|  Extrait de wikipedia
 
  Albin Michel 2014, 
        180 p.
 Quatrième 
        de couverture :  "La légende de la fin des temps raconte 
        qu'après la mort de Sakurako le monde n'était plus que désolation. 
        Pourtant, sur la terre désertée, s'éleva bientôt 
        un arbre à l'endroit même où la jeune fille s'était 
        éteinte, frappée par le sabre de son père. À 
        la fin du monde, ne subsista plus qu'un cerisier blanc, gardé par 
        un serpent."   Empreint de mystère et détrangeté, 
        ce roman à la lisière du conte initiatique nous ouvre à 
        la magie des bonsaïs pour révéler un secret : celui 
        de notre part dombre. Un texte envoûtant. "  Le 
        Livre de poche, 2015, 192 p.
 Quatrième 
        de couverture :  Un homme hors de toute classification. Un étranger 
        au monde. Curieux personnage que ce Maître bonsaï vivant en 
        suspension, comme ses arbres maintenus entre la vie et la mort. Un monde 
        de solitude et de silence, un monde de beauté et dharmonie. 
        Mais voici quune jeune femme surgit, curieuse et impertinente. Bousculé 
        par cette rencontre, il essaie de lui transmettre son art. Mais lapprentie 
        résiste, elle ne pousse pas droit. À son contact, le Maître 
        doit affronter son passé, retrouver des souvenirs denfance 
        refoulés.Une histoire de contraintes et déquilibre, de sagesse et 
        de violence. Une histoire de Nature, et de nature humaine. Un roman aussi 
        étrange qu'envoûtant. Prophétique ?
 
 Le style de Buéno fait songer à un jardin français. 
        Tout y est tiré au cordeau, mais tout est gros dun mystère. 
        Voire dune tragédie. Quelle réussite ! Gérard 
        Guégan, Sud Ouest.
 |  | Antoine Buéno Le Maître bonsaï (2014)
 
Nous avons lu ce livre pour le 10 mai 
        2019. L'auteur était présent.  En 
        bas de page : quelques repères concernant ses livres 
        (romans, essais), son expérience de la scène, 
        sa formation, son rôle en politique, 
        son rôle d'enseignant, ses interventions 
        dans les médias et une interview 
        sur Le Maître bonsaï. Lisa 
        nous rappelle comment et pourquoi Antoine Buéno se retrouve avec 
        nous ce soir. A l'occasion d'une rencontre, elle lui dit qu'elle doit 
        partir car elle rejoint Voix au chapitre : ce qui l'amène 
        à lui expliquer de quoi il s'agit. Lisa est suffisamment habile 
        pour l'intéresser, car Antoine Buéno lui déclare 
        qu'il "rêverait" d'y venir pour un de ses livres. Prudente, 
        Lisa indique que nous ne sommes pas toujours tendres : qu'importe, 
        Antoine en a vu d'autres ! Et le voilà parmi nous, prêt à 
        entendre le pire comme le meilleur. Ce qui fait que pour la première 
        fois, en présence de l'auteur, nous ne prenons pas de gants. Et tout l'éventail 
        des réactions sera représenté : 
         grand 
        ouvert - ¾ ouvert 
        - à moitié - ouvert  ¼ 
        - fermé !
 à la folie - beaucoup- moyennement - un peu - pas du tout
 
 Brigitte Catherine Claire Christelle 
        Danièle 
        Etienne Fanny Françoise Geneviève 
        Jacqueline
 Lisa Monique L 
        Muriel Nathalie 
        Rozenn Séverine
 Pour nous mettre 
        à l'aise d'ailleurs, l'auteur nous annonce qu'il ne se trouve pas 
        bon romancier, mais bon essayiste, et qu'il a décidé de 
        se consacrer maintenant à ce domaine et non plus au roman. 
  Tout d'abord, les avis des absents lus à 
        haute voix :Fanny
   Je regrette de ne pas être présente pour cette rencontre.
 Il s'agit d'une expérience de lecture déroutante dès 
        les premières pages avec ce personnage baroque qui répète 
        comme une litanie "je suis Maître bonsaï". Ce qui 
        déroute je pense c'est qu'il y a quelque chose qui n'est pas humain 
        chez ce personnage, non pas au sens péjoratif d'ailleurs pas humain 
        mais pas nécessairement inhumain. Le Maître bonsaï le 
        dit d'ailleurs ("je n'appartiens 
        plus au règne animal"). Cela 
        se ressent dans le style très découpé, comme s'il 
        y avait peu de lien et de fil narratif. Tout du moins au début ; 
        il me semble que le fil narratif apparaît davantage quand le récit 
        avance en parallèle avec cette relation qui se créé 
        avec la jeune fille.
 Malgré ce côté déroutant, je me suis laissé 
        emporter sans trop me poser de questions et j'ai pris plaisir à 
        la lecture ; pourtant je n'ai pas éprouvé particulièrement 
        d'empathie pour les personnages.
 La scène du massacre est très difficilement soutenable ; 
        cela m'a renvoyé à ce que j'avais ressenti à la lecture 
        d'Anima 
        de Wajdi Mouawad. Pour moi c'est à ce moment qu'il perd son humanité.
 J'ai trouvé cette rencontre belle ; c'est en tissant du lien 
        que le Maître bonsaï retrouve ses souvenirs, son histoire.
