Dick dans les années 60

Photo d'Arthur Knight




Le robot "Philip K. Dick"

Le livre est en ligne en anglais et dans la 1ère traduction française de 1970.


Philip K. DICK, Le Maître du haut château, trad. Michelle Charrier, J’ai Lu, 2013, 384 p.

Quatrième de couverture : 1948, fin de la Seconde Guerre mondiale et capitulation des Alliés. Vingt ans plus tard. dans les États-Pacifiques d'Amérique sous domination nippone, la vie a repris son cours. L'occupant a apporté avec lui sa philosophie et son art de vivre. A San Francisco, le Yi King, ou Livre des mutations, est devenu un guide spirituel pour de nombreux Américains, tel Robert Chidan, ce petit négociant en objets de collection made in USA.
Certains Japonais, comme M. Tagomi, dénichent chez lui d'authentiques merveilles. D'ailleurs, que pourrait-il offrir à M. Baynes, venu spécialement de Suède pour conclure un contrat commercial avec lui ? Seul le Yi King le sait. Tandis qu'un autre livre, qu'on s'échange sous le manteau, fait également beaucoup parler de lui : Le poids de la sauterelle raconte un monde où les Alliés. en 1945, auraient gagné la Seconde Guerre mondiale...

Premier chef-d'œuvre de son auteur, Le maître du Haut Château fut récompensé dès sa sortie par le prestigieux Prix Hugo. Il est ici présenté dans une toute nouvelle traduction et augmenté de deux chapitres inédits d'une suite inachevée.


J'ai Lu,1974


J'ai Lu, 1985


J'ai Lu, 1998


J'ai Lu, 1999


J'ai Lu, 2001

La première traduction se trouve dans un volume qui comporte deux romans traduits par Bruno Martin et Jacques Parson :
Docteur Bloodmoney / Le Maître du Haut Château, éd. OPTA, coll. Club du livre d'anticipation, 1970, ill. Wojtek Siudmak.

Cette traduction paraît ensuite en éd. J'ai Lu (en ligne ici).

L'édition américaine originale de 1962, éd. G. P. Putnam's Sons :

Philip K. Dick (1928-1982)
Le Maître du Haut Château (1962, trad. en français 1970)
Nous avons lu ce livre pour le 19 décembre 2020. Le groupe breton l'a lu pour le 17 décembre. Tous les échanges ont eu lieu à distance...
En option
nous avions lu également la biographie de Dick par Emmanuel Carrère : Je suis vivant et vous êtes morts.
INFOS sur et autour de Philip K. Dick en bas de page
  Repères biographiques
Œuvres
Adaptations à l'écran
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Traduction

La science-fiction c'est quoi au fait ?
 
Le Maître du Haut Château figure dans la bibliothèque idéale de 100 livres proposée après le premier confinement par Télérama ; il y fait partie des 20 meilleurs polars et romans de science-fiction, monuments du "genre" : c'est ce qui nous a donné envie de le choisir, encouragés par les amateurs de cet auteur dans le groupe... La période de Noël nous a semblé propice au décollage pour le programmer.

Nos 25 cotes d'amour parisiennes et bretonnes
Etienne
David*ManuelSéverine G*
Entreet
Chantal**JacquelineSuzanne**Yolaine**
Annick ACatherineGeneviève Nathalie RRichard Séverine V
Claire Denis Édith**Françoise D Jean**
Katherine
*Lisa Marie-Odile** Monique LRenée
Anne*Fanny

"Auditrices libres" : •BrigitteMarie-Christine

*du "nouveau" groupe parisien                                                                **du groupe breton

