|  Extrait de 
        Babelio
  Quatrième de couverture (éd. 
        Zulma, 2013) : 
        "Les étranges divagations d'un polyglotte 
        érudit, Budaï, qui quitte les rives du Danube et croit s'envoler 
        pour Helsinki afin de participer à un congrès de linguistique. 
        Hélas ! à la suite d'une erreur d'aiguillage, son avion 
        atterrit dans une ville peuplée d'allumés qui parlent un 
        jargon incohérent, parfaitement inintelligible. Sommes-nous aux 
        portes de Babel ? Sans doute. Quant au malheureux Budaï, il 
        en perdra son latin : on dirait un petit frère de Zazie égaré 
        au pays des Houyhnhnms chers à Jonathan Swift. Épatant."
 (André Clavel, L'Express)
 Un roman culte traduit dans une vingtaine 
        de langues. »  Quatrième de couverture 
        (éd. Denoël, 2005) : 
        "Un linguiste nommé Budaï 
        s'endort dans l'avion qui le mène à Helsinki pour un congrès. 
        Mystérieusement, l'appareil atterrit ailleurs, dans une ville immense 
        et inconnue de lui. Surtout, la langue qu'on y parle lui est parfaitement 
        inintelligible. Ni la science de Budaï  il maîtrise 
        plusieurs dizaines de langues  ni ses méthodes de déchiffrement 
        les plus éprouvées ne lui permettent de saisir un traître 
        mot du parler local. Tandis qu'il cherche désespérément 
        à retrouver sa route, le mur d'incompréhension se resserre. 
        Sous les apparences familières d'une grande cité moderne, 
        tout paraît étrange et inhumain. Au plus profond de l'incommunicabilité, 
        Budaï fait un séjour en prison, connaît des amours éphémères 
        et participe même à une insurrection à laquelle il 
        ne comprend décidément rien.
 Cauchemar oppressant et férocement drôle, Épépé 
        réveille en nous la plus forte des hantises : devenir étrangers 
        au monde qui nous est le plus familier."
 Couvertures d'éditions étrangères : 
  
 Autres livres traduits en français :
  
 
           
   |  | Ferenc Karinthy (1921-1992)Épépé (1970)
 
Nous avons lu ce livre en 2017 (octobre 
        pour les groupes parisiens et novembre pour le groupe breton). La préface 
        d'Emmanuel Carrère : ICI. 
        Sur l'auteur et son uvre, voir ci-dessous 
        quelques 
        repères biographiques 
        et une petite revue de presse.
 
 Annick L J'aurais beaucoup aimé être là ce soir pour vous entendre 
        parler de cet ovni d'autant que cette lecture m'a "perturbée" ! 
        Je vous lirai donc avec une attention redoublée
 Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi perplexe pour donner mon 
        avis sur un livre
 j'éprouve une grande admiration pour cette 
        uvre littéraire remarquable qui met en place une mécanique 
        narrative impitoyable de laquelle le personnage principal, ne peut que 
        sortir broyé. L'auteur construit avec talent tout un monde parfaitement 
        crédible, avec plein de détails concrets, à partir 
        de cette mégapole inhumaine fourmillante d'activité humaine. 
        Cela m'a fait penser à certains romans dystopiques qui créent 
        de toutes pièces des sociétés totalitaires dans lesquelles 
        les citoyens sont condamnés à devenir de purs rouages du 
        système. Heureusement qu'il y a un épisode de révolte 
        à la fin, vite réprimé ceci dit (l'insurrection hongroise ?). 
        Donc j'admire l'uvre !
 Mais je rejette l'épreuve qui m'a été imposée 
        en tant que lectrice. J'étais désireuse, au début, 
        d'éprouver un semblant d'empathie avec ce malheureux Budaï, 
        universitaire pourtant doté a priori des capacités nécessaires 
        pour se repérer dans cette ville inconnue (il a l'habitude des 
        voyages) et pour déchiffrer cette langue nouvelle. Mais j'ai ressenti 
        un malaise grandissant, au fil des épreuves répétées, 
        voire répétitives, du personnage et je m'accrochais au désir 
        qu'il se passe enfin quelque chose qui débloque cette situation. 
        C'était comme un cauchemar éveillé. Au bout de 100 
        pages je n'en pouvais plus, alors au bout des 285 pages
 je commençais 
        à en vouloir à ce sinistre Budaï et je me suis sentie 
        très soulagée qu'il disparaisse enfin au fond d'une rivière.
 Ce fut pour moi un long parcours, une lecture survol, ménagée 
        de pauses fréquentes. Je préfère donc ne pas donner 
        d'avis.
 Séverine 
        (avis transmis)
   J'ai commencé ce livre le premier jour de notre voyage 
        en Grèce. En lisant la première page, j'ai de suite 
        pu m'imaginer à la place du narrateur : ayant dormi durant 
        le vol, j'ai pu me projeter sur ce que pouvait avoir de totalement déroutant 
        le fait de se réveiller dans un pays étrange
 même 
        si la Grèce n'est pas étrange mais plutôt passionnante !
 J'ai trouvé le sujet intéressant et je me suis donc plongée 
        avec grande envie dans ce livre, mais je dois dire que je me suis vite 
        essoufflée : il faut attendre trop longtemps (plus de 150 
        pages) pour qu'il y ait un rebondissement, une fois la surprise du lieu 
        inconnu passée
 et nombre de faits nouveaux sont concentrés 
        en fin de roman (historie d'amour, révolte, etc.) J'ai eu le sentiment 
        que ça n'avançait pas, qu'on était dans un effet 
        de répétition. Certes ce rythme peut correspondre à 
        son avancée progressive dans ce nouveau monde et à sa lente 
        appropriation d'une situation nouvelle, mais en termes de plaisir de lecture, 
        je dirais que cela a suscité chez moi de l'ennui. Je n'ai pas apprécié 
        non plus les passages sur les recherches linguistiques qui m'ont paru 
        trop artificielles et n'apportant finalement rien à l'histoire. 
        Qu'il ait été linguiste ou non ne changeait finalement rien
 La préface d'Emmanuel Carrère que je n'avais pas dans mon 
        édition a confirmé certaines des hypothèses que j'avais 
        sur ce fameux monde : un monde totalitaire, un monde où l'on 
        n'est pas compris quand on est hors norme, etc. Mais j'avoue ne pas saisir 
        la passion, et d'Emmanuel Carrère, et de l'éditeur pour 
        ce roman (en 4e de couverture, une citation indique que ce roman pourrait 
        figurer aux côtés du Procès et 1984
 
