur le texte sans regarder préface 
        ou post face : miam miam, une lecture qui coule toute seule. Mais une 
        écriture que j'ai eu envie de qualifier de blanche. J'étais 
        un peu déçue. Puis j'ai regardé le film La 
        Marche de Radetzky et ai eu beaucoup 
        de plaisir. J'ai saisi tout à coup l'émotion qui manquait. 
        Puis j'ai lu la documentation sur le site et tout s'est rassemblé.
        J'ai alors repris le texte et corné presque toutes les pages, y 
        trouvant beaucoup d'humour, des dialogues superbes, une situation parfois 
        abracadabrante, des descriptions de scènes formidables comme la 
        nuit de noce. 
        Il m'a fallu tout ça (première lecture, film, documentation, 
        reprise du texte) pour pouvoir voir la force du texte. 
        Grâce à tous ces éléments, L'auteur et le narrateur 
        me semble très proches 
        Ce qui explique cette lecture "blanche" c'est mon rapport à 
        l'empire austro-hongrois, vague souvenir de la 5e et de la 4e ; autre 
        est une lecture concernant l'Algérie par exemple, dont l'histoire 
        me concerne plus émotionnellement.
        Un seul lien unissait tous ces gens alors : la langue et l'empereur, relevant 
        de l'imaginaire.
        J'ouvre aux ¾ avec le regret que la première lecture de 
        ce livre ne m'ait pas embarquée, mais du coup j'ai vécu 
        avec lui pendant un mois.
        Suzanne 
 
