Pour le 13 mars 2022 nous avons lu des nouvelles au choix de Dorothy Parker

AUTOUR DU LIVRE
Biographie
Dorothy Parker scénariste
Portée au théâtre
Ses livres

Le rôle de la traduction

Et voici NOS RÉACTIONS sur le livre...

 

Voici ci-dessous d'autres éditions de La vie à deux

L'Œil de la lettre, 1991

Publiées d'abord sous le titre Comme ils sont, Denoël, 1960
:

Comme une valse :

Mauvaise journée :


Poèmes :

Articles :

Nouvelles
en anglais :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Nous avons lu plutôt l'un de ces deux recueils :

La vie à deux
préface et traduction Benoîte Groult, 10/18, 2011, 256 p. (16 nouvelles)
Publiées d'abord sous le titre Comme ils sont (Here We Are), Denoël, 1960

Comme une valse
trad. Michèle Valencia, 10/18, 1992, 288 p.
(19 nouvelles et 4 articles)


Biographie
Une anecdote ? Dorothy Parker assistait seule à une soirée où elle s’ennuyait ferme. Dès qu’une vague connaissance s’approchait d’elle en demandant "Comment allez-vous ? Que faites-vous ces temps-ci ?", elle répondait : "Je viens de tuer mon mari avec une hache et tout va très bien." Parce qu’elle disait ces mots avec l’intonation réservée aux badinages de salon, ses interlocuteurs souriaient en hochant la tête avant de s’éloigner, pas le moins du monde décontenancés (raconte Anne Karpf).

Sa vie est d'un romanesque ! En voici le début :
- 1893 : quatrième enfant de Jacob Henry Rothschild, riche tailleur juif, et d’Elizabeth, protestante d’origine écossaise. Dorothy grandira à New York, dans le très chic Upper West Side.
- 1897 : Décès de sa mère
- 1900 : Son père se remarie
- 1903 : Décès de sa belle-mère
- 1908 : Inscrite dans une école privée pour y poursuivre ses études, elle les arrête rapidement sans avoir obtenu le moindre diplôme.
- 1912 : Décès de son oncle, Martin Rothschild, dans le naufrage du Titanic.
- 1913 : Décès de son père, presque ruiné. Dorothy Parker doit subvenir seule à ses besoins. Elle devient pianiste pour une école de danse et commence à écrire.

Lisez la suite détaillée ici jusqu'à sa mort en 1967 : pourquoi lègue-t-elle l’ensemble de ses droits d’auteur à Martin Luther King ?...

Et la toute fin :
- 2020 : L'urne funéraire contenant ses cendres qui avait passé plusieurs décennies, oubliée, au crématorium, puis dans un cabinet d'avocats, a rejoint enfin New York qu'elle considérait comme sa ville natale.

Trois articles la présentent sous un angle particulier
- "Dorothy Parker retrouvée à Manhattan", Nathalie Crom, Télérama, 8 juillet 2011 : elle appartenait au"Cercle vicieux", réuni à l'hôtel Algonquin, qui régnait dans les années 1920 sur la vie intellectuelle et mondaine new-yorkaise.
- "Dorothy Parker, la mort en sursis", François Forestier, Nouvel Obs, 23 octobre 2014 : un portrait savoureux et sans pitié de notre héroïne alcoolique, suicidaire et langue de vipère...
- "Style Parker", par Claire Devarrieux, Libération, 6 mai 1999.

