La Marche de Radetzky, trad. Blanche Gidon, Points, 2008

Quatrième de couverture : Sur le champ de bataille brumeux de Solferino, le sous-lieutenant Trotta sauve la vie de l'empereur d’Autriche. Cet acte de bravoure lui vaut d'être anobli. Arrachés à leur condition de paysans slovènes, les membres de la famille Von Trotta voient leur destin bouleversé. Sur trois générations, l’auguste faveur se transforme en une malédiction irrémédiable… Un grand requiem sur le déclin et la chute de la monarchie austro-hongroise.


La Marche de Radetzky, traduction Blanche Gidon, revue par Alain Huriot, présentation Stéphane Pesnel, Seuil

Quatrième de couverture : Publié à l’origine en 1932, le chef-d’œuvre de Joseph Roth, La Marche de Radetzky, dont le titre se réfère, non sans ironie, à la célèbre marche militaire composée par Johann Strauss, relate le déclin et la chute de la monarchie austro-hongroise à travers trois générations de von Trotta. Le destin de cette famille semble indissociable de celui du dernier des Habsbourg : le premier von Trotta, surnommé le "Héros de Solferino" pour avoir, durant la bataille, sauvé la vie du jeune François-Joseph; son fils, fonctionnaire de l’Empire; son petit-fils, officier tombé au champ d’honneur en 1914. L’auteur nous livre ici l’évocation magistrale d’une société en pleine désintégration politique et sociale et, d’une manière générale, le constat d’un ordre qui se défait irrévocablement.

Tout comme Kafka, Musil et Schnitzler, Joseph Roth est un formidable prosateur de la langue allemande. La Marche de Radetzky demeure un grand classique de la littérature européenne du XXe siècle.

Joseph Roth est né en Galicie austro-hongroise en 1894, de parents juifs. Etudes de philologie à Lemberg et à Vienne. En 1916, il s’engage dans l’armée autrichienne. Après la guerre, il se tourne vers le journalisme tout en menant une carrière de romancier. Opposant de la première heure au national-socialisme, Roth quitte l’Allemagne dès janvier 1933 pour venir s’installer à Paris, où il meurt en 1939. Il laisse une œuvre abondante et variée : treize romans, huit longs récits, trois volumes d’essais et de reportages, un millier d’articles de journaux.

Traduction Blanche Gidon, revue par Alain Huriot, présentation Stéphane Pesnel :
-
Blanche Gidon, confidente et amie de Joseph Roth, était professeur dans un lycée parisien et traductrice littéraire. De Roth, dont elle a défendu l’œuvre avec passion, elle a traduit plusieurs romans et nouvelles.
-
Alain Huriot (1939-2011), germaniste, a collaboré aux Éditions du Seuil pendant près de quarante ans comme lecteur et traducteur (il a traduit, entre autres, Heinrich Böll et Veit Heinichen). Il a relu et actualisé cette traduction de La Marche de Radetzky en 1982.
-
Stéphane Pesnel, maître de conférences à la Sorbonne, est spécialiste de littérature autrichienne et traducteur littéraire (Joseph Roth, Stefan Zweig).


Seuil, 2013


Seuil, 1983


Plon, 1934


France Loisirs, 1995


Points, 1995

Quatrième de couverture :
Sur le champ de bataille brumeux de Solferino, le sous-lieutenant Trotta sauve la vie de l'empereur d'Autriche. Cet acte de bravoure lui vaut d'être anobli. Arrachés à leur condition de paysans slovènes, les membres de la famille Von Trotta voient leur destin bouleversé. Sur trois générations, l'auguste faveur se transforme en une malédiction irrémédiable... Un grand requiem sur le déclin et la chute de la monarchie austro-hongroise.

Joseph Roth est né en 1894 à Brody, petite ville à la frontière de l'Empire austro-hongrois et de l'Empire russe. Auteur d'une des oeuvres romanesques magistrales du XXe siècle, sa vocation de journaliste se révéla pleinement dans l'art de la chronique. Il est mort à Paris en 1939.


Le Cercle du bibliophile, 1971

Les différérentes éditions : Plon et Nourrit, 1934 ; Plon, 1957 ; Le Cercle du bibliophile, 1971 ; Seuil, 1995 ; France Loisirs, 1995 ; Points, 2008 ; Seuil, 2013

Joseph Roth
La marche de Radetzky (1932, traduit en 1934, traduction revue en 1982)

Nous avions lu ce livre en octobre 1989 quand le site n'existait pas ; le nouveau groupe l'a lu pour le 12 mai 2023, tandis que nous découvrons La Crypte des capucins (1938, traduction en 1940).

