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 Quatrième 
        de couverture : 
         "De tout l'hiver je n'ai écrit 
        qu'une suite de scènes qui est parfaitement impubliable et sans 
        grande portée littéraire, mais qui, si on l'exhume dans 
        quelques centaines d'années, jettera sans doute un jour singulier 
        sur certains aspects de notre civilisation." ((lettre d'Arthur 
        Schnitzler à Olga Waissnix du 24 février 1897). 
 
 Arthur Schnitzler est né à Vienne en 1862. Après des études de médecine, il se tourne vers le théâtre et connaît la gloire en 1895 avec Liebelei. Parallèlement à son uvre d'auteur dramatique, il écrit de nombreux romans et recueils de nouvelles dont Berthe Garlan, Madame Béate et son fils, La Pénombre des âmes, Mourir et Vienne au crépuscule (tous publiés aux Éditions Stock) sont les plus connus. En 1905, des bruits circulaient à Vienne sur une 
        uvre "licencieuse" qu'Arthur Schnitzler, l'auteur le plus 
        à la mode, avait dans ses tiroirs. C'était La Ronde qu'aucun 
        théâtre n'osa monter et qui fut d'abord imprimé à 
        compte d'auteur. Il fallut attendre 1921, après le naufrage de 
        la double monarchie, pour qu'on joue la pièce à Vienne, 
        et le scandale fut incommensurable... 
 
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      Arthur Schnitzler (1862-1931) 
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             Nos 
              cotes d'amour  | 
        
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             Les cotes 
              d'amour du groupe breton   
           | 
        
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             La 
              Ronde  
           | 
        
|  
             Mademoiselle 
              Else 
           | 
        
Annick 
        L![]()
        Lire un texte écrit pour le théâtre avant d'avoir 
        vu une mise en scène est toujours décevant. Je regrette 
        de ne pas avoir pu vous accompagner l'autre soir.
        Concernant La Ronde de Schnitzler j'ai trouvé le dispositif 
        scénographique original et intéressant. Le film de Max Ophüls 
        l'exploite d'ailleurs joliment avec le jeu autour du manège. Mais 
        la lecture des dix scènes m'a vite ennuyée : les personnages 
        sont de purs stéréotypes sociaux (le mari, l'actrice, la 
        grisette...), très datés. J'ai même cherché 
        ce que recouvrait le statut de "la 
        grisette". Et la mécanique des rencontres et du jeu de 
        la séduction est toujours la même, avant et après 
        les points de suspension (censure oblige !). Je veux bien croire que cette 
        pièce a choqué le bourgeois de l'époque mais aujourd'hui ? 
        Tout cela m'a laissée de marbre. À part une scène 
        dont j'ai savouré le dialogue - entre les deux époux - et 
        qui m'a fait rire (le discours du mari).
        Bof ! J'ouvre un quart si la question est posée.
        Mais j'étais très contente de la soirée cinéma 
        : les actrices et acteurs (sacré casting) ont donné de la 
        chair à ces figures abstraites. 
        Maëva
(avis 
        transmis du Japon)
        J'ai lu la préface de La Ronde avant l'uvre en elle-même 
        (une pratique controversée dans le groupe), ce qui m'a permis d'avoir 
        un peu de contexte sur la pièce, notamment sur le cloisonnement 
        social en place à Vienne au moment de l'écriture et la censure 
        subie.
        Dans un premier temps, je n'ai pas pu refréner un soupçon 
        de lassitude face à un schéma redondant. Au bout de la troisième 
        rencontre, j'avais l'impression de pouvoir deviner les autres : on 
        se tourne autour, on minaude, on passe à l'action, on exprime sa 
        jalousie, on promet de se revoir et on passe à autre chose. Bref, 
        la ronde tourne. Il n'y a aucune surprise, le titre vend d'ailleurs assez 
        vite la mèche sur ce procédé sympathique.
        Au fil des pages, les personnages échangent leur rôle et 
        leurs textes. Peu importe la géographie ou la classe sociale, les 
        dialogues se répètent en boucle : "si 
        on sonne dehors", "cinq minutes
 Non, pas plus
", 
        "tu me rappelles quelqu'un", "viens, viens", 
        "tu m'aimes bien ?"
        Malgré tout, je n'ai pas eu envie d'arrêter la lecture que 
        j'ai vécue comme une balade agréable sans grand frisson. 
        J'ai trouvé les dialogues inégaux, on reste peu attaché 
        aux personnages et on ne ressent pas d'empathie puisqu'on les quitte aussi 
        rapidement qu'on les a rencontrés. Les déclarations passionnées 
        d'un instant sonnent fausses, les curiosités feintes et les émois 
        inconsistants. La fièvre du moment est balayée lorsque le 
        désir est consommé et il ne faut pas plus d'un tiret 
        pour que l'excitation retombe comme un soufflé.
        Sur le papier, ça fonctionne, je comprends l'intérêt 
        de la forme pour exprimer cette critique sociale, je trouve même 
        que c'est efficace, mais cela reste du domaine du rationnel. Au niveau 
        du ressenti, je ne parviens pas à virevolter avec cette ronde. 
        Si je devais résumer : une lecture agréable, historiquement 
        et socialement intéressante, mais pas transcendante. J'ouvre à 
        moitié. 
        J'ai hâte de découvrir les avis du groupe sur cette pièce 
        ! 
        Danièle
(avis 
        transmis) 
        C'est une pièce de théâtre construite de manière 
        originale, où le fond et la forme font un tout, celui d'une ronde, 
        puisque tout au long des dix scénettes, les couples se font et 
        se défont, un personnage laissant la place à une autre personne, 
        qu'il - ou elle - cherche à séduire, jusqu'à 
        revenir en boucle au premier personnage.
        Ainsi résumé, on pourrait croire que c'est du théâtre 
        de boulevard. En fait, cela est à mon avis beaucoup plus subtil, 
        et j'ai souri tout au long de ma lecture. Dans le film 
        de Max Ophüls, j'ai au contraire beaucoup ri, mais plutôt 
        pour le jeu des acteurs, qui avaient des manières d'une autre époque-. 
        C'est donc plutôt une pièce sur la séduction, dans 
        un sens comme dans l'autre, intention d'ailleurs très bien rendue 
        dans le film de Max Ophüls, par exemple dans la scène du jeune 
        maître et de la femme de chambre, qui nous offre une entreprise 
        de séduction magistrale de la part de la femme de chambre.
        Dans presque chaque scénette un couple vient de se former, pour 
        un soir, et la scène de séduction entraîne la femme, 
        le plus souvent la jeune fille, à se donner malgré ses réticences 
        premières. Or ce n'est pas cela qui a choqué l'opinion à 
        l'époque, ni qui a justifié l'interdiction et le tollé 
        à la parution de la pièce, mais son obscénité. 
        Qui verrait aujourd'hui de l'obscénité dans cette pièce 
        ? Toute l'ambiguïté se trouve une fois de plus dans la question 
        du consentement : les réticences sont-elles jouées ou sincères 
        ? Le tout apparaît plutôt comme un jeu conventionnel et frivole 
        dont on sait à chaque fois la fin. Le style est léger, enlevé 
        et se prête bien à une ronde, en effet. De nos jours, nous 
        pourrions être choqués par le rôle assigné aux 
        femmes cela pourrait paraître comme le summum de l'abus de pouvoir 
        masculin, mais pour Schnitzler, la femme comme l'homme, peuvent abuser 
        de leur pouvoir de séduction (voir le comte et l'actrice). Elles 
        ont ici l'esprit de répartie, voire de l'humour, ne sont pas dupes, 
        et le disent. Elles ne sont pas vraiment le stéréotype de 
        la nunuche qui se laisse abuser. Schnitzler ne fait pas ici une critique 
        sociale, mais expose plutôt une certaine philosophie de la vie sans 
        aucune idée moralisatrice. Chacun y trouve son compte, des fois 
        on gagne, des fois on perd
        C'est aussi une étude sur le mensonge, à la base de la séduction, 
        mais aussi comme garant d'une certaine liberté, à prendre 
        au second degré, ici plutôt libertinage, c'est bien la même 
        racine ?
        On a au passage des réflexions + ou - philosophiques sur le bonheur, 
        le temps qui passe, quel sens donner à la vie, le vide de l'existence 
        
