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| Philippe Jaccottet en 
        1990  
 Quatrième de couverture : "Je pense quelquefois que si j'écris encore, c'est, ou ce devrait être avant tout pour rassembler les fragments, plus ou moins lumineux et probants, d'une joie dont on serait tenté de croire qu'elle a explosé un jour, il y a longtemps, comme une étoile intérieure, et répandu sa poussière en nous. Qu'un peu de cette poussière s'allume dans un regard, c'est sans doute ce qui nous trouble, nous enchante ou nous égare le plus ; mais c'est, tout bien réfléchi, moins étrange que de surprendre son éclat, ou le reflet de cet éclat fragmenté, dans la nature. Du moins ces reflets auront-ils été pour moi l'origine de bien des rêveries, pas toujours absolument infertiles." 
 Quatrième de couverture : 
        Les deux recueils rassemblés ici se tiennent 
        sur un versant apaisé de l'uvre de Philippe Jaccottet, et 
        témoignent d'une prise de distance avec les peurs, les douleurs, 
        les alarmes passées. Non que la destinée humaine ait changé 
        de trajectoire et se soit magiquement affranchie de sa finitude, mais 
        des passages, des éclaircies sont ici entrevus qui tentent de déjouer 
        les pièges du temps. 
 Quatrième de couverture : 
        "Les événements 
        du monde, depuis des années, autour de nous, proches ou lointains 
         mais plus rien n'est vraiment lointain, du moins en un sens, si 
        plus rien n'est proche non plus , l'Histoire : c'est comme si des 
        montagnes au pied desquelles nous vivrions se fissuraient, étaient 
        ébranlées ; qu'ici ou là, même, nous en ayons 
        vu des pans s'écrouler ; comme si la terre allait sombrer. 
 | Philippe Jaccottet (1925-2021) | |||||||||||||||||||||||||||||||||
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               Quelques 
              repères chronologiques  Traductions  Jaccottet et la peinture  Jaccottet et la tradition orientale  Vidéo  Radio  Articles | |
Laura (avis 
        transmis)
(avis 
        transmis) 
        Je ne sais pas vraiment quoi penser de cet ouvrage. Je l'ai lu en entier, 
        mais je me rends compte que j'ai beaucoup survolé, rien ne m'a 
        spécifiquement touchée ou attrapée au vol. J'ai vraiment 
        eu la sensation de presque tout lire sans comprendre. Alors, il faut déjà 
        dire que je ne suis pas très sensible à la poésie : 
        un jour, on m'a dit que ça viendrait avec le temps, mais j'attends 
        encore. Pourtant, je vibre bien pour quelques poèmes de Verlaine, 
        Mallarmé ou Mandelstam. Avec Cahier de Verdure, c'était 
        une manière de me redonner un chance à moi-même, de 
        me dire que je ne suis pas irrécupérable
 Faut croire 
        que si
 Donc plus clairement, je n'ai pas apprécié. 
        J'ai trouvé l'ouvrage plat, sans vie, d'une contemplation infinie 
        mais ennuyeuse. J'ai cru comprendre que toute la première partie 
        (ou tout l'ouvrage ?) était une sorte d'ode à la nature 
        : c'est beau comme thème, mais étonnamment ça ne 
        m'attire pas plus que ça. Plus précisément, j'ai 
        été lassée dès la première partie : 
        je n'aime simplement pas son style d'écriture. Je trouve que les 
        phrases sont soit trop longues, soit trop courtes. Parfois il y a trop 
        d'adjectifs, parfois que ce n'est pas assez rythmé. Parfois trop 
        de références au point de s'y perdre et d'avoir la sensation 
        de recevoir une encyclopédie sur la tête (Dante surtout, 
        mais la peinture aussi) ; mais après plus rien de visible. Aussi 
        le sentiment que l'auteur sortait des mots compliqués trouvés 
        dans les synonymes du CNRTL pour faire joli et classe. Bref, je trouve 
        l'ouvrage légèrement pédant (je suis peut-être 
        et sûrement énervée par le simple fait de ne pas avoir 
        les références
). Par contre, je crois bien avoir compris 
        un petit jeu de mot : "Blason vert et blanc", comme le 
        blason familial de la nature, mais aussi comme les poèmes du XVIe 
        siècle de Clément Marot, en hommage à une partie 
        spécifique du corps d'une femme. Donc à la fois les couleurs, 
        et l'expression d'un amour fort. Cette trouvaille n'a malheureusement 
        pas eu assez de poids sur la balance de mon jugement. Moi qui m'énerve 
        contre des détails que je n'apprécie pas (p. 48 "montagnes 
        à contre jour dans le matin d'été : c'est simplement 
        de l'eau", NON ! Une montagne n'est pas de l'eau !! stop 
        ! je suis peut-être trop cartésienne), j'ai vite tu mon esprit 
        pour laisser place à l'ennui. Pour donner une preuve : j'ai rêvé 
        de Jaccottet et de cet ouvrage la semaine dernière, 
        il me le lisait à haute voix pour finir par s'exclamer "put*** 
        ce que c'est ennuyeux !". Sinon, dans les bons points, j'ai apprécié 
        la page 63 ("oui, oui, c'est cela, c'est cela ! criait-elle. Et 
        son visage semblait éclairé par quelque chose qui lui faisait 
        face."), un peu plus vivant, et étonnant comparé 
        aux autres écrits. Mais je me suis quand même posé 
        la question du lien entre tous ces écrits. 
        Je ferme. 
        Catherine 
        J'ai craqué et jai abandonné en cours de route...
        Fanny (avis 
        transmis)
(avis 
        transmis) 
        J'ai apprécié ces lignes poétiques, dépaysantes, 
        comme une invitation à un voyage bucolique. 
        Seulement je ne les ai pas lues dans de bonnes conditions... Quel contraste 
        que de s'y plonger dans le métro en allant travailler. Je me suis 
        intérieurement amusée de ce décalage, mais je dois 
        dire que cela m'a tout de même empêchée de savourer 
        la lecture. 
        Je me suis dit que cela aurait été un choix très 
        judicieux pour une semaine de lecture. 
        Je garde le livre à portée de main pour y picorer de temps 
        à autre sur des temps de farniente. 
        En tous les cas, merci Monique de ce choix, j'avais donc vu juste en me 
        doutant que tu étais à l'origine de la proposition. 
        J'ouvre ¾.
        Etienne (avis 
        transmis)
(avis 
        transmis) 
        Je dois dire que j'ai un peu hésité à envoyer mon 
        avis après que Claire m'a annoncé en off qu'elle s'apprêtait 
        à assassiner l'objet qui nous rassemble. 
        Et puis non, plus j'avançais ces derniers jours et plus il me semblait 
        que ce recueil valait de l'or vert. Je ne suis pas un très grand 
        amateur de poésie, mais j'ai l'impression progressivement d'arriver 
        à poser des pierres dans ce jardin et à en lire de plus 
        en plus (récemment Carver et Akhmatova). Cette uvre m'a parue 
        assez facile d'accès de par sa thématique récurrente 
        qui permet de recentrer et de rattacher ce qu'on lit à quelque 
        chose de très sensoriel et de personnel. D'autre part je trouve 
        qu'il a une approche presque "scientifique" de la littérature 
        : de peur de se faire mal comprendre, il tente et retente encore de préciser 
        son propos sur une émotion, un ressenti. Cela peut parfois donner 
        une lourdeur au texte et l'on s'amuse de l'écart entre certains 
        textes et les petits haïkus qui parsèment l'uvre. À 
        ce titre, mon seul bémol ira aux passages entre parenthèse, 
        qui m'ont souvent semblé superflus. 
        Mais passé cela, quelle belle émotion ressentie ! On sent 
        un homme tourmenté chez qui l'inquiétude revient inlassablement 
        mais qui, malgré tout, semble avoir toujours cette intuition de 
        la persistance d'une lumière, aussi tenue soit elle. Bien qu'il 
        ne soit pas dans le thème de la nature, le poème à 
        propos de son amie décédée est bouleversant.
        Difficile d'en dire plus, tant les règles qui gouvernent un recueil 
        de poésie sont différentes de celles des uvres que 
        nous avons l'habitude de lire. 
        Je l'ouvre donc aux ¾.
        Denis
        Même si je ne suis pas un grand amateur de poésie, j'aime 
        beaucoup Apollinaire et sa joyeuse élégance, Mallarmé 
        et ses énigmes qui me permettent des exercices de mémoire 
        car je les apprends par cur pour me les réciter aux moments 
        perdus ou pendant les attentes. J'aime les énigmes posées 
        par Mallarmé, je finis souvent par leur trouver un sens à 
        force de me les réciter (j'en ai encore quelques-uns sur la planche). 
        Je connais aussi quelques poèmes en allemand, ils font de bons 
        exercices de diction. 
        Le recueil de ce soir ne correspond pas, par son langage, à l'idée 
        que je me fais de la poésie : il est trop clair et peut sembler 
        plat. J'ai feuilleté le volume à la recherche de fragments 
        qui m'accrochent. J'ai aimé le texte sur le chant de l'alouette, 
        très surprenant. J'ai aimé la longue dissertation sur le 
        cerisier au-delà du champ de blé, analyse d'un phénomène 
        parfaitement anodin à première vue. J'ai détesté 
        le texte sur le vert et le blanc qui m'a paru très prétentieux. 
        Mais je réserve mon jugement. Peut-être que, à lire 
        une page de temps en temps, je finirai par aimer ce que je n'aime pas... 
        Quand Jaccottet a découvert le haïku, il lui a fallu du temps 
        pour aimer et il a fini par considérer cela comme un trésor.
        De façon générale, j'estime toutes les tentatives 
        pour parler avec sensibilité de la Nature et du Monde naturel. 
        Je trouve que c'est un des grands accomplissements de l'humanité 
        que d'établir des connexions entre le Monde naturel et le langage. 
        C'est familial : mon père était ainsi, lisait beaucoup de 
        poésie. Récemment, nous avons lu Werther, 
        et j'ai beaucoup aimé la manière dont Goethe exprime l'émerveillement 
        de son héros face à la nature. 
        Avant de feuilleter le dossier, je ne savais absolument 
        rien de Jaccottet, même pas son nom. Il était à moitié 
        suisse, et cela m'a fait penser à Ramuz, que j'admire beaucoup, 
        qui donne des descriptions formidables des montagnes - et des campagnes 
        - de son pays. Il est vrai que Jaccottet, lui, habitait près du 
        mont Ventoux, rien à voir avec les montagnes suisses
 mais 
        il a pu garder des réminiscences de jeunesse. 
        Ce livre, je le garde sous le coude et je le reprendrai. On ne peut pas 
        dire que c'est nul, il y a un gros travail d'écriture, donc j'ouvre 
        ½. Et puis, être publié en La Pléiade de son 
        vivant, c'est signe que c'est bien, n'est-ce pas ? J'ai été 
        intrigué par le fait que le titre "Cahier de verdure" 
        apparaît comme titre du recueil, titre d'une partie du recueil, 
        et titre d'une seule page recto-verso (p. 21). L'insistance est claire : 
        on se met au vert ! 
        Jacqueline (que la poésie a poussée à s'étendre...)
 