Pour des infos détaillées sur Joseph Roth et son œuvre, voir la page de ce site sur La Crypte des capucins

Deux articles rapprochant les deux livres

Jean-Louis de Rambures (1930-2006) qui contribua à la diffusion de la littérature allemande en France chronique pour Le Monde où il écrivit pendant 25 ans les deux romans de Joseph Roth, enfin réédités :
-
"La Marche de Radetzky : Joseph Roth et la nostalgie de l’empire", par Jean-Louis de Rambures, Le Monde, 5 novembre 1982"
- L'agonie de l'Autriche dépeinte par Joseph Roth", Jean-Louis de Rambures, Le Monde, 9 décembre 1983.

Une marche militaire

La Marche de Radetzky est une célèbre marche militaire viennoise de Johann Strauss père composée en 1848 en l'honneur du maréchal autrichien Joseph Radetzky, vainqueur de la bataille de Custoza contre les Piémontais en 1848.
Particulièrement appréciée des Viennois, une version de concert est traditionnellement interprétée à la clôture du Concert du Nouvel An donné par l'Orchestre philharmonique de Vienne.
La première fois que la marche fut jouée devant les officiers autrichiens, ces derniers ont spontanément commencé à taper la pulsation de la musique lors du refrain. Cette tradition est toujours maintenue de nos jours. A voir et entendre ›ici lors du dernier Nouvel an...

Cette marche a été adoptée par l'armée chilienne pour ses défilés : voir ›ici.

Plus rigolo..., elle a été utilisée par la marque Maison du Monde pour sa campagne de pub "Soyez fous soyez vous" de 2015.

Un opéra

L'Opéra du Rhin, dirigé par René Terrasson, a créé en 1988 un opéra, la Marche de Radetzky, de René Koering, dans une production de l'Atelier de Colmar, commandée pour le bimillénaire de Strasbourg : opéra pour 17 solistes vocaux, livret de Daniel Besnehard, d’après le roman de Joseph Roth

Un film

La Marche de Radetzky d'Axel Corti, est un film austro-franco-allemand, adapté du roman en 1994, avec Max von Sydow, Charlotte Rampling et Claude Rich.
Voici ce qu'en disait Le Monde, enthousiaste, quand le film est passé en deux parties en 1995 sur France 2 › "La Marche de Radetzky, deux soirées d'exception".

Une émission de radio

"Charles-Joseph von Trotta ou le Vainqueur perd toujours", par Charles Dantzig, Personnages en personne, France Culture, avec Stéphane Pesnel, historien et traducteur, 21 avril 2019, 29 min.

Les 9 cotes d'amour du nouveau groupe
réuni le 12 mai 2023
AnneFrançoisFrançoise H Monique M Nathalie B
Antoine Christine