Voici deux biographies
- L'extravagante Dorothy Parker de Dominique de Saint-Pern, Grasset, 1994
- Les traversées de Dorothy Parker de Camille Mancy, éd. Prisma, 2020, qui nous montrent sa binette entre deux âges :
                             
Et un site
Dorothy Parker Society, le site officiel de Dorothy Parker depuis 1998, présente par exemple :
- des interviews, par exemple "L'art de la fiction", interview par Marion Capon, The Paris Review, n°13, été 1956
- ses maisons : homes
- les lieux qu'elle fréquenta : haunts
- des tatouages inspirés de Dorothy (!) : tattoos

En vidéo ou audio
- Sur les traces de Dorothy en anglais : Remembering the Legacy of Dorothy Parker, vidéos : part I; 6 min et part II, 4 min.
- Bette Davies fit une lecture incroyable de Dorothy Parker, The Hollywood Palace : Dramatic Reader, 5 février 1966, vidéo, 7 min.
- La voix de Dorothy Parker dit ici "Afternoon
" et là "Perfect rose".

Le club dont elle fit partie...
Dorothy Parker fit partie de "L'Algonquin Round Table", un groupe d'écrivains et acteurs américains qui se réunissait dans les années 1920 à l'Hôtel Algonquin à Manhattan :
- un documentaire américain retrace l'histoire de ce groupe : The Ten-Year Lunch d'Aviva Slesin, récompensé par un Oscar en 1987 (en ligne ici).
- Mrs Parker et le Cercle vicieux, film de Alan Rudolph, sorti en 1994, en sélection officielle au festival de Cannes, présente la vie de Dorothy Parker dans le New York des années 1920 dans le cercle littéraire de la table ronde de l'Algonquin : bande annonce ici.
- Il a aussi inspiré
Le cercle des plumes assassines : une enquête de Dorothy Parker de J. J. Murphy, éd. Bakerstreet 2015, puis Folio policier 2016.

Dorothy Parker scénariste

Quelques repères sur sa carrière
- 1934 : Dorothy Parker épouse Alan Campbell, acteur et écrivain ; ils emménagent à Hollywood et travaillent ensemble à des scénarios pour de grandes sociétés de production, notamment la Paramount. Elle participe à la création du premier syndicat de scénaristes, la Screen Writers Guild. Elle travaillle essentiellement pour des films très commerciaux, pour lesquels elle est très bien payée.
- 1937 : On lui confie un scénario qui a déjà été ravaudé par 16 auteurs différents, qu'elle reprend avec son mari : c'est A star is born, avec Janet Gaynor et Fredric March (en ligne ici en vo) Le film sera nommé pour sept oscars. Il en obtiendra deux : "Meilleure histoire" et "Images Technicolor". C'est le triomphe pour le couple Parker.
- 1938 : Elle co-écrit le scénario de Sweetbearts de W. S. Van Dyke et de deux autres films grand public : The Cowboy and The Lady de H. C. Potter, et Trade Winds de Tay Garnett.
- 1941 : Elle travaille sur le scénario de Week-end for Three, de Irving Reis, et sur les dialogues de The Little Foxes de William Wyler.
- 1947 : Nouvelle nomination aux Oscars, dans la catégorie du meilleur scénario, avec le film Smash Up : The Story of a Woman de Stuart Heisler.
- 1949 : Écriture de son dernier scénario, pour un film d'Otto Preminger, The Fan, adaptation de la pièce d'Oscar Wilde L'Éventail de Lady Windermere. Dorothy Parker est mise sur la liste noire de la Motion Picture Association of America, qui depuis 1947 refuse d'employer des membres du Parti communiste ou des activistes de gauche...