        (que la poésie a poussée à s'étendre...)
        Je crois aimer la poésie... Mais je la fréquente si peu ! 
        Je pourrais remonter à des souvenirs d'enfance, Les promenades 
        avec l'un de mes grands-pères qui me récitait du Victor 
        Hugo. Les vers appris à l'école puis au lycée où, 
        comme la bibliothèque familiale, le Castex 
        et Surer (avant Lagarde et Michard) m'offrait, enfin, la liberté 
        d'y picorer
 
        Il m'en reste un goût pour une écriture particulière 
        faite, il me semble, pour être dite
. et dégustée. 
        
        D'une certaine manière, je suis très ignorante de la poésie 
        contemporaine (le contemporain pour moi serait Rimbaud, Apollinaire ou 
        Éluard !!!). 
        Il y a quelques mois, ma petite fille m'a fait découvrir Yves Bonnefoy 
        avec Les 
        planches courbes emprunté pour elle dans une bibliothèque 
        proche. Un beau livre où il était aussi question de marches 
        dans la nature. Il n'y a pas longtemps non plus, quand nous avons lu À 
        la ligne, Ponthus m'a fait découvrir Thierry Metz et si 
        je n'ai pas toujours suivi les métaphores de son beau récit 
        Journal 
        d'un manuvre, j'ai beaucoup apprécié son recueil 
        de Poésies 
        1978-1997 dont les thèmes me semblent assez proches
 
        
        La poésie, le langage qu'elle crée, permet un partage particulier 
        de pensée autour d'expériences relativement communes. En 
        même temps, elle exige une plus grande attention, une lecture différente... 
        
        J'étais prête à lire Jaccottet sinon à en parler... 
        