 L'importance des rideaux ouverts, fermés ou entrouverts, 
        les lumières allumées ou éteintes, qui donne l'atmosphère 
        propice aux jeux de l'amour. Amour ? Pas vraiment, seulement le plaisir 
        de la rencontre. Parfois, on ne sait plus qui est qui, une même 
        personne en rencontre d'autres dans d'autres conditions, qui lui rappellent 
        les premières. J'ai eu une impression de ronde infernale, d'anonymat, 
        même si on finit par savoir leur nom.
        Dans le texte allemand, on trouve beaucoup de mots en français 
        dans le texte. Mais dans un français inusité maintenant. 
        Exemple : chambre séparée, pour cabinet particulier. 
        C'était l'époque où la langue française bénéficiait 
        encore d'une aura. Mais aussi les Français ont/ avaient la réputation 
        d'être frivoles et l'emploi de mots français évoquent 
        par leur seule présence une atmosphère frivole voire coquine.
        Il y a donc plusieurs angles de lecture de cette pièce, que j'ai 
        prise plutôt comme un divertissement à prendre au second 
        degré. 
        J'ouvre aux ¾. 
        Sabine
(avis 
        de débordée transmis de Nîmes)
        J'ai juste adoré le livre et l'adaptation d'Ophüls.
        Catherine entre 
 
        et 
(avis 
        transmis) 
        Je n'ai pas été convaincue à la première lecture, 
        j'ai eu l'impression d'un exercice de style, brillant, très bien 
        fait mais très daté, patriarcal, avec des rôles caricaturaux 
        surtout ceux des femmes, soumises au désir masculin dans l'ensemble. 
        Bien sûr ça dépasse le vaudeville, il y a aussi une 
        étude des rapports sociaux intéressante et c'était 
        certainement transgressif pour l'époque. Il y a aussi de l'humour. 
        La scène avec le mari et sa tirade sur les femmes honnêtes 
        m'a fait rire, la scène entre la femme mariée et le jeune 
        homme qui cite Stendhal pour garder la face après une panne, les 
        deux voilettes...
        J'aime beaucoup le film d'Ophüls, sa mise en scène, les costumes, 
        les acteurs évidemment. Voir la pièce jouée a changé 
        mon regard sur le texte. Et pour parachever l'ensemble, La (nouvelle) 
        Ronde avec une réécriture de la pièce qui transpose 
        notre époque et met en scène des couples de tout genre, 
        les femmes sont libérées de la caverne où elles étaient 
        enfermées mais la ronde se poursuit. Ça donne une vraie 
        actualité au texte. 
        J'ouvre à moitié le texte, aux ¾ l'ensemble.
        Monique L![]()
        C'est la forme qu'a donnée Schnitzler à la pièce 
        qui fait son efficacité et son intérêt. Les personnages 
        échangent leurs rôles et leurs textes constamment et cela 
        quelle que soit leur appartenance sociale.
        Les personnages reprennent en boucle, les mêmes paroles : "Je 
        ne suis pas du genre à faire ça", "Est-ce 
        que tu m'aimes ?", "Mais 
        oui je t'aime.", "Tu 
        me rappelles quelqu'un", "Revoyons-nous 
        très bientôt", etc. Ce sont ces répétitions 
        et ces échanges de partenaires qui font de cette pièce une 
        critique sociale, mais elle a en partie perdu de nos jours son efficacité 
        satirique de l'époque.
        L'auteur traque les mécanismes de la séduction, de rapports 
        de force, de domination, tout autant que ceux de la lâcheté 
        qui permet à certains protagonistes de trouver une échappatoire 
        une fois parvenus à leurs fins, ou du désarroi des autres 
        qui sombrent dans le remords. Il n'est pas question d'amour mais de désir. 
        Je me suis posé la question du consentement dans un rapport de 
        domination, mais il me semble que ce n'est pas un sujet pour l'auteur.
        Tout cela semble sans conséquence : les deux personnes ne se reverront 
        plus (à l'exception du couple marié) et passeront à 
        autre chose. 
        La géographie imposant la séparation des classes est mise 
        à mal. Les personnages échangent leurs rôles et leurs 
        textes constamment, tout en parcourant l'ensemble des quartiers de la 
        ville, des plus mal famés aux plus riches : le cloisonnement social 
        parfaitement en place à Vienne en 1896 (date d'écriture 
        de la pièce) vole en morceaux. La scène la plus jouissive 
        est celle du discours du mari à sa femme. Qu'est-ce qui fait courir 
        le monde ? La réponse apparaît non loin de l'oreiller.
        Bien que cette pièce ait perdu de son efficacité satirique 
        de nos jours, elle reste une critique amusante de rapports homme-femme 
        encore présents de nos jours. J'ouvre aux ¾. 
        Etienne 
        entre 
 
        et 
(à 
        l'écran depuis Rennes)
        J'ai beaucoup aimé. J'ai apprécié ce très 
        bon équilibre entre légèreté et profondeur. 
        J'ai comparé avec La 
        maison de poupée que nous avions lu, situé pareillement 
        dans une époque, avec une satire de la société : 
        c'est pour moi à mi-chemin entre théâtre de boulevard 
        et la pièce d'Ibsen
        J'ai lu avec plaisir. Ce qui est intéressant c'est que Schnitzler 
        met en évidence, d'une scène à l'autre, des relations 
        dominant/dominé, qui inclut une domination sociale, par exemple 
        dans le duo mari/grisette ou Monsieur Alfred/la bonne. 
        La question du consentement revient de façon claire à l'heure 
        post-#MeToo : on voit des personnages plus ou moins consentants, c'est 
        bien mis en jeu. Et du coup, ce n'est pas si vieilli que ça car 
        on retrouve une dynamique actuelle à l'uvre. 
        J'ai bien aimé aussi le film, très drôle, avec par 
        exemple la manivelle qui fait tourner la ronde et qui se bloque au moment 
        de la panne.
        J'ouvre entre ½ et ¾, je suis content de l'avoir lu, c'est 
        une belle découverte. 
        Jacqueline![]()
        Au départ, je l'ai lu très très vite, et je n'y ai 
        pas vu grand intérêt. J'ai eu l'impression d'une espèce 
        de mécanique, avec des situations de séduction qui se répètent 
        avec des partenaires différents.
        Et puis, j'ai vu la pièce La (nouvelle) Ronde, que j'ai 
        trouvée extraordinaire, et qui, du coup, ça s'est mis à 
        me réintéresser au texte. Ce qui se répète, 
        c'est le désir.
        Et puis le film d'Ophüls que j'ai beaucoup beaucoup aimé m'a 
        fait retrouver le texte de la pièce et ça c'était 
        bien.
        Je n'ai pas tout compris, notamment la scène avec le comte.
        Au film de Vadim vu hier soir, j'ai préféré celui 
        de Max Ophüls, avec cette mécanique grinçante grâce 
        au maitre du jeu : ce côté très grinçant que 
        je trouve chez Max Ophüls, chez Vadim est édulcoré. 
        Peut-être parce que c'est plus moderne ? On est plus en phase. 
        
        J'ouvre aux ¾. Ah oui, j'ai pensé à L'éveil 
        du printemps de Frank Wedekind, plus dramatique. Ici, on ne prend 
        pas les personnages au sérieux.
        Rozenn
 
        (à l'écran)
        J'ai été d'abord déçue par rapport au souvenir 
        adolescent que j'en avais, de garçonnière, de voilettes.
        J'ai été saisie par la domination : les femmes n'ont pas 
        là-dedans une vie très joyeuse
 Il y a quand même 
        la femme mariée qui prend du plaisir
 