Anne(avis transmis)
Je n'aurais pas grand chose à dire sur ce livre que je n'ai pas réussi à ouvrir malgré quelques tentatives répétées et interrompues par l'ennui...
Fanny(avis transmis)
J'ai essayé de lire DICK, mais je dois dire que j'ai lamentablement calé avant la page 100. Rien n'y fait, je n'arrive pas entrer dedans. Il a passé plus d'une soirée à me regarder droit dans les yeux sur ma table de nuit, et a fait de nombreux allers et retours en métro, terré au fond de mon sac à main... mais force est de constater que cela n'a pas été plus loin.
Peut-être vos avis me motiveront à le reprendre...
Denis(avis transmis)
Pour cause de départ en vacances ce jour, je ne suis pas au zoom. J'ai lu une petite moitié du PK Dick sans arriver à m'y intéresser vraiment. L'idée du monde régi par les nazis est terrifiante et suscite un vrai malaise. De ce point de vue, le livre est une réussite.
Mais les personnages et leurs actes me semblent très plats. Je n'ai pas eu de plaisir "littéraire" à la lecture, ayant l'impression de lire de la BD sans le graphisme. À la date de parution du livre, la BD n'était pas encore devenue un genre majeur, donc ce n'est pas un reproche à l'auteur, juste une mise en perspective historique, en prenant le livre comme un repère dans l'histoire littéraire.
J'ouvre au ¼. Bonne discussion, je lirai avec intérêt le compte rendu.
Etienne
Je commence à m'inquiéter sérieusement car il s'agira du 4e livre de suite que j'ouvre en grand. Suis-je victime d'un affadissement de mon esprit critique pour contrecarrer cette morosité ambiante de fin 2020 ou alors les choix de Voix au chapitre sont-ils d'une pertinence inouïe ?
Plus sérieusement, j'ai été impressionné par ce livre. J'avais eu un avant-goût de Philip K. Dick il y a quelques années avec Ubik, mais la barre est un cran au-dessus pour le Maître du Haut Château.
Passé la courte mise en condition nécessaire pour intégrer l'univers et ce qu'il implique, ainsi que les différents personnages, j'ai trouvé d'abord qu'il s'agissait d'une lecture extrêmement fluide et plaisante (ce qui n'est pourtant pas bon signe pour moi...).
Ensuite les grandes thématiques pointent le bout de leur nez avec fourmillements d'idées : par exemple on part d'une histoire invraisemblable d'arnaque d'antiquaire qui soulève petit à petit la notion d'art, puis de valeur que l'on attribue aux objets, en finissant par se demander ce qu'est la réalité et si elle est bien ce qu'elle est.
Car si le questionnement peut paraître commun, le procédé par lequel le lecteur est amené à en prendre conscience impressionne ; le dernier chapitre crève à ce point le quatrième mur littéraire que j'en ai eu le vertige. Dans un jeu grandiose de miroirs réfléchissants, c'est une lecture qui prend aux tripes, qui remue.
J'aurais beaucoup aimé en parler avec vous, mais les réjouissances familiales me l'ont empêché.
Katherine, depuis sa chambre d'enfant à Montréal
Je l'ai lu en anglais, c'est bien écrit et facile à lire. Contrairement à Beloved lu récemment dans notre groupe, où les dialogues des esclaves ne peuvent être bien rendus en français, je ne crois pas ici que l'expérience de lecture soit négativement influencée par la traduction. J'étais réticente à lire cet auteur, mais par rapport au livre de Sylvie Germain que j'avais refusé d'ouvrir en juin dernier, je me suis motivée à le lire puisqu'il semblait s'agir davantage d'une uchronie que de science-fiction pure et dure (comme Dune de Frank Herbert que j'avais dû lire en cours à l'époque et dont je garde un souvenir très mitigé).
Je l'ai lu jusqu'au bout dans l'espoir d'un dénouement inattendu, mais j'ai été déçue. Je n'ai pas bien compris les liens entre les différents personnages, je n'ai pas trouvé d'intérêt particulier à leurs histoires. Le cadre historique et politique n'était pas très détaillé, ce qui rendait la réalité des personnages difficile à comprendre. En plus, c'est écrit en 1962 et on voyage en fusée entre Berlin et San Francisco, tout en utilisant encore les télégrammes...
Le livre ne m'a pas apporté grand chose, ne m'a pas beaucoup intéressée.
C'est bien écrit, mais je ne le recommanderais pas. J'ouvre ¼. Mais je suis très intéressée à entendre vos avis, notamment les clés de lecture que vous connaîtriez et qui pourraient me donner un regard différent sur l'œuvre.
Monique L, depuis la Dordogne
Je ne suis pas une lectrice de science-fiction et ce n'est pas ce livre qui me fera changer.
Je n'ai vraiment pas compris l'intérêt de ce livre ni sa finalité. Changer l'Histoire, faire vivre à des personnes qui ont vraiment existé une autre vie que la leur. Je n'ai pas compris le sens de tout cela.
Les personnages sont campés de manière assez inégale et relativement caricaturale.
J'ai continué ma lecture jusqu'au bout espérant un éclairage que je n'ai pas trouvé. Le scénario ne mène à rien de précis. En fin de chapitre l'auteur nous laisse plusieurs fois en suspens. On peine à trouver son compte dans cet embrouillamini.
J'ai attendu la rencontre avec le maître du Haut Château en pensant que son importance était capitale. Quelle déception !
Ce que j'ai néanmoins trouvé intéressant, c'est ce qui touche au sens du beau et du vrai dans l'art et des relations entre les œuvres et leur histoire. L'auteur a une fascination pour le mode de vie des Japonais, leur esprit raffiné et porté aux choses de l'esprit, leur capacité à recevoir. Cela donne des passages intéressants.
L'intérêt de ce livre m'a donné envie de m'informer sur le Yi King par curiosité, pour peut-être approcher une "philosophie" asiatique.
L'auteur est un personnage fascinant (j'ai écouté les quatre émissions de France Culture).
J'ouvre au ¼.
J'ai commencé le livre de Carrère mais il est trop tôt pour avoir un jugement.
Jacqueline, entreet
Autrefois, il y a plus de 40 ans, j'aimais Philip K. Dick. Quand on en a parlé, ça me faisait drôle, comme d'envisager de revoir 40 ans après quelqu'un qu'on a bien aimé, quitté et perdu de vue... Il y a la curiosité mais aussi une petite appréhension à constater les changements ! Et puis, pourquoi, alors que je croyais avoir tout lu, pas le Maître du Haut Château ? Mais puisque j'avais tout oublié du contenu de ceux que j'avais lu, aurais-je oublié que je l'avais lu ? Dilemme très dickien !
Le confinement a fait que j'ai d'abord trouvé la belle biographie de Carrère. Carrère met toujours en scène l'ambigu, ce qui est adéquat avec les jeux de reflets, de doubles et avec les doutes de P.K. Dick. Il raconte avec empathie. J'ai appris que quand il a écrit La moustache il avait pastiché Matheson, un autre auteur de science-fiction contemporain de P. K. Dick (voir ce qu'il dit lui-même ici).
J'ai appris beaucoup de choses sur Philip K. Dick et sur les circonstances de l'écriture du Maître du Haut Château. J'avais une image un peu fausse de lui, écrivant sous acide, ce qui aurait expliqué l'étrangeté de ses récits. J'ai appris qu'en fait il se bourrait d'amphétamines, comme Balzac de café, pour écrire et gagner la vie des siens. Quand j'ai enfin eu le livre, j'ai compris pourquoi je ne l'avais effectivement pas lu : j'avais alors été rebutée par le sujet, un monde où Hitler avait gagné. Maintenant, Carrère m'avait parlé de l'intérêt de P. K Dick pour le procès de Nuremberg et je pouvais m'y intéresser.
La lecture de Carrère avait su surtout me rendre sensible à la manière dont Dick travaillait. Il a défini ses personnages, puis il s'est servi du Yi King pour faire son récit, d'où son caractère apparemment décousu. J'ai pris ça comme une contrainte d'écriture et je m'y suis intéressée. J'ai découvert le Yi King avec sa dimension philosophique...
Oui j'ai aimé le livre, j'ai retrouvé Philip K. Dick. J'adore Frink, les personnages de la vie courante américaine. J'ouvre l'ensemble des deux livres aux ¾... enfin une grosse moitié ! Et je suis contente de les avoir lus.
Françoise D
Comme j'ai "bouffé" du Dick, ayant écouté sur France Culture les quatre émissions + la Nuit spéciale Philip K. Dick qui dure cinq heures, je précise qu'on dit Philip K. Dick ou Dick mais pas K. Dick…
J'ai été très intéressée par tout ce que j'ai entendu, je ne connaissais absolument pas. J'ai lu tout le livre, mais sans avoir envie d'en lire un autre. Je ne lis pas de science-fiction, du coup je me suis dit ah chouette. J'ai pensé au livre de Philip Roth The Plot Against America où c'est non pas Roosevelt mais l'aviateur Lindbergh, sympathisant du régime nazi, qui devient président des États-Unis, Roth c'est bien mieux évidemment...
Je rejoins Monique et Katherine. Ça part dans tous les sens, et avec cet oracle ! Il y a des idées qui n'aboutissent pas, avec des personnages qu'on passe en revue. Le territoire est réparti entre les nazis et les Japonais, mais les Japonais sont soumis au dominant nazi, ce n'est pas très clair pour moi. Et comment ça fonctionne ? J'aurais besoin d'une carte. Ils utilisent la fusée, mais le téléphone est ancien, il y a des vélos-taxis, ça fait bizarre.
Ce n'est pas un livre de visionnaire, c'est un peu laborieux. Nonobstant, je suis allée jusqu'au bout.
Comme Jacqueline, j'ai attendu l'entrée en scène du maître du haut château. D'ailleurs le titre en anglais est "The Man" et non "The Master", c'est dommage cette traduction : il est maître de rien du tout, et il n'a plus de château non plus.
Est-ce que Dick s'est identifié à cet auteur qui justement écrit une uchronie et qui se met en danger ? Les personnages ne sont pas aboutis. L'auteur les laisse en route, j'ai trouvé ça frustrant. J'ouvre au quart.
Lisa, depuis une rue de Stockholm
Je l'ai lu il y a six mois avant qu'on le programme. C'était ma période de lecture d'uchronies. Mais j'ai été déçue par celle-ci. J'ai aussi pensé à Philip Roth. D'autres uchronies sont bien meilleures ; par exemple Roma Æterna où les Juifs n'ont jamais quitté l'Égypte, l'empire romain n'a pas disparu et le christianisme n'existe pas : c'est beaucoup plus réussi. J'ai besoin de comprendre comment fonctionne la société, ici, dans ce livre c'est trop flou, pas assez détaillé, au point de vue politique, sociétal.
Bref je l'ai lu rapidement, je n'ai pas été emballée par l'homme du haut château et l'histoire du Yi King. J'ouvre un quart en raison de ce manque de détails.

Katherine
Je rejoins ton avis sur la société et le manque de détails.
David
Je vais prendre la parole pour exprimer un avis plus positif...
Je partage la déception quant au style décousu. Il écrit sur un scénario. Pour moi, c'est son but de faire des histoires dissociées justement. L'aspect décousu et uchronique m'a fait penser aux Bienveillantes où les récits sont disséminés et des personnages ne se rencontrent pas. À propos de la fin qui peut décevoir, une fin flamboyante n'aurait pas convenu.
L'idée du monde alternatif est aujourd'hui passée dans la réalité. C'est vrai que ce n'est pas très bon au niveau du style, mais c'est novateur pour ce qui est de l'imaginaire. D'ailleurs tous les grands cinéastes s'en sont inspirés.
Ce qui me trouble, c'est le renversement, l'uchronie elle-même, ça c'est le plus troublant, comment on imagine. Tout n'est pas blanc et noir : les nazis au pouvoir, c'est noir, mais pour ce qui est le japonais c'est plus ambigu ; ainsi du couple qui s'intéresse aux objets : les vainqueurs ne sont pas que des brutes. Pour le lecteur allemand ou japonais, ce doit être une façon de revisiter leur histoire.
Pour moi, la thématique renverse les valeurs du bien et du mal, des vainqueurs des vaincus. J'ouvre ¾, le ¼ absent concerne la faiblesse de la construction désagrégée, le fait qu'on se demande qui est qui, mais j'ai eu du plaisir à la lecture. J'ai pensé aussi Au cœur des ténèbres avec le type du Haut Château et, comme dans Apocalypse Now, c'est la quête qui compte. C'est Denis qui évoquait des BD sans images, je suis assez d'accord. Ce n'est pas un roman, c'est une matière pour un film.
Dick abuse de substances, il faut voir aussi l'état rationnel qui était le sien, j'ai aussi pensé à Junky.
Claire
J'ai commencé d'abord la bio de Carrère, intéressée au début par le bonhomme Dick et son histoire. J'ai lu une centaine de pages, puis ai arrêté, trouvant la biographie en tant que telle pas terrible : tout m'a semblé à plat au même niveau, sans analyse, sans relief et un peu barbant. Rien à voir avec L'adversaire que nous avions lu, qui était une œuvre littéraire, bien que biographique ; rien à voir non plus avec une vraie biographie qui ne se contente pas de s'appuyer sur les seuls écrits du "biographé" et sur les biographies existantes. Au passage j'ai vu qu'était décrite la genèse de notre livre, que j'ai sautée exprès pour y revenir après.
J'ai donc attaqué assez émoustillée notre château, comme un plat inconnu, exotique. Assez vite, mon petit qi a été mis à mal : de quoi ça parle, qui est qui, je comprends rien, je m'ennuie à ne pas voir de quoi il s'agit. Et puis, où est la science-fiction qui m'émoustille ? Et en plus, il ne passe rien.
Par facilité, je suis allée donc voir le résumé sur wikipédia, ce qui est très mal à mes yeux. Oh la la, mais c'est normal que je ne comprenne rien ! J'ai trouvé de jolies cartes éclairant la situation politique et historique. J'ai regardé ensuite la
bande-annonce bande annonce de la série : pas compris grand-chose non plus, à part que les nazis sont là.
J'ai alors interrogé le Yi King étant donné ma situation : "comment lire maintenant Le Maître du Ha
ut Château ?" (Claire montre le livre à l'écran, faisant semblant de l'interroger régulièrement...) ; je suis tombée sur l'hexagramme 38 dont le titre est "L'opposition" ! Je cite des commentaires de ma "divination" : L'opposition signifie des malentendus. L'opposition signifie l'éloignement. La situation est celle de l'opposition, mais la tendance générale est l'aplanissement des malentendus. L'opposition fait naître la nécessité de réconcilier, de jeter un pont comme entre le ciel et la terrée. Pour les deux trigrammes l'un a pour propriété la joie et l'autre l'attachement à la clarté. La gaîté est l'image de la société, la clarté est l'image de l'individualité nettement reconnaissable. Le neuf à la deuxième place est ferme et central, de sorte qu'il ne tient pas à une rencontre à tout prix. On rencontre quelqu'un d'esprit semblable.
Toute apaisée par "l'oracle", sachant que j'allais rencontrer mes semblables, ce qui n'a pas tardé quand j'ai participé à la réunion zoom des Bretons, j'ai décidé de reprendre la biographie de Carrère. Il se met dans la tête de Dick, y compris quand il disjoncte, et ce, sur des pages, c'est assez casse-pieds, mais bon, il le fait vivre.
J'ai plongé ici et là dans le roman, que j'ai trouvé vraiment barbant, l'écriture étant sans attrait. Je trouve que le résumé de wikipédia est très bien, montrant l'ambition intellectuelle et l'originalité du livre, j'ouvre ¾ wikipédia, mais hélas ce n'est pas le roman, que je n'ouvre qu'au ¼. Même si Le maître du Haut Château est célèbre, peut-être aurions-nous dû choisir Ubik, me suis-je demandé...