        ça me paraît un peu exagéré), qui pour moi 
        aurait gagné à être beaucoup plus court car en soi 
        le sujet est intéressant mais il est trop dilué. Une nouvelle 
        aurait, à mon sens, été plus efficace. Bref, je l'ouvre 
        un quart.
 Nathalie R
  Je n'ai pas terminé ce livre. J'y ai mis toute ma bonne volonté 
        et j'ai essayé à plusieurs reprises. Ce livre m'a complètement 
        angoissée, je l'ai trouvé très anxiogène et 
        ne m'a pas fait rire du tout. J'ai été incapable de le prendre 
        au second degré. Le personnage principal ne m'amuse pas, le propos 
        ne m'amuse pas, la société qui y est montrée non 
        plus. Peut-on considérer cette uvre comme une dystopie ? 
        Doit-on s'en amuser ? Moi je n'ai pas pu ! J'ai pensé 
        à des uvres absurdes comme La 
        moustache d'Emmanuel Carrère paru en 1986 ou alors à 
        un très vieux roman d'anticipation que j'ai lu quand j'étais 
        jeune qui m'avait également beaucoup marquée.
 Ce livre m'a exaspérée, je ne lui trouve aucun intérêt. 
        Je suis allée voir la fin du roman (j'en ai lu 110 pages), mais 
        quand j'ai pris connaissance de la fin c'est devenu pire, un véritable 
        pensum, une véritable souffrance de lecteur (ça me fait 
        penser à des réflexions de jeunes lecteurs quand ils renâclent 
        à accepter de lire une uvre intégralement). Je n'ai 
        pas eu non plus envie de le feuilleter. L'aspect étouffant, minutieux 
        de la situation décrite ne me semble avoir aucun sens, ni symbolique 
        ni métaphorique. Je trouve que notre temps libre est tellement 
        précieux que lui imposer cela est une épreuve injuste. Une 
        torture.
 Le monde décrit est compris en quelques pages, pourquoi en avoir 
        fait un roman ? Le traiter sous forme de nouvelle aurait largement 
        suffi à mon goût.
 (Par contraste, Nathalie parle d'un 
        livre d'Alvaro Mutis que nous avons failli lire à la dernière 
        Semaine lecture...)
 Je le ferme. Peut-être pourrais-je aller voir un psy pour comprendre 
        pourquoi je ne le supporte pas...
 Richard
  Je dis tout de suite... j'ouvre à moitié. L'idée 
        était géniale, croit-on au début de la lecture, mais 
        il faut attendre 2/3 du livre pour que cela avance. Les réflexions 
        du personnage amènent toujours au même point de départ. 
        Il persévère, il est têtu. Hormis le thème 
        original, ce livre pourrait être un mélange de Kafka et Orwell. 
        J'ai repris mes cours de fac à leur sujet et ce n'est pas à 
        son avantage : l'auteur ajoute des touches d'amour et de sexe pour égayer 
        mais cette astuce est trop voyante. La tension dramatique tient dans le 
        fait de savoir comment il va s'en sortir. J'ai eu peur que cela soit un 
        rêve ou qu'il trouve une explication rationnelle  ce serait 
        trop facile. Il aurait pu trouver une issue rationnelle, ce qui aurait 
        été trop artificiel. Il finit par une note d'espoir, cela 
        m'a soulagé. Les explications philologiques sont intéressantes. 
        Je me suis demandé comment j'aurais avancé dans cette même 
        situation...
 Fanny
   Le style simple au présent m'a accrochée. Mais avec un effet 
        soporifique d'ensemble. La description de la ville est bien faite, le 
        décor est bien planté. Mon hypothèse pendant la lecture : 
        il est mort (c'est surpeuplé, on ne sait pas comment les gens arrivent). 
        Il y a une dizaine de pages qui m'ont plu quand il tombe dans la décrépitude 
        (p. 236, 240) : il lâche alors quelque chose de son identité. 
        C'est peut-être une part de plaisir sadique qui m'a fait apprécier 
        ce passage... J'ouvre au quart.
 Monique L
   Je me suis posé des questions sur les traducteurs, certains mots 
        ne correspondant pas au style de l'ouvrage, par exemple "l'homme 
        aux éphélides" pour parler de taches de rousseur...
 Claire (au vocabulaire limité, et ayant justement sauté 
        ce passage)Ah bon...
 Françoise D
  J'ai commencé par la préface. J'adore Emmanuel Carrère 
        et ses références m'ont donné envie. Puis j'ai entamé 
        le bouquin
 aïe aïe aïe. La démarche est intéressante, 
        mais peut-être surtout pour l'auteur
 Il a écrit ce 
        livre au retour du Japon et il était dépressif, c'est peut-être 
        de là d'où est parti ce livre. Il s'agit d'une démarche 
        intellectuelle. Si on considère qu'il s'agit d'un conte fantastique, 
        tout est permis. Mais il y a de nombreuses invraisemblances ; il 
        n'est pas possible qu'il ne se fasse pas comprendre.
 On se perd dans des détails et des descriptions qui n'avancent 
        pas. C'est désespérant, je n'ai eu aucun plaisir de lecture. 
        Le postulat de départ est intéressant, mais ce qu'il en 
        fait est raté. Je ferme le livre.
 Jacqueline
   J'ai trouvé ce livre très intéressant.
 FrançoiseCe n'est pas ce que tu m'as dit avant d'arriver...
 JacquelineDans l'autobus..., j'ai dit que c'était difficile à lire : 
        je n'ai pas peiné car je lis vite, je suis une lectrice qui "avale". 
        J'ai été enthousiasmée par le profil du linguiste, 
        mais j'ai tout de suite perçu des invraisemblances à ce 
        propos, par exemple pour "Pépé" et "Bébé", 
        le mouvement des lèvres (ouvert et fermé) n'est pas le même, 
        c'est impossible de confondre.
 ClaireCe n'est pas qu'il confond, c'est que le langage prononcé est instable.
 JacquelineJ'ai trouvé très intéressant le sentiment causé 
        chez le lecteur. Budaï est dans une impasse, tantôt il laisse 
        couler, tantôt il cherche à s'en sortir. J'ai marché, 
        peut-être en écho à ce que je vis en ce moment... 
        Mais cela fait un livre très pesant et un peu angoissant. Le personnage 
        réagit toujours. Je me suis demandé comment cela allait 
        finir. Il y va de l'espoir à la fin comme des espoirs précédents, 
        mais j'ai envie d'y croire avec lui. Cela me paraît comme une parabole 
        de l'existence humaine. Je relirais volontiers le passage de la manifestation 
        pour y trouver des sens à donner. Je "l'ouvre" aux ¾, 
        j'ai préféré ce livre à Topor. 
        J'ai apprécié le caractère inhabituel du livre.
 RichardCela pourrait faire une série télé.
 ManuC'est la série Le 
        Prisonnier.
 Nathalie RL'enfer ce n'est pas de mourir, c'est l'idée qu'à chaque 
        fois on repousse.
 