        Dès le premier texte, "Le cerisier", j'ai été 
        embarquée :
"rassembler les fragments plus ou moins lumineux et probants d'une joie dont on serait tenté de croire qu'elle a explosé un jour, il y a longtemps comme une étoile intérieure, et répandu sa poussière en nous"
faisait écho à ce que disait Bergman 
        de cette joie, citant le choral de Bach Que ma joie demeure, ou 
        à ce que peut dire Aaron Appelfeld 
        de son travail d'écriture pour en retrouver les sources et s'en 
        tenir au plus près 
        La suite parlait de rencontres, rencontres humaines avec leurs difficultés 
        et rencontre d'une simplicité évidente avec un cerisier 
        chargé de fruits, un peu éloigné, dans l'obscurité 
        du soir, mais suffisamment proche, non seulement pour parler à 
        celui qu'il interpelle, mais pour donner lieu à une description 
        très précise de ce qui en est vu. 
        On est loin de l'élégie classique, loin de la personnalisation 
        romantique et pas tout à fait dans "le 
        parti pris des choses" puisqu'il s'agit de vivant...
        Au fil de ma lecture, j'ai rencontré : 
        des formulations qui m'ont ravie, qui ont suscité 
        en moi un réel écho :
        
        p. 21 peut-être à cause du terme "vaillante" et 
        de souvenirs de violettes :
        
"Il n'y a pas de neige
mais beaucoup d'eau vaillante dans les roches
et des violettes en plein sentier."
p. 43 un vu :
"Que la poésie peut infléchir, fléchir un instant, le fer du sort. Le reste à laisser aux loquaces."
p. 39 la difficulté d'interpréter les cris - ici des alouettes :
"Avec des cris de joie (ou de colère) sans autre outil que leur voix aiguë (jubilante ou désespérée, on n'aurait su le dire)".
Je ne vais pas les citer toutes, mais certaines, me semble-t-il, parlent 
        de la jouissance, et beaucoup de la mort qui est très présente 
        dans ce recueil
        D'autres dont je crois partager l'impression :
        
        à propos des fleurs de cognassiers (que, peu sûre de les 
        connaître, j'ai regardé sur internet) :
p. 26 "C'était là simplement. Présent, tranquille, indéniable."
puis p. 31 "couleurs fermes, opaques, tranquilles ; rien qui frémisse, qui batte de l'aile, rien même qui vibre... D'ailleurs, elles ne brûlent pas : ce serait encore trop de mouvement, de fièvre, d'inquiétudes."
p. 41 à propos du chant des alouettes :
"cela vrillait l'ouïe et le ciel, dans l'obscurité presque totale et la fusillade du froid"
p. 33 sur l'idée d'un appel soudain venu du cerisier ou du cognassier :
"Un salut, au passage, venu de rien qui veuille saluer, de rien qui se soucie de nous le moins du monde.
cela m'a rappelé un haïku d'une autre 
        poète contemporaine : 
        
"Si calme midi .
Sentir étale et immense
un monde sans soi"
puis la suite qui est un des leitmotive de ce recueil 
        :
        
"Pourquoi donc sous ce ciel, ce qui est sans voix nous parlerait-il ? Une réminiscence ? une correspondance ? Une sorte de promesse même ?
Vues dont le mouvement, comme celui des oiseaux, recoudrait l'univers."p. 34 "chose belle à proportion qu'elle ne se laisse pas prendre "
D'autres encore me laissent dubitative :
        Dans "blason vert et blanc" je rencontre trop de références 
        en dehors de ma faible culture pour que cela me parle immédiatement, 
        mais c'est une occasion d'entendre parler de poètes, d'artistes 
        que je ne connaissais pas, ou pas vraiment
 et puis y apparaît 
        le Jaccottet traducteur, au moins trilingue comme le veut son pays d'origine... 
        
        Des images que je ne suis pas sûre de saisir, bien 
        que tout de suite elles m'évoquent des plans successifs de montagne, 
        en arrière-fond le mont Ventoux puis les Alpes, vus depuis une 
        terrasse des Cévennes : 
        