        
        Quand j'ai commencé, je me suis dit c'est bon, c'est comme Les 
        Buddenbrook, le déclin d'une famille.
        Mais j'ai lu sur cette époque Elisabeth 
        Badinter.
        Comme j'ai déjà lu cette histoire du déclin quand 
        on voit tous les peuples qui étaient dans cet empire sous la fascination 
        de l'empereur, j'aurais pu éviter de lire La Crypte des capucins, 
        que j'ai trouvé pas compliqué à lire, mais pas inoubliable.
        J'ai cependant apprécié le leitmotiv sur la mort et j'ouvre 
        à moitié.
        Marie-Thé
        J'ouvre ce livre aux ¾ et si je le ferme ¼, c'est à 
        cause d'un je ne sais quoi que je n'arrive donc pas définir...
        J'ai aimé suivre François Ferdinand Trotta, depuis sa jeunesse 
        privilégiée insouciante à Vienne, jusqu'à 
        son errance tourmentée s'achevant devant la crypte des Capucins 
        (notre basilique Saint-Denis à nous...). À l'origine de 
        ce parcours, je vois la figure importante du père. "Mon 
        père, lui, fut un rebelle (...) un rebelle et un patriote." 
        Il fallait "réformer 
        l'empire et sauver les Habsbourg". "Dans 
        son testament, il me désigna comme l'héritier de ses idées." 
        J'ai été attentive à la préface de Dominique 
        Fernandez, nous rappelant l'intérêt de ce fils Trotta pour 
        "l'autre", sa sensibilité à celui qui est différent, 
        grand bourgeois accueillant le "déclassé" de sa 
        famille ou venant en aide à l'ami de celui-ci, l'humble cocher, 
        pour son fils Éphraïm. Je reconnais là Joseph Roth 
        tel qu'il est présenté dans la postface, attentif aux nécessiteux 
        "enfermés en Autriche". Désespéré, 
        il allait se suicider. Son Autriche d'autrefois avait disparu. Ceci me 
        ramène à la dernière ligne du texte de Joseph Roth 
        : "Où aller à 
        présent ? Où aller ? Moi, un Trotta ?" 
        Parallèle avec la monarchie austro-hongroise : 
        "La grandeur de l'empire, 
        selon Roth, ne tenait pas à sa capitale autrichienne, mais aux 
        nombreuses provinces hétérogènes dont il était 
        constitué (...). Toute la richesse était dans les marges." 
        Où est ce "métissage 
        intelligent entre peuples divers" qu'aurait souhaité 
        Joseph Roth ? 
        Joseph Roth était juif, Trotta, son personnage, ne l'était 
        pas, mais ils étaient proches. 
        Ce livre me fait penser à une marche funèbre, c'est aussi 
        une quête. 
        Insouciance et pressentiments, confusion des sentiments, antisémitisme, 
        amitiés pesantes, mère souveraine, portraits de femmes peu 
        flatteurs, hommes lâches, religion (pour le pardon ?), effondrement 
        d'un monde, de tous ("Nous 
        avions tous perdu... notre passé, notre présent, notre avenir."). 
        Tout y est. 
        Mort et amour sont mêlés (quand même, la nuit de noces, 
        il envoie un papier vierge juste signé à sa femme, tout 
        y est dit...) Est-ce drôle ? Tout comme l'échange de la mère 
        avec le conducteur de fiacre la menant au Prater : "Tous 
        ceux qui vivent sans travailler sont des capitalistes ", 
        sauf les mendiants... 
        J'ai beaucoup aimé les portraits, savoureux et parfois drôles 
        (le notaire, et même le redoutable M. von Stettenheim qui parle 
        très fort). La nature est belle, jusqu'au ciel étoilé 
        de Sibérie. 
        Effondrement d'un monde amenant à ceci : "c'est 
        probablement ainsi que les gens vivront un jour (...) embrassant comme 
        mère de la fécondité une terre en train de se dessécher" 
        Résonance avec aujourd'hui. 
        J'ai bien sûr pensé à Stefan 
        Zweig, à Robert Musil. Intéressant rapprochement avec 
        Le Guépard, mais Roth et Lampedusa sont 
        bien différents. 
        Manuel
        J'ai lu La Crypte des capucins puis  La Marche de Radetzky. 
        Je ne comprenais pas pourquoi le héros François-Ferdinand 
        revenait de la guerre tel un paria. C'est qu'il était déshonorant 
        de ne pas avoir combattu. Il est décrit comme un perdant. J'ai 
        trouvé étonnant le personnage de la femme tiraillée 
        entre son mari et sa compagne créatrice ou la mère seule 
        qui est forcée de convertir sa maison en pension. La Crypte 
        est un livre crépusculaire traversé de la nostalgie d'un 
        empire perdu. D'ailleurs, j'ai parcouru les pages wikipédia de 
        l'histoire de 
        l'empire austro-hongrois et pour situer les pays qui le composaient. 
        Il y a tellement de choses apprises à l'école dont on ne 
        se souvient plus. Comme dans La Marche, on suit l'épopée 
        du héros lors de différentes situations et époques : 
        Joseph Roth nous fait passer d'une situation à une autre en une 
        phrase. La Guerre de 14 est survolée, on perd de vue le cousin 
        qui fait une rapide apparition au retour de Vienne. Le fils du cocher 
        rappelle le contexte politique. 
        Des tournures poétiques m'ont parfois paru alambiquées et 
        il y a beaucoup de répétitions : les mains de la mort.
        J'ai beaucoup pensé aux Buddenbrookqui 
        est une espèce de pendant prussien du roman de Roth. Le passage 
        de la mort de Jacques est bouleversant ainsi que la scène dans 
        le café avec l'arrivée des nazis. J'ouvre aux ¾ en 
        recommandant La Marche qui donne l'impression d'un roman plus achevé, 
        travaillé et virtuose. Philip Roth a terminé la rédaction 
        de La Crypte à la fin de sa fin pendant son exil. Ce qui 
        explique cela je pense. 
        Etienne
        J'aime beaucoup les romans historiques, mais La Crypte des capucins 
        n'a emporté qu'une (petite) moitié de mon adhésion, 
        je dois avouer que je m'attendais à un peu mieux. Je vais commencer 
        par ce qui m'a plu :
        - L'atmosphère globale du livre est très bien sentie ; on 
        arrive presque à palper cette ambiance de fin de règne et 
        la grande connaissance de l'auteur de son empire, ses ethnies, coutumes, 
        rend le récit assez poignant.
        - La lecture est fluide ; l'écriture est ce qu'il faut de sophistiquée 
        pour avoir un charme désuet.
        - L'effet de surprise total de la deuxième partie avec le ménage 
        à trois est cocasse. 
        Cependant, même s'il est sympathique, ce roman m'a paru avoir des 
        défauts gênants :
        - de (très) nombreuses répétitions de tournures de 
        phrases, d'aphorismes donnent véritablement l'impression d'avoir 
        lu un brouillon. Je cite : "la 
        mort croisait ses mains décharnées", les 
        "blondes aux formes 
        généreuses", "nous 
        étions jeunes
" et j'en passe probablement, 
        répétées parfois 4 fois sur 40 pages. Joseph Roth 
        m'a souvent donné l'impression d'un gentil grand-père gâteux 
        qui rabâche
 S'il-vous-plaît, dites-moi que je ne suis 
        pas le seul à avoir ressenti ça !
        - Même amusante, son écriture faite d'hyperboles a fini par 
        me lasser et surtout m'a rendu complètement désincarnés 
        les personnages : impossible de ressentir de l'empathie pour François-Ferdinand, 
        Elisabeth, Joseph Branco et consorts. 
        - Des ellipses trop brutales, surtout que ces dernières ne me paraissaient 
        pas vraiment servir un propos.
        En résumé je dirais que, même s'il possède 
        le charme d'avoir su retranscrire l'atmosphère de déliquescence 
        d'une époque, j'ai été déçu. Je pense 
        aussi qu'inconsciemment j'en attendais une sorte de Le 
        pont sur la Drina version 
        autrichienne et qu'il a souffert de la comparaison. 
        Je l'ouvre à moitié. 
        Jean
        Personnellement je n'ai pas trouvé d'intérêt à 
        ce livre qui n'est ni historique (manque de mise en perspective des événements 
        personnels du narrateur), ni empathique (la décadence de la famille 
        Trotta ne m'a fait ni chaud ni froid). Enfin l'Anschluss de Hitler ne 
        peut manquer de nous ramener à "l'Anschluss" du jour, 
        celui de Poutine... et sur ce qui semble "normal" : le règlement 
        des conflits pas la violence. Sur le temps long, la "démocratie" 
        grecque aura-t-elle été une parenthèse ? Cela aurait-pu 
        être la question du livre de Roth.
        Intellectuel autrichien d'origine juive, Joseph Roth décrit dans 
        La Crypte des capucins la fin d'un monde, celui du vaste empire 
        Austro-Hongrois. Un empire qui s'écroule après la mort de 
        l'Empereur François Joseph et surtout après la défaite 
        de la première guerre mondiale. Pour Joseph Roth, c'était 
        un empire multiculturel comprenant 
        différentes langues et peuples (Hongrois, Slaves, Allemands, Tchèques, 
        Croates, Serbes, Bosniaques, Italiens, Slovènes
). Face à 
        la montée du nazisme, Joseph Roth sera contraint de s'exiler à 
        Paris en 1933. Il décédera en 1939 à l'âge 
        de 45 ans.
        La crypte des Capucins se trouve à Vienne dans le sous-sol d'une 
        église. On y découvre les gisants d'une quinzaine d'Empereurs 
        et d'Impératrice ayant régné sur le vaste empire 
        Austro-Hongrois, depuis 1633. La "maison des Habsbourg" administrera 
        le saint Empire romain germanique (Autriche, Hongrie et Bohème) 
        jusqu'à François Joseph qui meurt en 1916. La Crypte 
        des capucins commence juste avant la guerre.
        Le narrateur appelé François Ferdinand est un cousin des 
        "Trotta", famille dont l'histoire est relatée sur trois 
        générations un autre roman La marche de Radetzky". 
        C'est un riche bourgeois de Vienne qui mène une vie insouciante, 
        quand surgit la guerre et la mobilisation. A la recherche de ses origines 
        Slovène, il sera affecté dans un régiment de paysans 
        et d'artisans en Galicie Orientale, limite extrême de l'empire face 
        aux cosaques. Prisonnier des Russes et sera envoyé dans un camp 
        en Sibérie. De retour à Vienne, il retrouvera sa mère 
        vieillie, et sa femme sous influence d'une autre femme artiste et homosexuelle. 
        L'empire a disparu et c'est un monde nouveau dans lequel François 
        Ferdinand ne se reconnaîtra pas. L'ancienne Autriche, celle de Vienne, 
        capitale des arts, il la retrouve alors dans la crypte des capucins où 
        dorment "ses" empereurs oubliés. Une époque où 
        l'on pouvait être différent, être autrichien et citoyen 
        du monde
 " j'ai perdu mon pays. J'appartiens à une époque, 
        en apparence ensevelie où l'on trouvait tout naturel qu'un peuple 
        fut gouverné parce qu'il ne pouvait pas se gouverner lui-même 
        sans précisément cesser d'être un peuple ".
        C'est un roman écrit à la première personne du singulier, 
        qui passe pour une sorte de confession de Joseph Roth sur son époque 
        et sur la nostalgie qu'il éprouve à propos de l'ancien l'empire 
        austro-hongrois. La Crypte des capucins est un de ces ouvrages 
        que les nazis brûleront en 1933 lors de leurs fameux autodafés 
        en place publique car contraire à "l'esprit allemand" 
        selon eux.
        Catherine, 
        entre  et
et 
        