 Claire J'ai été très contente de lire ce livre dont la préface 
        est passionnante. Je me souviens que Denis en avait parlé de façon 
        très convaincante en disant que ça l'avait beaucoup fait 
        rigoler (mais que sa femme ne l'avait pas aimé).
 Françoise DIl faudra bien écrire pour l'avis de Denis "Denis, QUI A PROPOSÉ 
        CE LIVRE" et je propose qu'on suive les avis de sa femme
 Claire
  J'ai cherché ce qui avait pu faire rigoler Denis : la seule réponse 
        que j'ai trouvée est la façon dont Épépé 
        est nommée avec toutes sortes de variations, ça c'est vrai 
        c'est marrant (mais bon...) : Ébébé, Bébé, 
        Dédé, Tété, Tchéché, Édédé, 
        Etyétyé
 J'ai été mue par le désir 
        de comprendre ce qui s'était passé, pourquoi il est là, 
        et où c'est. Quand j'ai vu qu'on tournait en rond, avec cette minuscule 
        intrigue avec la femme, je me suis mise à "lire rapidement"... 
        Je n'ai pas trop ressenti de souffrance. A la fin, quelle déception 
        avec le petit ru ! Oui c'est un livre phénomène, mais 
        pour une nouvelle d'accord l'idée est excellente. La déception 
        à la fin est immense. J'ouvre ¼. Mais j'aime bien l'hypothèse 
        de Fanny (on est dans le monde des morts) : quel dommage qu'il ne 
        l'ait pas adoptée et creusée...
 L'univers de ce livre communique bien avec celui de Topor 
        qu'on vient de lire.
 DenisJe fais un rapprochement avec 
        Perec, pour ce qui concerne des exercices de logique formels (oulipiens). 
        Mais qui ne sont pas faits pour être lus.
 ClaireJ'ai lu des articles qui mettent en avant les thèmes kafkaïens 
        et ont une teneur élogieuse : en cherchant bien je trouve 
        la formulation d'échos de mes impressions :
 - "Épépé 
        est un tour de force. La situation de départ de Budaï est 
        déjà si catastrophique qu'elle interdit normalement tout 
        développement" (Mathieu 
        Lindon) : je suis bien d'accord et l'effet est emmerdant !
 - Karinthy "ressuscite 
        un vieux cadavre littéraire - l'incommunicabilité - en lui 
        injectant le sang frais de l'humour" (André 
        Clavel) : bof, bof, bof !
 - "La montée 
        de l'angoisse ne tient pas au style mais à l'exactitude scientifique 
        de l'imagination, dont l'effet a tendance, à la longue, à 
        s'essouffler." (Marion 
        Van Renterghem) : bien d'accord, ça s'essouffle !
 - Karinthy étale "les 
        hypothèses élaborées par son héros : 
        certains paragraphes forment ainsi des efflorescences de suppositions 
        qui s'accumulent, se ramifient, sans rien pour les arrêter, faute 
        d'interlocuteur." (Raphaëlle 
        Rérolle) : très jolie l'idée d'efflorescences, 
        en effet, mais il me perd, moi, comme interlocutrice...
 