        Il y a plus de faux-semblants que de vrais désirs.
        Et des thèmes pas abordés en général dans 
        ce domaine : celui qui ne veut pas le matin, la panne
, ce qui donne 
        un charme aussi.
        Le thème du consentement m'a rappelé une version abominable 
        de La Belle au bois dormant du XVIIe siècle, de Giambattista 
        Basile où le héros ne sauve pas la belle endormie mais 
        la viole.
        Dans la pièce, je suis passée très vite sur ce qui 
        est sordide quant à la situation des femmes.
        La dernière scène est étonnante avec le comte qui 
        a l'air de souhaiter que rien ne se soit passé : là, c'aurait 
        été une aventure ("C'eût 
        été beau si je n'avais fait que lui baiser les yeux. Ç'aurait 
        presque été une aventure
").
        Je pensais d'abord ouvrir au ¼
, puis ½..., j'ouvre 
        aux ¾.
        Fanny![]()
        Rozenn m'a fait penser à une autre version de La Belle au bois 
        dormant : La 
        Belle au bois rêvant où elle préfère 
        se rendormir
        J'ai trouvé frustrant de ne pas voir la pièce.
        Le livre se lit vite, et c'est agréable par rapport à notre 
        lecture précédente
        Je rejoins certains points de vue : par exemple, je n'ai pas ressenti 
        d'empathie, car même si on retrouve certains personnages, on n'a 
        pas le temps de s'y attacher. Cela me semble très voulu, et c'est 
        l'originalité de la pièce. 
        Le scénario est identique, mais c'est pourtant à chaque 
        fois différent. Il y a à la fois du commun et du singulier 
        dans chacune des scènes. 
        La première histoire est terrible, les autres moins. Il y a beaucoup 
        d'humour et une légèreté sur les rapports homme/femme. 
        Il s'agit de désir plus que d'amour.
        Toutes les femmes ne sont pas ingénues. Il y a une hypocrisie sociale 
        qui amène à dire non. On pourrait s'y retrouver aujourd'hui.
        J'ouvre ¾. Sous la légèreté, c'est subtil.
        Muriel![]()
        J'ai lu très peu du livre. J'ai vu la pièce et les deux 
        films qui m'ont plu.
        Toutes ces histoires de femmes méprisées, dévalorisés, 
        c'est un peu dur.
        C'est écrit en quelle année ?
Monique
        En 1903.
Muriel
        Oui, c'est un peu daté
        Il y a de l'humour. Mais la condition de la femme est telle qu'à 
        toutes les époques on couchait avec la bonne, mon père en 
        premier, mon oncle en second...
        J'ouvre ½.
        Geneviève![]()
        J'ai une lecture avant et une lecture après le film.
        J'ai lu facilement, sans intérêt passionné : c'était 
        intéressant, mais il ne me restait pas grand-chose.
        Voir le film d'Ophüls, très agréable, a changé ma 
        perception : il n'y a pas d'amour, mais des rapports de force, la plus 
        défavorisée étant la première femme, différemment 
        de la grisette - elle n'a d'ailleurs même pas de nom. Le comte à 
        la fin se fait écraser, incarné en plus par Gérard 
        Philipe, on ne s'attend pas à ça ! Ce qui change les choses. 
        De même, le mari finalement ne domine pas sa femme.
        C'est vieilli ? Oui, il n'y a pas de rapports sexuels. Mais ce n'est pas 
        le sujet. C'est qui décide. Cette question du rapport homme/femme 
        dont il s'agit est loin d'être périmée.
        Je regrette de n'avoir pas vu le deuxième film. Le rapport film 
        texte est particulièrement intéressant, car le film m'a 
        fait ressentir ce qui est intéressant dans le livre. Le maitre 
        du jeu est très convaincant mais cela ne change pas du texte.
Jacqueline
        Ça accentue le côté théâtral.
Geneviève
        Ça renforce le fait qu'il s'agit bien de rapports de force.
        J'aurais ouvert ½, mais après avoir vu le film, j'ouvre 
        ¾.
        Brigitte 
        entre 
et
(à 
        l'écran)
        J'avais lu Schnitzler avec le groupe, Mademoiselle Else dont j'avais 
        beaucoup apprécié la subtilité et, d'après 
        le compte 
        rendu, Vienne au crépuscule 
        (que j'avais complètement oublié). J'étais très 
        contente de lire à nouveau du Schnitzler.
        La Ronde, c'est intéressant, mais, après cette lecture, 
        j'ai eu la même réaction que Lisa : il 
        est impossible de vraiment s'y intéresser si on en reste là. 
        Cela pose le problème de la lecture d'une pièce de théâtre. 
        La lecture seule ne suffit pas, il faut absolument voir un spectacle, 
        avec le décor, la mise en scène, le jeu des acteurs
 
        C'est pourquoi j'ai apprécié la proposition de Claire de 
        voir le film 
        de Max Ophüls (dont j'ai beaucoup aimé le casting).
        Le sujet de la pièce est la séduction, le rapport de force 
        qui s'instaure, comment il se décline en fonction de la classe 
        sociale, avec un personnage qui change à chaque fois. Et, cela 
        recommence indéfiniment, c'est une ronde ! Certains dialogues reviennent 
        à chaque séquence, comme "est-ce que tu m'aimes ?", 
        alors qu'il est rare qu'il y ait effectivement de l'amour dans ce contexte. 
        On dit non, mais on se laisse faire, avec un jeu factice assez superficiel.
        Rares sont les moments où les personnages sont vraiment sincères, 
        j'en ai relevé deux, par exemple : "Voilà, maintenant 
        j'ai eu une femme honnête" (selon les traductions : femme 
        honnête, femme du monde, femme mariée), et aussi celui 
        où le mari montre comme il est sûr que sa femme lui est fidèle, 
        alors que nous savons qu'il se trompe tout à fait. Le statut de 
        la femme mariée était alors un sujet tabou. 
        Jamais il n'est question du risque de grossesse ou de MST. Cela confirme 
        l'idée que l'auteur veut essentiellement traiter des variations 
        de la séduction, qui suscite des rapports de force d'une classe 
        à l'autre et leur porosité.
        J'ouvre entre ½ et ¾.
        Claire![]()
        En entendant les réactions et même quand la conclusion était 
        une cote d'amour faiblotte, je comprenais et étais à la 
        limite de les partager, sauf une : la phrase d'Annick "Lire un texte 
        écrit pour le théâtre avant d'avoir vu une mise en 
        scène est toujours décevant" que je ne comprends pas. 
        Pour ma part, je n'ai jamais lu de pièce sans la voir après 
        (jamais lu un livre de poèmes, ni une pièce simplement pour 
        le plaisir, comme un roman). Par contre, j'aime bien lire une pièce 
        que je vais ensuite voir mise en scène. Notre expérience 
        avec La 
        maison de poupée m'avait beaucoup plu.
        J'ai été énervée par le mot "daté" 
        utilisé plusieurs fois. Roméo et Juliette aussi c'est 
        daté
 Que voulez-vous donc dire par "daté" 
        ? C'est sûrement autre chose que "ça ne se passe pas 
        à notre époque" ! 
Rozenn
        Si La Ronde était actuelle, on parlerait du sida.
Muriel
        Certains aspects ne s'appliquent pas à la société 
        actuelle.
Claire
        Pour moi, c'est aussi peu daté que Le Tartuffe, bien plus 
        ancien que La Ronde. Les situations de pouvoir homme/femme et de 
        classes sont universelles et à travers les âges. Je trouve 
        que #MeToo et la pièce ont tout à fait à voir : droit 
        de cuissage sur la servante, par exemple, du genre Poivre d'Arvor si tu 
        veux pas ta carrière est foutue. 
        Par rapport aux impressions qui ont été ici exprimées 
        de personnages stéréotypés, justement on les dépasse 
        : la servante a le pouvoir de séduction et tombe le patron, qui 
        commet l'adultère ? C'est la femme. Qui a du désir 
        sans amour, c'est la femme ? La morale au moins est-elle sauve ? Pas du 
        tout car pas une once de moralisation en pleine Vienne bourgeoise : d'ailleurs 
        le scandale éclate.
        Je reviens à ma découverte elle-même du texte : ce 
        qui m'a enchantée, c'est la forme, très ludique. Schnitzler 
        est un Oulipien avant l'heure, avec ses contraintes d'écriture 
        : dix scènes / un homme et une femme / AB - BC - CD - DE - EF - 
        FG - GH - HI - IJ -JA / un rapport sexuel au moins par scène 
        sous forme de pointillés. Et ça marche du tonnerre de dieu 
        ! Il y a de la légèreté aussi, de l'humour et du 
        deuxième degré. Par là-dessus : 
        - voir à la scène une réécriture de la pièce 
        formidable (écriture, mise en scène, jeu), avec un en plus 
        une forme artistique inhabituelle (des marionnettes) et, non pas des représentants 
        de classes sociales variées mais, sans pointillés et avec 
        des actes sexuels sur scène, des sexualités variées, 
        y compris homosexualité et échangisme, et avec pour finir 
        un couple trans attendant un enfant...
        - voir à 10 un film féérique, celui de Max Ophüls 
        en noir et blanc, et le lendemain avec les mordues, celui de Vadim, pétant 
        de couleurs, plus érotique tout en respectant les pointillés, 
        scénario d'Anouilh s'il vous plaît, films qui tous deux présentent 
        une débauche... de talents, de stars, de décors, de costumes 
        (un vrai défilé, ne parlons pas des chapeaux, un feu d'artifice).
        Quels plaisirs, n'en jetez plus ! J'ouvre en très grand, une expérience 
        multiple unique grâce à Voix au chapitre.
Annick (après la séance)
        Pour mon avis sur La Ronde ("Lire 
        un texte écrit pour le théâtre avant d'avoir vu une 
        mise en scène est toujours décevant."), 
        tu as raison : tu peux enlever le "toujours" et le remplacer 
        par "souvent"...
        Laura![]()
        J'avais eu de bons retours sur La 
        nouvelle rêvée de Schnitzler, alors je me suis lancée 
        dans La Ronde comme à la lecture d'un grand auteur, avec 
        beaucoup d'espoir et quelques étoiles dans les yeux. Quelle n'a 
        pas été ma déception quand je suis tombée 
        sur un écrit qui m'a semblé classique, pas spécialement 
        déstabilisant, pas spécialement profond non plus (ce n'est 
        qu'après avoir écouté tous les avis que j'ai trouvé 
        un plus grand intérêt au livre) ! L'enchaînement des 
        tableaux me présentaient des personnages aussi risibles les uns 
        que les autres - surtout les hommes, toujours mal aimables après 
        l'acte - mais plutôt touchants à partir de la situation du 
        poète avec l'actrice. J'étais dubitative, j'ai donc lu la 
        préface (chose que je ne fais 
        jamais). Elle soutient l'aspect féministe de la pièce, le 
        renversement des codes etc. Il est vrai que l'actrice réagit avec 
        le poète et le comte un peu à la manière du soldat 
        avec la femme de chambre ou la fille, les utilisant pour servir son plaisir 
        et son ego, dans une sorte de répétition inversée 
        du début de la pièce. J'y vois une sorte de revanche sur 
        les hommes. Mais ce que je déplore, c'est que les personnages soient 
        si clichés, et collent à leur nom censé les décrire. 
        