 Du côté de mes réserves, j'ai eu du mal avec le personnage 
        féminin et sa transformation : il y a quelque chose qui m'a 
        dérangée dans le rapport au corps, mais je pense que ces 
        réserves m'appartiennent.
 J'ai également trouvé le passage où il retrouve son 
        couteau beaucoup trop prévisible.
 Sur la fin, les parallèles écologiques m'ont paru un peu 
        plaqués sur l'ensemble du texte (lorsque les souvenirs du Maître 
        bonsaï et les propos de la jeune femme s'entremêlent).
 Enfin, ce n'est pas très original, mais j'aimerais demander à 
        l'auteur d'où lui est venue l'idée de ces personnages et 
        de la construction de son roman.
 Séverine
  Au début, j'ai été un peu gênée par 
        le style très scandé, un peu trop didactique. Puis j'ai 
        aimé le personnage du Maître Bonsaï, qui n'est pas sans 
        rappeler Youza dans son 
        côté taiseux qui vit en dehors du monde. J'ai appris des 
        choses sur l'art du bonsaï ou en tout cas pris conscience de sa symbolique, 
        de son ambition qui n'est en effet pas aussi jolie que l'aspect de ses 
        arbres contraints. L'introduction de la jeune femme qui vient bouleverser 
        la vie bien rangée de cet homme intrigue, on a envie de savoir 
        ce qui va se passer pour ces deux-là.
 Rapidement, j'ai pensé à une autre livre que nous avions 
        lu : La 
        végétarienne. Ça m'a d'ailleurs donné 
        envie de le relire car j'avais eu un avis mitigé et en vous entendant 
        en parler, ça m'avait interloquée et je m'étais dit 
        que j'avais raté certaines choses dans ce roman. J'ai aimé 
        l'intégration du conte japonais. Par contre, l'auteur m'a perdue 
        dès lors que l'on comprend ce que sous-tend cette fable : 
        je trouve que cela fait beaucoup de croiser deux messages avec ces deux 
        personnages. D'un côté, l'homme qui se souvient de son passé 
        et qui fustige ainsi la guerre et ses horreurs. De l'autre, la jeune femme 
        qui incarne le mal vécu par la planète Terre du fait des 
        Hommes. Personnellement, j'aurais aimé une autre issue à 
        la rencontre de ces deux personnages qu'une fable écologique (ce 
        qui certes une tendance de plus en plus répandue dans la littérature) 
        et qu'une remise en question d'un homme que l'on aurait pu croire sage 
        par la maîtrise de son art, mais qui en fait était ignorant 
        du fait de son inaction. Lui faire oublier les traumatismes de la guerre 
        pour l'inviter à se battre pour la planète ne m'a pas convaincue. 
        Bref, je suis mitigée. Je dirai que je l'ouvre à moitié.
 Questions pour l'auteur :
 - Je n'ai pas vérifié si le conte du cerisier est vrai : 
        est-ce le cas ou a-t-il été inventé par l'auteur ?
 - L'exercice d'une littérature "engagée" avec 
        messages n'est-il pas un peu "casse-gueule" : comment peut-on 
        parvenir à proposer un récit qui vous entraîne, un 
        style qui vous porte et qui n'est pas plombé par un message qui 
        apparaît "facile" ? Comment ne pas donner l'impression 
        de "surfer" sur une tendance (ici, écologique) ?
 Geneviève, 
        entre
  et   Je viens de finir le livre in extremis. Je l'ai lu presque d'une traite 
        sans difficulté, avec un certain plaisir mais aussi un sentiment 
        de malaise. Le personnage de Maître bonsaï n'est pas toujours 
        crédible, la jeune fille non plus. Et pourtant, on finit par sy 
        attacher. La réflexion sous-jacente est intéressante et 
        très actuelle. Mais je n'ai pas du tout aimé les révélations 
        finales sur l'histoire d'enfance de Maître bonsaï. La scène 
        décrite m'a paru inutilement horrible. Elle donne une explication 
        trop lourde à son choix de quitter l'ordre végétal. 
        Le conte du cerisier est très beau, même si la manière 
        dont il est intercalé paraît un peu artificielle. J'ouvre 
        aux 2/3.
 Brigitte
  En ce qui concerne Le Maître Bonsaï, je l'ai lu, mais 
        ça ne m'a pas plu, je n'ai pas du tout accroché à 
        ce type de roman ; donc je n'enverrai pas d'avis et je ne viendrai 
        pas. En revanche, je lirai avec intérêt les avis du groupe.
 Muriel
  Le livre m'est tombé des mains assez rapidement, je l'ai trouvé 
        ni drôle ni poétique et un côté fantastique 
        que j'aurais pu apprécier n'a pas pris, je l'ai donc lâché 
        par ennui.
 Antoine Buéno, en 
        réaction à ces premiers avis lus : La littérature ne m'intéresse pas du tout, 
        ce sont les idées qui m'intéressent. C'est plus un conte 
        allégorique. Qui n'est pas lié au souhait de raconter une 
        histoire, mais de traiter une question environnementale. Le thème 
        c'est la violence sur la nature, sur les autres, sur soi. J'ai rencontré 
        une copine qui connaissait un maître bonsaï. J'ai tissé 
        personnage et intrigue. Ce qui me rassure, c'est 
        le plaisir de voir que les livres qui sont évoqués sont 
        orientaux. Les critiques se concentrent sur des points différents.