 ManuelJ'ai trouvé ça assez épuisant à lire. Je n'ai 
        pas aimé les énumérations, par exemple dans 
        le zoo avec les singes ("ils balbutient, ils criaillent, chuintent, 
        cancanent" etc.), je n'ai pas compris pourquoi il fait cela. Je n'ai 
        pas terminé le livre, mais il y a la 
        clé sur l'issue du roman p. 115 lorsqu'il évoque 
        le port.
 En revanche, j'ai trouvé passionnantes les situations où 
        il cherche où il est, par exemple face au plan de métro. 
        La clef, c'est le langage et il ne l'a pas. Les pistes m'ont tenu en haleine 
        pour savoir s'il allait s'en sortir. J'ai été parfois amusé, 
        par exemple face au personnage du policier en train de manger.
 Je poursuis ma lecture, vous ne m'avez pas découragé. Par 
        le passé, j'avais eu le livre entre les mains, mais ne l'avais 
        pas fini.
 ClaireCela pourrait vraiment faire un film.
 Manuel
  Oui, mais alors je ne sais pas où il mettrait son histoire d'amour. 
        J'ouvre ½.
 Catherine
  Ce livre m'a fait atrocement flipper, ça a été l'horreur. 
        Je n'ai pas cherché un livre plausible. Je suis claustrophobe et 
        je déteste la foule : ce livre est pour moi la peinture de 
        l'enfer, qui est assez bien rendue.
 J'ai aimé la réflexion sur le langage avec la perte de la 
        vraie communication : ils ne s'écoutent pas, ils ne se parlent 
        jamais. Il y a cependant un îlot dans lequel le langage réapparaît 
        lors de la rébellion. Cela a un aspect science fiction, j'ai pensé 
        à Orwell et à Barjavel.
 J'ai fait le lien avec certains patients qui perdent le langage, parlent 
        un jargon, sans comprendre qu'on ne les comprend pas  ceci est assez 
        bien rendu.
 J'ai trouvé ce livre effrayant. Ils sont déshumanisés, 
        or c'est le langage qui fait l'humanité. J'ouvre ½.
 Denis
  (qui a proposé ce livre) Je savais que le livre était difficile à lire et qu'il était 
        possible de décrocher. Mais c'est un livre intéressant et 
        nos discussions sont intéressantes. Il y a certains passages burlesques. 
        J'ai aimé la réflexion linguistique, tant en ce qui concerne 
        les phonèmes à l'oral que le langage écrit (l'auteur 
        a fait des études de linguistique). Il y a dans ce livre une dissolution 
        des limites auxquelles ont est habitué : au niveau des phonèmes, 
        au niveau de l'écrit sans ponctuation, au niveau de la ville qui 
        s'étend à l'infini. Budaï essaie de se constituer des 
        limites, par exemple en décryptant le plan de métro. La 
        foule de plus en plus dense m'a fait penser qu'il était mort. Il 
        y a un côté invraisemblable, on ne sait plus ou est la limite 
        avec ce qui existe et ce qui est inventé ; les limites entre 
        la culture et la nature sont également repoussées. La description 
        de sa situation quand il tombe dans la dèche sont très réalistes. 
        Le fait qu'il retombe toujours sur les mêmes difficultés 
        est le signe de son angoisse qu'il communique au lecteur.
 La notion de temps renvoie à certains scènes très 
        longues dans les films hongrois, qui tentent d'inscrire la durée 
        du réel dans les films, en longs plans-séquences.
 J'ai connu ce livre au cours d'une randonnée avec des amis hongrois 
        du côté de Saint-Véran. Il se trouvait que la patronne 
        du gîte avait le livre et me l'a donné, ne voulant pas le 
        lire. Ces Hongrois ont beaucoup parlé du père de l'auteur, 
        car cela a dû être difficile pour le fils de se faire un nom. 
        Je me suis interrogé sur la qualité de traduction (par des 
        personnes de sa famille).
 CatherineLe livre rappelle des régimes asiatiques.
 Françoise DOn pense à la Chine.
 Monique LAu sujet des comportements de la foule, je me souviens en Chine, comme 
        dans le livre, on se fait bousculer, voire on reçoit des coups.
 CatherineCe Hongrois dont Carrère parle dans la préface, il en parlait 
        déjà dans Un 
        roman russe.
 Flavia
  (du 
        nouveau groupe dont des avis suivent) Je suis désolée de ne pouvoir venir, 
        voici quelques réflexions sur Epépé, à 
        rajouter aux vôtres (que jai hâte de lire !)
 En lisant la préface 
        dEmmanuel Carrère jai été assaillie 
        par une envie irrésistible de plonger dans ce livre, dont je navais 
        jamais entendu parler. Jai beaucoup aimé la manière 
        dont E. Carrère nous présente ce roman : le parallèle 
        entre lhistoire dAndras Toma et celle de Budaï attise 
        la curiosité du lecteur sans rien lui révéler ; 
        Carrère anticipe peu et ne gâche rien ; en revanche, 
        il nous donne une clé de lecture essentielle pour comprendre le 
        livre de Karinthy : lhistoire de Budaï est bien sûr 
        une fiction, mais des histoires semblables se sont véritablement 
        passées, et même aujourdhui, personne nest à 
        labri de se retrouver catapulté dans un monde devenu impossible 
        à comprendre.
 Bien que ce texte soit ponctué 
        de passages très bien écrits et qui mont beaucoup 
        émue, jai moyennement aimé le style de Karinthy. En 
        revanche, la trame est passionnante ! Karinthy donne vie à 
        une histoire originale, bouleversante. Les personnages de Budaï et 
        d'Epépé sont magnifiquement décrits. Ils mont 
        beaucoup fait penser aux personnages de  1984 : 
        le même univers dystopique, le même hymne à lamour, 
        seul et dernier recours contre un système qui écrase toute 
        pensée, toute envie, toute joie de vivre, toute personne voulant 
        revendiquer son individualité. Et, enfin, la même confiance 
        envers lhomme, source inépuisable despoir et dendurance 
        lorsque tout semble perdu. Les émotions de Budaï sont décrites 
        avec énormément de sensibilité et de tendresse, et 
        cela nous rapproche beaucoup de ce personnage que, jusquà 
        la fin, on a désespérément envie daider, de 
        sauver
 Cest une histoire crue, tragique, qui laisse peu despace à 
        lespoir, malgré la foi inébranlable de Budaï 
        de faire retour, un jour, "à la maison". Les dernières 
        pages mont un peu ennuyée. Jai trouvé la description 
        des manifestations et des émeutes un peu trop longues et jai 
        décroché plusieurs fois. Tout dun coup, lattention 
        est excessivement tournée vers lextérieur, le lecteur 
        perd de vue le personnage principal du romain, lintimité 
        construite avec ce dernier est perdue. Mais malgré ce petit 
        "hic", jouvre grand le livre que je vais certainement 
        conseiller à mon entourage.
 Julius
  Brillant. J'ai trouvé ce livre brillant. Emporté par un 
        argumentaire simple, soutenu par un rythme alerte et une langue à 
        la fois sobre et efficace, je me suis laissé embarquer avec délices 
        dans un univers d'autant plus déroutant et dérangeant que 
        l'écart, la distorsion avec la réalité, avec la normalité, 
        est tout à la fois infime et plausible. C'est tout en finesse : 
        au premier abord, il semble s'agir juste d'une question de langage et 
        c'est alors tout le système de la communication qui s'effondre. 
        J'ai trouvé cela très adroit, car il n'y a pas d'extravagance, 
        pas de fantastique, pas de science-fiction, pas de dérapage, pas 
        d'événement ou de situation incroyable, au sens propre du 
        terme : tout est absolument crédible. Il manque juste l'essentiel, 
        à savoir ce qui permet à un homme d'être un homme : 
        la sociabilité, cette sociabilité rendue apparemment impossible 
        par la barrière de la langue qui maintient l'opacité du 