Annick A
J'ignore presque tout de la science-fiction donc je n'en attendais rien de particulier. J'ai lu ce livre avec un certain plaisir : l'écriture est facile, l'intrigue passionnante et il y a du suspens comme dans un polar. À certains moments j'ai trouvé ça facile et à d'autres j'étais paumée. Par exemple avec l'affaire des bijoux et ce japonais Tagomi qui va rentrer dans ce monde qui est le nôtre je n'ai pas compris.

Manuel
Oui il le quitte quand il est dans le bar, là où il y a des pousse-pousse.
Annick
Je n'ai pas compris ce passage. La fin nous laisse sur notre faim. Elle fait basculer le livre.
J'ai été beaucoup plus intéressée par l'auteur que par le roman. Dick transpose sa propre paranoïa dans ce monde où tout le monde se méfie de tout le monde et se trouve constamment en danger.
En tapant "psychanalyse et Philip K. Dick" sur Internet, j'ai trouvé des articles très intéressants.
Je vous cite un passage de l'article de Nicolas Brémaud "Le délire paraphrénique de Philip K. Dick, l'homme reprogrammé"

Voici que le 20 février 1974, Philip K. Dick sombre, selon ses termes, dans la "psychose totale". Cette bascule survient peu de temps après l'extraction de deux dents de sagesse incluses. Le mieux est d'écouter Dick lui-même nous relater les événements : "La semaine qui suivit la sortie du livre, on m'arracha deux dents de sagesse en me donnant du sodium Pentothal. Plus tard dans la journée je ressentis une forte douleur. Ma femme appela le chirurgien-dentiste qui téléphona à une pharmacie. Une demi-heure plus tard on frappa à la porte : c'était une livraison à domicile du médicament contre la douleur […]. Sur le pas de la porte, je vis une jeune femme avec un collier brillant, en or, auquel pendait un poisson doré. Je fus - je ne sais pourquoi - presque hypnotisé par le poisson en or étincelant. J'en oubliai ma douleur, j'en oubliai le médicament, j'en oubliai même pourquoi la jeune femme était là. J'avais les yeux rivés sur le symbole du poisson. "Qu'est-ce que ça veut dire ?", lui demandais-je enfin. La jeune femme frôla le poisson du doigt et dit : "c'est un symbole que portaient les premiers chrétiens", puis elle me remit les médicaments. À ce même instant, fixant le symbole étincelant du poisson et entendant ses mots, je fis l'expérience soudaine de ce qu'on appelle […] l'anamnèse, un mot grec signifiant littéralement "perte de l'oubli". Je me remémorais qui j'étais et où j'étais. En un instant, en un clin d'œil, tout me revint […]. La jeune femme était une chrétienne vivant dans la clandestinité, tout comme moi, sous la menace constante d'être reconnue par les Romains. Nous communiquions au moyen de signaux codés […]. Pendant un court instant […] je me suis souvenu de Jésus, qui était avec nous il y a si peu de temps encore."
Une pensée s'impose alors : l'Empire (romain) n'a jamais pris fin. Et la vérité lui est révélée : on veut nous faire croire que nous sommes en 1974, alors qu'en vérité nous sommes en 70 après Jésus-Christ. Ailleurs, en 1978, dans son Exégèse : "Quand j'ai vu le signe du Poisson d'Or en février 1974, je me suis rappelé le monde des Actes [des apôtres], je me suis rappelé que c'étaient là mes véritables temps et lieu à moi. Ainsi suis-je (esse/sum) Simon ressuscité, et non pas depuis février ou mars 1974, mais depuis toujours. Je dois regarder la vérité en face : je suis Simon ayant souffert d'amnésie. Mais en février 74 j'ai vécu une anamnèse. Moi, Simon, je suis immortel."

Je vois un lien entre ce délire et le passage sur les bijoux où Tagomi bascule dans un autre monde.
Par le biais de la science-fiction, Philip K. Dick ne cessera d'élaborer des théories pour donner sens à ses phénomènes délirants.
J'ouvre le livre à moitié.
Catherine
J'aime bien la science-fiction. J'étais sceptique pour le choix pour le groupe. Je l'ai relu. Je suis fasciné par le personnage. Et j'aime le thème du monde alternatif. J'ai envie de lire les nouvelles, dont on aurait peut-être pu préférer un choix. Le fait que ses livres donnent lieu à des grands films n'est pas indifférent. Minority Report, Blade Runner, c'est vraiment quelque chose.
Mais le livre, lui, est pesant à lire. Soit il avait fumé la moquette, soit il fait passer ses délires comme dit Annick. C'est très décousu, mais ça se lit assez facilement. J'aime beaucoup la fin. Elle rencontre le maître du haut château, décevant, c'est ce qui est dans le livre Le poids de la sauterelle qui est vrai. Il y a ce petit passage où M. Tagomi passe dans notre monde, un monde meilleur, mais qui n'a pas l'air si sympa. Ces mondes imbriqués, c'est un des intérêts du livre. Il y a vraiment des idées. On attendrait un film.
Le style, mais que peut-on dire ? C'est un livre un peu schizo, mais ça fait son intérêt. Et le type est vraiment fascinant. J'ai pensé aussi à Philip Roth. Me demandant si c'est un livre pour le groupe lecture, je l'ouvre à moitié.
Manuel
J'ai trouvé la lecture laborieuse, ce n'est pas facile à lire. La traduction ne me semble pas très bonne.
Je me suis beaucoup arrêté sur des choses concernant les nazis que je ne connaissais pas et je suis allé alors sur wikipédia. Certains passages ne doivent pas être très faciles à traduire ceux qui sont écrits en yaku, avec des phrases qui ne sont que des mots japonais.
Pour moi, c'est bien un bouquin pour le groupe lecture car il y a vraiment une recherche.
J'ai beaucoup aimé la postface. Je n'avais pas vu que le bijou permettait d'aller dans l'autre monde.
Et contrairement à Claire, j'aime beaucoup la biographie de Carrère.
La lecture est laborieuse parce qu'on doit revenir en arrière pour comprendre.
J'ai écouté Carrère à la radio. Philip K. Dick, ce sont plutôt des mondes étrangers. L'homme du haut château, cet auteur, entraîne une mise en abyme. Je vais le relire pour mieux comprendre les personnages. Il y a cet attentat de Roosevelt qui représente le passage à la chronicité. C'est riche car il y a plein de clés, à propos desquelles on rame.

Annick
C'est vrai qu'on apprécie plus si on a eu la postface.