 En direct maintenant :Nathalie
  Je l'ai lu deux fois. La première fois je me suis dit c'est quoi 
        c't'horreur ? C'est qui ce mec ? Je voulais en parler avec Lisa, 
        parce que pour moi quand Lisa aime un livre cest vraiment un "crédit" 
        pour luvre. Puis, en fait, je lai oublié. Jai 
        fait un véritable déni. Quand je lai relu, je l'ai 
        de nouveau pris en pleine gueule. Ma première réaction fut 
        de dire : je n'achèterai plus de bonsaïs.
 AntoineAh donc vous en avez eu ?
 Nathalie
  Oui, jusqu'à ce que j'aie des enfants qui ont remplacé les 
        bonsaïs. Et les poissons rouges ! En lisant jai ressenti 
        une terrible angoisse. Celle de la transformation du désir de maîtriser 
        toute chose. De labsence dindépendance de la plante, 
        qui, une fois asservie, ne peut plus vivre en autonomie. Jai relevé 
        cette phrase "contraindre, 
        cest servir". Jai été très mal 
        à laise avec lapparition des outils que lon peut 
        considérer comme des outils de torture : "tord-troncs", 
        "pinces", "crochets". Cette volonté, coûte 
        que coûte de vouloir faire du beau, à décider de ce 
        qui est beau, à limposer ma fait penser à Pygmalion 
        et à certains rapports amoureux où lun pense savoir 
        ce qui est bon pour lautre. Ça me révulse.
 De la même façon, jai détesté lappellation 
        "femelle" par le Maître bonsaï.
 L'écriture oscille entre poésie et fantastique. Ce roman 
        présente des passages d'ultra-violence que je considère 
        comme inutiles. Jai détesté ces passages. Je les trouve 
        complaisants. Mes questions portent sur l'évolution du manuscrit, 
        et pourquoi avoir choisi ce langage vulgaire pour la fille : c'est 
        une Parisienne dans toute son horreur. Ce personnage à vif, à 
        fleur de peau, magace. Tout ce qui lhorripile me semble artificiel, 
        superficiel, excessif. Cette boule de nerfs me met mal à laise, 
        elle mépuise.
 C'est pour moi un livre sur la transcendance. Le 
        passage dImato éclaire cette volonté daffirmer 
        que la création est plus belle que la réalité. Or, 
        cest un axe dangereux et pernicieux.
 Je trouve quil y a une violence oubliée, c'est la violence 
        de la nature elle-même qui est, pour lhomme, depuis lorigine 
        un milieu hostile. Il aurait été intéressant de tisser 
        une sorte de lien triangulaire : la violence de la nature vers lhomme, 
        celle de lhomme vers la nature, celle de lhomme vers lhomme.
 Jaurais aimé comprendre lévolution du manuscrit 
        et le sens des répétitions ? L'éditeur a-t-il 
        fait travailler ?
 Etienne
   J'ai bien commencé, rentrant bien dans le livre, trouvant que c'était 
        original. Puis je me suis lassé, j'ai perdu le fil, j'ai eu du 
        mal avec les personnages. J'ai trouvé un manque de poésie. 
        Et puis il y a ce twist à la fin. L'ultra violence ne m'a pas trop 
        dérangé même si c'est un peu factice, mais ça 
        a marché. J'ai trouvé l'idée intéressante, 
        mais j'ouvre à moitié en raison du style qui m'a donné 
        une impression de glisser sur le livre.
 Françoise
  J'ai été déroutée. J'ai le sentiment de ne 
        pas avoir tout compris : ainsi concernant ces personnages et le décalage 
        entre les deux, lui hors du temps, immuable, elle d'un autre monde, assez 
        trash, avec son langage, je n'ai pas bien réussi à faire 
        le lien entre les deux. Je n'ai pas su bien quoi faire de ce récit. 
        Il est déconcertant ce qui est positif, mais je ne vois pas très 
        bien ce que ce livre veut dire : où va notre société ? 
        Ou : il ne fait pas bon être marginal ? Jamais je n'achèterai 
        de bonsaï, ça je le savais, la violence concerne la nature. 
        Je me suis posé une question : est-ce que cela se situe dans 
        un pays particulier ou l'idée est-elle d'en faire une histoire 
        universelle ?
 J'ai eu du mal à faire quelque chose de ce livre et j'ouvre à 
        moitié.
 Rozenn
   J'ai marché, j'ai même couru, je l'ai lu d'une traite. Je 
        suis fascinée par les questions de violence. Au début c'est 
        doux. Et je l'ai relu. Un peu plus lentement. J'aime beaucoup les répétitions, 
        l'aspect saccadé du début. Les personnages n'existent que 
        pour autre chose. Il n'y a pas beaucoup de narratif
 Entre mes deux 
        lectures j'ai lu Les 
        maladies chroniques de la démocratie ; justement Frédéric 
        Worms parle de la violence intérieure. Les discours écolos 
        me saoulent : en parler comme ça, ça me va.
 Une seule réserve : dans ma langue et il reçoit 
        une langue de merde, ça ne colle pas cette utilisation des 
        deux sens du mot langue dans deux phrases successives (voir 
        le passage ici).