        Je connaissais Joseph Roth de nom, mais n'avais 
        jamais lu ses livres. J'ai donc commencé par La marche de Radetzky, 
        avant de lire La Crypte des capucins, un peu dans l'idée 
        que l'un était la suite de l'autre, ce qui n'est pas vraiment le 
        cas en fait. Les périodes se chevauchent et il s'agit de deux branches 
        différentes de la famille Trotta. Dans les deux cas, on assiste 
        à la fin de l'empire austro-hongrois, mais l'ambiance est différente, 
        le style aussi. La Crypte des capucins est un récit à 
        la première personne ; j'ai apprécié le ton plutôt 
        nostalgique, et l'ambiance un peu funèbre, comme l'indique le titre, 
        d'un monde en train de sombrer. Cette fin est annoncée dès 
        la première page. La mort est régulièrement évoquée, 
        avec une phrase stéréotypée qui revient régulièrement 
        comme un leitmotiv, "la 
        mort croisait déjà ses mains décharnées au-dessus 
        des verres", contrastant avec le milieu dans lequel évolue 
        le personnage principal, de jeunes bourgeois, désenchantés, 
        oisifs et inconscients du fait que la guerre approche et qu'ils vont tout 
        perdre. 
        J'ai trouvé le personnage de François-Ferdinand attachant, 
        avec son côté un peu décalé. On est assez surpris 
        qu'il soit fasciné par son cousin Joseph, le vendeur de marrons 
        et de pommes cuites, et par Manès, le cocher de fiacre, au point 
        qu'il accepte de se faire plumer sans protester, et qu'il aille séjourner 
        sans hésiter à Zlotogrod. Cela permet à l'auteur 
        de nous expliquer, via le comte Chojnicki, le rôle essentiel dans 
        l'empire des États entourant l'Autriche. La vision de Vienne, donnée 
        par Joseph Roth, m'a parue très différente de celle donnée 
        par Zweig dans Le 
        monde d'hier. 
        Il y a très souvent des moments d'humour, la description des deux 
        Slovènes, les beignets de quetsches au moment du départ 
        de François-Ferdinand pour la guerre, le beau-père chapelier 
        qui se transforme en fabricant de képis lorsque la guerre éclate, 
        puis se lance dans le commerce des arts décoratifs, la mère 
        qui devient beaucoup plus gaie quand elle est sourde et qu'elle perd un 
        peu la tête. Le personnage d'Elisabeth, que l'on retrouve après 
        la guerre, vivant avec une femme, et qui finit par s'enfuir avec elle, 
        après être retournée plusieurs fois dans le lit de 
        son mari, est plus inattendu, surtout pour l'époque.
        Le contexte historique m'a beaucoup intéressée, bien qu'il 
        ne soit qu'ébauché, vu uniquement à travers le vécu 
        du personnage principal. C'est parfois un peu frustrant mais ce n'est 
        pas un roman historique. Ça m'a donné l'occasion d'aller 
        réviser un peu. L'histoire est évoquée par petites 
        touches. La guerre se limite à une retraite et un séjour 
        plutôt bref dans un camp russe, la chute de la république 
        via l'enterrement du fils de Manès, presque incidemment et l'arrivée 
        des nazis par l'irruption d'un personnage bizarre dans le restaurant où 
        dînent François-Ferdinand et ses amis. Là encore, 
        le contraste entre son aspect assez ridicule (son chapeau ressemble à 
        un pot de chambre et on pourrait le confondre avec un préposé 
        aux lavabos) et la terreur qu'il inspire à tous les dîneurs 
        qui s'enfuient, est très réussi.
        J'ouvre l'ensemble (Marche et Crypte) entre ½ et 
        ¾.
        Claire
        J'avais lu La marche de Radetsky dans le groupe il y a 34 ans, 
        donc je n'en ai aucun souvenir : mes vagues notes indiquent "quelques 
        scènes fortes", "des bouts de style dans une marée 
        de grisaille"... J'ai beaucoup aimé voir le film de 3h30 que 
        nous avons regardé en deux parties, plongeant agréablement 
        dans l'Histoire et dans l'histoire des Trotta, une bonne introduction 
        à notre livre, puisque le frère du grand-père de 
        notre narrateur était le héros était de la bataille 
        de Solférino qui sauva la vie de lempereur François-Joseph 
        et qui d'obscur péquenot et petit lieutenant dinfanterie 
        devint baron  ce dont découle toute La marche de 
        Radetzky. Comme Manuel, j'ai pensé aux Buddenbrook 
        "transgénérationnel sur fond historique" qu'on 
        a lu l'été dernier. Bref !
        La Crypte m'a bien plu. J'ai suivi avec un intérêt 
        constant :
        - la description de sa bande d'aristocrates décadents avec ses 
        modes et conformismes intéressants : par exemple, notre narrateur 
        doit cacher qu'il est amoureux car c'est mal vu, mais il frime avec le 
        gilet à ramages acheté à son cousin slovène 
        vendeur de marrons
        - les deux ploucs auxquels il s'attache, hauts en couleur
        - le surgissement de la guerre et les aventures qui s'ensuivent, les nationalismes 
        qui montent dangereusement
        - les relations avec les femmes (gratinée avec sa mère - 
        j'ai adoré - et surprenantes avec Élisabeth et la vilaine 
        Yolande) et celle avec le nouveau-né ("l'avoir 
        engendré ne suffisait plus. J'aurais voulu l'avoir porté 
        et mis en au monde. Il trottait dans la pièce, vif comme un furet.")
        - et le narrateur auquel je me suis vraiment attachée.
        La fin est dramatique à souhait. Si je n'ouvre pas en grand, c'est 
        que j'aurais aimé moins d'ellipses à la fin pour bien tout 
        comprendre des événements politiques ; la crypte elle-même 
        m'a laissée un peu... froide. 
        Enfin, très important, car c'est la raison de la raison de l'intérêt, 
        j'ai vraiment apprécié l'écriture, la voix, le ton 
        mêlant :
        - dérision ("Tous 
        auraient eu plaisir à m'acheter mon cousin tout entier, ma parenté, 
        mon cher Sipolje.")
        - vague désespoir ("Nous 
        savourions notre tristesse avec la même étourderie que notre 
        plaisir.") 
        - ou carrément humour ("l'amour 
        passait pour un égarement, on considérait les fiançailles 
        comme une espèce d'attaque d'apoplexie, et le mariage comme une 
        maladie chronique"). 
        Il y a une densité d'événements, de descriptions, 
        de réactions que j'ai lues avec un très grand plaisir.
        Marie-Odile
        Jusqu'à la mobilisation, je me suis demandé où voulait 
        en venir l'auteur même si le leitmotiv "Au-dessus 
        des verres où nous buvions ensemble, la mort croisait déjà 
        ses mains décharnées" ne laisse aucun doute 
        sur la suite. La nostalgie de l'empire, l'attachement à la patrie, 
        l'opposition entre l'Autriche et les pays de la Couronne imprègnent 
        la vie du narrateur, mais les événements historiques ne 
        me sont pas apparus de façon suffisamment claire à travers 
        ce récit. La nostalgie de la monarchie et de l'aristocratie est 
        toujours présente mais jamais vraiment justifiée. Que faut-il 
        regretter de la vie d'avant ? De cette Vienne qui tirait son faste de 
        "la sève des 
        peuples asservis" qui "grandissait, 
        mais sur un sol engraissé par la douleur et l'affliction".
        Les lieux, les portraits évoqués m'auraient semblé 
        plutôt ternes sans le pittoresque et la légère ironie 
        qui les accompagne souvent. Mais je n'ai à aucun moment éprouvé 
        de sympathie pour les personnages même pour les personnages féminins 
        qu'il s'agisse de la mère figée dans son rôle (et 
        dont la déchéance puis la mort fait écho à 
        l'écroulement de la monarchie et à 
        la désintégration de la société), ou d'Elisabeth 
        au parcours imprévisible et pas vraiment émancipateur dans 
        les Arts déco ou le cinéma. 
        Certains aspects m'ont intéressée : l'impact de la guerre 
        sur la vie dans ce qu'elle a de plus privé, l'idée que la 
        calamité générale est préférable au 
        chagrin particulier, l'incapacité du narrateur à se lancer 
        dans des opérations supposées productives. Mais le ton uniforme 
        empreint de morosité, de désespoir, ne m'a pas séduite.
        L'écriture m'a semblé manquer de relief. Tout est raconté 
        de la même façon. Je n'ai ressenti aucune émotion. 
        Même lorsque la décadence et le désenchantement s'infiltrent 
        partout, dans le couple, la famille, les affaires, la finance, la vieillesse, 
        etc. 
        Il s'agit de la fin d'un monde certes, mais rien à voir avec Le 
        monde d'hier 
        de S. Zweig, uvre qui rendait compte du même bouleversement 
        de façon autrement bouleversante !
        En résumé, le texte de Roth ne m'explique rien des 
        événements historiques. Je n'ai pas réussi à 
        les cerner vraiment à travers le vécu des personnages et 
        le parcours de ces derniers ne m'a pas touchée.
        J'ouvre à moitié (très petite moitié).
        J'ai aimé la postface 
        et Roth me semble plus intéressant que Trotta.
        Soaz
        Je n'avais pas d'attente, concernant ce livre.
        J'ai apprécié l'écriture à la première 
        personne du singulier, elle permet de s'identifier au narrateur. Lecture 
        facile.
        Je n'ai pas apprécié les répétitions de phrase, 
        qui alourdissent le texte.
        De nombreuses similitudes entre la vie et les événements 
        entre Trotta et Roth : est-ce la même personne ?
        Vienne qui rayonne n'est pas l'Autriche, pays constitué de nombreuses 
        provinces - Slovénie, Galicie, Bosnie, Moravie, Transylvanie -, 
        ce qui fait sa diversité, sa force, sa richesse, mais aussi sa 
        perte par abandon des populations laissées pour compte.
        La première partie, description de la jeunesse dorée, dissolue, 
        inconsciente d'une guerre proche et longue de Vienne ne m'a procuré 
        aucun plaisir de lecture. La décadence et la mort sont omniprésentes 
        : "c'est une époque 
        gaie, la mort il est vrai croisait déjà ses mains décharnées 
        au-dessus des verres que nous vidions". Il se détache 
        de son entourage frivole à la suite de la rencontre de son cousin 
        Joseph et du cocher Manès : un moment d'humanité, de retour 
        vers la réalité. Aucune démonstration affective de 
        la part de sa mère, pas d'émotions, mais une note affective 
        humoristique !! : "Nous 
        avons des beignets aux quetsches, manifestation merveilleuse de maternité, 
        en guise d'au revoir pour mes préparatifs vers la mort". 
        Le mariage avec Elizabeth, en toute hâte, avant le départ 
        à la guerre, pour concrétiser son amour, est une erreur 
        : "j'eus la soudaine 
        certitude que nous ne nous aimions pas".
        Deuxième partie, il part à la guerre (la Première 
        Guerre mondiale) sans connaissance des faits et sans lucidité. 
        Il est fait prisonnier, il ne combattra pas, il vivra l'épreuve 
        de la solitude. Il y a peu de détails sur les faits de guerre, 
        par contre ce récit a ouvert ma curiosité sur l'histoire 
        de l'empire austro-hongrois.
        Troisième partie, le retour : c'est la période que je préfère, 
        elle nous donne une description du quotidien, des murs, des évolutions. 
        Il n'a plus de codes, il est ruiné, il doit se refaire une place 
        dans un monde qu'il ne reconnaît plus. Il a perdu son rang et son 
        argent. Il est impropre à la mort. Sa femme, distante, émancipée, 
        vit avec une autre femme. Elle créée des bijoux art déco, 
        elle est chef d'entreprise. Après la naissance de son fils, il 
        reste seul. Sa mère son fardeau chéri décède 
        et il abandonne son fils chéri... L'arrivée des nazis provoque 
        une cassure définitive, il est juif. Son seul refuge, la crypte 
        des capucins, tombeau de tous les dirigeants des Habsbourg. Il erre seul, 
        avec un chien, perdu, c'est la fin
        Cindy (au téléphone)
        Le livre était moins dense que j'espérais et j'ouvre un 
        petit demi.
        Mais j'ai eu un plaisir de lecture, on y entre comme dans une histoire 
        contemporaine, racontée de manière réaliste, avec 
        ses trois parties : une vie insouciante, la guerre et là on est 
        porté par l'Histoire, et enfin alors que ça pourrait s'arranger, 
        quelque chose de terrible va arriver.
        J'ai apprécié les descriptions de la vie au quotidien, des 
        paysages, par exemple "Souvent, la nuit, j'entendais les cris rauques 
        et fréquemment interrompus 
        de vols d'oies sauvages qui passaient très haut dans le ciel. Mais 
        les marronniers imposants et vénérables commençaient 
        à se dépouiller déjà de leurs feuilles dures, 
        dorées et joliment dentelées."
        J'ai trouvé le livre très humaniste.
        Dans la vie du narrateur avec ses amis, on sent le coté très 
        humain, sa préférence pour des personnages pittoresques. 
        