p. 43 "montagne à contre-jour dans le matin d'été : c'est, simplement, de l'eau"
Y a-t-il un lien avec :
p. 22 "Allez encore vers ces lacs de montagnes qui sont comme des prés changés en émeraude" ?
À cause de ces doutes, je n'ouvre qu'aux ¾.
        Avec un grand merci au groupe et avant tout à Monique qui m'ont 
        permis cette découverte !!!! 
        Monique L
        Très difficile de parler de cet ouvrage de prose poétique.
        Je ne me souviens pas d'avoir lu ce genre d'ouvrage sauf en littérature 
        japonaise. Je n'ai pas retrouvé le livre qui m'est tout de suite 
        venu à l'esprit, il racontait un voyage vers quelqu'un qui était 
        dans un asile. L'évocation de la nature était très 
        belle et en lien avec la situation.
        Je n'ai pas été conquise par le livre de Jaccottet. Je n'ai 
        pas été emballée par l'écriture qui parfois 
        ne me disait rien du tout et que j'ai trouvée très lourde. 
        J'y ai apprécié des images, des rapprochements inattendus 
        mais j'ai été peu touchée même lorsqu'il évoque 
        la mort. C'est une suite de proses de description et de réflexion 
        et de poèmes. 
        J'attends de la poésie de ressentir une certaine émotion, 
        d'y trouver un rythme, une métrique, une sonorité des mots, 
        des figures de style et éventuellement des rimes (quand ce n'est 
        pas en prose).
        J'ai trouvé que c'était bien écrit, parfois presque 
        trop riche mais beaucoup trop froid et trop explicite pour de la poésie 
        où le non-dit est souvent source d'émotion.
        Pour apprécier ce genre de poésie "moderne", je 
        manque sans doute de pratique et de connaissances, j'en suis consciente.
        Je fais le parallèle avec la musique et ma première écoute 
        de Varèse. 
        Il y a néanmoins des textes que j'ai appréciés comme 
        "La loggia vide" des poèmes comme "Dame étrusque".
        La plupart du temps, je me suis ennuyée. J'ouvre au ¼.
        Brigitte
        Je ne m'étais jamais confrontée à Jaccottet et j'imaginais 
        que ce n'était pas pour moi, ce fut donc une opportunité. 
        Ça se lit rapidement, pas de difficulté. Ce texte est très 
        bien écrit. Il y a des descriptions très subtiles de la 
        nature. Je me sens un peu dans l'ambiguïté : car pour moi, 
        la poésie correspond à une ouverture vers une émotion 
        à travers la puissance évocatrice des mots, un surgissement 
        soudain et ici je n'ai rien ressenti, tout est explicite. Les images sont 
        admirables, mais je n'ai pas été touchée.
        J'ai relevé la présence d'une culture qu'on trouve dans 
        les textes du XVIe et XVIIe siècles : des dieux, des forêts, 
        des elfes
 que je croyais oubliés par notre époque. 
        J'ai noté quelques passages que j'ai bien aimés, trois ou 
        quatre pages qui m'ont plu, des choses profondes
 Je citerai par 
        exemple, à la p. 183 : L'invisible, 
        en ces eaux, par quoi elles touchent en moi ce que j'aurais en moi d'invisible 
        ? Mais dans l'ensemble, je reste en dehors.
        J'ouvre à moitié.
        Séverine
        Je n'ai pas lu de poésie depuis l'université. Et j'ai fait 
        la mauvaise élève : comme c'était assez insupportable 
        pour moi, j'ai lu juste Le cahier de verdure, un recueil m'a suffi. 
        Je rejoins Laura qui dit avoir survolé. Je n'ai peut-être 
        pas les codes, comme pour l'art contemporain. Ce sont des considérations 
        poétiques, je suis surprise par la forme ; c'est découpé 
        en plein de formes différentes (texte long, texte court type haïku, 
        du texte en italique
). Est-ce que ça forme un tout ? 
        Ou est-ce que chaque chapitre a plusieurs parties ? Puisqu'il était 
        question de lire quelque chose, j'ai pensé dans "L'apparition 
        des fleurs" à "Le vieil homme n'a pas survécu
"
        Bref, je me suis ennuyée. Je pense qu'il faudrait lire cela dans 
        le temps et pas comme un roman. Ou l'entendre lu à haute voix ? 
        Ce qui ne donnerait pas la même perception. Je compte sur Monique 
        pour être éclairée. J'ouvre un quart. Mais je ne suis 
        pas sûre qu'elle me convaincra sur cet ouvrage : ce poète 
        ne doit pas être la bonne pioche.
        Claire
        J'étais très contente de lire de la poésie. Je ne 
        lis jamais de poésie. Pourquoi ? Parce que ça me barbe, 
        sans fil narratif ou réflexif. J'ai quelques souvenirs exceptionnels, 
        mais sous forme d'une page : Baudelaire, sonnets de Shakespeare, Pablo 
        Neruda. Mais d'une manière générale, je clame : je 
        nêêêêêême pas la poésie. Récemment 
        je suis tombée sur des poèmes de Sylvia Plath, dont je voudrais 
        proposer au groupe La cloche de détresse, qui m'ont saisie. 
        Bref, j'étais très contente de cette expérience de 
        lecture dans le cadre du groupe. De plus, il s'agit plutôt de prose, 
        ce qui me semble plus humain. Et un poète que Monique nous présente 
        comme l'un des plus grands poètes francophones de la deuxième 
        moitié du XXe siècle ! J'étais donc toute ouïe.
        Mes réactions sont extrêmement négatives. Je n'ai 
        trouvé aucun intérêt à ce livre. C'est même 
        pire que ça : ce livre a alimenté ma détestation 
        de la poésie.
        Pour les deux recueils, cela s'est déroulé pareillement, 
        ça part bien et en deux pages, c'est plié. Je déteste 
        : 
        - les références d'entre-soi cultivé excluantes : 
        littérature, peinture, musique, mythologie
        - les cucuteries sur les fleufleurs : "Le 
        torrent parle, si l'on veut ; mais sa voix à lui : le bruit de 
        l'eau" ou "Pourquoi 
        donc y a-t-il des fleurs ?" ou le berger à la nymphe 
        dévêtue : "Bonne 
        nouvelle avant la fin du monde : c'est encore le lait des astres qui gonfle 
        votre sein"
        - les passages incompréhensibles : "Les 
        voyeurs bénins abandonnés à leur mélancolique 
        obsession, verra-t-on plus clair qu'ils ne l'ont fait ? Faudra-t-il, pour 
        cela, plus d'attention ou plus d'insouciance ? Plus, ou moins de détours 
        ? Sûrement, plus d'ingénuité."
        - les blancs prétentieux pour mettre en valeur de façon 
        satisfaite ses quelques mots
        - les passages blablateux, par exemple tout le dernier chapitre commençant 
        par "Les événements 
        du monde, depuis des années, autour de nous, proches ou lointains..."
        - l'affectation : "Ainsi 
        ce lieu me vêt d'images pures"
        - et pour couronner le tout l'inintérêt des propos, même 
        quand le thème est alléchant (chapitre sur les musées)
        - la composition de chaque recueil m'échappe : y en a-t-il une ?...
        Je pense que ces caractéristiques en font un bon écrivain 
        pour les épreuves scolaires et j'ai vu en effet qu'on trouve des 
        extraits de ses textes sur des sites de bachotage.
        Par contre, j'ai lu une longue interview 
        que j'ai mise en ligne, que j'ai trouvée très intéressante, 
        la parole de cet homme auteur de ce livre, mais le contraste en rajoute 
        une couche. Je ferme le livre.
Rozenn
        J'ai très mal lu. J'ai survolé, j'ai picoré. Il n'y 
        a pas assez de narratif ; je veux des histoires. Des choses m'ont plu. 
        Je ne lis jamais de poèmes. Du coup je vais en lire. J'ai aimé 
        cette question "Pourquoi 
        donc y a-t-il des fleurs ?" Et ce qu'il dit sur le vert. 
        J'ai beaucoup aimé : "il 
        y avait dans une chambre nuit brûlante (
) au départ 
        (
) comme une chemise
" : il pourrait se passer 
        quelque chose.
Monique
        Oui c'est un linceul.
        Rozenn
        Ah merde ! Et ma tête se prend comme un musée, ça 
        m'a plu. Les paysages ne m'ont pas plu car ce sont des montagnes, j'ai 
        sauté ; j'attends qu'il écrive sur la mer. J'ai sauté 
        ou oublié. J'ai oublié ce qui me gêne.
        J'ai envie de lire de la poésie.
        J'ai lu très rapidement, une page sur deux, très mal lu. 
        Pour l'instant je ferme (voir la suite deux jours 
        plus tard).
Manuel 
        J'en ai trop peu lu pour en parler, mais je le lirai cet été.
Renée
        Je n'ai pas lu le Cahier de verdure mais j'avais lu L'Obscurité 
        et j'ai été sous le charme. Il s'agit dans la première 
        partie d'un élève qui retrouve son maître qui est 
        son idole et qui lui redonne le goût à la vie. Je n'attendais 
        rien, ne connaissant pas Jaccottet. Le thème du livre c'est : "on 
        m'a donné la pensée ; à quoi bon si c'est pour 
        me retrouver face à un mur". C'est une crise métaphysique. 
        Et une crise existentielle : "Rien 
        n'est vrai, rien n'est, hormis le mal de le savoir". Dans 
        la deuxième partie, le narrateur cherche des solutions, j'ai moins 
        bien compris mais j'ai adoré relire ce livre. J'ai maintenant envie 
        de lire Le cahier de verdure bien sûr.
        Monique S
        La poésie c'est l'expérience d'une rencontre, ça 
        ne s'explique pas. 
        Si je n'ai pas le souvenir de ma première lecture de Jaccottet, 
        je sais que je suis arrivée à lui par le peintre Morandi, 
        une véritable rencontre mystique : il a écrit un texte extraordinaire 
        sur Morandi, Le bol 
        du pèlerin. Ce qu'il a écrit au début de 
        sa vie ne m'intéresse pas du tout, c'est à l'ancienne. L'Obscurité, 
        il l'a écrit quand il était dans une période obscure 
        justement : il n'a pas écrit pendant sept ans, il ne voyait plus 
        de sens à cette activité. Il a lu la traduction de quatre 
        livres de haïkus par Blyth en anglais : ce qui l'a amené 
        un retour à des choses concrètes et l'a libéré. 
        Le haïku vient de la poésie Tang du IXe et Xe siècle, 
        dénuée de mots abstraits. Il choisit un chemin hors des 
        autres poètes ; il se refuse au lyrisme et aux effets de manche 
        qui moi m'insupportent. Plusieurs ont dit "je n'ai pas eu d'émotion" 
        ; il ne voulait pas faire surgir des émotions.
        Je me souviens que le premier de ses textes qui m'a bouleversée, 
        c'est "Blason vert et blanc" sur le cognassier - j'en ai 
        un dans mon jardin - avec un grand sens de la beauté. Je ne pense 
        pas qu'on peut lire un livre de poésie dans la durée, on 
        relit un texte. Après le texte sur le cognassier que j'ai relu 
        souvent, je me suis familiarisée avec "Sur les degrés 
        montants", au sujet des alouettes ; beaucoup de haïkus 
        évoquent l'alouette qui chante si haut dans le ciel qu'on ne la 
        voit plus mais on l'entend ; les alouettes chantent avant que le jour 
        se lève ; c'est un texte que j'ai envoyé à beaucoup 
        d'amis. Il y a aussi la rose trémière qui évoque 
        l'âge, les eaux du torrent dont il parle merveilleusement bien. 
        Il ne voulait pas de lyrisme, de recherche musicale ; des tendances 
        de la poésie (surréalisme, sonorités liées 
        à des juxtapositions de mots avec un sens ou pas) ne l'intéressaient 
        pas. Il a donc l'idée d'une écriture concrète et 
        ce que j'aime, c'est qu'il frotte un langage simple à ce qui existe. 
        Il travaille dans la profondeur, à l'opposé du sms. Il rend 
        d'un sujet tous ses aspects ; il n'y a pas de suite, pas d'histoire, il 
        remet son texte sur le métier ; il s'agit du mystère d'être 
        au monde ; il a beaucoup de ténacité sur le sujet, à 
        bas bruit, à ras les mots. Dans le monde d'aujourd'hui, en politique, 
        en commercial, trop souvent l'effet du langage prime sur le fond : là, 
        c'est le contraire. Page 117, on ne connaît ni le commencement ni 
        la fin. Les textes sont des fragments qui s'accumulent. Ce n'est pas une 
        écriture comme on l'apprend à l'école. 
Échanges animés 
        