        monde autour du personnage de Budaï, un monde qui demeure inintelligible 
        pour lui dans la mesure où il ne dispose pas de la clé pour 
        le rendre compréhensible : les mots pour le dire.
 L'univers est crédible, le personnage de Budaï est crédible, 
        il est vivant, il est en chair et en os, il a des émotions et des 
        sentiments, des peurs et des enthousiasmes, il est tantôt sympathique, 
        tantôt moins, il se débat comme il peut et c'est qui, pour 
        moi, le rend émouvant, attachant.
 Et cette manière de placer le lecteur au cur de son monologue 
        crée un effet de loupe car il nous met en situation. Or c'est bien 
        parce que nous sommes ainsi mis en situation, au plus près de la 
        réalité vécue par le personnage que nous sommes amenés 
        à échafauder toutes les hypothèses possibles pour 
        trouver un sens à cette situation : rêve ? Mort ? 
        Pays extra-terrestre ? Voyage dans le temps... ? Et nous échafaudons 
        tant et plus parce que Budaï lui-même n'échafaude pas. 
        Pour moi, lecteur, le grand étonnement a été, tout 
        au long du livre, de constater (non sans effroi) que Budaï, lui, 
        justement ne s'étonne pas. Sa seule interrogation porte sur l'erreur 
        de départ à laquelle il cherche une explication. Mais il 
        n'a pas de questionnement global sur ce monde, juste des interrogations 
        factuelles, opératoires. Il constate.
 Or que constate-t-il ? Que cet univers, au premier abord, n'est pas 
        très différent du nôtre, à l'exception peut-être 
        de la foule qui déferle sans arrêt. Autrement dit : 
        rien. Je me suis alors demandé pourquoi il réagissait ainsi 
        alors que vous et moi trouveraient étrange cette société 
        qui repousse ou plutôt enferme malgré soi à l'extérieur 
        d'elle-même celui qui voudrait la pénétrer. Cette 
        société fait masse, comme si elle se protégeait du 
        plus petit fétu de paille susceptible de fausser ses rouages. En 
        fait, pour moi il y a deux niveaux. Et je ne suis d'ailleurs pas certain, 
        même s'il comprenait la langue, que Budaï pourrait, pour autant, 
        communiquer. Car il n'aurait peut-être pas d'autre choix, alors, 
        que de se fondre dans le système. Je pense que c'est peut-être 
        justement grâce à sa méconnaissance de la langue qu'il 
        survit, qu'il conserve son individualité. Car de toute évidence, 
        si on lit entre les lignes, on se rend compte qu'il n'y a pas de place 
        pour lui. Avec ou sans langue de communication, il n'y a pas de place 
        dans cette société-là pour un individu pensant par 
        lui-même. Au mieux, ce sont des groupes qui s'affrontent comme dans 
        les scènes révolutionnaires de la fin.
 L'univers décrit dans le livre est foisonnant, grouillant, pléthorique, 
        plein comme un uf, mais plus l'univers est foisonnant, moins il 
        y a de place pour l'individu et plus Budaï est seul et de moins en 
        moins humain, il est emporté, charrié, mais de déconditionnement 
        trouve ses limites grâce à l'incommunication des langues. 
        Il y a une réflexion philosophique qui pose la question de l'individu 
        face au collectif, sur le totalitarisme, sur le conditionnement, sur la 
        perte de repères, sur la difficulté à se révolter, 
        sur les moyens de se révolter, sur la langue comme essence même 
        de l'individualité
 J'ai trouvé la fin étrange et j'en ai d'abord été 
        déçu, je me disais que je ne l'aurais pas écrite 
        comme cela. En réalité, la fin laisse un goût doux-amer : 
        que va faire Budaï lorsque sera rentré chez lui ?? Est-ce 
        une fuite ? Que faire ? On retrouve le même inachèvement 
        dans un autre roman très court (plutôt une nouvelle) de Karenthy 
        qui s'intitule L'âge d'or et qui se termine aussi sans se terminer 
        en laissant un goût doux-amer.
 Sinon, j'ai beaucoup apprécié aussi le style, l'inventivité, 
        l'extraordinaire richesse des situations, la construction curriculaire 
        du récit qui oblige Budaï à revenir à chaque 
        fois au point de départ. A son hôtel, mais aussi au point 
        de départ de sa réflexion, il y a toute une symbolique : 
        j'y vois un voyage intérieur, une recherche personnelle
 J'ouvre 
        à 5/5.
 François
  Étrange lecture au cours de laquelle, je n'ai cessé de me 
        demander à quel film, tableau ou autre livre elle me faisait penser. 
        Kafka évidemment. Mais la quête du "héros" 
        d'Épépé n'est pas celle de Joseph K. ou de l'Arpenteur 
        du "Château". Dans le cas de Budaï qui a malencontreusement 
        atterri dans un pays inconnu alors qu'il se rend à un congrès 
        de linguistique, c'est la langue qui va devenir l'objet de sa quête. 
        Certes, le pays jamais nommé dans lequel il se retrouve rappelle 
        le monde glacé d'Orwell dans 1984 et celui des pays du bloc 
        de l'Est durant la guerre froide. (Manifestement notre l'auteur sait de 
        quoi il parle.) Mais malgré tout et quelle que soit la triste vérité 
        de cet ancrage, l'obstacle contre lequel bute son personnage relève 
        davantage de l'onirique et du fantastique que du politique. Comment rêver 
        situation plus absurde et étrange que celle de ce linguiste mondialement 
        connu qui ne parvient pas à déchiffrer la langue du pays 
        (jamais nommé) dans lequel il se retrouve par hasard ? Il 
        utilise pourtant tous les moyens que sa grande compétence lui permet. 
        Mais en vain, les chiffres sont les seuls repères qui lui restent. 
        Un peu comme Alice, mais dans un tout autre genre, il se raccroche à 
        tout ce qui peut faire sens pour lui, les notes d'hôtel et le numéro 
        de sa chambre par exemple. Quant au monde dans lequel il est plongé, 
        il lui reste hermétiquement clos et ne lui vaut que des rebuffades. 
        Cf. aussi la librairie ou il ne trouve aucun dictionnaire. Seule embellie 
        dans son malheur, la liftière de l'ascenseur de l'hôtel dont 
        il parvient péniblement à déchiffrer le nom et avec 
        laquelle il aura une aventure susceptible de lui faire oublier sa situation, 
        voire de combler son plus secret désir et de donner un sens à 
        sa triste aventure (c'est elle qui donne son titre au roman.) Mais très 
        vite, il la perdra de vue pour se retrouver mêlé aux manifestations 
        sauvagement réprimées qui se déroulent dans la ville. 
        De ces évènements qui renvoient probablement à l'insurrection 
        hongroise de 1956, Budaï reste avant tout un témoin horrifié 
        et prisonnier de son idée fixe : parvenir à déchiffrer 
        la langue qui lui échappe et qui tient du mauvais rêve (de 
        l'objet persécuteur diraient de plus savants), alors que le monde 
        autour de lui, aussi horrible soit-il, n'a pas perdu son sens et reste 
        ce qu'il est. Et c'est bien de cette opposition que surgira cette "l'inquiétante 
        étrangeté" qui est selon Freud une "variété 
        particulière de l'effrayant qui remonte au depuis longtemps familier". 
        Pour qui ne connaissait rien de la vie et de l'uvre de son l'auteur, 
        elle est aussi le meilleur d'Épépé qui sa façon, 
        peut-être un peu trop prévisible, permet au lecteur de renouer 
        avec des peurs insoupçonnées. En se cognant désespérément 
        aux mots comme aux murs d'une prison Budaï nous conduit bien dans 
        les parages de l'indicible. Comme si la langue résistait même 
        aux linguistes et nous tenait par son essentiel défaut.
 Il manque les avis d'Ana-Cristina, Emilie, 
        Françoise H, Nathalie F.
 