        Il y a aussi une dimension tragique, avec cette fin d'un monde, où 
        quelque chose de grave va s'installer, qui va changer la vie des peuples.
        On commémore plutôt des événements à 
        partir de la Seconde Guerre mondiale et là, ça m'a plu qu'on 
        se situe avant le début du siècle, dans un tout autre monde. 
        On est assez ému et bouleversé, avec ce retour à 
        la vie irrévocable du narrateur à la fin. 
        J'aurais aimé aller plus profondément dans les histoires 
        racontées, par exemple quand il est prisonnier : "On 
        eût dit que chacun d'eux, et chacun pour son propre compte puisqu'ils 
        étaient brouillés, voulait me témoigner son mépris 
        de ma non-intervention dans leur querelle. Ils s'attelèrent tous 
        les deux à un travail superflu. L'un aiguisait un couteau mais 
        sans rien de menaçant, l'autre mettait de la neige dans une marmite, 
        allumait le feu, y jetait de petites bûchettes, posait le chaudron 
        sur le foyer et gardait les yeux fixés sur la flamme. Une agréable 
        tiédeur se répandit. La chaleur se réverbérait 
        sur la fenêtre d'en face. Le reflet du feu bleuissait, rougissait, 
        violaçait les fleurs de glace. Les gouttes d'eau gelées, 
        par terre, juste sous la croisée, commencèrent à 
        fondre".
        On sent que toute chose est au bord du gouffre. Ça a été 
        trop vite, j'aurais voulu rester encore.
        Je suis sensible à la traduction et le livre m'a semblé 
        très bien traduit.
        J'ai appris des choses, j'ai bien aimé avoir ce livre en main. 
        C'est un livre que je prêterais volontiers.
        Et quelle coïncidence, un ami vient de me prêter un récit 
        d'Elise Fontenaille N'Diaye Blue 
        Book qui tombe bien après La Crypte : ce livre raconte 
        une page bien sombre de l'Allemagne, puissante colonisatrice qui occupa 
        l'actuelle Namibie de 1883 en 1916. On avait oublié que cette colonie 
        fut le théâtre d'un premier génocide du 20e siècle, 
        massacre des Hereros 
        et des Namas. Et je découvre avec surprise malheureuse qu'un 
        Von Trotha (Lothar), officier prussien, incarnation du militaire dans 
        toute sa brutalité, est à l'origine de cette armée 
        exterminatrice ! Voilà aussi quelque part, entre désert 
        et presqu'île de Shark 
        Island, une terrible préfiguration des exterminations à 
        venir
         