         Monique dit qu'on ne lit pas un livre 
        comme Le cahier de verdure d'une traite. Claire proteste sur le 
        fait que l'auteur a publié un recueil sans ce mode d'emploi : pourquoi 
        on ne lirait pas d'une traite ?! Manuel dit qu'il revient au Spleen 
        de Baudelaire et qu'il le lit en entier. 
        Monique fait une analogie avec une chanson, une musique, qu'on n'écoute 
        pas qu'une fois, qu'on a plaisir à réentendre. Ce peut être 
        le cas pour des romans, mais la durée de lecture détermine 
        la facilité ou non à retourner à l'uvre ; un 
        poème, c'est bref.
        Sans rire, nous envisageons de programmer un autre livre de poète 
        pour dans un an, ce qui nous permettrait de le lire par fragments et d'y 
        revenir
        Lire un texte à haute voix, c'est aussi une façon de lire 
        la poésie.
 Monique s'étonne que les personnes 
        de ce groupe, si grands lecteurs par ailleurs, lisent si peu de poésie, 
        qu'elles soient restées à des représentations, des 
        souvenirs d'école, et peu au courant de ce qui se fait aujourd'hui, 
        en poésie contemporaine. Que c'est dommage, car nous utilisons 
        dans la vie de tous les jours presque exclusivement le langage dans une 
        dimension informative, ou alors narrative.
        La dimension poétique est un autre aspect de la langue, qui ouvre 
        des portes, présentent les choses, le vivant, sous un autre aspect, 
        qu'elle pose des questions sans donner de réponses... Bien sûr, 
        il n'y a aucune obligation, mais c'est dommage de se priver de cela.
        Nous évoquons le fait que la poésie ne se vend pas en France. 
        Monique dit que les poètes se lisent entre eux, sans que le public 
        ne s'élargisse. Il y a la Maison 
        de la poésie, l'Espace 
        Andrée Chedid à Issy-les-Moulineaux.
        C'est aussi propre à la France ; dans certains pays, en Irlande, 
        en Grèce, au Chili, la poésie est vivante, lue, populaire 
        même ; en Iran, le roman est né au 20e siècle, la 
        poésie régnait auparavant. Au Japon, Monique a participé 
        à un kukai (rencontre, concours de haïkus) à distance, 
        il y avait 100 participants qui avaient payé 80€ pour écouter 
        la rencontre - impensable en France. Parmi nous, hormis Monique, seuls 
        Manuel et Denis ont dit lire de la poésie. Nous ne sommes pas exceptionnels, 
        nous sommes français
 Longue "dispute" sur les références culturelles de Jaccottet jugées excluantes en particulier par Claire, contrairement à d'autres (Gracq dans Les eaux étroites par exemple). Monique craint un anti-intellectualisme. Elle donne un exemple d'une référence enrichissante :
La lune au-dessus du chemin
était comme un bol de lait
pour le chien de Tobie.
Le chien de Tobie figure dans Le 
        livre de Tobie, un livre dans la Bible, ce qui est une évocation 
        importante Monique : le poème résonne d'autant plus. Le 
        livre de Tobie est en effet un merveilleux petit roman, précise 
        Monique. Son but (en plus de combler le chaînon manquant dans les 
        générations entre Adam et Jésus) est de montrer que, 
        quelles que soient les pires épreuves que l'on puisse traverser 
        dans l'existence, notre destin nous emmène toujours vers la résolution 
        des souffrances et vers la paix. Ainsi, la lune - et surtout sa lumière, 
        thème fondamental chez Jaccottet - nous console et nous comble, 
        comme le ferait un bol de lait pour le chien de Tobie (qui marche toujours 
        derrière Tobie et l'ange).
        (Claire n'a pas été gênée par cette référence, 
        elle croyait que c'était le chien du voisin...)
 Quels autres poètes lire ? 
        Guy Goffette 
        ? (Dont Renée recommande une biographie de Bonnard Elle, 
        par bonheur, et toujours nue). Monique évoque l'école 
        de Rochefort
        Séverine nous montre le livre qu'elle prévoit de livre Essai 
        pour un paradis de Gustave Roud, maître de Jaccottet.
        Claire ayant trouvé deux alliées pour programmer l'année 
        prochaine le roman La 
        cloche de détresse de Sylvia Plath qui était principalement 
        poète fournira des poèmes d'elle avec le roman.
        Et surtout, Monique nous fournira un poème par trimestre de poètes 
        différents - cette décision est prise à l'issue de 
        la séance : NOUS VOULONS LIRE DE LA POÉSIE ! (voir 
        la nouvelle rubrique en page d'accueil 
        du site)
Rozenn (deux jours après la séance)
        Je crois avoir mieux apprécié Fanny et Alexandre 
        après avoir lu l'autobiographie de Bergman.
        Et pourtant, je crois toujours qu'il FAUT dissocier l'homme et l'uvre.
        Et je peux apprécier un deuxième livre après être 
        passée à côté du premier lu du même auteur
        Je viens de terminer L'Obscurité, 
        et je suis saisie, époustouflée. Oui, daccord avec 
        Renée, la première partie est plus forte, saisissante. Le 
        tout est unique.
        Je voudrais pouvoir dessiner l'effet produit par cette lecture, cette 
        chambre et cette obscurité - en noir et gris, et des lumières 
        menaçantes ou tremblante.
        Comment cette nuit est-elle rendue si présente, si concrète ?
        Il faudrait aussi ajouter des bruits
 La deuxième partie est 
        plus réflexive, plus explicative, mais aussi plus légère. 
        Poétique, philosophique ? En tous les cas, j'ai été 
        profondément touchée et jai envie maintenant de reprendre 
        (un jour, peut-être) Le cahier de verdure.
        Je crois que je comprends ce que Monique voulait dire sur lobscurité 
        et la lumière.
        Merci Renée, merci Monique, merci au groupe.
Séverine (quelques jours après)
        Suite au commentaire passionnant de Monique, je réalise, en fait 
        que la poésie est comme beaucoup de textes anciens, des textes 
        qui invitent à la réflexion, qui doivent nous aider à 
        avancer (avec peut-être la beauté stylistique en plus ?). 
        Je pense que je devrais apprendre à piocher de temps en temps dans 
        un recueil un poème par-ci, par-là, comme je le fais régulièrement 
        avec le  
        Manuel d'Épictète par exemple, pour m'imprégner 
        de considérations sur la vie qui aident à grandir. En passant 
        dans une librairie, suite à la soirée, j'ai acheté 
        un livre de poésie de Cécile Coulon (Les 
        ronces) que je connais par ailleurs pour ses romans. Elle semble 
        reconnue en tant que toute jeune poétesse (Prix Apollinaire). J'ai 
        lu le premier poème du recueil et je dois dire que cela m'a plu. 
        Je vais y revenir régulièrement et avancer ainsi dans le 
        livre. En tout cas, merci à Voix au chapitre et à 
        Monique qui m'ont ouvert de belles perspectives sur la poésie. 
      