Portée au théâtre

Dorothy Parker inspire en France les gens de théâtre - et cette liste n'est pas exhaustive... :
- 1982 : Quelle belle vie ! Quelle belle mort !, Théâtre 14, mise en scène Andréas Voutsinas
- 1999 : La Vie à deux, mise en scène Dominique Lardenois
- 2000 : Journal d'une new-yorkaise, mise en scène Hélène Darche, Théâtre de l'Opprimé
- 2004 : Assez de corde pour se pendre, mise en scène Hélène Dedryvère, Toulouse
-
2006 : Hôtel Dorothy Parker, Théâtre de Déchargeurs, puis théâtre La Bruyère, mise en scène Rachel Salik
- 2008 : Mauvaise journée demain, mise en scène Alain Prioul
- 2010 : DesAmours, mise en scène Cassandre Vittu de Kerraoul
- 2013 : Dorothy Parker, mise en scène Arnaud Selignac, avec Natalia Dontcheva, Théâtre du Lucernaire. Extrait et interview ici.
- 2017 : Night and Day, mise en scène Gaëlle Lebert. Détails ici.
- 2021 :
La valse, Marie Strehaiano, Théâtre du Passeur au Mans (trois nouvelles)
- 2021 : Dorothy,
écrit, mis en scène et interprété par Zabou Breitman, au Théâtre du Chêne noir à Avignon et au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Beaucoup de presse sur ce spectacle : voir par exemple dans 28 minutes. Le dossier de la pièce. Interview dans La Terrasse. Extrait ici. Avec Léa Salamé sur France Inter ici.

Jean-Luc Seigle publié Excusez-moi pour la poussière : le testament joyeux de Dorothy Parker, pièce en huit tableaux, Flammarion, 2016. Pièce jouée en 2013 et 2017.

Autre scène que celle du théâtre, celle de la chanson : en 1987, Prince chante la "Ballad of Dorothy Parker" dans son album Sign O’ The Times : l’histoire d’un flirt avec Dorothy Parker, serveuse rencontrée sur un boulevard... (à écouter en studio ou live).

Ses livres

     › ŒUVRES EN ANGLAIS
•Nouvelles
- Complete Stories, Londres, Penguin Books, 1995.

•Poésie
- Complete Poems, Londres, Penguin Books, 1999.
- Not Much Fun : the Lost Poems of Dorothy Parker, New York, Scribner, 2001.

•Recueils d'articles
- Complete Broadway, 1918-1923, Bloomington, iUniverse, 2014.
- Constant Reader, New York, Viking Press, 1970 (recueil d'articles de critique littéraire parus dans le New Yorker entre 1927 et 1933)

•Pièces de théâtre
- Close Harmony, avec Elmer Rice), New York, S. French, 1929.
- The Ladies of the Corridor, avec Arnaud d'Usseau, New York, S. French, 1954.
- The Coast of Illyria, avec Ross Evans, Iowa City, University of Iowa Press, 1990.


     ŒUVRES TRADUITES (7 livres, 6 traducteurs : Benoîte Groult, Michèle Valencia, Martial Doré, Patrick Reumaux, Hélène Fillières)
La vie à deux, préface et traduction par Benoîte Groult, publié d'abord sous le titre Comme ils sont (Here We Are), Denoël, 1960 ; réédition sous le titre La Vie à deux, Union générale d'éditions, 1983 ; réédition 10/18, 2011, 256 p. (16 nouvelles)
- Quel dommage ! (publié dans un autre livre)
- Le coup de téléphone
- La grande blonde
- Quelle soirée formidable !
- Le merveilleux Vieux Monsieur
- Monsieur Durant (publié dans un autre livre)
- Le calme avant la tempête
- Le petit Curtis
- La vie à deux
- Vêtir ceux qui sont nus
- New York - Detroit
- Les sexes
- La jument
- Sentimentalité
- Arrangement en noir et blanc
- Les bonnes amies

Comme une valse, trad. Michèle Valencia, 10/18, 1992, 288 p.
(19 nouvelles et 4 articles)

- Une question de standing
- Encore un tout petit
- Mrs Hofstadter, qui habite Joséphine
- Street
- La valse
- Soldats de la République
- Le dernier thé
- Journal d'une New-Yorkaise
- Cousin Larry
- Haute couture
- Lolita
- La jolie permission
- La gloire en plein jour
- Le cœur qui fond
- Je ne vis que par tes visites
- La foudre narguée
- L'héritage de Whistler
- La jeune femme en dentelle verte
- Dialogue à trois heures du matin