| DES 
            INFOS AUTOUR DU LIVRE  Repères biographiques  Livres écrits en français  Traducteurs  Radio  Sur et avec Joseph Roth  Pourquoi lire Joseph Roth | 
| La Marche de Radetzky, à 
            travers l'histoire de la famille Trotta sur trois générations, 
            commence en 1859 et va de l'apogée de l'empire austro-hongrois 
            à son déclin annoncé par la guerre de 1914 ; 
            le roman commence ainsi : "Les Trotta n'étaient pas 
            de vieille noblesse. Le grand-père avait été 
            anobli après la bataille de Solferino. Il était slovène 
            et avait pris le nom de son village natal, Sipolje". La Crypte des capucins commence à la veille de la guerre de 14 ainsi : "Nous nous appelons Trotta. Notre race est originaire de Sipolje, en Slovénie". Afin de se mettre historiquement et visuellement dans le bain austro-hongrois, nous avons regardé le film austro-franco-allemande La Marche de Radetzky d'Axel Corti, adapté du roman en 1994, avec Max von Sydow, Charlotte Rampling et Claude Rich (deux soirées d'1h 45). Voici ce qu'en disait Le Monde, enthousiaste, quand le film est passé en deux parties en 1995 sur France 2  "La Marche de Radetzky, deux soirées d'exception". | 
| REPÈRES BIOGRAPHIQUES | 
Joseph Roth est né en Galicie (l'Ukraine aujourd'hui) 
        en 1894, sous le règne de l'empereur François-Joseph, dans 
        une famille juive modeste de langue allemande. 
        Au début de la première guerre mondiale, il travaille dans 
        le service de presse des armées impériales. Après 
        la guerre, il devient chroniqueur à Vienne et à Berlin. 
        Ses articles très demandés, traduisent un regard lucide 
        sur son époque et un monde qui disparaît. 
        Parallèlement, il entame une carrière de romancier. Son 
        uvre la plus connue est La Marche de Radetzky, publié 
        en 1932, histoire de plusieurs générations dune famille 
        sous la Monarchie austro-hongroise finissante. Exilé en France 
        dès larrivée au pouvoir des nazis  qui détruisent 
        ses livres , il sinstalle à Paris en 1934. Malade, 
        alcoolique et sans ressources il y meurt en 1939.
        Pour des détails, voir la chronologie 
        du Cahier de l'Herne consacré à à Joseph 
        Roth ; voir aussi wikipedia.
Une 
        photo de la réalité... : cortège 
        funèbre de l'Empereur François-Joseph 
        se dirigeant vers la crypte des Capucins le 30 novembre 1916
         
        
| LIVRES PUBLIÉS | 
On recense 13 romans, 8 longs récits 
        (la frontière entre les romans et les récits est parfois 
        difficile à établir), 3 volumes d'essais et de grands reportages 
        et un millier d'articles de journaux. Et la création de cette uvre 
        n'a duré qu'une vingtaine d'années...
        