 Synthèse 
        des avis du groupe breton (suivie 
        de 4 avis)
  Yolaine  ¾ : 
        Édith, Chantal, 
        Marie-Claire 
  ½ : 
        Suzanne, Annie, Jean  ¼ : 
        Marie-Odile, Marithé Si les appréciations exprimées lors 
        de cette rencontre sont diverses et pour leur majorité mitigées, 
        le malaise a été unanimement partagé, les impressions 
        négatives étant proportionnelles à la souffrance 
        éprouvée à la lecture. "Assommant, morose, 
        lassant, répétitif, ennuyeux, oppressant, déstabilisant, 
        inhumain, incompréhensible, insensé, perturbant", 
        il s'agit d'une véritable descente aux enfers, d'un cauchemar dans 
        un huis clos dont le héros n'arrive pas à briser l'enfermement, 
        malgré son acharnement et ses tentatives quotidiennes, accompagnées 
        d'autant d'échecs.Cette histoire de polyglotte distingué, perdu dans un monde où 
        il est confronté à une langue complètement inconnue, 
        a évoqué pour certains Babylone, la tour de Babel, les aventures 
        de Robinson Crusoë, Dom Quichotte, La 
        Divine Comédie de Dante, et le roman de Cormac McCarthy 
        La 
        route. Deux malédictions pèsent sur le destin de 
        Budaï (dont on peut supposer qu'il a beaucoup de points communs avec 
        l'auteur) : d'une part la Shoah qui n'est pas évoquée 
        de façon explicite mais dont on devine l'influence à travers 
        l'hostilité et l'absurdité du monde auquel il se heurte ; 
        et d'autre part le régime totalitaire, décrit de façon 
        symbolique dans cette fable sur un monde sans communication possible, 
        sur une ville fourmilière étouffante où des foules 
        font la queue partout, jusqu'à l'explosion de violence finale qui 
        évoque de façon assez limpide la répression sanglante 
        des émeutes de 1956 en Hongrie.
 Les avis sont également partagés sur le dénouement 
        de ce roman sans fin et sans issue : la découverte ultime 
        du cours d'eau qui offre la mince perspective d'atteindre la mer lointaine 
        est-elle encore une impasse, ou au contraire un espoir, une pirouette 
        de l'écrivain qui ne sait pas comment finir son récit, ou 
        une métaphore de la mort ?
 Tous se sont accordés à reconnaître que cette lecture, 
        bien qu'éprouvante, fut originale et intéressante ; 
        Ferenc Karinthy traite avec beaucoup de maîtrise des thèmes 
        universels sur la condition humaine, l'incommunicabilité, la folie, 
        l'amour, la solitude, la mort, ce qui nous a permis un échange 
        assez riche.
 Marie-Odile
   En y repensant, ce qui a dû se passer c'est que j'ai été 
        alléchée par les références à Perec, 
        Swift, et la ressemblance phonétique entre le titre 
        Épépé et 
        le Opopoï de Queneau dans son 
        Histoire 
        des trois petits pois. Alors que je devrais être en train 
        de lire Topor retenu par le groupe breton, je lis donc les aventures de 
        Budaï, ne sachant pas très bien comment sortir de cette erreur 
        d'aiguillage littéraire.
 Bien sûr, l'idée est intéressante qui place ce Robinson/Budaï 
        sur une sorte d'île/ville déserte/surpeuplée où 
        les préoccupations premières sont pour l'un comme pour l'autre 
        de manger et de repartir au plus vite, de mesurer le temps et d'explorer 
        les lieux... Mais le texte, entièrement écrit au présent, 
        me lasse très vite. Rien de l'humour ou de l'ironie attendue, juste 
        une petite satire de notre monde à travers ce monde étranger 
        qui ressemble tristement au nôtre. J'erre d'une page à l'autre 
        avec le même désarroi que le narrateur, me demandant ce que 
        je fais là. Cependant, je poursuis ma lecture ne sachant pas si 
        c'est par pur masochisme ou par fidélité à une sorte 
        d'engagement personnel lié à l'achat du livre, mais en sachant 
        que j'ai sur Budaï le gros avantage de pouvoir, à chaque instant, 
        d'un simple geste, revenir au monde normal (Karinthy tu ne m'auras pas, 
        moi). Je triche un peu au cours de ma lecture, saute des lignes, furète 
        dans les chapitres suivants pour savoir si quelque espoir est permis, 
        m'aventure même jusqu'à la dernière page en quête 
        d'une issue, et reviens inévitablement au point de départ 
        toujours aussi morose. Pourtant la perspective d'une relation "amoureuse" 
        salvatrice me garde en éveil et finalement je lis tout pour être 
        sûre de ne rien rater (Karinthy tu m'as eue). Au fil des pages, 
        au-delà de l'angoisse liée à l'enfermement, à 
        l'impossible communication, une certaine compassion naît en moi 
        lorsque Budaï, dans l'impossibilité de quitter la ville, en 
        vient à se quitter lui-même. La découverte finale 
        de l'eau n'efface pas le déferlement de violence insensée 
        qui la précède et je n'arrive pas à partager la confiance 
        du personnage. (Karinthy je t'en veux de l'avoir malmené/mal mené 
        à ce point/point final). J'ouvre ¼.
 Chantal
   Quel livre étrange... et quelle lecture fatigante !!
 Avant la lecture je l'ai feuilleté : écriture serrée 
        serrée... pas de paragraphes... peu engageant ! Et puis, bon, 
        il faut bien le lire ! Et là, pendant toute la lecture, j'ai 
        SOUFFERT avec Budaï, je manquais d'air littéralement, et d'espace, 
        trop de gens partout, dedans, dehors... Souffert de ne pas comprendre 
        leur langage, leur comportement ; souffert encore plus de voir Budaï 
        essayer encore et encore, lui le linguiste, de décrypter cette 
        langue inconnue, d'analyser tous les indices possibles et de le voir aller 
        d'échec en échec, jusqu'à sa dégradation physique 
        et mentale : une descente aux enfers ! Malgré les petites 
        lueurs d'espoir avec Épépé ou le lecteur de Vie 
        théâtrale jamais revu.
 Ce thème de l'incommunicabilité est traité magistralement 
        et le procédé d'écriture est d'une sacrée 
        efficacité !! Avec, justement, cet aspect "serré", 
        étouffant, ces 258 pages de répétitions : l'hôtel, 
        le métro, les rues, et cette tour de Babel en construction sans 
        fin où les hommes tournent comme des hamsters en cage. Donc, que 
        va-t-il advenir de lui ? Comment l'auteur va-t-il s'en sortir ? 
        Du coup la fin m'a parue simpliste, ce ruisseau par où il va pouvoir 
        s'échapper... peut-être !
 Et puis je l'ai relu, ce dernier chapitre, et là je vois tout ce 
        livre comme une fable, la vie humaine, celle de F. Karinthy, la nôtre, 
        comme une scène de la "Vie théâtrale", le 
        quotidien, les violences régulières, les joies, la vie qui 
        continue la scène nettoyée, les morts oubliés , le 
        soleil, c'est NOTRE vie !!
 Je l'ouvre aux ¾, et, après la discussion, je l'ouvrirais 
        bien en entier !
 Édith
  Combien j'aurais souhaité sortir avec le héros Budaï 
        de ce pays !!!! Absurde et suffocant, mais évoqué magistralement.
 Mais non, juste juste quelques lignes à la dernière page 
        pour évoquer une boule de papier, celle qui entourait son repas 
        et qui, jetée, prend le chemin d'un hypothétique cours d'eau, 
        espérance d'autres lieux... un fleuve, la mer
 Comme dans 
        l'espoir des héros de La 
        Route de Cormac McCarthy qui s'obstinent à marcher vers 
        la mer après le cataclysme atomique. Déception donc pour 
        ma part pour cette fin. Mais régal pour l'ensemble de l'écriture. 
        Toutefois, je n'ai pas ressenti comme parfois cela m'arrive de "jubilation" 
        à la lecture, du fait du style : trop d'énumérations, 
        trop de détails. C'est ce qui fait que je n'ouvre qu'aux ¾ 
        le livre.
 Les toutes premières lignes du récit m'impliquent dans le 
        récit "En 
        y repensant (L'auteur semble réfléchir sur la 
        situation et du même coup m'entraîne dans sa réflexion), 
        ce qui a dû se passer, c'est que dans la cohue de la correspondance, 
        Budaï s'est trompé de sortie , il est probablement monté 
        dans un avion pour une autre destination et les employés n'ont 
        pas remarqué l'erreur"
 : le héros 
        Budaï est décrit face à ses nombreuses péripéties, 
        dépeint dans ses tentative de comprendre avec sa logique et ses 
        connaissances universitaires. Mais rien n'aboutit, Karinthy faisant toutefois 
        montre qu'il maîtrise, lui, des données linguistiques réelles. 
        Je suis de ce fait moi aussi embarquée dans le constat de l'erreur 
        de destination et amenée à réfléchir avec 
        Budaï comment en sortir. Je suis en droit d'attendre l'explication 
        qui arrivera  je pense  au dénouement
 