Manuel
Je connais les films Blade Runner, Total Recall, Minority Report, et Carrère montre qu'il y a nombre de films qui ne sont pas tirés de ses livres et qui lui doivent beaucoup. Bref j'apprends plein de choses avec ce livre que je relirai, mais pas tout de suite. J'ai pensé aussi à Citizen Kane avec cette tension concernant Rosebud. Quant à Philip Roth, c'est lui qui fait penser à Dick et non le contraire... J'ouvre aux ¾.
Richard
Je l'ai lu en anglais mais je ne vois pas grand avantage de l'avoir lu en en anglais. L'un des héros est invité à dîner, et là, on parle un anglo-japonais.
Je suis handicapé car vous parlez de la fin et que je n'ai pas eu la patience d'y arriver... C'est laborieux comme dit Manuel.
Dans la science-fiction, on change un paramètre et on en tire toutes les conséquences. Là, avec les mondes parallèles, je perds le fil. J'ouvre à moitié car c'est un livre intéressant. Mais je souligne la difficulté à suivre les différents personnages ; il me faudrait un calepin à côté du livre pour noter qui est qui, et ce qu'il devient.
Renée, de Narbonne
En lisant les 20 premières pages que j'ai trouvées très scolaire, je me suis dit mais dans quoi tu es tombée ? Après, j'ai trouvé ça très difficile. Je n'ai pas lu avant la postface qui m'aurait éclairée.
J'étais intéressée par ce qui concerne l'artisanat, j'ai trouvé ça assez beau. Je suis étonnée que personne ne parle du mal. C'est formidable ce renversement. Du coup je suis allée voir Bataille : le mariage du ciel et de l'enfer.
Il se réfère au Yi King qui est ésotérique ; cela m'a rappelé pendant ma jeunesse Le livre des morts tibétain était à la mode et je m'étais obligé à le lire parce qu'"il fallait avoir lu" ce livre.
J'ai tout lu en ce qui concerne notre livre, mais n'ai rien compris à la conspiration les nazis qui veulent renverser l'empereur : qui est-ce ? J'ouvre au quart pour les idées extraordinaires : d'abord la victoire de l'Axe, puis pour avoir fait évoluer les personnages en jetant des pièces de monnaie. Expérience littéraire inédite (j'avais beaucoup aimé L'homme-dé de Luke Rhinehart).
Geneviève
Je m'y suis mise trop tard, ayant du mal à lâcher un polar sud-africain : du coup, je n'en ai lu que soixante pages, et pour le moment, j'accroche bien alors que j'ai le souvenir d'avoir essayé sans succès il y a très longtemps, sur la recommandation de spécialistes de science-fiction, qui voulaient me convaincre.
Peut-être les circonstances actuelles y sont-elles pour quelque chose : l'étrangeté de la situation actuelle me rend certainement plus sensible aux uchronies, que j'apprécie par ailleurs, notamment celle de Philip Roth qui imagine Charles Lindbergh, proche de l'extrême-droite, au pouvoir aux États-Unis dans les années 40 ; également un roman de l'auteur et humoriste anglais Stephen Fry (Faiseur d'histoire) dans lequel Hitler n'aurait pas existé.
Certains ont exprimé leur frustration d'un manque de description du système politique engendré par la situation imaginée. Ce n'est pas mon cas, j'apprécie d'avoir le point de vue de gens ordinaires qui expriment leur perception de leur rapport aux cultures dominantes, ici la culture japonaise et, si l'on peut dire, la "culture nazie". C'est toute la question du "soft power" et de son impact sur la vision du monde. Je trouve par exemple assez étonnante cette histoire de trafic d'"artefacts" et de recherche de l'authenticité d'une culture que l'on a pourtant voulu éradiquer. Et c'est toujours une question d'actualité avec le passage de la domination américaine à celle des pays d'Asie, Chine et Japon qui fascinent les jeunes Européens actuellement.
Je l'ai lu en anglais, je ne crois pas que cela fasse de véritable différence, contrairement au cas des romans américains où est transcrit par exemple le discours afro-américain.
Je suis d'accord avec le fait qu'il s'agit d'une véritable expérience de lecture, souvent déconcertante.
Finalement, n'en ayant lu que soixante pages, je ne peux pas me permettre de l'ouvrir plus qu'à moitié, mais j'ai bien l'intention de le terminer.
Séverine G
Je suis assez d'accord sur la pertinence de ce livre aujourd'hui avec la question de réalités parallèles, des vérités alternatives.
Je vais lire un extrait à ce sujet

"Nous vivons dans un monde psychotique. Les fous sont au pouvoir. Depuis quand en avons-nous la certitude ? Depuis quand affrontons-nous cette réalité ? Et... combien sommes-nous à le savoir ? Lotze l’ignore, lui. Peut-être n’est-on pas fou quand on sait qu’on est fou. À moins qu’on ne devienne finalement sain d’esprit. En se réveillant. Sans doute peu de gens en sont-ils conscients. Quelques-uns, çà et là, perdus dans la masse. Mais la masse elle-même... qu’en pense-t-elle ? Les centaines de milliers d’habitants de cette ville. S’imaginent-ils vivre dans un monde sensé... ou devinent-ils, entrevoient-ils la vérité ?
Mais que signifie ce mot de fou ? Quelle en est la définition légale ? Quel sens a-t-il pour moi ? J’ai une intuition, une impression, mais de quoi s’agit-il au juste ?
De quelque chose... quelque chose qu’ils font ; qu’ils sont. Leur inconscience. Leur méconnaissance de l’autre. Leur cécité face à ce qu’ils lui infligent, face à la destruction qu’ils ont provoquée et qu’ils persistent à provoquer."

J'avais lu d'Éric-Emmanuel Schmitt La part de l'autre, qui est aussi une uchronie : et si Hitler avait réussi son examen aux Beaux-Arts ?
Ce livre de Philip K. Dick m'a apporté un rafraîchissement par rapport à d'autres livres que je lis.
Passé les difficultés du début, j'ai lu facilement, avec ces personnages qui s'entrecroisent. La répartition géographique m'a paru claire. Mais comme dit Lisa, on aimerait en savoir plus.
C'est un livre prenant, je l'ai lu presque d'une seule traite. Je suis passé à côté à côté du fait que M. Tagomi accède à une autre réalité. J'ai aimé la référence au Yi King, qui est une fascinante contrainte d'écriture. La femme m'a moins plu, Juliana je n'y ai pas cru ; cette rencontre avec l'auteur n'est pas crédible.
Merci pour ce choix. J'ouvre aux ¾ parce que la réalité n'est pas assez creusée et la fin pas terrible.

Brigitte
J'étais là pour vous souhaiter de bonnes fêtes.
Je ne l'ai pas lu et, non, je n'ai pas envie de le lire. J'ai bientôt choses à lire mais je suis contente de vous voir et entendre.

Claire
Ignare, j'ai trouvé quelques repères sur la science-fiction qui regroupe 4 sous-genres : l'uchronie (que se serait-il passé si... ?), le roman d'anticipation ou dystopie souvent "engagé" et ne s'appuyant pas forcément sur des innovations scientifiques (1984, Fahrenheit 451), le roman post-apocalyptique (le monde est ravagé par une catastrophe planétaire, des humains essaient de survivre, comme dans La route que nous avions lu) et le space opera avec tout le folklore de la science-fiction (voyages spatiaux)... La fantasy peut flirter avec la science-fiction, apportant des éléments magiques, des êtres surnaturels.

Manuel
Tolkien !

Claire
Ce qui m'a intéressée, comme lorsque nous avions lu Le Hobbit que je n'avais absolument aimé, mais étais très contente de connaître, c'est découvrir aussi les mondes de l'auteur (en plus on avait vu une superbe expo à la BNF) et le monde des amateurs érudits dans le domaine.

Françoise
Je voudrais citer une autre uchronie : Civilizations de Laurent Binet. Christophe Colomb n'a pas découvert l'Amérique et les Incas débarquent dans l'Espagne de Charles Quint et de l'Inquisition. J'ai trouvé l'hypothèse assez jouissive.