         Romans (présentés en ordre 
        chronologique de publication en allemand, avec pour certains des adaptations 
        au cinéma)
- 1923 : La 
        Toile d'araignée, trad. Marie-France Charrasse, Gallimard, 
        1970 ; rééd. L'Etrangère, 1991 
        ; rééd. L'Imaginaire, 2004.
        =>film allemand de Bernhard Wicki, adapté du roman en 1989 : 
        La 
        Toile d'araignée.
        - 1924 : Hôtel 
        Savoy, trad. Françoise Bresson, Gallimard, 1969 ; rééd. 
        L'Imaginaire, 1987.
        - 1924 : La Révolte, trad. de Charles Reber, Valois, 1930 
        ; La Rébellion, trad. Dominique Dubuy et Claude Riehl, Seuil, 
        1988 ; rééd. Points, 1991.
        - 1926 : Le 
        miroir aveugle, trad. et préface Nicolas Waquet , Rivages 
        poche, 2023.
        - 1927 : Juifs 
        en errance, 
        suivi de LAntéchrist 
        (publié en 1934), trad. de Michel-François Demet, Seuil, 
        1986.
        - 1927 : La 
        Fuite sans fin, trad. Romana Altdorf et René Jouglet, Gallimard, 
        1929 ; rééd. L'Imaginaire, 1985.
        - 1928 : Zipper 
        et son père, trad. de Jean Ruffet, Seuil, 2004.
        - 1929 : Gauche 
        et droite, trad. de Jean Ruffet, Seuil, 
        2000 ; Les Belles Lettres, 
        2017.
        - 1929 : Le 
        Prophète muet, trad. Michel-François Demet, postface 
        de Werner Lengning, Gallimard, 1972.
        - 1930 : Incroyable ! Quatre traductions pour ce livre 
        :
        Première traduction  Job : roman dun simple juif, 
        trad. de Charles Reber, Valois, 1931 
        Deuxième traduction 
        sous le titre Le 
        Poids de la grâce, trad. Paule Hofer-Bury, Calmann-Lévy, 
        1965 ; rééd.  Biblio, 1984 ; Presses 
        Pocket, 1989 ; Livre de poche, 1992.
        Troisième 
        traduction :  Job 
        : roman d'un 
        homme simple, trad. Silke Hass et Jean-Pierre Boyer, Tours, éditions 
        Panoptikum, 2011 ; puis Genève, éd. 
        Héros Limite, 2018.
        Quatrième 
        traduction Job 
        : roman d'un homme simple, trad. Stéphane Pesnel, Seuil, 
        2012 ; Points, 2013.
        =>film américain d'Otto Brower, 
        adapté du roman en 1936 : Le 
        Chant des cloches
        - 1930 : Le 
        Cabinet des figures de cire, précédé d'Images 
        viennoises : esquisses et portraits, trad. Stéphane 
        Pesnel,  Seuil, 2009.
        -  1932 : La 
        Marche de Radetzky,  trad. 
        de Blanche Gidon, Plon et Nourrit, 1934 ; Plon, 
        1957 ; Le Cercle du bibliophile, 1971 ; traduction revue par Alain Huriot, 
        Seuil, 1982 ; Seuil, 1995 ; France Loisirs, 1995 ; Points, 
        2008 ; préface 
        de Stéphane Pesnel, Seuil, 
        2013.
        => mini-série 
        austro-franco-allemande d'Axel 
        Corti et Gernot Rollen trois épisodes, adapté 
        du roman en 1994 : La 
        Marche de Radetzky, avec Max von Sydow, Charlotte Rampling et 
        Claude Rich.
        - 1934 : Tarabas 
        : un hôte sur cette terre, trad. de Michel-François 
        Demet, Seuil, 1985 ; Points, 1990 ; Points, 2009.
        - 1934 : Juifs en errance (publié en 1927) suivi de 
        L'Antéchrist, trad. Michel-François Demet, 
        Seuil, 1986 ; rééd. 2009.
        - 1935 : Le 
        Roman des Cent-Jours, trad. de Blanche Gidon, Grasset, 1937 ; 
        rééd. Seuil, 2004.
        - 1936 : Notre 
        assassin, trad. de Blanche Gidon, R. Laffont, 
        1947 ; rééd. Christian Bourgois, 1994 
        ; rééd. Folies d'encre, 
        2008 ; nouvelle traduction Confession 
        d'un assassin racontée en une nuit, Pierre Deshusses, Rivages, 
        2014.
        - 1937 : Les 
        Fausses Mesures, trad. Blanche Gidon, éd. du Bateau ivre, 
        1946 ; trad. Brice Germain, Sillage, 2009.
        - 1938 :  La 
        Crypte des capucins, trad. Blanche Gidon, Plon, 
        1940 ; Seuil, 1983 ; Points, 1986 ; Points, 1994 ; un 
        coffret comportant La Marche de Radetzky, La Crypte 
        des capucins, La Rébellion, Points, 1994 ; Points 
        1996 avec préface 
        de 
        Dominique Hernandez ; Points, 
        2010 ; Seuil, 
        2014. Selon les éditions, un 
        texte de Blanche Gidon, la traductrice, figure en préface ou 
        postface.
        =>film 
        allemand de Johannes Schaaf, adapté 
        du roman en 1971 : Trotta
        - 1939 : Conte 
        de la 1002e nuit, trad. Françoise Bresson, Gallimard, 1973 
        ; rééd. 1990 ; L'Imaginaire, 2003.
        - 1940 
        : Léviathan, 
        trad. Brice Germain, Sillage, 2011.
        