Audrey
Katherine

Audrey 
Au vu du sujet (la chute de l'empire austro-hongrois en arrière-plan), j'avais de grandes attentes en ouvrant ce livre. Je n'ai pas éprouvé de plaisir de lecture, essentiellement car je n'ai pas trouvé le style incroyable. Néanmoins, j'ai beaucoup aimé la capacité de l'auteur à rendre compte de la fin d'un monde. Un monde qui, de rigide, se relâche peu à peu. Un des exemples de cela est la visite du petit-fils à la femme de Slama qui, de complètement guindé, découvre petit la petit une certaine sensualité. J'ai également été bouleversée par la description de la mort de Jacques : les deux amis se touchent, ont un contact physique qui est d'habitude très peu présent dans cette société et l'on sent que s'ouvre une brèche de sensibilité. Le peintre Moser est une autre illustration de cette faille dans un monde rigide.
Je note également la mention récurrente des étoiles comme point de fixité de ce monde à mettre en opposition à l'arrivée des corbeaux, allégorie des changements à venir. En conclusion je l'ouvre à moitié.                
Françoise H 
J'ai eu un vrai intérêt pour la dimension historique du roman. Mais en plus de cela, j'ai trouvé qu'il s'agit ici d'une littérature "proche du cœur" où l'on perçoit la grande sensibilité de Joseph Roth. Au même titre qu'Audrey, j'ai été prise par cette vision d'un état corseté. Est-ce que cela me renverrait à ma routine ? Je qualifierais d'ultra-flippant l'aliénation à un ordre immuable tel que décrit dans le roman. C'est le genre de lecture susceptible de me faire pleurer.
Je l'ouvre en grand avec toutefois une mention bof pour certaines descriptions des oiseaux qui font cui-cui, choses qui m'ennuient profondément.                                 
Anne   
Ce roman a quelque chose d'une fable. Les vingt premières pages m'ont époustouflée ; l'écriture est merveilleuse. La manière dont est raconté ce grand-père mythique, allongé avec ses pieds qui dépassent, est extraordinaire. Je relève une ambivalence entre la distance que les personnages ont entre eux et ce qui est vécu dans le vif de l'instant. Une autre opposition intéressante à noter est celle du fils, et des hommes en général, qui ont tous des inhibitions, contrairement aux femmes qui, elles, semblent vivre vraiment. J'aime beaucoup les scènes où les femmes sont représentées. Je ferais également un parallèle avec les récits de Julien Gracq tel Au château d'Argol où le narrateur prend une distance forte sur les événements, en l'occurrence l'arrivée de la guerre en arrière-plan. Enfin,la scène avec les cosaques faisant la fête sur leurs chevaux est magnifique, ainsi que celle de l'empereur vieillissant alors qu'il n'a vécu que par le truchement d'un tableau pendant tout le roman ; on voit avec une acuité folle l'intériorité de cet homme. Je l'ouvre en grand.       
François
Curieux roman qui m'avait tellement fasciné la première fois que je l'ai lu. Surtout à cause de son début, avec l'épisode qui montre le grand-père du héros se jeter au-devant de l'empereur sur le champ de bataille de Solférino, pour le protéger d'une balle mortelle qui allait l'atteindre : une prouesse qui va changer pour toujours le destin des Von Trotta. Les premières lignes du roman résonnent un peu comme le début de Cent ans de solitude : les Trotta n'étaient pas de vieille noblesse. Le grand-père avait été anobli après la bataille de Solférino. Il était slovène et avait pris le nom de son village natal, Sipolje. Il avait été choisi par le destin pour accomplir une prouesse peu commune. Mais lui-même devait faire en sorte que les temps futurs en perdissent la mémoire. Un destin qui va tourner même à une "névrose de destinée" inoubliable, comme aurait dit Freud, autre contemporain de la fin de l'empire hongrois. Dans cet empire en train de s'effondrer sous le coup de l'histoire, Joseph Roth inscrit la saga un brin dérisoire des Von Trotta devenus des héros malgré eux. Elle s'étend sur plusieurs générations jusqu'à l'attentat de Sarajevo et au début de la guerre qui s'en suit. Le roman familial du petit-fils du "héros" de Solférino reflète bien l'insouciance et de l'inconscience de l'époque. On en retrouve la trace dans La ronde de Schnitzer que nous avons lu récemment. Le petit-fils va traîner toute sa vie comme un boulet la gloire encombrante du grand-père qui l'a vécue lui aussi comme une coupure insupportable de ses origines paysannes et slovènes. Il en éprouvera jusqu'à la fin une "incurable nostalgie". Son propre père devenu préfet lui impose une éducation spartiate (qui n'est pas sans rappeler Le désarroi de l'élève Törless), l'obligera à poursuivre la carrière militaire pour rester fidèle à la mémoire de l'aïeul de Solférino. Cette fidélité qui perdure à travers les générations est bien exprimée par la fascination qu'exerce les portraits de l'aïeul et de l'empereur : "La curiosité du petit -fils tournait constamment autour de la personne et de la gloire disparue de son grand-père". Merci à Anne de nous avoir rappelé comment il finit par se désintégrer d'année en année sous le regard