David
Pour ma part, j'évoquerai dans un domaine différent La Horde du Contrevent d'Alain Damasio et je m'apprête à lire Expiration de Ted Chiang.
Nathalie R (qui transmet son avis de Nantes sans avoir lu aucun avis)
iDe quelle façon peut naître un retournement de situation ? Pourquoi certains livres nous tombent-ils des mains alors qu'on donnerait n'importe quoi pour faire partie de ceux et celles qui encensent l'auteur et son œuvre ? Quand le wu et le wabi se télescopent ! L'entrée dans le livre a été terrible, j'avais beau essayer, je n'arrivais pas à lire plus d'une demi-page, tant ma difficulté à m'intégrer dans le fil de l'histoire était élevée. La lectrice que je suis n'arrivait pas à dépasser le premier degré : difficile d'accepter de lire des mots comme "youpin", "chinetoque", de ne pas être dérangée par la mise en place de rapports hiérarchiques (noirs, japonais, blanc, pinoc, hommes/ femmes…). Des passages entiers sont restés complètement obscurs (je lisais comme si je lisais une autre langue dont je ne maîtriserais pas la fluidité), je ne saisissais pas la complexité du propos.
Quand l'heure est arrivée de participer à notre échange, j'étais encore à la moitié du livre. Et pourtant, impossible de l'abandonner ! Je me suis couchée avec tous les soirs, bien décidée à le finir ! Je reste persuadée aujourd'hui, que ce roman nécessite une double lecture à la façon des nouvelles à chute. Une double lecture pour en savourer la complexité et l'originalité, la finesse. En vérité, je suis très contente d'être arrivée au bout de ce roman. J'aime la façon dont les personnages s'ancrent alors qu'au tout début, ils m'ont semblés complètement flous. Ce livre pourrait être un tableau pointilliste qu'on ne peut apprécier qu'en variant les distances et les points de vue. J'ajouterai que la lenteur de la lecture me semble être également un plus. En ce qui concerne l'intrigue et l'aspect ellipsoïdal de l'œuvre, j'ai trouvé cela intéressant, mais peut-être cela nécessite-t-il une éducation à l'uchronie (ce que je ne possède pas). Et j'ai particulièrement aimé le propos sur l'art, son intérêt et son apport (dans le bien-être, l'équilibre). Tant qu'aux personnages les plus importants, le jeune couple de Japonais m'a fait penser dans une certaine mesure à celui des Choses de Perec.... J'ai été attendrie par le personnage de Monsieur Tagomi qui me semble un des personnages le plus "humain" et je rêve encore du fantasme de la robe bleue à porter avec ou sans soutien-gorge ! Le procédé de la voix intérieure a bien fonctionné pour moi et je suis curieuse d'aller voir la traduction du Yi King (lien donné dans la postface collection J'ai lu) afin de savoir la suite de ce confinement !
Bref, en vérité j'ai aimé ce livre ! Merci Etienne.
Séverine V
Voici ENFIN mon avis sur Le maître du Haut château.
Alors, je dois dire que ma lecture a été très hachée en ce mois de décembre et cela ne m’a guère aidée à entrer dans le livre… quand je reprenais, je ne savais plus trop ce que j’avais lu et comme nous sommes dans la science-fiction, il faut suivre un minimum pour comprendre ce qui sort de l’ordinaire… cela ne m’a toutefois pas empêchée de vouloir poursuivre et d’en savoir plus sur ce livre intriguant. Même si je ne suis pas sûre d’avoir tout compris à cette histoire sans queue ni tête, j’ai été portée par ses personnages plutôt intéressants, l’imagination folle pour inventer un truc pareil… et surtout l’envie de savoir qui était ce maître du Haut château ! L’idée du livre dans le livre qui raconte en fait ce qui s’est vraiment passé et que ce que vivent les personnages n’est pas la réalité est assez folle… Moi qui ai une mauvaise mémoire, je pense que je vais garder en tête les personnages et certaines scènes : le magasin de fausses antiquités, les deux en train de fabriquer les bijoux, les scènes avec le couple japonais… Je trouve que c’est assez visuel. Bref, je reste convaincue que ce livre mal foutu a tout de même quelque chose qui en fait un roman à part et qui mérite probablement l’intérêt qu’on peut lui porter. Ça me donne en tout cas envie de creuser sur cet auteur et de lire Ubik. Ceci dit, je vais l’ouvrir à moitié.


Synthèse des AVIS DU GROUPE BRETON
réuni par zoom le 17 novembre 2020
rédigée par Yolaine (suivie des avis détaillés)

Les cotes d'amour du groupe breton
Édith Jean Marie-Odile 
EntreetChantalSuzanne Yolaine

Au premier abord, la difficulté à entrer dans le livre été une expérience collective, novices que nous sommes tous avec l'univers de la science-fiction. Novices et méfiants, voire allergiques pour certains. Sauf qu'il ne s'agit pas vraiment de SF au sens où nous nous la représentions (bien que ce roman ait reçu en 1963 le prix Hugo de la World Science Fiction Society), mais d'uchronie, puisque le monde dans lequel évoluent les personnages de Dick ressemble méchamment au nôtre. Mais est-ce bien différent ? Dans les deux cas, on doit accepter de ne rien comprendre aux premières pages. La fiction historique nous décrivant un monde où le Troisième Reich a gagné la Seconde Guerre mondiale, où les nazis sont soit vivants soit meurent dans leur lit, et où les Japonais et les Allemands se sont partagé les États-Unis d'Amérique, séparés par un no man's land, brouillent un peu les repères du lecteur passablement déstabilisé.
Il faut ensuite se plonger sans déprimer dans une atmosphère glauque, d'où la beauté et l'espoir semblent absents. On ne peut guère se raccrocher aux personnages, fades, insignifiants. Ce ne sont pas des super héros mais des gens ordinaires, des dominés et des perdants (même quand ils sont placés assez haut dans la hiérarchie sociale comme Tagomi) qui ne paraissent pas avoir de lien les uns avec les autres, mais possèdent une caractéristique commune : ils ont tous peur.
Pour ceux qui se sont perdus dans ce labyrinthe sans fil d'Ariane, mais qui n'ont pas été suffisamment terrassés par l'ennui pour abandonner, la poursuite de la lecture a toutefois permis de discerner une construction complexe, à l'image d'un puzzle dont le paysage se précise progressivement, ou, pour reprendre la comparaison de Chantal, d'un arbre dont les personnages seraient les branches. Certains interagissent au fil de leur aventure, comme Juliana avec Joe et Frank Frink, ou l'antiquaire Robert Childan avec Frink et Tagomi, ce qui donne un zeste de suspense à la narration. Mais ils sont dépourvus de chaleur humaine et d'émotions, même quand ils font l'amour ou s'entretuent. Il ne se passe rien et la fin est décevante.
Nous nous sommes tous penchés sur la documentation fournie par le site de la voix au chapitre, et avons été impressionnés par la biographie de l'écrivain, surdoué, drogué et torturé, mais nous sommes alertés sur la nécessité de distinguer l'auteur et l'œuvre, et le risque de sombrer corps et âme dans le délire paranoïaque de Dick était trop grand.
Nous observons deux types de réactions divergentes : le rejet de ceux qui pensent que ce n'est pas de la vraie littérature, que ce n'est pas "sérieux", ou qu'il s'agit d'un exercice purement intellectuel, qui n'a rien à voir avec la réalité. C'est probablement la perception qui a dominé du vivant de Philip K. Dick.
Au-delà de la difficulté d'accès à cette écriture, il y a toutefois un questionnement métaphysique, peut-être même mystique, symbolisé par Le poids de la sauterelle et sa référence évidente à Moïse et à la Bible. On peut se moquer du rôle du Yi King, livre ancestral chinois, qui sert de bouée de sauvetage à tous les héros de cette délirante histoire. Mais le questionnement du réel et la mise en perspective de la pluralité des univers parallèles et des réalités, difficile à concevoir, mais aujourd'hui appréhendée par le monde scientifique, et pressentie de façon obsessionnelle par Dick, donne une unité et une profondeur à son œuvre. Pour ceux à qui cette quête philosophique a donné le frisson et fait ressentir un vertige cosmique, il faudra aller plus loin dans la connaissance de ce Jules Verne du XXe siècle.
Marie-Odile