        Mais un passage m'a tout de même bien fait rire : lorsque le mari 
        tente d'expliquer à sa femme ce qu'une femme adultère doit 
        ressentir, quelle honte elle doit avoir, quel repentir elle doit exprimer 
        etc., alors qu'elle (1) ressent tout l'inverse, et (2) en sait plus que 
        lui sur ce sujet. Aujourd'hui on appellerait cette situation une "mecsplication" : 
        un homme qui explique à une femme ce qu'elle sait déjà, 
        sans même supposer qu'elle est déjà renseignée 
        et sait mieux que lui, car c'est aussi son domaine. La situation peut 
        être gênante, mais ici, c'est plutôt une des scènes 
        les plus humiliante de la pièce - pour le personnage masculin - 
        et c'était purement jouissif. 
        Certains ont noté l'illustration de la lutte des classes. De mon 
        côté, j'y ai plutôt vu la tentative de mettre en avant 
        l'intime, ce qui fonctionnait peut-être pour le début du 
        siècle, peut-être moins aujourd'hui. Tout est tellement public 
        que seule la vie quotidienne me semble intime. Point qui me semble tout 
        de même légèrement "daté" aujourd'hui.
        J'ouvre ½.
        Lisa
(qui 
        arrive en fin de soirée sans avoir entendu la succession des avis).
        Je l'ai lu avec plaisir, mais à chaque fois, je me demandais le 
        but et l'intérêt. "Tout ça pour ça". 
        Mais je l'ai lu très premier degré. Je pense que je vais 
        regarder au moins un des films et ensuite relire le livre. Il ne faut 
        pas que j'oublie de le resituer dans son époque. 
        Les questions de tromperie et de désir ne sont pas nouvelles, c'est 
        en cela que j'ai trouvé cela daté.
        Je n'apprends rien. 
        J'ai aussi du mal avec la lecture de pièces - c'est la première 
        que je lis (hors lectures scolaires bien entendu). 
        Cela ne me montre ni le désir ni l'amour. Je trouve que les relations 
        entre les personnages ne sont pas crédibles, cela paraît 
        froid et faux. 
        
        Claire 
        Un exemple ! Un exemple !
        
        Lisa
        Le mari avec sa femme.
        
        Claire
        Y a du second degré par l'excès, de l'humour.
        
        Lisa
        Je ne l'ai pas ressenti, je suis restée au premier degré.
        Je ne comprends pas ce qu'il veut montrer, ce qui est drôle, ce 
        qui intéressant.
        J'ouvre ¼.
        
        Claire (après la séance)
        Je suis sûre que si Sabine avait été là, elle 
        nous aurait placé trois figures de style correspondant à 
        la structure de la pièce :
        Scène 1 : A rencontre B 
        Scène 2 : B rencontre C 
        Scène 3 : C rencontre D
Dites avec facilité, le ton chantant : La Ronde ? Ah oui, 
        cette pièce fondée sur la concaténation, l'anadiplose 
        et lépanoadiplose - non ce ne sont pas des maladies de peau...
      
- Concaténation 
        : figure qui consiste à enchaîner les propositions d'une 
        période en reprenant un mot de la proposition précédente
        - Anadiplose 
        : figure par laquelle on reprend le dernier mot d'un vers (ou d'une phrase, 
        ou d'un membre de phrase) au début du vers (ou de la phrase, ou 
        du membre de phrase) qui suit. 
        - L'anadiplose 
        est proche de l'épanadiplose 
        dont voici un exemple poétique de Joachim du Bellay tiré 
        des Antiquités 
        de Rome : 
Comme le champ semé en verdure foisonne,
De verdure se hausse en tuyau verdissant,
Du tuyau se hérisse en épi florissant,
Dépi jaunit en grain, que le chaud assaisonne
|  
             La 
              Ronde  
           | 
        
|  
             Mademoiselle 
              Else 
           | 
        
|  
             Synthèse 
              rédigée 
              par Yolaine 
               
          (suivie de 4 avis détaillé sur les deux livres)  | 
        
|  
             Discussion 
              autour de La Ronde d'Arthur Schnitzler 
           | 
        
À ce décompte déjà mitigé (Fermé 
        : Yolaine - ¼ : Chantal, Marie-Odile - ½ : Brigitte, Édith) 
        pourraient s'ajouter les réticences des absents, qui n'ont pas 
        voulu lire ce livre, ou qui comme Cindy, n'ont pas réussi à 
        entrer dans la ronde. Cette donnée n'est certainement pas neutre.
        Si les avis sont divergents, un point commun rassemble tout le monde, 
        l'absence totale au premier abord du plaisir de lecture. Faut-il incriminer 
        la forme ou le fond ? Celles qui ont eu la curiosité de regarder 
        les films tirés de cette uvre (Max Ophüls, 1950, et 
        Roger Vadim, 1964) ont éprouvé une expérience beaucoup 
        plus positive. Mais notre propos se concentre sur la pièce de Schnitzler, 
        et peut-être ne faut-il pas se laisser séduire par le talent 
        des cinéastes qui lui ont succédé. Il en est de même 
        pour La (nouvelle) ronde créée à Lyon en 2022 
        en utilisant des marionnettes et en transposant les jeux de l'amour dans 
        la société contemporaine. Est-ce que l'absence d'adhésion 
        vient de l'inculture des lecteurs qui n'ont pas l'habitude de lire un 
        texte en faisant abstraction de la mise en scène ? L'auteur lui-même 
        ayant qualifié en son temps son uvre d'insignifiante, nous 
        n'avons pas eu de scrupule à trouver les dialogues pauvres, sans 
        profondeur psychologique, et même absurdes avec des répliques 
        qui ne correspondent pas. 
        Quelle était l'intention de l'auteur en publiant en 1903 cette 
        comédie humaine réduite à des stéréotypes, 
        hommes séducteurs et détenteurs du pouvoir social, femmes 
        victimes, tous se livrant à des jeux érotiques clandestins 
        dans une recherche effrénée du plaisir en dehors de tout 
        jugement moral ? Dans une société déboussolée, 
        où les femmes étaient frappées par une épidémie 
        de cas d'hystérie, cette description théâtrale de 
        la sexualité viennoise, avec ses mensonges et ses refoulements, 
        fait écho aux études de Freud, contemporain, compatriote 
        et ami de Schnitzler. Faut-il y voir une uvre "datée" 
        dans le contexte crépusculaire d'une Autriche d'avant la catastrophe 
        du XXe siècle, les prémices d'un féminisme moderne 
        revendiquant le droit au plaisir et à disposer de son corps, ou 
        la dimension éternelle et universelle de la pulsion sexuelle, avec 
        son lot d'incommunicabilité entre hommes et femmes ?
        Le regain d'intérêt pour cette uvre qui se prête 
        volontiers à des transpositions actuelles témoigne de la 
        permanence et de la pertinence de son propos, ainsi que des limites de 
        notre modernité. Elle n'a rien d'universel, elle est datée 
        et située au cur de l'Europe contemporaine judéo-chrétienne. 
        Elle révèle l'infinie tristesse de la sexualité occidentale, 
        source profonde de la violence qui régit les relations entre les 
        hommes et les femmes, et qui est aussi à la racine du caractère 
        belliqueux de notre civilisation. Ni universelle, ni éternelle, 
        ni inéluctable : l'espoir d'un monde meilleur reste toujours permis.
        Brigitte
(La 
        Ronde) 
        
        J'ouvre La Ronde ½, car même si le texte est à 
        la fois simple dans la syntaxe et la construction, j'ai eu du mal à 
        trouver l'accroche. Mais avec du recul, je dirais "intéressant" 
        car j'ai pris le temps de me documenter pour tenter de comprendre le choix 
        de ce livre par Voix au chapitre alors qu'après avoir vu 
        le film j'avais perdu mon enthousiasme pour lire la pièce de théâtre.
        En 
        effet, j'ai tout d'abord regardé le 
        film de Roger Vadim, film sensuel mais très soft. De belles 
        femmes ! Rappelons le grand séducteur qu'était ce cinéaste 
        ! À la différence du livre, la femme ne m'apparaît 
        pas systématiquement comme victime ! Tournage en 1964 sans doute 
        provocateur avant mai 68.
        Revenons au livre. Le style est simple, la pièce courte et la lecture 
        rapide... trop facile !? Non car je trouve difficile de lire une pièce 
        de théâtre sans en voir la mise en scène. Je n'y retrouve 
        pas un vaudeville : il n'y a pas de rebondissements. La redondance m'ennuie. 
        Aucune empathie pour les personnages.
        Faut-il théoriser sur ces jeux de séduction sera une de 
        mes questions avant et après la lecture de la pièce de théâtre ? 
        Pourquoi aujourd'hui plusieurs reprises se font de la pièce ? 
        120 ans après la parution, le fond de la pièce interroge 
        le spectateur sur quoi ? 
        Ronde, danse en duo, scènes de séduction, une femme qui 
        s'ennuie souvent et ce jeu amoureux se termine par l'acte sexuel (suggéré). 
        On passe de la rue, aux maisons bourgeoises, au théâtre
 