 J'ouvre en grand, mais je ne le prêterai à personne. Car 
        cela m'a secouée. À la relecture, la scène de violence 
        m'a semblé utile et je n'y vois pas de complaisance.
 Monique L
   J'ai beaucoup aimé. C'est original. Dérangeant. Le Maître 
        bonsaï est très calme, comme un ermite. La contrainte concernant 
        les bonsaïs ne m'a pas semblé violente. Il y a une recherche 
        de la beauté, qui m'a apporté un calme. Je l'ai vu comme 
        un sage plutôt qu'un bourreau. Le style épuré va à 
        l'essentiel. Les transformations du maître sont intéressantes, 
        puis on découvre graduellement le passé. La partie cruelle, 
        on ne s'y arrête pas. Le couteau, Fanny a trouvé que c'était 
        cousu de fil blanc, pour moi non, j'étais persuadée que 
        la fille l'avait. J'ouvre en grand. Mais il y a un problème d'interprétation 
        de tout ça. Que veut dire cette imitation du règne végétal. 
        Est-ce que ça se veut un plaidoyer écologique ? Je 
        m'en moque. Mais il me manque un sens à tout ça.
 Christelle
  J'ai été déroutée à plusieurs 
        reprises. Concernant les bonsaïs, je ne m'étais jamais posé 
        de questions : l'image du difficile maintien de l'équilibre 
        entre nature et mort est très intéressante. Je me suis facilement 
        plongée dans la première partie, si bien que j'ai été 
        prise au dépourvue par l'arrivée de la fille agaçante 
        dans cet univers de "zenitude" : elle est caricaturale 
        et m'a franchement énervée. Ensuite, la scène du 
        chat, torturé par des enfants, est très violente, je ne 
        m'y attendais pas et ai mis quelques (beaucoup de) pages à comprendre 
        pourquoi elle survenait dans ce récit. Habituellement, le fantastique, 
        je n'aime pas trop. Mais, finalement, la quasi-totalité du livre 
        est vraisemblable (à part la scène finale) si on considère 
        les deux personnages principaux atteints de pathologie psychiatrique : 
        la fille, grande névrosée, dont l'hystérie lui fait 
        ressentir la souffrance de la Terre et le Maître bonsaï, atteint 
        d'un syndrome post-traumatique avec une anxiété qu'il calme 
        par ses rituels. C'est pourquoi, le style, haché et utilisant beaucoup 
        de répétitions, ne m'a pas gênée, j'y voyais 
        les ruminations du maitre, ses idées qui tournant en boucle sont 
        nécessaires au maintien de son propre équilibre, précaire 
        aussi.
 Vers la fin aussi, je suis allée de surprise en surprise, avec 
        cette gradation dans l'angoisse et la violence. Ayant lu vers le milieu 
        du livre l'interview transmise par Claire, je 
        n'ai eu aucune difficulté à comprendre l'intention de l'auteur... 
        Mais, tout de même, ça fait beaucoup : la planète 
        qui se meurt, la violence extrême de la guerre, la scène 
        vraiment difficile de l'enfance de Maître bonsaï...
 Je n'offrirais pas forcément ce livre à cause de cette violence 
        très prégnante, mais pourrais le recommander, non pas comme 
        roman pour se distraire, mais pourquoi pas comme piste de réflexion 
        sur les messages que veut faire passer l'auteur. Bref, j'ai apprécié, 
        j'ouvre aux trois quarts.
 ClaireJai dabord trouvé que cétait un petit 
        livre agréable avec ses jolis petits dessins entre les séquences 
        courtes.
 
  Antoine
 Ça commence mal...
 Claire
  Non, cest vrai, cest un joli petit livre.
 Jai aimé découvrir cet univers, nouveau pour moi, 
        des bonsaïs, avec le côté documentaire d'un manuel de 
        création et dentretien des bonsaïs, avec le lexique 
        (haubaner, un shari, un tenjin...). Mais bon, je 
        lai considéré comme un roman, je me suis située 
        dans la littérature, avec donc des personnages, une narration (avec 
        la relation des deux personnages qui évolue et les réminiscences 
        du passé qui se reconstitue), une composition, une écriture : 
        jai bien aimé les phrases syncopées, le conte japonais 
        tissé avec le récit principal. Mais le Maître bonsaï 
        mystérieux et la jeune écervelée caricaturale ont 
        vite perdu de leur vraisemblance pour moi, ce qui fait que je nai 
        plus trop marché. La fin m'a paru grand-guignolesque. J'ai moi 
        aussi pensé à La 
        végétarienne de Hang Kang qui m'avait 
        emballée. Comme Monique, j'ai cherché un sens à ce 
        livre : quel est le projet me suis-je demandé. Par ailleurs, 
        littérature et idées, ce n'est pas incompatible.
 Lisa Tu penses à quoi ?
 ClaireA Éric 
        Vuillard, par exemple (voir plein d'autres idées 
        littéraires trouvées après la soirée).
 JacquelineJe ne l'ai lu qu'une fois.
 ClaireCar Jacqueline lit toujours les livres deux fois.