J'ai sans doute lu cette uchronie complexe sans posséder les outils nécessaires pour l'apprécier pleinement. (La lecture de Civilizations de Laurent Binet, qui lui aussi modifie l'histoire, m'avait été beaucoup plus aisée.)
J'aurais aimé qu'on me donne pour faciliter ma lecture une carte représentant les dominations en place dans ce roman. Qu'on me délimite matériellement les zones occupées par Allemands, les Japonais, etc.
J'aurais aimé aussi qu'on me donne une chronologie simple des événements réels de la seconde guerre mondiale et de l'après-guerre, et en parallèle des événements de la même période qui sont du ressort de la fiction de ce roman, et encore des événements de la même période appartenant au Poids de la sauterelle. Bref, vous l'aurez compris, j'ai eu du mal à m'y retrouver et quand je dis que je n'ai pas tout compris c'est une litote. Bien sûr, j'aurais pu faire moi même ce travail, mais, si j'aime les livres qui résistent, j'aime aussi parfois que l'auteur, ou l'éditeur, prenne soin de son lecteur, fût-il inculte comme moi…
Cette dystopie m'a néanmoins paru intéressante dans la mesure où elle parle de ce qui est arrivé, de ce qui n'est pas arrivé et de ce qui aurait pu arriver, bref, du vrai et du faux en ce qui concerne l'histoire, mais aussi les personnages (dont plus d'un cache son identité) et les objets (ceux qui ont un historicité et ceux qui n'en ont pas). Bref, il faut se méfier des imitations à tous les niveaux !
J'ai bien aimé la présence du livre dans le livre et cet énigmatique maître du Haut Château.
J'ai pensé à Fahrenheit 451, à la nuance près qu'ici, à part Le poids de la sauterelle partout interdit, certaines populations ont le droit de lire, d'autres non ! En cela comme sur beaucoup d'autres plans, les rapports humains sont d'une extrême violence (domination, racisme, esclavage, exploitation dans un monde d'où l'idée même de bonheur semble totalement absente…)
Aucun personnage n'a particulièrement retenu mon attention, ils sont plus des représentants de telle ou telle "nation", fonction, que de véritables personnages romanesques.
J'ouvre ¼ ce texte qu'au bout de quelques chapitres j'ai simplement survolé avant d'abdiquer et de le refermer définitivement à la page 248 (qui n'y est pour rien !).
Édith
J'attends beaucoup de la discussion. Je remercie à nouveau Voix au chapitre qui m'a donné un coup de pied pour lire un livre qui m'aurait rebutée. Je savais par mon fils qu'il s'agissait d'un monument et j'étais a priori impressionnée.
J'ai lu des documents, écouté des émissions et me suis forcée à le lire.
Des passages m'ont intéressée, notamment ceux avec Juliana, ainsi que le bijou de M. Tagomi. J'ai eu un mal de chien à entrer dans le livre. Ces histoires de nazis ne m'ont pas passionnée. Le Yi King en tant qu'oracle, c'est intéressant. La sauterelle, je n'ai pas compris.
Le personnage de l'auteur, humainement parlant, est plus intéressant pour moi que le texte. C'est l'éducatrice qui a beaucoup travaillé dans le domaine de la folie qui parle... Tous les commentaires m'ont paru passionnants. J'ai l'intention de lire la biographie de Carrère. Je n'ai pas été très intéressée par le livre, mais très intéressée par tout ce qui est autour.
Je suis contente de l'avoir lu et j'en parlerai avec mon fils, maintenant que j'ai découvert ce qu'est une uchronie. Mais le livre n'est pas une révélation.
Chantal, entreet 
Le livre de Carrère est le livre d'un barré sur un mec encore plus barré, donc ça peut pas le faire. J'ai écouté les émissions de France Culture : il est né prématuré à 6 mois avec une jumelle (=>30% de problèmes psychiques dans ce cas), fut drogué aux amphétamines, etc.
Pour moi, ce fut une lecture expérimentale. Ma petite fille me dit qu'uchronie et science-fiction ça n'a rien à voir ! La lecture a été très fatiguante, mais j'étais curieuse. C'est très difficile de s'orienter dans ce labyrinthe, j'ai fait un schéma, avec un tronc qui relie les personnages que sont les branches avec leur vie, dans ce fait historique faux. Le tronc commun est fait de deux livres : le Yi-King et Le poids de la sauterelle.
Ils ont tous peur : l'un car il est juif, l'autre craint l'occupant japonais, les autres des nazis... Ils dissimulent, ils jouent un rôle. Ce qu'ils ressentent est en italique. Ils cherchent à trouver un sens.
Il paraît qu'est présente dans tous ses livres la question "qu'est-ce que la réalité ?" Chacun a sa réalité. Dans notre propre contexte, quelle est la réalité ? Dans le livre, il y a des faux, l'historicité est recherchée.
La femme de Dick l'a expédié au fond du jardin pour écrire. Elle fait des bijoux. Le bijou est le symbole de l'art. Et dans ses livres, il y a paraît-il toujours un aspect manuel, si on ne sait pas ce qu'est le réel. Par l'art, on peut trouver un sens..
J'ai trouvé touchants certains des personnages, notamment M. Tagomi. Le livre Le poids de la sauterelle renvoie au passage de la Bible où Moïse menace le pharaon d'une invasion de sauterelles s'il ne laisse pas passer les Juifs.
France Culture m'a donné envie de lire des nouvelles, que je pourrais plus tard lire avec mon petit-fils.
Je suis contente d'avoir découvert plein de choses avec ce livre. J'ouvre entre ½ et ¾.
Suzanne
, entreet        
Je ne suis pas non plus lectrice de science-fiction et j'ignorais ce qu'était une uchronie.
C'est intéressant de mêler réel et imaginaire. Il y a trois niveaux : nous dans le réel, le réel modifié que vivent les personnages et le livre dans le livre qui le rectifie.
Les pistes sont brouillées comme dans un polar et comme dans un polar, il y a des espions, des faussetés, des codes, des assassins. Et le fameux livre du Yi King (Suzanne le montre à l'écran), consulté par divers personnages comme un oracle, dont certains ne se rencontrent pas.
Ce qui m'a intéressée, c'est cette vision, sous la coupe nazie, d'un monde inégalitaire : on retrouve la bombe atomique, un holocauste en Afrique, de nouveaux essais pour éradiquer les Juifs, l'esclavage, et toujours la suprématie des Blancs.
La postface est intéressante, notamment à propos de la suite du livre qu'a entreprise l'auteure avec deux chapitres : on retrouve Goebbels collectionneur de monstres, évincé, tous en compétition, avec des factions dans le régime allemand.
L'idée du livre est intéressante, mais pas assez consistante (j'en reviens toujours à mon Confiteor, où sont entrecroisés aussi passé et présent...). La fin est tarte : cet homme menacé ne va bien sûr pas recevoir cette femme.
Bref, ce n'est pas désagréable à lire, je ne me suis pas barbée, mais je ne suis pas emballée, pas bluffée.
Yolaine, entreet
Je suis sur la même ligne que Suzanne.
Je suis plutôt impressionnée par le côté intellectuel de l'écrivain.
Au début je n'ai pas compris - j'écoutais le livre en audio. Il n'y a pas de personnage central, et quand on fait une mayonnaise, il faut s'accrocher... J'ai donc commencé une deuxième audition : c'est un puzzle, et qui se met en place au fur et à mesure. C'est joli Chantal, ton image de tronc, de fil conducteur qu'on ne voit pas vraiment.
Je ne connaissais pas vraiment cet auteur, même si j'avais vu Blade Runner. Merci à Voix au chapitre. À la deuxième lecture, c'est assez fascinant. La dimension philosophique est profonde, je me sens petite par rapport à ça (si je ne comprends pas tout, c'est que je ne suis pas assez intelligente...)
J'ai écouté France Culture, mais n'ai pas réussi à tout écouter, c'était parfois barbant, Carrère me gonfle, je ne l'aime pas du tout.
L'histoire de Philip K. Dick est fascinante, étrange. Ceux qui l'aiment disent qu'aujourd'hui on est un peu dans un monde qu'il a parfois décrit. Un scientifique que j'ai entendu dit qu'un peu à la manière de Jules Verne, certaines de ses descriptions sont prémonitoires. Il a une prémonition de la complexité qui nous dépasse. Il ne s'agit pas de science-fiction, car c'est dans notre monde. Il ouvre sur un inconnu qui donne le vertige.
Mais le livre n'est pas facile à lire, et j'ai horreur des histoires de la Seconde Guerre mondiale ; et m'embête l'espionnage politique. Mais le livre est fascinant même sans avoir le qi nécessaire. J'ai envie de lire le livre qui a donné naissance à Blade Runner : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Dick n'est pas quelqu'un d'ordinaire. Je suis frappée par l'intelligence. Le style, lui, est limpide. Et l'histoire est placée dans une construction originale. Et j'ai trouvé les descriptions respectueuses des femmes. Tagomi est invité, il ne faut pas parler politique, une situation qui ne semble pas inconnue aujourd'hui...
Bref, j'ouvre entre ½ et ¾, presque ¾ : j'ai eu beaucoup de mal à le lire, mais c'est extrêmement intéressant.
Jean
Si en 1947 a eu lieu la capitulation des… Alliés, il nous est proposé d'entrer par l'imaginaire dans une nouvelle civilisation, de 1960, où le monde est dominé par les nazis. À partir d'un questionnement sur ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Et passé, présent et futur s'entremêlent sans pour autant des regards croisés venus de l'art, de la science, des récits historiques, de la sociologie.
Des personnages de toutes origines s'y agitent sans se rencontrer. Haut dignitaire japonais, faux industriel, vrai espion, ouvriers, juif.
Pas de fil conducteur. Une fin non finie. Cela aurait pu être passionnant, mais la lenteur du récit et l'absence de fil conducteur fait qu'on s'égare dans un contexte géopolitique fictif et complexe. Avec des si on refait le monde… brillamment dans un style froid.
Le Poids de la sauterelle intervient comme roman dans le roman pour constituer le vrai lien entre tous les personnages. Joe Cinnadella, est chargé d'une mission secrète liée à ce roman où tous les personnages cités vont croiser. Son titre proviendrait d'une citation de l'Ecclésiaste (12:5) : "et les sauterelles deviendront un fardeau".
L'idée originale se dilue dans une abondance d'acteurs qui rend le récit abscons par moment… Dick avait la réputation d'écrire à 2000 à l'heure sous amphétamines.
Présupposé de la métaphore du Poids des sauterelles interdit en zone nazi et la connaissance des spiritualités asiatiques, qui sert d'appui avec ses 64 oracles et hexagrammes, plus précisément Le livre des transformations YI QING, et on n'aborde pas ce livre comme un livre de loisir, si l'on veut en saisir la portée philosophico-intellectuelle.
Le monde imaginaire spécifique à Dick dans tous ses romans est l'uchronie. Cela désigne la possibilité d'un monde alternatif opposable au réel perçu. Le roman est un état des lieux 10 ans après 1945, dans un monde où les Allemands et les Japonais ont remporté la guerre et occupent la planète. L'histoire se passe dans une Amérique dominée à l'est par les Allemands et à l'ouest par les Japonais.
Mais Dick ne se contente pas de créer un monde alternatif à l'histoire telle qu'elle nous est rapportée, mais crée une fiction dans la fiction, une uchronie dans l'uchronie en introduisant un écrivain fictif Hawthorne Abendsen qui, dans son château "imagine" la victoire des Alliés.
L'illusion romanesque est nécessaire pour entrer dans ce livre, qui voudrait donner une définition de la réalité comme frontière entre fiction et réel. Réinventer nos angoisses, faire de la réalité une fable… ? Dick semble que le réel, l'humain sont au-delà de la matière, il défend un matérialisme spirituel qui retrouve le réel par la mise en perspective de la fiction. Logique de la collapsologie, comme délitement plutôt qu'effondrement.