        la femme que j'imagine plutôt jeune, mignonne, agréable à 
        regarder. Souvent elle attend je ne sais quoi
 le désir, le 
        plaisir, la distraction avant
 quoi ? Un départ ? Une autre 
        vie ? Un remède à l'ennui ? Un élan neuf dans sa 
        vie de couple ? Les scènes sont stéréotypées 
        et peuvent me lasser. Quelle est la place de l'amour dans la vie sexuelle 
        ? Quelle est la place de la pulsion sexuelle dans ces rencontres ?
        L'homme éternel séducteur et la femme victime. Quel cliché ! 
        Je me transpose autant que faire se peut début du XXe. Schnitzler 
        : homme de culture, auteur juif (ce livre a été brûlé 
        par les nazis), médecin ORL de formation, vivant à Vienne 
        à la fin de l'empire austro-hongrois, ami de Freud. Intéressant 
        à lire : l'article "Freud 
        et Schnitzler".
        Dans mes recherches je trouve juste ceci : "À chaque époque 
        son art, et à l'art sa liberté". Cette maxime est 
        gravée sur le fronton de la Sécession - bâtiment contemporain 
        de Schnitzler. La Sécession est un groupement artistique à 
        Vienne. La Ronde sera censurée un an après sa sortie 
        en 1903
 Est-ce que l'auteur veut s'affranchir de la morale et poser 
        des questions existentialistes en se cachant derrière des scènes 
        frivoles ?
        Pas facile de faire des liens
 Lors de cette lecture je me sens bien 
        trop loin des mouvements féministes actuels, des droits de la femme, 
        de la reconnaissance et du respect qui s'amorcent concernant les diverses 
        identités sexuelles. Et
 c'est peut-être là une 
        réponse : la culture participe à l'évolution du droit 
        à l'amour et au désir, au plaisir dans la différence 
        et le respect. Sans faire de politique je souhaite que ce soit vrai et 
        durable
        J'ai lu qu'une reprise 
        récente de la pièce sur les scènes parisiennes 
        s'est faite par le jeu de marionnettes. Je suis curieuse. Qui est la marionnette 
        : l'homme ou la femme ? Ou le couple ? Qu'en penserait l'auteur ? Quelle 
        symbolique y voir ? 
Brigitte (Mademoiselle 
        Else)
        Je n'ai pas lu la nouvelle mais regardé 
        la mise en scène au 
        théâtre : superbe et émouvant monologue de l'actrice 
        Alice Dufour 
        !
        Else, altière jeune fille se confie sans pudeur sur son désir 
        refoulé, découvre sa beauté, son pouvoir de séduction 
        mais aussi l'humiliation. L'auteur habilement retient le spectateur : 
        le désir devient mortifère et l'idée d'un suicide 
        passe et repasse jusqu'à
 emporter Else contre sa volonté. 
        Magique !
        Chantal
 
        (La 
        Ronde)
        Je m'y suis reprise à trois fois pour, enfin, en finir avec cette 
        lecture pénible.
        Pourtant une écriture de
 allez
 de CE 2...
        Simple, comme dit l'auteur lui-même "sans grande portée 
        littéraire", le moins qu'on puisse dire.
        Une originalité tout de même, cette ronde qui fait penser 
        aux cercles circassiens que Marie Odile, grande danseuse bretonne, connaît 
        bien... : on change de cavalier tout le temps
 pour trouver le bon 
        ! 
        En mise en scène, pièce VUE et non LUE, je pense que ce 
        doit être bien.
        Ce que j'ai détesté, c'est le manque de psychologie dans 
        ses personnages. L'important, c'est d'arriver le plus vite possible à... 
        aux points de suspension !! Et hop, c'est fait, on va voir ailleurs. 
        Et ses personnages de femmes ! Eh bien ! Soumises (fille, femmes de chambre), 
        nunuches et coupables (femme mariée adultère), gnangnan 
        (la femme avec son mari). Quels portraits ! 
        Une seule à "osé" se moquer de son amant pitoyable 
        qui n'y arrive pas, et va chercher Stendhal à son secours ! Là, 
        j'ai ri !
        Mais après notre longue discussion, passionnante, je me suis dit 
        qu'il a voulu nous montrer son monde, sa société.
        Donc je lui accordé ¼ pour cette ronde. 
        Chantal
 
        (Mademoiselle 
        Else)
        Là, j'ai adoré cette nouvelle ! 
        Une prouesse de l'auteur : dans un temps très très court, 
        son personnage, jeune fille adolescente, doit prendre une décision 
        impossible : se montrer nue devant un vieux barbon pour éviter 
        la prison à son père escroc
 - marché imposé 
        par sa mère ! 
        Et, en moins de 100 pages, on entre littéralement dans l'esprit 
        d'Else : on ressent son affolement, un tourbillon de pensées l'envahit 
        ! Le choix impossible, l'amour-haine pour son père, idem pour sa 
        mère qu'elle juge bête et aveugle, le jeune homme "faune" 
        qu'elle désire, son cousin Paul également, le mont Cimone 
        si beau au coucher du soleil, ses émois, "je 
        suis dévergondée, pas une putain", l'admiration 
        de son propre corps si beau, son dégoût pour l'homme à 
        qui sa mère lui demande de se vendre... tout lui passe par la tête 
        ! Il nous embarque vraiment dans 
        cette torture mentale.
        Et la chute ! Je n'y croyais pas, et pourtant la seule issue pour cette 
        gamine.
        Cette Mademoiselle Else, je l'ouvre en grand. 
        Edith
 
        (La 
        Ronde)
        Lecture très rapide du texte La 
        Ronde, 
        au même rythme dirait-on que les échanges entre les personnages. 
        Pas vraiment intéressée par les dialogues et à peine 
        je souris à certaines situations. 
        Et
 j'arrive à la fin du texte presque essoufflée, 
        bien que lisant avec les yeux, j'aurais pu lire à haute voix, cela 
        m'arrive parfois. Contente d'en avoir fini avec ce texte peu engageant 
        à la réception, ET POURTANT !
        Plaisir du texte quasi nul, MAIS je reconnais que ces tableaux de rencontres 
        du "désir" homme/femme et sous la forme choisie - celle 
        de vifs et rapides dialogues -, appelleront des commentaires et des analyses. 
        Il est évident que la femme actuelle (moi) et de mon époque 
        ne peut que sourire à la forme et plus encore au fond. Manque certainement, 
        pour en apprécier le tout, le JEU (si important) et la mise en 
        scène du texte qui fit à son époque scandale comme 
        précisé. (J'apprécie aussi Feydeau). C'est aussi 
        la petite excitation de lecture qui m'a séduite dans l'imposition 
        du choix du livre. Au premier abord, pas trop motivée par le choix, 
        mais texte dit "scandale" cela motive ! Je vais me contenter 
        film 
        de Max Ophüls, film que j'avais vu dans les années 
        de sa sortie - années 50 (!), à peine croyable, et étonnamment, 
        je me suis souvenue du thème musical "tournent tournent 
        mes personnages" !!!! J'en suis ébahie.
        Les personnages de femmes sont un peu "datés" dans leurs 
        fonctions assignées, sociologiquement datées (début 
        de siècle précèdent) certes, mais je pense vraies 
        dans les ressorts psychologiques ainsi : la fille (la putain ?), la femme 
        de chambre (la fausse naïve ?), la jeune femme (la maitresse 
        "prudente" ?) si peu amoureuse du jeune homme qui s'exclamant 
        en lui-même "enfin me voilà l'amant d'une femme du 
        monde !" comédie mondaine
 comédie humaine 
        et qui "roule" jusqu'à la fin de la pièce. 
        La femme rouée faussement intriguée par les "détours" 
        de son mari épiloguant sur la femme parfaite - la sienne donc - 
        cette dernière, faussement jalouse, pour obtenir un rapport amoureux, 
        etc., comme une ronde, l'un des personnages donnant la main du désir 
        à l'autre et dans une ronde sans fin. Un manège théâtral 
        léger et sans conséquence, rien que le plaisir de l'échange 
        superficiel dans sa forme, mais agent obligatoire pour la "conclusion" 
        du désir évoqué
 mais, si vrais quant à 
        l'actualité des jeux sociaux et inconscients et par les mouvements 
        du cur des individus, quelle qu'en soit l'époque et décrits 
        ici avec perspicacité. En tout cas pour les individus d'Europe 
        il me faut le préciser (plus universel ? Mutations actuelles ?). 
        La grisette nom donné aux filles "faciles" et un peu 
        enfant. Bref tous ces portraits n'ont de légers que la forme. Une 
        vérité de caractère s'exprime sous les scènes 
        de "drague" comme on le dirait à présent. La femme 
        succombe chaque fois sans vraiment être dupe du manège de 
        l'homme, se fait prier et désirer et cède
sans plaisir 
        ? 
        L'auteur est contemporain de Freud et d'après les informations 
        il y eut une correspondance. Curiosité d'y aller voir ? Brève 
        lecture d'un auteur à découvrir. Spectacles non vus c'est 
        dommage. Signe d'une actualité toujours présente. Notre 
        époque n'a plus guère de tabous et c'est tant mieux.
        Edith
 