 Jacqueline
   J'ai bien aimé le début. J'ai bien compris la violence du 
        début : j'ai été enseignante et je comprends 
        le respect de ce qui est en face de soi et la violence qu'on lui fait 
        pour rentrer dans la culture. Je l'ai lu comme un polar, comme quelque 
        chose de distrayant. Et il ne me reste pas grand-chose. Je n'ai pas beaucoup 
        aimé les phrases courtes. Ça se lit bien, on a envie de 
        savoir ce qu'il va se passer. Mais les personnages, je ne les sentais 
        pas. C'est une question de langage : j'aurais aimé que celui 
        de ce personnage, quand il retrouve ses souvenirs, change : il était 
        en effet un démuni du langage en raison de ce passé. Je 
        n'ai pas supporté la violence dans les Balkans : ça 
        m'a rappelé l'impossibilité de faire de la littérature 
        après les camps. Ou ce que réussit à faire Hatzfeld 
        avec le Rwanda. J'ouvre un quart, mais en faisant cela je boude 
        le plaisir que j'ai eu.
 Pourquoi ce livre ? Je n'ai pas compris le message.
 Je suis intéressée par la question sur l'éditeur.
 Catherine
   J'ai bien aimé le début, le côté étrange, 
        l'atmosphère où, retiré du monde, on crée 
        de la beauté. Et les bonsaïs qui murmurent la nuit, le conte 
        japonais. On pressent quelque chose, cela suscite de l'intérêt. 
        La construction est intéressante, avec la fille qui joue un rôle 
        de catalyseur. Les phrases sont adaptées. J'ai bien adhéré. 
        Mais j'ai moins aimé la fin, la scène finale gratuite. D'autres 
        livres ont été évoqués, j'ai pensé 
        aux mêmes. Je n'ai pas compris le message relatif à la violence, 
        plus celui sur la nature ; certes le côté écolo, 
        c'est essentiel, mais cela m'a paru un peu trop artificiel. J'ouvre aux 
        trois quarts, c'est original, même si je n'ai pas compris "le 
        message". C'est un livre qui ne suscite pas l'indifférence.
 Danièle
   Je ne pensais pas que l'auteur serait aussi jeune que vous l'êtes. 
        J'imaginais un être plus âgé, un sage en quelque sorte...
 J'ai trouvé ce livre très original, d'abord parce qu'il 
        oscille entre plusieurs formes. Est-ce un conte ? Un conte poétique 
        qui verse dans le fantastique ? Un conte philosophique ? Mais 
        la fin n'a rien d'un conte. L'auteur a divisé son ouvrage en tableaux, 
        comme on le fait au théâtre. Mais je n'ai pas eu l'impression 
        de lire du théâtre. On est trop dans la tête du Maître 
        Bonsaï. C'est aussi de la science-fiction. Et finalement, c'est tout 
        cela à la fois. Ce qui m'a plu, c'est de me laisser surprendre 
        ainsi tout au long du livre, même si c'est dérangeant.
 Ce qui est très bien fait, je pense, c'est qu'on change d'idée 
        sur l'intention de l'auteur au fur et à mesure de la lecture. Ce 
        qui est mis en avant au début, c'est la recherche esthétique, 
        passant par la manipulation d'outils qui permettent la taille et l'entretien 
        du bonsaï. L'effet du titre, "Maître bonsaï", 
        a duré quelque temps chez moi. Prisonnière de cette image, 
        j'ai imaginé un Maître bonsaï zen et à la recherche 
        de la harmonie et du beau. Cette image était renforcée encore 
        par l'admiration de la fille pour les bonsaïs ainsi créés. 
        Mais le style, cahoteux et haché, allait à l'encontre de 
        cette harmonie. Il me semblait dès le début qu'une certaine 
        économie de moyens lui était nécessaire pour exprimer 
        l'indicible. Mais je n'imaginais pas encore ce qu'était cet indicible.
 Puis intervient la fille. C'est apparemment un autre monde qui se crée, 
        formé de deux personnalités qui s'attirent et se repoussent. 
        Toujours sous l'influence du titre, j'ai pensé au Ying et au Yang. 
        Il est aussi beaucoup question, dès le début, de respiration 
        et d'essoufflement, comme si, déjà, sa respiration indiquait 
        l'épuisement de son énergie vitale en paroles sans importance, 
        du moins à ses yeux. Un essoufflement perceptible par lui seul, 
        sans doute. Je les voyais former à eux deux une unité. Et 
        en même temps, j'aimais le 
        regard du narrateur posé sur elle, avec acuité, mais 
        distancié, sans différenciation entre monde végétal 
        et animal (qui comprend l'humain).
 Puis cette recherche de l'esthétique perd de sa valeur au fur et 
        à mesure de l'avancement du roman. La recherche du Beau mérite-t-elle 
        qu'on torture un arbre ? Il y a de la résistance chez la fille, 
        que nous sentons aussi venir en nous. "Tous 
        les êtres vivants sur Terre sont vos frères et vos surs" 
        (p. 99). Mais dès la page 38, on s'enfonce sans le savoir dans 
        le fantastique de la fin quand le narrateur décrit la fille en 
        fonction de critères de bonsaï à entretenir "Je 
        conjecture une souche sèche. Non travaillée. À l'abandon. 