        Déception comme évoqué plus haut ! Alors je 
        plonge dans le monde de Budaï.
 Impression d'inquiétante étrangeté, comme disent 
        les surréalistes. D'une part des données connues et reconnues 
        pour des réponses des "services" farfelus : l'hôtel 
        et son réceptionniste, le métro, les parades, l'ascenseur, 
        le travail, les bébés, la guerre. Je suis étonnée 
        par le courage de Budaï. Le temps disparaît, seul à 
        un moment il évoque l'idée que cela durera jusqu'à 
        sa mort. Je pense à "L'Enfer c'est les autres" et au 
        dispositif imposé de présences non choisies jusqu'à 
        la mort ! La succession des échecs que rencontre Budaï 
        m'agace et parfois pour connaître le dénouement, j'ai eu 
        envie de balayer de l'il les nombreuses descriptions qui sont le 
        corps du livre. Et d'aller à la fin.
 Deux grands moments d'espoir :
 - Espoir que cette rencontre avec un "contemporain" qui lit 
        Vie théâtrale, un homme au loden vert : mais 
        aussitôt cet homme disparaît
 Une rencontre qui aurait 
        pu permettre une autre fin. Mais non, l'auteur abandonne le propos, laissant 
        Budaï face à encore sa déception.
 - Autre situation potentiellement "positive" sa "relation" 
        avec la femme de l'ascenseur, mais là aussi échec : 
        la relation tendre, abordée d'ailleurs si sobrement sinon maladroitement, 
        ne lui apporte aucune réponse, pire le déstabilise. Il la 
        perd de vue littéralement
 Lui dit d'ailleurs "Adieu 
        Épépé" à la dernière ligne du 
        livre !
 La préface d'Emmanuel Carrere lue avant, puis relue après 
        lecture du livre, ne m'apporte pas de lumière. Je constate seulement 
        son plaisir évident au texte, sans m'en étonner : Emmanuel 
        Carrère dans Un 
        roman russe  pour d'autres raisons  se trouve 
        confronté à son impossible communication liée à 
        la langue russe qu'il ne peut apprendre, mais aussi entraîné, 
        si je me souviens bien, dans des aventures non décidées.
 En résumé, livre de pure fiction mais qui interroge fortement 
        les liens sociaux : il n'est pas sûr que le langage pratiqué 
        par les gens de cet étrange pays soit un moyen de communication 
        et/ou d'échanges. A plusieurs reprises, Budaï semble dire 
        que ce n'est pas le cas. Violence... incivilité... ignorance mutuelle
 