 SUR ET AUTOUR DE PHILIP K. DICK
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La science-fiction c'est quoi au fait ?

 

Repères biographiques
- Né à Chicago en 1928. Le nom de jeune fille de sa mère, Kindred (K.), devient son second prénom. Drame familial : sa sœur jumelle Jane décède quelques semaines après sa naissance dans d'obscures circonstances. Ses parents se séparent, la mère partant avec son fils de 4 ans ; ultérieurement, il décrira sa mère comme froide, cruelle, hypocondriaque, intéressée par l'argent ; cependant, ce n'est pas anodin, son activité professionnelle consistera à réécrire des discours d'hommes politiques. Ce sera une relation fusionnelle/conflictuelle.
- Il joue du piano, dessine. Sa mère l'emmènera chez un psy dès l'âge 13-14 ans. Il lit énormément, tant des pulps de science-fiction que Proust et Joyce. Il commence des études de philosophie, à l'université de Berkeley, qu'il abandonne pour travailler comme programmateur à la radio et dans un magasin de disques. L'agoraphobie qui l'atteint l'empêche de suivre des cours, y compris un atelier d'écriture que sa mère suit à sa place, présentant ses textes...
-
À ses débuts d’écrivain, poussé par sa (déjà !) deuxième femme, Philip Kindred Dick s’intéresse aussi bien à la science-fiction qu’à la littérature générale, mais réalisant que la SF se vend bien à cette époque, il décide de se focaliser sur l’écriture de nouvelles du genre. Ses nouvelles ne rencontrant pas le succès escompté, K. Dick publie son premier roman en 1955 : Loterie Solaire.
- L’échec rencontré par ses livres de littérature "générale" et sa vie privée houleuse (5 divorces, il se retrouve à chaque fois seul, et sans les enfants conçus dans le couple), le conduisent à la dépression. Sa surconsommation de drogues et de stimulants n’arrange rien. Mais paradoxalement, ses nombreux problèmes seront à l’origine de ses ouvrages célèbres : Le Maître du Haut Château (1962) pour lequel il décroche le prix Hugo, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1968) ou encore Ubik (1969).
- Quasiment pauvre toute sa vie, il meurt en 1982 en Californie à la suite d’une attaque cérébrale, sans savoir à quel point ses œuvres vont devenir célèbres. À sa mort, on trouve 8000 pages qui donneront lieu à des publications posthumes.

Pour une bio bien plus détaillée, voir le site Le paradick, inspirée de la biographie américaine qui fait référence, publiée en 1989 aux USA : Invasions divines : Philip K. Dick, une vie de Lawrence Sutin, traduite en 1995 chez Denoël, rééd. Folio 2002.

En option nous avons lu la biographie de Dick par Emmanuel Carrère Je suis vivant et vous êtes morts, publiée en 1993 : il consacre de nombreuses pages à la conception (à partir du Yi King) du roman que nous lisons : on croirait qu'Emmanuel était derrière l'épaule de Phil... (en ligne ICI).

•Œuvres
Philip K. Dick a écrit 44 romans et près de 200 nouvelles.
On peut diviser son œuvre, par commodité, en trois périodes :
- une période d'apprentissage, qui recouvre les années 50
- une période de maîtrise, celle de Docteur Bloodmoney et du Maître du haut château, au début des années 60
- une dernière période à la fin de la même décennie, où, sous l'influence de la drogue, Dick va encore "plus loin" (surtout dans Ubik), mais peut aussi à l'occasion perdre l'essentiel de ses moyens.

On trouve ses livres traduits aujourd'hui chez les éditeurs suivants :
- Gallimard (63 titres)
- J'ai lu (45)
- Denoël (10)
- Joëlle Losfeld (2), Éditions de l'éclat (2)
- 10/18 (1), Cherche midi (1)

•Adaptations
Elles sont très nombreuses, en voici quelques-unes.
Au cinéma
- 1982 : Blade Runner de Ridley Scott, d'après le roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
- 1990 : Total Recall de Paul Verhoeven, d'après la nouvelle "Souvenirs à vendre" (dans Minority Report et autres récits)
- 1990 : Megaville, de Billy Zane, d'après le roman Substance Mort
- 1992 : Confessions d'un barjo de Jérôme Boivin, d'après le roman Confessions d'un barjo
- 1995 : Planète hurlante de Christian Duguay, d'après la nouvelle "Nouveau Modèle" (dans Minority Report et autres récits).
- 1998 : The Truman Show de Peter Weir, d'après le roman Le Temps désarticulé
- 2002 : Minority Report de Steven Spielberg, d'après la nouvelle "Rapport minoritaire"
- 2003 : Paycheck de John Woo, d'après la nouvelle "La Clause du salaire" (dans Paycheck)
- 2003 : Natural City adaptation coréenne, d'après le roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
- 2006 : A Scanner Darkly de Richard Linklater, deuxième adaptation du roman Substance Mort
- 2007 : Next de Lee Tamahori, d'après la nouvelle "L'Homme doré"
- 2011 : L'Agence de George Nolfi, d'après la nouvelle "Rajustement" (dans Souvenir)
- 2012 : Total Recall Mémoires Programmées de Len Wiseman, une deuxième adaptation de la nouvelle "Souvenirs à vendre"
- 2016 : Passengers de Morten Tyldum d'après la nouvelle "Le voyage gelé"
- 2017 : Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve, deuxième adaptation du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?

Séries

- 2015 : Minority Report, série télévisée américaine de science-fiction en dix épisodes créée par Max Borenstein d'après la nouvelle Rapport minoritaire, diffusée en France en 2017
- 2015 : The Man in the High Castle, une série produite par Ridley Scott pour la plateforme VOD d'Amazon d'après Le Maître du Haut Château - Bande-annonce ici
- Voir les commentaires détaillés sur la série dans Le Monde et le site français de la série ICI (10 épisodes) - Voici dans le cadre de la promotion de la série le métro de New York décoré sur le thème du Maître du Haut Château... :


• Radio (en commençant par les plus récentes émissions, de ce mois voire de ce cette semaine !) Elles sont nombreuses (même une nuit de 5 heures d'émission... sur France Culture).
- "Philip K. Dick, le XXIe siècle dans l’imaginaire de la SF", Intelligence Service, France Inter, par Jean Lebrun, avec Audrey du groupe Voix au chapitre à la réalisation, 26 décembre 2021, 47 min.
- Une série de 4 émissions sur Philip K. Dick, La Compagnie des œuvres, France Culture, par Matthieu Garrigou-Lagrange, du 14 au 17 décembre 2020 : 1/4 "L'épuisante vie de Philip K. Dick" avec Etienne Barillier, auteur du Guide Philip K. Dick - 2/4 "Philip K. Dick ou le pouls de l'Amérique", avec Laurent Queyssi, responsable de l'édition des deux volumes des Nouvelles complètes (Quartuo Gallimard) - 3/4 "K.Dick notre contemporain", avec Ariel Kyrou, journaliste et auteur de Abc Dick et co-réalisateur du documentaire Les mondes de Philip K. Dick - 4/4 "K. Dick a gagné", avec Emmanuel Carrère, auteur de Je suis vivant et vous êtes morts.
- "Philip K. Dick dans les mots d’Emmanuel Carrère", France Culture, 20 novembre 2020, 45 min : à voir et entendre sur youtube ou à entendre seulement sur France Culture dans les Matins.
- "Philip K. Dick au crible de l'histoire", La Fabrique de l'histoire, France Culture, par Emmanuel Laurentin, 3 février 2016, 52 min : lecture du roman uchronique Le maître du Haut-Château par deux historiens Nicolas Patin et Michael Lucken.
Voici la carte des USA d'après le roman :

- Philip K. Dick, de la mystification à la psychose : des réalités malmenées (1928-1982), Toute une vie, France Culture, par Martin Quenehen, 30 août 2015, 58 min. Rediffusion de l'émission Une vie, une œuvre du 3 janvier 1991.
- Nuit spéciale Philip K. Dick, France Culture, 19 février 2012, 5h 28, en compagnie de Philippe Hupp qui fit sortir Dick d'Amérique (voir ci-dessous à Metz). On peut entendre une mise en ondes de d'Henri Soubeyran du roman Le maître du Haut Château adapté par Catherine Bourdet du 23 octobre 1976.