         Nouvelles
        - 1929 :  Fraises, 
        trad. Alexis Tautou, L'Herne, 2015.
        - 1929 : Viens 
        à Vienne je t'attends, trad. et préface Alexis Tautou, 
        L'Herne, 2015.
        - 1934 : Le 
        Marchand de corail, trad. de Blanche Gidon et Stéphane 
        Pesnel, Seuil, 1996. Ce recueil comporte deux des nouvelles Le 
        Triomphe de la beauté et Le 
        Buste de l'empereur publiées en allemand 
        en 1934 et republiées dans Le 
        Buste de l'empereur, trad. par Blanche Gidon, Toulouse, éd. 
        Ombres, 2014.
        - 1939 :  La Légende 
        du saint buveur, trad. de Dominique Dubuy et Claude Riehl, Seuil, 
        1986 ; trad. Maël Renouard, Sillage, 2016.
        =>film italo-français 
        d'Ermanno Olmi, adapté de cette nouvelle en 1988 
        : La 
        Légende du saint buveur. 
        
        - posthume : avant de fuir le nazisme, Roth avait remis 
        à son ami et éditeur Kiepenheuer deux cartons d'archives 
        ficelés qui, 40 ans plus tard, ont été exhumés 
        à Berlin-Est : ils contenaient un roman inachevé qui fut 
        publié en 1978, ainsi que 8 nouvelles écrites entre 
        1920 et 1929 : Perlefter, 
        histoire d'un bourgeois, trad. Pierre Deshusses, Robert Laffont, 
        2020.
 Chroniques, articles, essais
        - À 
        Berlin, trad. Pierre Gallissaires, Monaco, Anatolia/Éd. 
        du Rocher, 2003 ; Les 
        Belles Lettres, 2021.
        - Automne 
        à Berlin, trad. de Nicole Casanova, préface 
        de Patrick Modiano, La Quinzaine littéraire/Louis Vuitton, 
        2000 ; Les Belles Lettres, 2021.
        - Croquis 
        de voyage, trad. de Jean Ruffet, Seuil, 1994 ; Points, 2016.
        - 
        La 
        Filiale de l'enfer : écrits de l'émigration, trad. 
        Claire de Oliveira, Seuil, 2005.
        - Le 
        genre féminin, trad. de Nicole Casanova, Liana Levi, 2006.
        - Symptômes 
        viennois, trad. de Nicole Casanova, Liana Levi, 2004.
        - Une 
        heure avant la fin du monde, trad. de Nicole Casanova, Liana Levi, 
        2009 ; recueil d'articles politiques écrits entre 1924 et 1938.
        - Le 
        Deuxième Amour : histoires et portraits, trad. de Jean 
        Ruffet, Monaco, Anatolia/Éd. du Rocher, 2005.
        - L'autodafé 
        de l'esprit, éd. Allia, 2019.
        - Au 
        bistrot après minuit, trad. et préface, Pierre Deshusses, 
        Rivages, 2021. 
        - Poème 
        des livres disparus 
        & autres textes, trad. Jean-Pierre Boyer, Silke Hass, Genève, 
        Héros Limite, 2017.
        - Joseph 
        Roth, journaliste : une anthologie (1919-1926), trad. Hugues Van 
        Besien, éd. Nouveau Monde, 2016.
 Correspondance
        - Lettres 
        choisies (1911 - 1939), traduites, présentées 
        et annotées par Stéphane Pesnel, Seuil, 
        2007.
        - Correspondance 
        Stefan 
        Zweig, Joseph Roth, trad. Gisella Hauer, préface Roland 
        Jaccard, Rivages, 2013.
| LES TRADUCTEURS | 
Les traducteurs sont très nombreux.
        
        La traductrice historique, amie de Joseph Roth, est Blanche Gidon (6 romans, 
        des nouvelles) : La 
        Marche de Radetzky (publié en 1932, 
        traduit en 1934),  Le 
        Roman des Cent-Jours (publié en 
        1935, traduit en 1937),  Notre 
        assassin (publié en 1936, traduit 
        en 1947), La 
        Crypte des capucins 
        (publié en 1938, traduit en 1940),  
        Les Fausses 
        Mesures (publié en 1937, 
        traduit en 1946), nouvelles "Le triomphe de la beauté" 
        et "Le buste de l'empereur", "Le marchand de corail", 
        parues dans Le 
        Marchand de corail.
        
        Viennent ensuite des traducteurs spécialistes : Stéphane 
        Pesnel (4), Pierre Deshusses (3 livres et des nouvelles).
        
        Puis Nicole Casanova (4), Jean Ruffet (4) et Michel-François Demet 
        (3), Brice Germain (2), Charles Reber (2), Claude Riehl (2), Jean-Pierre 
        Boyer (2), Dominique Dubuy (2), Silke Hass (2), Alexis Tautou (2 nouvelles).
        Et n'ayant traduit qu'un seul texte : Maël Renouard, Marie-France 
        Charrasse, Paule Hofer-Bury, Claire de Oliveira, Pierre Bec, Pierre Gallissaires, 
        René Jouglet , Romana Altdorf. Alain Huriot a effectué la 
        révision de traduction de La marche de Radetzky.
| RADIO | 
Trois émissions de radio très intéressantes 
        : 
        - "Spéciale 
        Odéon : Joseph Roth", Paula Jacques, Cosmopolitaine, 
        France Inter, 27 janvier 2013, enregistrée au Théâtre 
        de L'Odéon , le 10 décembre 2012, 54 min, avec Florence 
        Noiville et des textes lus par Michel Vuillermoz. Le dialogue Paula Jacques/Florence 
        Noiville a été publié dans le Cahier 
        de L'Herne consacré à Joseph Roth : voir ici.
        - "Joseph 
        Roth, l'écrivain aux patries de papier (1894-1939)", Perrine 
        Kervran, Toute une vie, France Culture, 20 février 2016, 
        1h, avec des universitaires spécialistes de la littérature 
        de langue allemande : Erika Tunner, Carole Matheron, Stéphane Pesnel 
        (auteur de la préface à 
        La marche de Radetzky), et Jacques Le Rider, historien spécialiste 
        de l'Autriche, ancien directeur de l'institut français de Vienne, 
        ainsi que Valérie Zenatti, autrice et traductrice.
        - "L'amitié 
        de Stefan Zweig et Joseph Roth", Alain Finkielkraut, Répliques, 
        France Culture, 8 février 2014, 52 min, avec Pierre Deshusses traducteur 
        et écrivain, et Philippe Lançon, écrivain et critique 
        à Libération.
| SUR et AVEC JOSEPH ROTH | 
- Un entretien chez la traductrice Blanche Gidon avec Joseph Roth, par le critique Frédéric Lefèvre, Les Nouvelles Littéraires, 2 juin 1934. Tout l'article vaut la lecture. Roth raconte ses débuts :
"Javais vingt ans à la déclaration de la guerre. Je me suis engagé. Je me suis battu sur le front russe. Jai été très fier dêtre nommé sous-lieutenant. Fait prisonnier, je me suis évadé après trois mois de captivité.
En 1918, la guerre finie, je me suis trouvé désemparé. Plus darmée, pas de métier. Je suis devenu journaliste. Au Neuer Tag, de Vienne, jai fait les "chiens crevés". Pendant deux ans, dans les commissariats de police, jai coudoyé des assassins, des communistes.
Linflation ma chassé de Vienne, on ny pouvait plus vivre. Je suis parti pour Berlin où il y avait "quelque chose à gagner". Là, jai été lunique rédacteur dune petite feuille sur laquelle jaime mieux ne pas mappesantir. Quand elle était imprimée, jallais la vendre dans la rue "[Et plus tard j'ai] "publié Job en 1931. Le roman eut du succès, jai commencé à gagner beaucoup dargent. Mon éditeur Kiepenheuer me donnait 3 000 marks par mois, ce qui, joint à mes appointements de journaliste, faisait une assez jolie somme. Pourtant je nen avais jamais assez. Mes goûts de grand seigneur sont ruineux. Et maintenant les hitlériens mont fait perdre le plus sûr de mes ressources, ils ont aussi confisqué les 30 000 marks qui restaient chez mon éditeur parce que jai écrit un article contre eux. Le national-socialisme mest odieux comme toute mystique collectiviste, quelle que soit son étiquette. Je suis individualiste.
Je nai pas consenti à être adopté par Hitler comme écrivain allemand bien quon me lait offert.
Je suis autrichien, jai une mère juive, je ne puis pardonner aux nationaux-socialistes leur attitude vis-à-vis de lAutriche, ni les persécutions juives : on ne crache pas sur la tombe de sa mère.
Job a tiré à 30 000, La Marche de Radetzky à 40 000. Hitler interdit mes livres parce que je suis légitimiste. Restaurer les Habsbourg empêcherait définitivement la mainmise du Reich sur lAutriche."
- 
        La 
        traductrice Banche Gidon 
        évoque Joseph Roth et éclaire La Crypte des capucins, 
        en une préface ou postface selon les éditions : à 
        lire ici.
        