        (Mademoiselle Else)
        Je commence Mademoiselle Else : plus de goût pour ce livre.
        Terminé Mademoiselle Else que j'ouvre en grand. Moins daté 
        que La ronde dans la description des personnages ; le portrait 
        et les mouvements du psychisme de Else sont prodigieusement décrits. 
        Ravissement de lecture.
        Marie-Odile
(La 
        Ronde)
        J'ouvre ¼ : je trouve que lorsqu'on connaît le sujet et la 
        forme du texte, sa lecture n'apporte pas grand-chose. Les dialogues sont 
        assez insignifiants et de l'avis même de l'auteur "sans grande 
        portée littéraire".
        Les scènes de "séduction" se succèdent 
        de façon assez répétitive : l'un veut, l'autre pas, 
        puis les pointillés du passage à l'acte, puis séparation.
        Toujours l'hypocrisie, la clandestinité, le mensonge. Rien de valorisant 
        ni pour les hommes ni pour les femmes.
        J'ai remarqué quelques récurrences sans doute insignifiantes 
        aussi : 
        - L'un croit voir dans l'autre quelqu'un d'autre, déjà rencontré.
        - Les femmes ont souvent une obligation de retour vers la mère, 
        le mari, la patronne, ce qui est peu fréquent chez les hommes (sauf 
        soldat).
        - Toujours la peur que la porte s'ouvre que quelqu'un vienne.
        - Importance du lieu, intérieur ou extérieur. Des remarques 
        fréquente sur l'ombre, la lumière. 
        - Peut-être intéressant : les passages du vouvoiement au 
        tutoiement en fonction du moment plus que de la classe sociale, par exemple 
        lorsque l'officier enlève son sabre. Parfois on passe du tutoiement 
        au vouvoiement. Ces hésitations correspondent peut-être à 
        ces relations irrégulières.
        
        Les femmes ne sont pas bien considérées par les hommes. 
        Le mari accuse la Grisette de dévoyer un homme marié ! Le 
        poète dit "C'est si beau quand vous êtes bête". 
        Il semblerait d'après la préface qu'elles évoluent 
        cependant au cours de la pièce... Ma lecture n'a pas été 
        assez attentive pour en juger.
        Peut-être que tout cela n'a pas vraiment de sens et que ce qui en 
        ressort c'est le dérisoire, l'absurde: "Je n'ai aucune 
        idée du but de ma vie" dit une femme.
        Cependant l'auteur semble avoir une idée du but de son uvre 
        qui "jettera sans doute un jour singulier sur certains aspects 
        de notre civilisation." On peut y voir la critique d'un monde 
        qui tourne en rond, sans perspectives, sans évolution véritable, 
        quelque chose de fermé finalement, de bouclé. Cette critique 
        de la bourgeoisie me semble quand même audacieuse pour l'époque 
        en raison de la place faite à la sexualité.
Marie-Odile 
        (Mademoiselle Else)
        Je n'ai pas lu le texte. Mais j'ai beaucoup aimé l'interprétation 
        de cette 
        uvre par Alice Dufour. Sa beauté, son jeu, l'expression 
        de son visage, innocent, intrigué, perplexe, troublé, toujours 
        subtil, m'a accrochée ainsi que les beaux costumes, les décors, 
        et les choix musicaux. Seule la fin m'a semblé un peu longue.
| Repères chronologiques | 
- La vie (1862-1931) et l'uvre 
        de Schnitzler sont présentées 
        par la traductrice de La Ronde, Anne Longuet Marx   
        ICI
        Une autre présentation détaillée sur le site 
        des éditions Sillage, à consulter  LÀ
        
- L'histoire de 
        la pièce La Ronde (et de ses scandales) en Allemagne 
        et Autriche, ainsi qu'en France, est également retracée 
        par la traductrice de La Ronde, à lire  ICI.
        Voici juste le tout début de l'histoire de la pièce : 
         en 1896, Schnitzler entame la rédaction 
        de La Ronde (Reigen)
         en 1900, il fait imprimer 200 exemplaires de La Ronde à 
        compte dauteur
         en 1903, La Ronde est publié à 40 000 exemplaires. 
        
        
 
        La publication de La Ronde à 
        Vienne et à Leipzig fait scandale.
        En 1904 : interdiction de La Ronde 
        à Berlin. 
        
Karl Zieger analyse en détail ce qui se passera 
        ensuite à Vienne : "Reigen 
        (La Ronde) dArthur Schnitzler : chronique d'un scandale
 politique", 
        intervention dans un colloque "Théâtre 
        et scandale", 2018.
        
| La Ronde au théâtre, au cinéma et à l'opéra | 
Au 
        théâtre 
        - À Paris en 1922, une première représentation a 
        lieu à la Galerie de la Licorne, probablement par une troupe damateurs, 
        dans une mise en scène dune traduction de Sidersky qui na 
        pas été autorisée par Schnitzler, et ce peu après 
        l'interdiction en 1921 de La Ronde interdite en Autriche pour trouble 
        à l'ordre public. 
        - En 1932, mise en scène de Georges Pitoëff au Théâtre 
        de lAvenue, pour cent représentations, traduction de Rémon 
        et Bauer revue par Suzanne Clauser. Ludmilla Pitoëff, épouse 
        du metteur en scène, joue tous les personnages de femmes ; chacun 
        des dix dialogues a sa musique précisée : 
        
        (tableau publié par Karl 
        Zielger)
        
        - Nous 
        avons vu ensemble une adaptation contemporaine 
        de la pièce, La 
        (nouvelle) ronde par Johanny Bert et le Théâtre de 
        Romette, Scène 
        nationale de Malakoff.
        - Certains ont pu voir en 
        2017 à la Comédie française la mise 
        en scène d'Anne Kessler de la pièce que nous avons lue.
        - Et les plus anciens d'entre nous auraient pu voir la mise 
        en scène d'Alfredo Arias à l'Odéon en 1987.
        - Aucun d'entre nous n'a (encore) vu la pièce 
        de Werner Schwab, 
        dramaturge autrichien, au titre intriguant : La 
        Ravissante Ronde du ravissant Monsieur Arthur Schnitzler, L'Arche, 
        2000. 
 Au 
        cinéma 
        Evoquons trois adaptations :
        - Nous avons visionné La 
        Ronde, film de Max 
        Ophüls (1950), adapté de la pièce, avec Anton Walbrook 
        (le meneur de jeu), Simone Signoret (Léocadie, une prostituée), 
        Serge Reggiani (Franz, le soldat), Simone Simon (Marie, la femme de chambre), 
        Daniel Gélin (Alfred, le jeune homme), Danielle Darrieux (Emma 
        Breitkopf, la femme mariée), Fernand Gravey (Charles Breitkopf, 
        le mari d'Emma), Odette Joyeux (Anna, la Grisette), Jean-Louis Barrault 
        (Robert Kuhlenkampf, le poète), Isa Miranda (Charlotte, la comédienne), 
        Gérard Philipe (le comte).
        

- Nous avons également visionné 
        La Ronde, 
        réalisé par Vadim en 1964, scénario de Jean Anouilh, 
        avec Marie Dubois, Claude Giraud, Valérie Lagrange, Anna Karina, 
        Jean-Claude Brialy, Jane Fonda, Bernard Noël, Maurice Ronet, Jean 
        Sorel, Catherine Spaak.
        
        vod 2,99€
- Dans  
        360, réalisé en 2011 par 
        Fernando Meirelles, réalisateur brésilien, il s'agit d'histoires 
        d'amour entre différentes personnes dans divers pays où 
        leurs destins se rejoignent à Vienne, Paris, Londres, dans le Colorado, 
        à Berlin, avec notamment Anthony Hopkins. 
        