        Est-ce à dire que faute de se comprendre, seule la violence permet 
        de rétablir un peu d'harmonie ?... Scène du printemps, 
        la guerre, et à nouveau tout est remis en place comme de rien.
 Marie-Claire
  (nous a accompagnés virtuellement avec ce texte) 
 Épépé !!! Épépé ! Hé 
        pé pé
 Hé bé bé !
Hé bé bé !
 "Comment me libérer,
 Dans ce pays hostile,
 Qui ne me comprend pas,
 Qui n'en prend pas le temps
 Pour ouvrir ses portes,
 Et m'accueillir enfin !
 Si le but de ce livreEst de viser l'enfermement,
 Pas que du héros,
 Mais du lecteur,
 Il est fort réussi,
 Car il est source d'angoisse,
 D'étouffement !
 
 On croit devenir fou !
 Dans toutes ces impasses,
 On espère, on rêve
 De trouver une issue
 Pour pouvoir s'échapper
 Trouver un indice,
 un repère pour pouvoir se sauver !
 
 Mais, tel un labyrinthe,
 dans une ronde folle,
 On tourne, on se perd,
 On espère, et PAF !
 Pas d'issue !
 Retour case départ
 
 Epépé !
 Serait-elle l'espoir ?
 La survie ?
 L'échappée ?
 
 Mais, tel un mirage, Elle s'évanouit,
 Souffrance, folie, survie, déchéance !
 
 Est-ce ainsi que l'on fuit ?
 Pour aboutir à une non-vie ?
 Inconnu dans la rue ?Comme tous sans logis !
 Cette histoire, telle une fable,
 N'est-elle qu'un plagiat,
 Une interrogation,
 de l'imbroglio d'un individu
 Qui finit dans la rue ?
 
 
 DOC SOMMAIRE SUR L'AUTEUR ET SON UVRE
 Quelques repères 
        biographiques - Ferenc Karinthy est un écrivain 
        hongrois, linguiste, dramaturge, traducteur, né en 1921, fils d'un 
        célèbre écrivain et journaliste hongrois, Frigyes 
        Karinthy, auteur notamment du roman Voyage autour de mon crâne 
        (éd. Viviane Hamy, 1990 ; 
        éd. Denoël, 2006).- Études de littératures hongroise, italienne et anglaise 
        et de linguistique à Budapest (1941-1945). Bourses d'études 
        en France, Suisse et Italie (1947).
 - Auteur pour le Théâtre national (1949-1950), pour le théâtre 
        Madách (1953-1956), pour les théâtres de Miskolc, 
        Szeged et Debrecen (1965-1975).
 - Collaborateur aux journaux Szabad Nép et Magyar 
        Nemzet (1951-1953).
 - Nombreux prix (1948 : prestigieux Prix Baumgarten ; 1950, 
        1954, 1974 : prix Attila József ; 1955 : prix Kossuth)
 - Traduit Machiavel et Molière, ainsi que des uvres d'auteurs 
        grecs, anglais, italiens et allemands (1957-1960)
 - Joueur de haut-niveau de water-polo (1960-1970).
 - Conférences aux États-Unis, en Australie, URSS et à 
        Cuba (1968-1976)
 - Mort à Budapest en 1992, après un long état dépressif.
 - Il a pour fille Judith Karinthy (la traductrice d'Épépé) 
        et petite fille Agnès Karinthi-Doyon, auteure aussi (son site 
        : https://akarinthi.com)
 - Un site lui est consacré, incluant toutes ses uvres accessibles 
        : http://www.frigyes-karinthy.fr.nf/
 Livres de Ferenc Karinthy traduits en français- Automne à Budapest, éd. In fine, 1992
 - L'âge d'Or, Mille Et Une Nuits, 1997 ; Denoël, 2005
 - Épépé, éd. in Fine/Austral, 1996 ; 
        Denoël, 1999, 2005 
        ; Zulma, 2013 
        avec une préface 
         d'Emmanuel 
        Carrère.
 Petite 
        revue de presse- "Tel père, tel clown", André 
        Clavel, 
        L'Express, 19 décembre 1996
 - "Les dessous de Budapest. Ferenc Karinthy, L'Age d'or.", 
        Mathieu Lindon, Libération, 
        15 mai 1997
 - "Patyagya-Gyabbou ? Par Ferenc Karinthy, auteur hongrois mort 
        en 1992, Épépé ou les aventures d'un linguiste 
        à l'étranger : cauchemar pour le héros, fou 
        rire pour le lecteur.", Mathieu Lindon, Libération, 
        13 juin 1996
 - "Un homme dans la foule", Marion Van Renterghem, Le 
        Monde, 5 juillet 1996
 - "Le sexe du désespoir", Edgar Reichmann, Le 
        Monde, 13 juin 1997
 - "La Babel inversée de Karinthy", Raphaëlle Rérolle, 
         Le Monde, 
        21 juillet 2005
 - "Épépé ou la perte de soi", Maryse Emel, 
         
        Non Fiction, 30 juillet 2015
 - "Tribulations d'un Hongrois en Utopie", Claire Mazaleyrat, 
        Lavisdeslivres, 16 octobre 2014
 - Une interview 
        des traducteurs, Judith et Pierre Karinthy, par Guillaume Richez, 
        Les Imposteurs, 16 février 2017.
 
 Pour accéder à l'ensemble 
        des articles en un document, cliquez ICI. Les 
        mardis hongrois organisés à Paris ont un blog avec plusieurs 
        pages sur les Karinthy :- Épépé
 - La 
        saga des Karinthy
 - Les uvres de Frigyes Karinthy ici 
        puis 
        là.
     Nos 
        cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
         à la folie, beaucoup, 
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