        Voir 
        également :
        - la préface de Dominique 
        Fernandez à La Crypte des capucins
        -  la préface 
        de Stéphane Pesnel à La 
        Marche de Radetzky.
Jean-Louis 
        de Rambures (1930-2006) qui contribua à la diffusion de la 
        littérature allemande en France chronique pour Le Monde, 
        où il écrivit pendant 25 ans, les deux romans de Joseph 
        Roth réédités alors : 
        - "La 
        Marche de Radetzky : Joseph Roth et la nostalgie de lempire", 
        par Jean-Louis de Rambures, Le Monde, 5 novembre 1982
        - L'agonie de l'Autriche dépeinte 
        par Joseph Roth", Jean-Louis de Rambures, Le Monde, 9 
        décembre 1983 (sur La Crypte des capucins).
        
- Soma Morgenstern, journaliste, ami de Joseph Roth, 
        Stefan Zweig et Alban Berg, fuit le nazisme et se réfugie à 
        Paris en 1938, où il habite, comme Joseph Roth, à l'Hôtel 
        de la Poste, 18 rue de Tournon, dans le 6e arrondissement de Paris. Il 
        fait le récit de son amitié avec Roth dans le livre Fuite 
        et fin de Joseph Roth, trad. Denis Authier, Liana Levi, 1997. 
        
        
        - Le Cahier 
        de L'Herne Joseph Roth, 2015 est une mine : voir le sommaire ici 
        et un texte de Roth intitulé "Dans 
        la crypte des Capucins".
        
        - Voir ici la (longue) préface 
        de Patrick Modiano au livre de Joseph Roth 
        Automne 
        à Berlin, trad. de Nicole Casanova, La Quinzaine littéraire/Louis 
        Vuitton, 2000 ; rééd. Les Belles Lettres, 2021.
| POURQUOI LIRE JOSEPH ROTH ? | 
Cette idée vient de l'Est... et de notre lecture il y a quelques mois du Mage du Kremlin qui se réfère à Joseph Roth dans les circonstances suivantes : Baranov, le "mage du Kremlin", de temps en temps écrit un essai sous un pseudonyme :
Le pseudonyme derrière lequel il se cachait à ces occasions, Nicolas Brandeis, ajoutait un élément de confusion ultérieure. Les plus zélés avaient reconnu sous ce nom le personnage mineur dun roman secondaire de Joseph Roth. Un Tartare, sorte de deus ex machina qui faisait son apparition dans les moments décisifs de la narration pour séclipser aussitôt. "Il ne faut aucune vigueur pour conquérir quoi que ce soit, disait-il, tout est pourri et se rend, mais lâcher, savoir laisser aller, cest cela qui compte." Ainsi, de même que les personnages du roman de Roth sinterrogeaient sur les actions du Tartare dont la formidable indifférence était la garantie de tout succès, les hiérarques du Kremlin, et ceux qui les entouraient, allaient à la chasse du moindre indice susceptible de révéler la pensée de Baranov et, à travers celle-ci, les intentions du Tsar. Une mission dautant plus désespérée que le mage du Kremlin était convaincu que le plagiat était la base du progrès : raison pour laquelle on ne comprenait jamais jusquà quel point il exprimait ses propres idées ou jouait avec celles dun autre. (Ch. 1, p. 15-16)
Le roman publié en 1929 où apparaît 
        Nikolas Brandeis s'intitule Gauche 
        et droite : ce roman politique entrecroise les destins de deux 
        frères ennemis, Paul et Theodor Bernheim, qui incarnent chacun 
        une facette de l'Allemagne de Weimar, et celui d'un émigré 
        russe juif, Nikolas Brandeis.
        À ce roman, nous avons préféré, dans le nouveau 
        groupe  La marche 
        de Radetzky et dans l'ancien - où nous avions déjà 
        lu ce livre le plus connu de Roth - La Crypte des capucins...
         
| Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme 
                au rejet : | ||||
|          | ||||
| à 
                la folie grand ouvert | beaucoup ¾ ouvert | moyennement 
                 à moitié | un 
                peu ouvert ¼ | pas 
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