 
        
 
        A l'opéra 
        Le compositeur belge Philippe Boesmans 
        a créé un opéra, Reigen, 
        à partir de la pièce, sur un livret du metteur en scène 
        suisse Luc Bondy, créé en 1993 à Bruxelles, jouée 
        par la suite en France. 
| Traduction et réception de Schnitzler en France | 
 Traducteurs
        
        La première :
        - uvre narrative de Schnitzler traduite fut Mourir 
        (Sterben) 
        dès 1895, par Gaspard Vallette, puis par Alzir 
        Hella (qui fut très proche de Zweig) et Olivier 
        Bournac
        - uvre théâtrale sera La Compagne (Die 
        Gefährtin) par Maurice 
        Vaucaire, lui-même auteur dramatique : une pièce en un 
        acte, créée à Vienne en 1899 et qui sera jouée 
        quatre fois en 1902 au Théâtre Antoine.
Les traducteurs sont nombreux : Caroline Alexander, Wilhelm Bauer, Olivier Bournac, Henri Christophe, Robert Dumont, Philippe Forget, Pierre Gallissaires, Alzir Hella, Paule Hofer-Bury, Maurice Rémon, Gérard Rudent, Brigitte Vergne-Cain, Anne Longuet Marx...
Suzanne Clauser et Dominique Auclères méritent 
        un traitement particulier : tout d'abord parce qu'elles ne font qu'une...
        Suzanne Clauser, au moment où elle s'est présentee chez 
        Schnitzler en 1928 (voir le récit 
        de sa rencontre) pour lui demander le droit de traduire ses uvres 
        en français, navait aucune expérience et pour seule 
        compétence le fait dêtre parfaitement 
        bilingue. Cest sans doute grâce aux relations professionnelles 
        de son frère banquier quelle réussira à publier 
        ses premières traductions de nouvelles de Schnitzler dans lhebdomadaire 
        à grand tirage Gringoire (huit nouvelles rien quen 
        1929 et 1930). Par la suite, elle accomplira un travail considérable 
        pour la connaissance de luvre de lécrivain en 
        France, même si on peut se demander dans quelle mesure ses traductions 
        ont contribué à faire de Schnitzler un "écrivain 
        français". Elle est aujourdhui critiquée pour 
        ses traductions "ciblistes" qui frôlent parfois ladaptation, 
        ce qui, à son époque, était fréquent (relate 
        Karl Zieger dans "Passeurs 
        et intermédiaires de Schnitzler en France : essai dune typologie 
        des agents du transfert", Germanica, n° 52, 2013). 
        Elle fut vraiment très proche de Schnitzler et devint journaliste 
        au Figaro.
        
|  
             Précisons au passage que les 
              sourciers prennent 
              le parti dune traduction littérale, dans le plus total 
              respect du texte source et original, 
              parfois au détriment du sens dans la langue cible ; ils sont 
              aussi définis comme étant littéralistes. Ils 
              cherchent avant tout à coller au plus près au texte 
              de base, sans adaptation qui pourrait aider à la compréhension. 
              Les ciblistes, par opposition, cherchent 
              à faire primer le sens du texte traduit, le texte cible, 
              quitte à se démarquer légèrement dune 
              traduction littérale. Dans le cadre dune traduction, 
              les ciblistes privilégient la compréhension du texte 
              produit plutôt que le respect à la lettre du texte 
              source.  | 
        
Enfin, la dernière traduction de La Ronde datant de 2016, a pour auteure une descendante de Karl Marx ! Anne Longuet Marx est l'arrière-arrière-petite-fille de Karl Marx. Elle est également fille d'un couple d'artistes Simone Boisecq et Karl-Jean Longuet. Dans sa préface, dédiée à son père, une note dès la première page signale la sculpture de son père, intitulée... La Ronde, de 1950. Elle est par ailleurs maîtresse de conférences à Paris 13 en littérature comparée.
Voyons la différence entre trois traductions de 
        la première scène : 
        
| Reigen, Wiener Verlag, 1903 | 
| Die Dirne und 
            der Soldat. Spät abends. An der Augartenbrücke. SOLDAT kommt pfeifend, will nach Hause. DIRNE. Komm, mein schöner Engel. SOLDAT wendet sich um und geht wieder weiter. DIRNE. Willst du nicht mit mir kommen? SOLDAT. Ah, ich bin der schöne Engel? DIRNE. Freilich, wer denn? Geh, komm zu mir. Ich wohn gleich in der Näh. SOLDAT. Ich hab keine Zeit. Ich muß in die Kasern! DIRNE. In die Kasern kommst immer noch zurecht. Bei mir is besser.  | 
        
| La ronde, trad. Maurice Rémond, Wilhelm Bauer, révisée par Suzanne Clauser, Stock, 1931 | 
| Le soldat, la 
            fille  
             LE SOLDAT, arrive en sifflant. Il rentre au 
              quartier.  | 
        
| La Ronde, trad. Henri Christophe, Actes Sud, 1987 | 
| La prostituée 
            et le soldat Tard le soir. Au pont de l'Augarten. Le soldat approche en sifflotant, va regagner ses quartiers. LA PROSTITUÉE. Viens, mon bel ange. (Le soldat se retourne, puis passe son chemin.) Ça ne te dit pas ? LE SOLDAT. Ah, c'est moi le bel ange ? LA PROSTITUÉE. Qui veux-tu que ce soit ? Viens, j'habite tout près. LE SOLDAT. Je n'ai pas le temps. Faut que je rentre à la caserne. LA PROSTITUÉE. Tu y seras toujours assez tôt. Chez moi, c'est mieux.  | 
        
| La Ronde, trad. Anne Longuet Marx, Folio théâtre, 2016. | 
|  La fille et le 
            soldat Tard le soir. Au pont d'Augarten. LE SOLDAT, passe en sifflant, veut rentrer chez lui. LA FILLE. Viens, mon bel ange. LE SOLDAT, se retourne et reprend son chemin. LA FILLE. Tu veux pas venir avec moi ? LE SOLDAT. Ah, c'est moi le bel ange alors ? LA FILLE. Pour sûr, qui donc sinon ? Allez, viens chez moi. J'habite tout près d'ici. LE SOLDAT. J'ai pas l'temps. Faut que j'rentre à la caserne ! LA FILLE T'y seras toujours assez tôt, à la caserne. Chez moi, c'est mieux.  | 
        
 
        La réception de Schnitzler en France
        La diffusion de son uvre en France a varié tout au long du 
        XXe siècle. Karl Zieger montre dans un ouvrage (en ligne) que son 
        image sest fixée à des visions superficielles, voire 
        erronées de son uvre : il est considéré comme 
        le représentant du mouvement littéraire et artistique "Jeune 
        Vienne", caricaturé dans sa légèreté, 
        ou encore comme un "maître de la petite forme", ou un 
        illustrateur des théories de Freud : des lectures qui négligent 
        la variété, luniversalité et la modernité 
        de son uvre. 
        Voir pour des détails, un très intéressant ouvrage 
        en ligne : Arthur 
        Schnitzler et la France 1894-1938 : enquête sur une réception 
        Presses universitaires du Septentrion, 2012.
Plusieurs éléments ont rééquilibré 
        cette image réductrice : 
        - une vague de (re)traductions, après la mort en 1981 de Suzanne 
        Clauser alias Dominique Auclères, titulaire des droits exclusifs 
        de la traduction de son uvre de 1930 à 1981
        - le succès, en 1986, de lexposition 
        du Centre Pompidou 
        "Vienne, 1880 - 1938, la naissance d'un siècle", 
        qui suscite un enthousiasme nouveau pour cet auteur (titre du catalogue 
        : Vienne 
        1880-1938 : lapocalypse joyeuse)
        - en 1999, le film Eyes 
        Wide Shut de Kubrick, adaptation controversée de la Traumnovelle 
        (voir Audrey Giboux, "De 
        quelques lectures de Schnitzler dans la critique consacrée à 
        Eyes Wide Shut", Germanica, n° 52, 2013)
        - linscription de La Nouvelle rêvée au programme 
        de littérature comparée "Fictions de lintime" 
        de lagrégation de Lettres en 2001-2003... (mention spéciale 
        pour Sabine).
| Les livres de Schnitzler disponibles en français | 
Nouvelles 
        et romans 
        Un texte célèbre a eu plusieurs traducteurs : 
          
        Mademoiselle Else, trad. Clara Katharina Pollaczek, Stock, 1926
         Mademoiselle 
        Else, trad. Dominique Auclères, Stock, 1980
         Mademoiselle 
        Else, trad. Henri Christophe, préface 
        Roland Jaccard, Livre de poche, 1993 
         Mademoiselle 
        Else, trad. Jean-Jacques Pollet, Flammarion, 2011
         Mademoiselle 
        Else, Michèle Harmard, éd. bilingue, Portaparole, 
        2018
        - Vienne 
        au crépuscule, trad. Robert Dumont, Stock, 2000.
        - Madame Béate 
        et son fils, trad. Olivier Bournac et Alzir Hella, 1928 ; 
        Madame 
        Béate et son fils, Stock, 1985.
        - Thérèse, 
        trad. Dominique Auclères, Albin Michel, 1936 ; Livre de poche, 
        1991.
        - La 
        Pénombre des âmes, trad. Dominique Auclères, 
        Stock, 1929.
        - Berthe Garlan, 
        trad. Dominique Auclères, Stock, 1981.
        - Mourir, 
        trad. Robert Dumont, Stock, 1986.
        - L'étrangère, 
        trad. Dominique Auclères, Stock, 1993 ; trad. Pierre Gallissaires, 
        10/18, 1988.
        - Les Dernières 
        Cartes, trad. Brice Germain, éd. Sillage, 2009.
        - Le Lieutenant Gustel, trad. Dominique Auclères, Calmann-Lévy, 
        1983 ; Le Sous-lieutenant 
        Gustel, trad. Maël Renouard, éd. Sillage, 2009.
        - Le 
        Retour de Casanova, trad. Maurice Rémon, Attinger, Suisse, 
        1930 ; 10/18, 1987 ; Les Belles Lettres, 2013.
        - Gloire 
        tardive, trad. Bernard Kreiss, Albin 
        Michel, 2016 ; Livre poche, 2017.
        - Traumnovelle est une nouvelle que l'on retrouve sous plusieurs 
        formes et titres : 
         elle a inspiré Kubrick pour le film Eyes Wide Shut 
        : Eyes wide shut
         Rien qu'un 
        rêve, trad. Dominique Auclères, Pocket, 1999 : la 
        nouvelle est suivie du scénario de Stanley Kubrick et Frédéric 
        Raphaël 
         La 
        Nouvelle rêvée, trad. Philippe Forget, Livre de 
        poche, 2002 
         adaptée 
        en  roman graphique : Nouvelle 
        de rêve, adaptation par Jakob Hinrichs, trad. Jörg 
        Stickan, suivie du texte intégral de la nouvelle, trad. Pierre 
        Deshusses, éd. Le Nouvel Attila, 2014.
         Double 
        rêve, trad. de Pierre Deshusses, Rivages, 2010.
        