AVIS DU GROUPE 
        BRETON
        réuni le 17 juin dans la magnifique forêt de Cindy
        (sans avoir lu les avis précédents mis en ligne après)
        Muriel
        Je n'ai pas aimé du tout. Ce n'est pas l'idée que je me 
        fais de la poésie. Où est la poésie ? Sans faire 
        du Baudelaire
, la poésie, ça me touche. Là
 
        rien. Ca m'a barbée, comme Chantal qui en 
        parlait tout à l'heure est barbée par Proust. Et j'ai l'impression 
        que ce livre n'est
 rien.
        
        Participant à la verdure bretonne,  
        reformulent leur avis parisien : 
        Claire  et Séverine
 
        et Séverine
        Jocelyne 
 
        
        Je suis heureuse d'avoir découvert cet auteur. Je lis de la poésie 
        et notamment pendant le confinement, j'ai relu Aragon, La Fontaine, Maïakovski, 
        Brecht, des poètes qui me font du bien.
        J'ai été déçue de prime abord, je n'ai pas 
        trouvé la forme poétique. Je n'ai pas trouvé le plaisir 
        de la langue décantée, de l'image. Et m'a déplu le 
        mysticisme catholique lourd. J'ai continué cela devenait plus léger 
        dans la forme poétique, et puis il y a le phénomène 
        de la réception, tout dépend de l'état dans lequel 
        on lit. J'ai alors trouvé mon compte dans le rapport à la 
        nature, l'extase même, avec le champ fleuri, la montagne, ce qui 
        m'a permis de raccrocher au texte, avec des moments lumineux devant la 
        nature. Toute uvre nécessite un état de réception 
        adéquat et maintenant j'ai envie d'y revenir et de poursuivre.
        Chantal
        Ouvert à ½ car lu dans un état mental et émotionnel 
        qui ne s'y prêtait pas, pas du tout...
        Tout d'abord cette sorte d'injonction, en tous cas perçue comme 
        telle par moi : il faut aimer Jaccottet, poète reconnu, édité 
        dans la prestigieuse Pléiade : ça m'a énervée. 
        Ensuite, toutes ses références de "moi Je Sais", 
        pour moi le poème va directement au  ! 
        Ou pas. Et là, peut-être mon cur était trop 
        blindé... mais tout de même, en fermant le livre, en le picorant 
        de temps en temps, je me suis dit que j'y reviendrais, par petites touches...
 ! 
        Ou pas. Et là, peut-être mon cur était trop 
        blindé... mais tout de même, en fermant le livre, en le picorant 
        de temps en temps, je me suis dit que j'y reviendrais, par petites touches...
        (Après la séance) Et puis, ce Carnet de verdure, 
        chez Cindy, dans cette forêt magique, je l'ai vu autrement. Avec 
        les multiples regards de chacune.
        Et, pour cela, comme dit toujours Édith, merci à Voix 
        au chapitre, et merci à Monique Serres de nous avoir "imposé" 
        cette lecture.
        Et cette proposition de nous envoyer de temps en temps des poèmes 
        de poètes contemporains, je l'accueille avec grand plaisir !
        Édith (restituant son journal de lecture)
 