        (...) Elle me rappelle un mauvais saule pleureur". Image 
        originale et qui met déjà un peu mal à l'aise. J'ai 
        aimé le cheminement de l'auteur. Il nous montre que ce qu'on prenait 
        pour une démarche esthétique n'est en fait que violence 
        faite à la nature. Lui s'écarte de "l'Ordre du règne" 
        (nom un peu pompeux, je trouve, mais sans doute un clin d'il aux 
        romans de science-fiction). Avec la rencontre de la fille, sa concession 
        au monde humain passe par des sensations de chaud, par le goût de 
        la tarte aux pruneaux. C'est une description sensuelle qui m'a plu.
 Puis la violence arrive graduellement, avec le chat martyrisé, 
        et, plus loin, les "fur farms" et enfin les souvenirs refoulés 
        de la scène de massacre. L'indicible, c'était donc cela... 
        J'ai aimé la remontée dans les souvenirs traumatisants de 
        l'enfance dans une situation déclenchante. La structure du roman 
        se complexifie avec quatre récits qui s'entrecroisent, dont un 
        conte ancien. C'est assez bien fait, à mon avis. Les souvenirs 
        entraînent une question : cette description affreuse et traumatisante, 
        remontant du passé du Maître bonsaï, d'où la 
        tenez-vous ? Mais la fin, avec les stigmates de la fille, c'est un 
        peu trop pour moi. J'ouvre trois quarts.
 Françoise (à Danièle qui 
        a fait celle qui n'entendait pas la clochette...)Je te signale quand même que tu as doublé ton temps Danièle.
 Danièle Je ne le regrette pas...
 Lisa
   Ce livre est le choix d'Antoine  c'est son livre préféré. 
        Quand je l'ai commencé, je me suis dit oh la la il faut que je 
        le finisse parce que je le connais. Je me suis donc forcée. Et 
        j'y suis rentrée, je me suis laissé porter. La fille représente 
        tout ce que je déteste ; elle est finalement mignonne et j'ai commencé 
        à m'attacher à elle. J'ai apprécié l'histoire 
        des bonsaïs, les descriptions et les relations un peu sado-masos. 
        J'ai adoré la scène de la violence qui est bien rendue. 
        Le Maître bonsaï devient encore plus attachant. L'aspect écologique 
        m'a plutôt énervée, me donnant l'envie de penser l'inverse. 
        Catherine, tu dis que c'est un message essentiel ? Non. En me forçant 
        donc, j'ai pu voir que j'ai aimé. J'ai aimé le conte, le 
        style. Jai été dérangée par l'écologie. 
        J'ouvre aux trois quarts... non entièrement.
 ClaireVous avez eu toute la palette des réactions.
 
           
            |  
                 Lisa, 
                  Monique L, Rozenn  
  Catherine, Christelle, 
                  Danièle, Fanny Entre
  et  Geneviève 
  Claire, 
                  Etienne, Françoise, 
                  Nathalie, 
                  Séverine  Jacqueline  Brigitte, 
                  Muriel
 |  Antoine
 Par rapport à vos réactions et vos questions, je veux être 
        à la hauteur.
 Je suis mauvais écrivain. Parmi les trois qualités nécessaires, 
        donner corps à des personnages, faire une histoire : je ne suis 
        pas bon pour ces deux-là car cela ne m'intéresse pas, mais 
        pour la troisième, la description, je suis bon. On dit que parfois 
        le réel dépasse la fiction. Deux choses ne sont pas inventées 
        : la nana et la violence inspirée de la Yougoslavie et du Darfour.
 Je n'ai donné aucun nom, cela se passe nulle part, c'est intemporel. 
        Mais on peut penser aussi que cela se passe en France. J'aime les OLNI, 
        les objets littéraires non identifiés, comme Bartelby. 
        Le conte japonais est inventé, j'en ai lu tout un tas. Pour ce 
        qui est de l'éditeur, à un moment j'ai intégralement 
        réécrit le manuscrit. Les éditeurs ne font pas un 
        travail de réécriture avec les auteurs, ce n'est pas vrai.
 Il y a un transfert christique, quand la fille reçoit les stigmates 
        de la terre. J'aime bien la référence psychanalytique concernant 
        la fin, la fille. Et lui, oui, je suis d'accord, il est autiste, les commentaires 
        psychanalytiques me conviennent très bien. La dernière scène 
        de fantasmagorie se situe entre violence et absurde d'où naît 
        l'aspect poétique, et je ne veux pas trancher. J'aime hyperréalisme.
 J'ai vu que certains trouvent que le sens n'est pas assez clair. Il y 
        a dans le livre trois sortes de violences : sur la nature, entre 
        les hommes, sur soi-même. 
        J'aime la violence.
 ClaireLa représentation de la violence ?
 AntoineOui, bon.
 NathalieC'est dommage qu'il n'y ait pas un autre type de violence, celle qui vient 
        de la nature elle-même.
 La scène de l'agneau 
        est très belle.
 CatherineLa scène de violence est bien écrite mais je la trouve en 
        trop.
 JacquelineMoi je suggère plutôt que de la décrire, de la faire 
        ressentir, car dans la scène je ne suis pas impliquée, comme 
        avec Hatzfeld.
 Antoine écoute encore ce dialogue : - Vu les réactions, c'était bien un livre pour le groupe 
        lecture.