        Et aussi : 
        - Romans 
        et nouvelles : tome 1 (1885-1908), trad. de Maurice Rémon, 
        Wilhelm Bauer, Suzanne Clauser, Dominique Auclères, Robert Dumont, 
        Philippe Forget et Pierre Gallissaires, Le Livre de Poche, 1994 
        - Romans 
        et nouvelles : tome 2 (1909-1931), trad. de Dominique Auclères, 
        Henri Christophe, Philippe Forget, Pierre Gallissaires, Alzir Hella, Olivier 
        Bournac, Paule Hofer-Bury, Maurice Rémon, Brigitte Vergne-Cain 
        et Gérard Rudent, Le Livre de Poche, 1996.
Pièces 
        
        - Anatole, 
        suivi de La Compagne, trad. de Maurice Rémon et Maurice 
        Vaucaire, Stock, 1913 (autres traductions : Dominique Auclères, 
        in Le Théâtre dArthur Schnitzler, Le Livre de poche, 
        1975 ; Henri Christophe, Actes Sud, 1989).
        - LAppel 
        de la vie, trad. de Frédéric Lohest, Actes Sud, 
        1999.
        - Au 
        perroquet vert, trad. de Marie-Louise Audiberti et Henri Christophe, 
        Papiers, 1986.
        - Le 
        Chemin solitaire, trad. de Michel Butel, Actes Sud, 1989.
        - Comédie 
        des mots [contient LHeure des vérités, La 
        Grande Scène, La Fête de Bacchus], trad. de Gabriel Brennen 
        et Henri Christophe, Actes Sud, 1989.
        - La 
        comédie des séductions, trad. de Henri Christophe, 
        Actes Sud, 1995.
        - Heures 
        vives [contient Heures vives, La Femme au poignard, Les Derniers 
        Masques, Littérature], trad. de Henri Christophe, Actes Sud, 1990.
        - Interlude, 
        trad. de Caroline Alexander et Henri Christophe, Actes Sud, 1991.
        - Le 
        Jeu de lamour et du vent, trad. de Henri Christophe, Actes 
        Sud, 2005.
        - Le 
        Jeune Médard, trad. de Michel Trémousa, Actes Sud, 
        1996.
        - Les 
        Journalistes, trad. de Caroline Alexander, Actes Sud, 1991.
        - Liebelei, 
        trad. de Suzanne Clauser, La Petite Illustration, n° 648, 1933 (nouvelle 
        traduction de Jean-Louis Besson, Actes Sud, 1989).
        - Marionnettes 
        [contient Le Marionnettiste, Cassian le Téméraire, Au Grand 
        Guignol], trad. de Henri Christophe, Actes Sud, 1992.
        - Professeur 
        Bernhardi, trad. de Henri Christophe, Actes Sud, 1994.
        - Terre 
        étrangère, trad. de Michel Butel et Luc Bondy, Nanterre, 
        Éditions Nanterre-Amandiers, 1984.
Quatre traductions sont disponibles 
        actuellement de La Ronde : 
        - La 
        Ronde, trad. Maurice Rémond, Wilhelm Bauer, révisée 
        par Suzanne Clauser, Stock, 2002, rééditon de la 
        traduction de  1912
        - La 
        Ronde, trad. Henri Christophe, Actes Sud, 1987
        - La 
        Ronde, trad. Élise Arpentinier, l'il du prince, 2010
        - La 
        Ronde, trad. et préface 
        Anne Longuet Marx, Folio théâtre, 2016.
 
        Aphorismes
        - Relations 
        et solitudes, trad. de Pierre Deshusses, Rivages, 1988.
        - La 
        Transparence impossible, trad. de Pierre Deshusses, Rivages, 1990.
 
        Autobiographie
        - Une 
        jeunesse viennoise, , trad. de Nicole et Henri Roche, Hachette, 
        1987, rééd. Livre de poche
        - Journal 
        (1923-1926), trad. Philippe Ivernel, Rivages, 2009
 
        Correspondance
        - Lettres 
        aux amis 1886-1901, trad. de Jean-Yves Masson, Rivages, 1991.
        -Arthur Schnitzler, Stefan Zweig, Correspondance, 
        trad. de Gisella Hauer et Didier Plassard, Rivages, 1991.
        - Freud, Correspondance.
| Freud et Schnitzler | 
 
        Ils copinent à distance
        rthur Schnitzler est lui aussi de formation médicale, oto-rhino-laryngologiste 
        comme son père, qui fut célèbre par son invention 
        du laryngoscope et sa clientèle d'actrices et de chanteuses d'opéra 
        .
        Freud et Schnitzler, bien qu'habitant tous deux Vienne, ne se sont rencontrés 
        que tardivement, mais ils ont lus leurs publications respectives et se 
        sont écrits. 
        On connaît deux lettres écrites par Freud à Schnitzler 
        : 
        - l'une de mai 1906 répond aux vux que lui a adressés 
        Schnitzler pour son cinquantième anniversaire : Freud exprime son 
        admiration et son étonnement pour "la conformité 
        profonde de [nos] conceptions" dans les problèmes psychologiques 
        et érotiques
        - dans l'autre lettre 
        du 14 mai 1922, Freud s'adresse à Schnitzler pour son soixantième 
        anniversaire : il avoue avoir évité de converser avec lui 
        "par une sorte de crainte de rencontrer [mon] double"
        Après cette lettre, la réponse de remerciements de Schnitzler 
        sera suivie d'une invitation à dîner, le 16 juin 1922, dans 
        la famille Freud. L'année précédente, Anna Freud 
        avait été durant quelques mois la préceptrice de 
        sa fille, Lili Schnitzler. 
 
        Passage à l'acte...
        Lors de cette première rencontre, la conversation 
        porte sur leurs expériences communes à l'hôpital et 
        pendant le service militaire. Freud lui montre sa bibliothèque, 
        avec ses propres livres et leurs traductions, ainsi que les essais de 
        ses étudiants, les différents objets de sa collection d'antiquités, 
        puis lui offre une belle édition de ses dernières conférences. 
        En fin de soirée, il raccompagne l'écrivain chez lui, ce 
        qui représente une bonne marche depuis la Berggasse jusqu'à 
        l'adresse plus excentrée de Schnitzler : "Notre entretien 
        devient plus amical et plus personnel ; sur l'âge et la vieillesse", 
        ajoute Schnitzler dans son Journal, en précisant qu'ils 
        évoquent ensemble une pièce d'Ibsen, Solness 
        le constructeur.
        Ils se retrouvent en août 
        au Salzberg où les Freud passent leurs vacances. Bien que Freud 
        soit un mycologue averti, Schnitzler refuse de goûter aux champignons 
        cueillis, racontant avec humour dans une lettre à son fils Heini 
        à Berlin qu'il n'a pas voulu contribuer à une anecdote littéraro-historique 
        en s'empoisonnant dans la cuisine des Freud !
        Leur rencontre suivante aura lieu à Vienne en décembre 1923 : 
        Freud vient de subir une intervention chirurgicale sur la mâchoire 
        et son chirurgien n'est autre que le beau-frère de Schnitzler, 
        Marcus Hajek. Ils se revoient à d'autres reprises, et notamment 
        en 1926 au sanatorium, où Schnitzler rend deux visites à 
        Freud convalescent, se disant impressionné par ses souffrances.
        Bien qu'il soit plus jeune de six ans, Schnitzler est mort avant Freud, 
        en 1931.
(D'après l'article "Freud et Schnitzler" où Josiane Rolland évoque leur correspondance et leurs rencontres, Libres cahiers pour la psychanalyse, n° 25, 2012)
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               moyennement 
                 
            à moitié  | 
             
               un 
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