de l'enfant "comme s'il devait fatalement venir un temps un temps où une toile vide, plus muette encore que le portrait, fixerait le descendant du fond de son cadre noir". Le portrait va revenir par la suite d'une manière étrange et récurrente. L'empereur y prend la place du grand-père dans celui que le héros découvrira plus tard dans une maison close d'où il s'empressera de l'arracher à l'indécence du lieu. Ce qui fera penser au docteur qui l'accompagne. Son grand père aussi l'a sauvé. Ainsi va d'ailleurs tout au long du roman, l'ironie de J. Roth. Ironie qui n'exclut ni la tendresse ni la compassion. Le retour de la Marche de Radetzky est un autre élément qui contribue à la tonalité si particulière de ce roman qui fait aussi penser S. Zweig, Musil. C'est en se souvenant de son écoute dans le bureau de son père que le héros finira par succomber à un élan sacrificiel qui va le conduire à mourir au son de cette marche de Radetzky qui tient autant de l'opérette viennoise que de la marche militaire, comme l'a rappelé Antoine. Étrange mélange de tragique et de légèreté à l'image de ce roman qui rend bien un son inoubliable et mériterait une analyse plus profonde et détaillée. A propos de la mort de son héros J. Roth écrit : "C'est de cette façon toute simple et impropre à être exaltée dans les livres de lecture des écoles primaires et communales de la double monarchie que mourut le petit fils du héros de Solférino. Ce n'est pas les armes à la main, mais avec deux seaux d'eau, que mourut le lieutenant Trotta."...
Romain
Un livre grand ouvert. J'ai beaucoup apprécié l'analyse de la névrose familiale dans le contexte de corsetage social qui est celui du livre. Est mis en opposition au modèle du grand-père le comportement du petit fils fait de femme, d'alcool et de jeux, et son refus de s'intégrer pleinement à l'armée. Je ne suis pas d'accord avec la comparaison entre Roth et Flaubert, il s'agit ici d'une œuvre traduite et il faudrait la lire en langue originale pour pouvoir comparer les deux styles. J'ai également trouvé très fort la réminiscence de la Marche de Radetzsky et ses nombreuses apparitions au cours du roman.
Monique M
Ce livre est un très grand livre. J'ai été emportée d'un bout à l'autre du récit par cette plongée dans l'Histoire de l'Europe à la fin du 19e siècle, marquée par la chute de l'Empire austro-hongrois. La façon dont Joseph Roth, par la précision et la densité de son écriture, la richesse du vocabulaire, la multiplicité de détails qui éclairent l'époque, lui donne un relief, permet de ressentir intensément ce que fut cette période. Les rebondissements incessants, la très grande humanité qui se dégage du récit, ajoutent encore à son intérêt. Ce livre s'inscrit dans le sens de la servitude et du devoir : devoir envers l'armée et l'Empereur ; devoir envers le souvenir du grand-père héros de Solférino ; devoir envers le père héritier des traditions ; devoir des serviteurs envers leurs maîtres : Jacques, le domestique de la famille, Onufrij, l'intendant, assis silencieux ou jouant de l'harmonica à la porte de son maître, ou gardant la position sur le quai de gare jusqu'au départ du train. Il y a la rigueur, l'exigence de l'éducation de l'époque, la pudeur, le respect mutuel des relations père/fils ; la rigueur des règles militaires qui lient un officier à son supérieur ; la dévotion quasi sacrée de tout un peuple, militaires en particulier, à l'Empereur François-Joseph ; le récit extraordinaire de la vie de cette famille de notables, du grand-père héros de Solférino dont le portrait vénéré trône au mur du fumoir, au fils préfet, puis au petit-fils sous-lieutenant dont la faiblesse mais aussi l'engagement et les multiples péripéties sont si attachantes. Il y a aussi des portraits formidables : celui de l'Empereur François-Joseph vieillissant et celui des domestiques, Jacques, qui ne s'est jamais marié parce que le vieux n'aurait pas aimé ça, Onufrij, l'intendant de Charles -Joseph, petit paysan au cœur d'or, qui va déterrer ses économies pour éponger les dettes de jeu de Charles-Joseph. Et puis le récit de la profonde et belle amitié qui lie Charles-Joseph au major Demant. Plusieurs scènes me resteront en mémoire : la scène de condoléances de Charles-Joseph à Slama qui lui rend les lettres écrites à sa femme ; suivie de la scène du café où il entre : "Un cognac vite" dit-il à la serveuse du comptoir alors que son père l'observe assis dans la salle. "Tu viens de chez Slama ?" Oui papa ! "Il t'a donné les lettres ?", "Oui papa !" Le fils tend le paquet de lettres à son père qui les soupèse "Cela fait pas mal de lettres !", "Oui papa !" Un silence s'installe entre les deux hommes, où l'on n'entend plus que les bruits du café ; le choc des boules sur le billard, celui des pièces sur les jeux d'échecs. Dehors il pleut toujours. On sent ce qui se passe entre les deux hommes, les pensées qui les traversent. Chez Joseph Roth, les silences sont habités, on les sent palpiter. La magnifique veillée de Trotta avec son ami Demant avant le duel. Le sous-lieutenant cherche Demant