 - En le lisant, à un moment j'en ai douté.
 - Le livre d'un auteur qui dit ne pas s'intéresser à la 
        littérature, est-il pour le groupe lecture ?
 - Tu ne le savais pas quand tu l'as lu. Tu te fous de ce que dit l'auteur, 
        c'est ta lecture qui compte.
 Antoine, concluantIl n'y a que l'indifférence qui me blesse et ça n'a pas 
        été le cas.
 Le churÇa c'est vrai.
 AntoineMon livre deviendra peut-être un livre-culte
 
 
 
 UN PEU DE DOCUMENTATION 
        Internet laisse penser qu'Antoine Buéno a beaucoup de cordes à 
        son arc : à part les livres qui sont réellement en 
        vente, le reste est peut-être de la fiction... ainsi sa date de 
        naissance varie-t-elle selon les sites (1978, 1982).
 Voici  néanmoins quelques 
        repères concernant ses livres (romans, essais), 
        son expérience de la scène, sa 
        formation, son rôle en politique, son 
        rôle d'enseignant, ses interventions 
        dans les médias et une interview 
        sur Le Maître bonsaï.
 Livres Ses romans 
        mêlent anticipation, absurde et violence. Admirateur dAldous 
        Huxley, il se revendique auteur de fiction "réaliste et fantastique".
 - 2000 : L'amateur 
        de libérines, éd. Gallimard
 - 2002 : Spectateurs, 
        éd. Nicolas Philippe
 - 2005 : Le 
        triptyque de l'asphyxie : ou chronique de la mort des macchabées, 
        éd. de la Table Ronde
 - 2009 : Le 
        soupir de l'immortel, éd. Héloïse d'Ormesson 
        ; Pocket 2013
 - 2014 : Le Maître 
        bonsaï, éd. Albin Michel ; Le 
        Livre de poche 2015.
  Ses essais mêlent 
        pamphlets et exercices de style satiriques.- 2007 : Je 
        suis de droite... et je vous emmerde !, éd. de L'Hèbe
 - 2011 : Le 
        petit livre bleu : analyse politique de la société des Schtroumpfs 
        ; poche éd. 
        Hors collection
 - 2013 : Lecons 
        de môvaise éducation, éd. Fayard
 - 2017 : No 
        vote ! : manifeste pour l'abstention, préface de Michel 
        Onfray, éd. Autrement
 - 2019 : Permis 
        de procréer, éd. Albin Michel (Antoine Buéno, 
        qui y promeut la limitation obligatoire des naissances, a 
        deux enfants).
 ScèneIl s'est lancé sur scène dans l'adaptation de l'un de ses 
        livres, Le 
        petit livre bleu, avant de jouer ses pièces.
 - 2012 : il adapte à la scène Le petit livre bleu et 
        joue Politiquement 
        schtroumpf
 - 2014 : il écrit et joue un one man show, Antoine Buéno 
        est LE service à la personne
 - 2015 : il joue Antoine Buéno, l'Espoir.
 FormationDiplômé de Paris II Panthéon-Assas 
        (DEA de droit public), Sciences Po (2001) 
        et l'ESSEC.
 PolitiqueDepuis 2003, chargé détudes pour les affaires sociales, 
        européennes et culturelles auprès du Groupe de lUnion 
        Centriste. Il a participé comme plume politique à la campagne 
        de François Bayrou pour la présidentielle de 2007 (discours 
        jamais prononcés 
        par François Bayrou).
 EnseignementMaître de conférences à Sciences Po à Paris, 
        il a dispensé pendant plusieurs années un cours d'écriture 
        créative axé sur le thème de l'utopie. Il est à 
        noter qu'il rédigera un manifeste 
        pour l'abstention.
 MédiasPremières piges en 1997-98 à Nova Magazine, chroniques 
        télé (Paris Première, LCI, Cap 24, France 2), 
        radio (France Inter, Fréquence Paris Plurielle, Europe 1), 
        analyses politiques (Huffington Post, France Info, CNews, LCI).
 Il a créé  en 2005 un prix littéraire, 
        le Prix du Style ; voir la liste des 
        auteurs et titres primés...
 Une interview 
        sur Le Maître bonsaï Vous avez un bonsaï ?Non, point du tout!
 D'où vous vient alors votre connaissance en 
        bonsaï ?Pour la petite anecdote, c'est une amie qui m'a dit que son père 
        était maître bonsaï. Ce n'est pas courant donc cela 
        m'a tout de suite intéressé ! Je l'ai rencontré, 
        je lui ai posé plein de questions. Et je me suis aperçu 
        que le bonsaï pouvait être un moyen fabuleux pour parler de 
        ce dont j'avais envie de parler, c'est-à-dire la violence. N'étant 
        au départ pas du tout un passionné ni un connaisseur de 
        bonsaï, je me suis renseigné, notamment auprès de ce 
        personnage - qui ne ressemble absolument pas à celui de mon 
        livre ! - parce qu'il est totalement normal.
 Pourquoi parler de la violence à travers le 
        bonsaï ?Parce que c'est très emblématique à mon avis de ce 
        rapport humain à la nature qui est fait à la fois d'admiration 
        - un bonsaï, on l'aime parce que c'est un être vivant, 
        qu'il rappelle la nature - et en même temps, il n'est beau 
        qu'à partir du moment où il est contraint et donc complètement 
        artificiel. C'est ce rapport ambigu à la nature qui, si on le prolonge, 
        nous amène à la violence. Parce que le véritable 
        sujet du livre, c'est le fait que l'humain soit éminemment violent. 