Mauvaise journée demain, trad. Hélène Fillières*, éd. Christian Bourgois, 2010, 192 p. (16 nouvelles)
- Quel joli petit tableau (publié dans un autre livre)
- La jarretière
- La chape de compliments
- Une journée horrible, demain
- Récit de voyage
- Retour à la maison
- Oh ! Il est charmant
-
Miss Carrington et Miss Crane
- Une femme particulière
- Une jeune femme en dentelle verte
- Conversation à trois heures du matin
- Le berceau de la civilisation
- Mais celui à ma droite
- Conseils à la petite Peyron
- Le dîner de corbeau
- Le jeu

Monsieur Durant et autres histoires de couple, trad. Martial Doré, éd. Sillage, 2021, 80 p. (3 nouvelles précédées de repères bio puis bibliographiques)

- Monsieur Durant (publié aussi dans le recueil La vie à deux)

- Quel dommage ! (publié aussi dans le recueil La vie à deux)

- Un si joli petit tableau (publié aussi dans le recueil Mauvaise journée demain)

Par ailleurs, sont aussi publiés :
Des poèmes : Hymnes à la haine, préface de Benoîte Groult, trad. Patrick Reumaux, Phébus, coll. Libretto, 2010, 112 p.
Des articles : Articles et critiques, trad. Hélène Fillières*, éd. Christian Bourgois, 2002, 294 p.

                                   

*L'actrice Hélène Fillières évoque ses traductions de deux livres de Dorothy Parker dans une 'interview : "L'attrape-cœurs", par Olivier Nicklaus, Les Inrocks, 27 février 2001.

Le rôle de la traduction

"Monsieur Durant" étant une nouvelle présente dans deux recueils, traduite à 60 ans de distance, voyons le premier paragrahe et comparons les grandes différences entre les deux traductions. Reportons-nous donc au paragraphe anglais :

Traduction par Benoîte Groult, Denoël, 1960, puis 10/18
Il y avait bien dix jours que M. Durant ne s'était pas senti aussi heureux. Il se complut dans ce bien-être avec la sensation de s'allonger entre des draps frais et lisses. Dieu, avec qui M. Durant entretenait des rapports de bon voisinage, régnait de nouveau dans son paradis et chaque chose avait repris sa place dans l'univers.

Traduction Martial Doré, éd. Sillage, 2021
Cela faisait bien dix jours que M. Durant ne s'était pas senti l'esprit aussi léger. Il s'abandonna à la douce chaleur du calme retrouvé, comme il se serait voluptueusement emmitouflé dans un luxueux manteau neuf. Dieu pour Qui M. Durant éprouvait une bienveillante affection, était en Son paradis, et tout allait de nouveau pour le mieux dans le monde de M. Durant.

Not for some ten days had Mr. Durant known any such ease of mind. He gave himself up to it, wrapped himself, warm and soft, as in a new and an expensive cloak. God, for Whom Mr. Durant entertained a good-humored affection, was in His heaven, and all was again well with Mr. Durant's world.

Il se trouve que tout le début de la nouvelle est analysé par Xavier Lachazette, maître de conférences, dans le cadre de la préparation à l’agrégation d’anglais, qui fait une série de critiques à la traduction de Benoîte Groult et conclut que le jury d'agrégation lui attribuerait une sale note...

Sont appréciés :
- "Il y avait bien dix jours"
- "régnait de nouveau dans son paradis et chaque chose avait repris sa place" (mais il manque la fin de la phrase)

Sont jugés désolants :
- "heureux" pour ease of mind
- "s'allonger entre des draps frais et lisses" (transposition lointaine où warm devient "frais" et cloak "draps")
- "rapports de bon voisinage" pour good-humored affection
- les majuscules attribuées à l'initiale du pronom et du déterminant possessif se référant à Dieu ne sont pas conservées.

Il est vrai que la littérature et l'agrégation relèvent de plaisirs différents, mais Benoîte exagère quand même...


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