partout, crie son nom vers les tombes à travers les grilles du cimetière, devant le cocher terrifié, finit par le trouver dans un cabaret ; et là débute un compte à rebours d'une intensité extraordinaire ; plus que 5 heures, 3 heures, 2 heures avant le duel, le patron a apporté du slivowitz, ils boivent, l'horloge de la cuisine égrène ses coups. On sent la fraternité entre les deux hommes, la force qui les lie, l'issue du duel et la perte de l'ami à venir. Il y a non seulement l'humanité des personnages mais aussi le regard sur la vie de l'époque, la valeur donnée à chaque chose, le sens du devoir, de l'honneur, la fugacité, la fragilité de la vie, des moments vécus. L'arrivée des salles de jeu dans l'hôtel où logent les officiers et la justesse des sensations décrites face au jeu, aux gains possibles, à l'excitation qu'elle procure. La description de la bille blanche de la roulette qui court le long des cases noires et rouges, titube et finit par s'arrêter, alors que les genoux des officiers flageolent, leurs cœurs palpitent, est saisissante ; la manipulation des jeux de cartes qui se dressent, se couchent, s'effeuillent, puis s'abattent sur la table, aussi. L'auteur passe avec le même brio, la même richesse de sensations, d'émotions, de la salle de jeu, de l'atmosphère de la salle où des jeunes femmes chantent des chansons légères, aux conditions de vie des ouvriers dans les champs de chiendent, à leur incapacité à se défendre, à l'état pitoyable de leur lieu de travail. La fête dans la maison de Chojnicki interrompue par l'annonce de l'assassinat du prince héritier à Sarajevo. Chojnicki réunit quelques initiés dans un salon à l'écart pour les mettre au courant, les éclairs, le tonnerre se mêlent à la terrible nouvelle. Tandis qu'ils se concertent on danse dans les salons au son des orchestres militaires, on entend les rires, les cliquetis des verres ; le nationalisme des hongrois qui méprisent le prince héritier se manifeste, ils parlent entre eux en hongrois et veulent poursuivre la fête. Trotta dont l'âme de son grand-père semble être descendue en lui, ne tolère pas qu'on insulte l'Empereur, crie au scandale, impose le silence. La marche funèbre de Chopin succède aux valses. On a l'impression d'un vaste vaisseau qui sombre, on sent la guerre, les tumultes et la mort à venir. La nature est omniprésente dans le récit "Les alouettes grisolent, invisibles sous la voute azurée. On entend la stridulation tranchante des grillons, on sent l'odeur du foin, le parfum tardif des acacias, les bougeons s'ouvrent, les paysannes aux foulards multicolores chantent dans les champs" Ce livre a été un moment de lecture merveilleux, je l'ouvre en très grand.
Katherine
J'ai ressenti peu d'émotions à la lecture de ce livre ; je l'ai trouvé triste et larmoyant. Le méta-regard de l'auteur m'a empêché de rentrer dans l'histoire. Du coup je ne l'ai pas lu en entier. J'y ai trouvé peu de subtilité dans l'écriture et un grand manque d'originalité, trop de clichés sur l'armée, la fin d'un monde, etc. Ce roman est lent et prévisible. Je l'ouvre au ¼.
Christine
J'ai été déçue par ce livre car je n'y ai pas vu le chef-d'œuvre que je pensais trouver. Le style est néanmoins agréable. J'ai apprécié la vue d'en haut du narrateur ainsi que le mythe fondateur de la famille et la manière dont il est honoré. La mort de Jacques, effectivement magnifique, présage une rupture vers la fin d'un monde. Je l'ouvre tout de même aux ¾.
Antoine
J'ai aimé ce livre pour plusieurs raisons : la première est que, de manière tout à fait utilitariste, j'ai appris énormément de choses sur l'empire austro-hongrois et sur sa fin. J'ai passé presque autant de temps à lire Wikipédia qu'à lire le roman. D'autre part, j'apprécie les livres pré-apocalyptiques où l'on sent l'avancée sourde du désastre annoncé. Je partage d'ailleurs l'analogie faite par Anne avec les romans/récits de Julien Gracq, Le rivage des Syrtes ayant été une de mes grandes lectures adolescentes. Enfin la manière qu'a l'auteur de décrire le morcellement de cet empire en une multitude de minorités relève d'un étonnant don d'observation. Mon personnage préféré est le comte Chojnicki,car il est celui qui voit le désastre arriver avant tout le monde. Je ne l'ouvre qu'aux ¾ car j'ai trouvé le style parfois lourd et daté.
Nathalie B
J'ai adoré ce livre. J'ai envie de faire un parallèle avec le Rouge et le Noir, mais également avec une de mes lectures préférées : Les Thibault de Roger Martin du Gard. La manière dont Roth décrit la subtilité des émotions est tout simplement incroyable. Le grand-père, héros de Solférino, quitte l'armée car il ne peut supporter le mensonge ; les sentiments sont forts et on le ressent même s'ils restent peu exprimés. L'écriture le rend très bien, elle est très puissante ; il y a une véritable justesse de ton. J'ai aimé les sons dans ce livre : c'est un livre sonore. Mais également les silences… Je l'ouvre en grand.


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

Nous écrire
Accueil | Membres | Calendrier | Nos avis | Rencontres | Sorties | Liens