        On peut d'ailleurs se poser la question de savoir si on n'aurait pas pu 
        être aussi intelligent et aussi créatif tout en ayant un 
        tempérament différent. Ma conviction, c'est que oui, c'est 
        possible, et que c'est quand même bien dommage ! Mais cette 
        violence est bien là. Elle se dirige soit de l'homme contre lui-même 
        (ce que représente le passé que l'on découvre au 
        fil du livre), soit de l'homme directement sur son environnement, sur 
        la nature. C'est évidemment toute la question actuelle de l'écologie. 
        Et c'est ce que "Elle" représente plutôt comme 
        personnage.
 Le message du livre est aussi qu'il est grand temps 
        de sauver la planète.C'est aussi une conviction que j'ai. Je ne suis pas scientifique mais 
        j'ai essayé de spécialiser mon écriture sur ces questions-là, 
        traitées de manière différente. L'anticipation de 
        manière générale, la prospective - où 
        on va - et à mon avis, la situation est d'après ce 
        que j'ai lu et synthétisé, extrêmement dangereuse. 
        Désespérée, je ne sais pas, mais la manière 
        dont on gère ou ne gère pas la planète risque de 
        nous faire basculer dans un environnement qui nous serait beaucoup moins 
        agréable. Pour dire les choses autrement, dans très peu 
        de temps - quelques décennies si l'on continue comme cela - 
        on pourrait se retrouver avec une planète très différente, 
        beaucoup moins propice à la vie, et en particulier la vie humaine.
 C'est pourquoi vous vous décrivez comme un 
        écrivain prospectiviste sur votre site ?Oui. Cela consiste à essayer de s'interroger sur les perspectives 
        qui pourraient s'articuler en trois grands scénarios. Je ne fais 
        là qu'ordonner les choses. Un scénario pessimiste : 
        si on ne prend pas les mesures en matière démographique, 
        énergétique, climatologique, qui s'imposent, cela pourrait 
        nous conduire à un recul très grave. C'est le scénario 
        Icare. On n'est pas loin du soleil, on n'est pas loin de la maîtrise, 
        grâce à l'informatique, à la physique, etc. Mais on 
        fait n'importe quoi, donc on chute. C'est par exemple le scénario 
        chez Cormac McCarty avec La 
        route. Un scénario intermédiaire : Janus. Le 
        monde continue comme aujourd'hui. Il y a deux humanités : 
        l'humanité du Sahel et l'humanité de la Californie. Sauf 
        que le cran du dessus, c'est qu'au Sahel, on retourne à la préhistoire, 
        et que la Californie accède au statut de dieu ou de demi-dieu. 
        C'est le scénario de  
        Stargate. Le troisième scénario, c'est celui que 
        j'ai développé pour le coup moi-même dans Le 
        soupir de l'immortel parce que je ne l'ai trouvé nulle 
        part ailleurs, le scénario optimiste qui promettait, si on prend 
        les bonnes décisions, la maîtrise de la matière, qui 
        nous conduirait à l'immortalité et qui poserait d'autres 
        problèmes et d'autres questions, notamment éthiques.
 Si vous étiez un arbre, de quelle espèce 
        seriez-vous ?Ouh là. Un figuier, parce que j'adore les figues ? C'est tortueux 
        en même temps. Et on peut grimper dedans !
 Quelles histoires vous raconteriez ?Les histoires que j'écris sans doute ! D'ailleurs, au sujet 
        des contes japonais que je raconte dans le livre, j'ai eu des retours 
        hallucinants de lecteurs qui m'ont dit que l'on dirait presque qu'ils 
        sont inventés. C'est un magnifique compliment ! C'est que 
        le faussaire a bien fait son travail. Car bien sûr qu'elles sont 
        inventées ! J'ai dû en lire beaucoup pour arriver à 
        pasticher cela !
 
 Dans quel genre classeriez-vous ce livre ? Roman initiatique, conte ?
 C'est une question très pertinente et très embarrassante. 
        Parce que j'essaie de faire en sorte que chacun de mes livres soit une 
        sorte d'OLNI, c'est-à-dire un objet littéraire non identifié ! 
        Celui-là ne fait pas exception à la règle. Et donc 
        je pense qu'il est très difficilement classable. C'est ce que moi 
        j'aime. Ceci dit, tout en faisant des livres très différents 
        à chaque fois, il y a un fil conducteur, c'est la rencontre entre 
        l'absurde, j'espère le poétique, le surréalisme, 
        et exactement l'inverse, c'est-à-dire l'hyperréalisme qui 
        s'incarne dans quelque chose de très naturaliste, soit dans l'hypersexualité, 
        soit dans l'ultraviolence.
 Extrait du site 
        Clairdeplume"Antoine Buéno, écrivain prospectiviste"
 entretien publié le 24 mars 2014 par chouxdebruxelles
 Voir également une interview dans l'émission 
        Un autre jour est possible de Tewfik Hakem, France Culture, 22 
        avril 2014 (20e 
        à 28e minute).   
  
  
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