• Vidéos
- Philip K. Dick : Un classique iconoclaste, 6 avril 2016, 10 min
- Philip K. Dick l'écrivain visionnaire, documentaire, Mystere-TV, 22 septembre 2013, 43 min
- Les mondes de Philip K. Dick, de Yann Coquart et Ariel Kyrou, Arte, 2015, 56 min (documentaire encensé par Le Monde, 22 février 2016) : on entend deux de ses biographes Anthony Peake, auteur de Philip K. Dick l'homme qui changea le futur et Gregg Rickman auteur de Philip K. Dick in his own words, ainsi que son psychothérapeute Barry Spatz et sa dernière femme Tessa Dick.
- "Une soirée dans les mondes de Philip K. Dick. Sommes-nous des Hommes-Machines ?", 16 février 2016, une table ronde au Collège des Bernardins avec Ariel Kyrou, co-auteur du documentaire Les Mondes de Philip K. Dick, Milad Doueihi, co-directeur de la Chaire des Bernardins, Catherine Dufour, auteure de science-fiction, et Pascal Picq, paléoanthropologue, maître de conférences au Collège de France, 55 min
- Une interview lors de la seule venue de Philip K. Dick en France à Metz en 1977 pour une conférence culte chez les groupies : "
Philip K. Dick Interview" : passionnant ! 21 min (sous-titrages en français)

Le Festival de science-fiction de Metz s'est tenu chaque année de 1976 à 1986. L’organisateur Philippe Hupp, alors étudiant, rend visite à Philip K Dick à Los Angeles, et le persuade d’être l’invité d’honneur du deuxième festival international de science-fiction de Metz.
Philip K Dick a voyagé une fois en dehors du continent américain et ce sera pour venir à Metz.
Il fait
une conférence le 24 septembre dans le salon de l’Hôtel de Ville en anglais et traduite simultanément en français intitulée "Si vous trouvez ce monde mauvais, vous devriez en voir quelques autres" où il parle de mondes parallèles. Il affirme que la réalité dans laquelle nous vivons a été reprogrammée.

Son biographe, Lawrence Sutin, rapporte dans son livre Invasions divines : Philip K. Dick, une vie : "Il fut enchanté par la beauté architecturale de la ville, se délecta de la cuisine et des vins française". Un an plus tard, dans sa préface à Dédales démesurés, Philip K Dick écrit : "Ce fut la plus belle semaine de ma vie. Je pense que là-bas, à Metz, je fus réellement heureux pour la première fois de mon existence… non parce que j’y étais célèbre, mais parce que toutes les personnes présentes étaient tellement enthousiastes !"

On peut visionner sur le site du CNRS la conférence de Philip K. Dick le 24 septembre 1977, dans un salon de l'hôtel de ville à Metz, film de Yves Breux et Francis Luxereau, 42 min.

• Articles (un choix réduit de 1970 à 2020)
- Jacques Goimard, fut un critique et universitaire spécialisé dans la science fiction ; critique de science-fiction au Monde dans les années 1970, il appartint à l'équipe de la revue Fiction : c'est lui qui rend compte à sa sortie en France du Maître du Haut château, dans le Monde, avec une introduction précautionneuse qui montre la place de ce genre : "L'Amérique, terre de cauchemar", par Jacques Goimard, Le Monde, 13 juin 1970
- Quatre romans de Philip K. Dick, par Jacques Goimard, Le Monde, 27 septembre 1973
- "Interview de Philip K. Dick" par Bernard Stéphan et Raymond Milési, septembre 1977, publiée dans Fiction n° 30, 1980
- "Le cas Dick", par Geneviève Brisac, Le Monde, 1er octobre 1993 : compte rendu de la biographie d'Emmanuel Carrère.
- "Total reprint", par Frédérique Roussel, Libération, 11 avril 2012
- La sortie chez Gallimard de deux énormes tomes de nouvelles entraîne en 2020 quantité de presse sur Philip K. Dick, par exemple 5 pages dans L'Obs du 3 décembre 2020 ou encore "Les 120 mondes vacillants de Philip K. Dick", par Sébastien Omont, En attendant Nadeau, 16 décembre 2020.

•Des sites sur Philip K. Dick
- américains : philipkdick.org ou Thephildickian.com
- site bibliographique bilingue The Philip K. Dick Bookshelf
- français : Le paradick, site animé par Gilles Goullet, traducteur
- français : Le dickien, animé par Etienne Barillier, professeur, auteur de Le guide Philip K. Dick

•Traduction
- La première traduction de Jacques Parsons date de 1970, dans une édition qui comporte deux romans Docteur Bloodmoney et Le Maître du Haut Château (éd OPTA, coll. Club du livre d'anticipation). Elle est ensuite publié en édition J'ai Lu, en ligne ici. C'est un traducteur professionnel d'ouvrages de science fiction ; voir la liste de ses traductions. Il a également traduit des nouvelles (Ne pas se fier à la couverture).

- La deuxième traduction est de Michelle Charrier, vraiment spécialisée dans la science-fiction, qui s'est imposée dans ce domaine : voir la liste de ses traductions. Elle été récompensée par le Grand Prix de l'Imaginaire à deux reprises, en 2009 et 2020 pour ses traductions.
Potin : la traductrice, vit avec un traducteur de science-fiction (voir interview de celui-ci).

- Comparaison entre le texte original et les deux traductions
1962
1970
2012
For a week Mr. R. Childan had been anxiously watching the mail. But the valuable shipment from the Rocky Mountain States had not arrived. Depuis une semaine, Mr R. Childan guettait avec anxiété l'arrivée du courrier. Mais la précieuse expédition en provenance des États des Montagnes Rocheuses n'était toujours pas là. M. R. Childan avait beau scruter son courrier avec anxiété depuis une semaine, le précieux colis en provenance des Rocheuses n'arrivait pas. (voir la suite)
Et le titre de ce livre important dans le récit...
The Grasshopper
Lies Heavy
La sauterelle pèse lourd
Le Poids de la sauterelle

- Interview d'Hélène Collon traductrice de Dick depuis 1994 et qui a dirigé l'ouvrage Regards sur Philip K. Dick (voir liste de ses traductions: "L'écriture de Philip K. Dick décryptée par sa traductrice historique", propos recueillis par Lloyd Chéry, Le Point, 10 octobre 2017.

•La science-fiction c'est quoi au fait ?
La science-fiction est un genre narratif aux formes diverses (romans, nouvelles, BD, films) où quatre "catégories" ou "sous-genres" peuvent être identifiés :
- L'uchronie : que se serait-il passé si... ? À partir d'une hypothèse, on refait l'histoire, et on invente un monde alternatif. C'est le cas du Maître du Haut Château.
- Le roman d'anticipation ou dystopie : il se passe parfois de la science, prenant ses racines dans notre présent et n'extrapolant pas très loin : le roman d'anticipation peut souvent être assimilé à de la littérature "engagée" (1984, Le Meilleur des Mondes, Fahrenheit 451)
- Le roman post-apocalyptique : genre souverain de la science-fiction, avec un monde ravagé par une catastrophe planétaire suite à laquelle des humains essaient de survivre.
- Le space opera répond à la définition classique de la science-fiction, s'appuyant sur d'hypothétiques progrès techniques en matière de voyages spatiaux, colonisation spatiale et tout ce qui s'ensuit... La fantasy qui a pour ancêtres les contes de fées ou les mythologies peut flirter avec un univers de science-fiction avec des éléments magiques, des êtres surnaturels.

Un dernier regard sur Philip K. Dick...

 

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
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