        (restituant son journal de lecture)
        Dimanche 30 mai 2021 : je ne fais jamais le texte pour Voix au chapitre 
        avant d'en avoir terminé la lecture mais... je viens de lire très 
        "recueillie" dans mon jardin de verdure pendant deux heures 
        et en silence Cahier de verdure et je veux faire part de ma volonté 
        de ressentir l'émotion du des textes. À haute voix souvent 
        pour m'imprégner, faisant attention aux virgules et points virgules 
        (nombreux dans "Le cerisier", j'ai parfois fermé les 
        yeux après les courts textes page 23
 je remarque d'ailleurs 
        que les pages ne sont pas toutes numérotées !
        "Rose, soudain comme 
        une rose
        apparue à la saison froide" et à suivre 
        "Il 
        n'y a pas de neige, 
        
        mais beaucoup d'eau vaillante dans les roches 
        et des violettes en plein sentier.
        De l'eau verte à cause de l'herbe. 
        Rose portière de l'année". 
        Je comprends je vois mais hélas, pas d'émotion. J'ai empêché 
        mes yeux, mon regard, après les textes courts lus en silence d'aller 
        tout de suite à la ligne suivante (ce que je fais quand je lis 
        pour de façon "gourmande" : passer aux lignes suivantes). 
        Le temps je me le dis pour m'imprégner
 non ça ne marche 
        toujours pas ! Rien ne se passe dans ma sensibilité. Je remarque 
        bien que certains mots reviennent les couleurs nommée (blanc, vert, 
        jaune, rouge) les montagnes (il est natif de Suisse, puis la Drôme), 
        la mort, le temps, mais hélas il ne se passe rien, en tout cas 
        pas ce que j'espérais de cette lecture. La poésie de l'assemblage 
        des phrases ne fonctionne pas pour moi. Je suis ravie quand parfois je 
        découvre un sens
        P. 33 "Vert et blanc 
        : couleurs heureuses
 et suite p. 34 Sur 
        les degrés montants
 je suis heureuse de lire le 
        dernier "poème", enfin, qui fait image et de ce fait 
        me "console"
        "Frôlons et feux. 
        Écrire 'Les frelons du feu' serait de la poésie facile, 
        mais il y a un lien entre les deux ; comme quand des braises vous sautent 
        à la figure."
        Je me suis, hier, arrêtée à "Éclats d'Août" 
        page sans numéro. Je sais que la forme donnée aux textes 
        est décision de l'auteur et notamment en poésie
 Alors 
        au moment de reprendre le livre (toujours le projet de lire dans le jardin 
        car il fait beau !), je me demande si je ne pourrais pas prendre les textes 
        au hasard ce qui est rarement possible dans les autres ouvrages de littérature. 
        Je me sens me donner alors une liberté ; peut être sera-t-elle 
        payante ?
Lundi 31 mai 2021 : je décide, avant de reprendre ma lecture d'aller 
        voir Wikipédia et peut-être, déjà quelques 
        analyses de cet auteur que je suis toutefois heureuse de découvrir 
        ! Sacrilège ? Car la poésie ne peut être décortiquée ? 
        Je me risque.
        
        Reprise de la lecture ce mercredi 9 juin : c'est aujourd'hui que je vais 
        faire le choix de MON texte
 Il fait toujours beau
 alors au 
        jardin !
        Je lis à haute voix et je poursuis avec des textes en prose. Je 
        m'y retrouve mieux (quant au sens !). Je note OK pour les textes plus 
        courts qui m'accrochent mieux. Je décide de ne pas tout découvrir. 
        Je vais choisir dans ces textes ceux que je vais essayer d'approfondir.
Vendredi 11 juin : dans le jardin je coche OK ce qui me plait le mieux. 
        Je ne me décide pas à la suite
 plus tard pour relire 
        et m'en imprégner autant que je le pourrais. Mon côté 
        romantique n'est pas aiguisé particulièrement à ce 
        moment. Plus envie de poursuivre ce que je lis en ce moment conjointement. 
        Je "trimballe" JACCOTTET dans mon sac lors des rendez-vous ou 
        attentes
 pas le meilleur pour le relire.
        La date de rencontre approche. Soleil plus : le jardin me réclame, 
        les sorties à la mer ce week-end. Donc j'arrive à J3 !
Lundi : retour du week-end je préfère l'autre livre, en 
        fait deux livres commencés. Et puis hier soir, décision 
        cinéma, deux films à suivre. Annonce à vingt heures 
        du passage de la famille demain soir ! Vite organisation, repas, lits, 
        etc.
        
        Ce matin le pique-nique est prêt ! Et le livre près de moi 
        je tente de faire un CHOIX. Toutefois hier après-midi j'ai regardé 
        et écouté les éléments du dossier de Claire. 
        J'ai tenté d'appréhender la façon, les mots, les 
        images et même les "explications" des aficionados
 
        m'en restera-t-il un peu pour seulement parler. Le ressenti ? Je note 
        mon engagement à la moitie pour la "volonté" de 
        découverte de cet auteur. Je me sens bien piètre lectrice, 
        toutefois j'ai le petit texte des PIVOINES, tout simple comme une dictée, 
        à présenter.
        Suzanne 
                
        J'aime la poésie et quand j'y vais, je m'y noie. Je suis entrée 
        facilement dans ce texte et suis allée très très 
        loin. Ça a commencé avec quelque chose qui m'a touchée, 
        la neige en avril.
        (Suzanne dit d'abord et sans prévenir de façon prenante 
        quelques vers qui concerne un cerisier dont on saura après qu'elle 
        est l'auteure et elle continue :) "Que 
        pouvait être ce rouge pour me réjouir à ce point ? 
        Sûrement pas du sang ; si l'arbre debout sur l'autre bord du champ 
        avait été blessé, avait eu le corps ainsi taché, 
        je n'en aurais éprouvé que de l'effroi. Mais je ne suis 
        pas de ceux qui pensent que les arbres saignent, et qui s'émeuvent 
        autant d'une branche coupée que d'un homme meurtri. C'était 
        plutôt comme du feu. Rien ne brûlait pourtant. (J'avais toujours 
        aimé les feux dans la jardins, dans les champs : c'est à 
        la fois de la lumière et de la chaleur, mais aussi, parce que cela 
        bouge, se démène et mord, une espèce de bête 
        sauvage ; et, plus profondément, et plus inexplicablement, une 
        sorte d'ouverture dans la terre, une trouée dans les barrières 
        de l'espace, une chose difficile à suivre où elle semble 
        vouloir vous mener, comme si la flamme n'était plus tout à 
        fait de ce monde : dérobée, rétive, et par là 
        même source de joie."
        Quelque chose m'a profondément troublée.
        Un autre passage court :
        "La lune au-dessus du 
        chemin 
        était comme un bol de lait 
        pour le chien de Tobie."
        A travers ça, ça m'éclaire sur ma façon de 
        lire la poésie : parler de poésie, c'est parler de soit, 
        ce n'est pas une explication de texte. Je plonge dedans. Je prendrais 
        volontiers une page au hasard. C'est lié à un état 
        présent. Quelque chose dans la poésie est indicible. Je 
        pense à des poèmes d'Erica Jong. Il y a un fil que l'on 
        saisit. La poésie, c'est une interpellation, et qui peut prendre 
        des formes différentes. 
        Cindy 
         
        La poésie, c'est très intime, personnel, ça ramène 
        à notre vécu assez particulier. J'ai promené moi 
        aussi Le cahier de verdure, et notamment en bateau. 
        Jaccottet y évoque le taoïsme dans sa démarche : elle 
        est exempte de hiérarchie, il est un peu anarchiste, avec une dimension 
        spirituelle, mais pour moi pas catholique. Il exprime la nécessité 
        de s'imprégner de passivité. 
        De ma couchette, sur le pont, dans mon sac, il m'accompagnait, ça 
        m'apaisait, cette verdure dans la forêt.
        Il ne s'agit pas de contrôler par la raison : il dit son rapport 
        à la poésie, se laisser aller au courant de la rivière, 
        tout en tenant la barre.
        Il a été amoureux et en parle indirectement. Il fait corps 
        avec l'univers. 
        Je me suis laissé aller. Ce n'est pas la poésie avec des 
        vers, mais il y a une douceur, des descriptions de la nature qui m'ont 
        séduite, touchée.
        Et Don Quichotte, c'est un passage sympa. 
        Si j'ouvre ¾ c'est parce que j'ai été déconcertée 
        : il y a une référence à la mort, il va où, 
        que veut-il dire ? Et quand il croise Perséphone, ça va 
        trop loin
        Mais quand il finit le Cahier de verdure par ces mots : 
        "Une part invisible 
        de nous-mêmes se serait ouverte en ces fleurs. Ou c'est un vol de 
        mésanges qui nous enlève ailleurs, on ne sait comment. Trouble, 
        désir et crainte sont effacés, un instant ; mort est effacée, 
        le temps d'avoir longé un pré."
        Je dis OK Jaccottet, merci !
        Sylvie 
              
        Je ne connaissais pas Jaccottet.
        Je lis la première page et je me dis ça va être chiant ! 
        Il coupe les cheveux en quatre : "Du 
        moins ces reflets auront-ils été pour moi l'origine de bien 
        des rêveries, pas toujours absolument infertiles".
        (Sylvie répète plusieurs fois "pas 
        toujours absolument infertiles" de façon vraiment 
        comique
) et dans cette phrase de mots si martelés, il 
        dit tout et son contraire ! Ça à l'air compliqué 
        pour lui, je ne voudrais d'ailleurs pas être dans sa tête. 
        Tout le bouquin va être comme ça, complexe, pénible. 
        Je trouve l'auteur disséminé, éparpillé ; 
        d'ailleurs il justifie son écriture destinée à "rassembler 
        des fragments"... Cet auteur est vraiment "space", 
        je n'ai pas le niveau pour Voix au chapitre. (Sylvie participe en direct 
        pour la première fois à VAC...). En poursuivant la lecture 
        sur une page ou deux, l'impression persiste. Ça m'amuse presque 
        ! Bon, je vais m'y prendre autrement.
        Je l'ai donc lu comme je percevais l'auteur, en disséquant moi 
        aussi pour essayer de comprendre, rentrer dedans, en considérant 
        l'écriture comme une matière et sans lire en glissant sur 
        le texte. Je constate alors encore qu'Il se contredit, il y a un mot, 
        une pensée et ensuite son contraire, où il vient défaire 
        ce qu'il a dit. Il fonctionne par oppositions, tant dans les couleurs 
        que les matières, la pensée est feuilletée en strates. 
        Et çà devient un jeu. Je ne sais pas où je vais avec 
        lui et Lui non plus il ne sait pas où il veut en venir. Et puis, 
        j'y ai trouvé du plaisir à ce jeu
 En fait, petit à 
        petit, j'ai compris la progression. Il est morcelé, il y a ces 
        oppositions. Et puis enfin la jonction : l'orée du bois, le plafond 
        de verre. Les choses se touchent et se rassemblent
 Il tourne autour 
        du pot mais les fragments se concentrent et, par la tache rouge dans tout 
        ce vert, le cerisier le réunifie. Le sens du livre se révèle 
        peu à peu.
        Ce livre est une uvre d'art, une recherche pour exprimer ce qui 
        l'habite, qu'il n'arrive pas à nommer, il peint avec des mots qui 
        essaient d'approcher son émotion. Il ne sait pas ce qu'il cherche. 
        En avançant dans sa quête, la nature comme horizontale finit 
        par se verticaliser, on accède à une transcendance, à 
        une spiritualité. Quand il parle de la source, j'ai beaucoup aimé. 
        La source sous les cognassiers. Cachée, imperceptible dans son 
        écrin. Elle est la tache rouge du cerisier. L'essence de la vie 
        se concentre sur ce petit trou d'eau, ce rien invisible, qui ne demande 
        rien à personne, rassemble la terre et le ciel, ce rien devient 
        le tout - et lui fait partie de ce tout - mystère de la condition 
        humaine ! La nature devient un autel sacré, le lien entre 
        l'homme et l'univers. J'ai grandi au bord d'une rivière, dans un 
        écrin de vert et je m'y retrouve. Je ressens. Dans cette création, 
        tu touches le doigt de dieu, ça passe par lui et c'est un émerveillement 
        que ça passe par lui. Quand je fais de la sculpture, j'ai parfois 
        l'impression que ce n'est pas moi qui crée, je suis comme en phase, 
        en lien. C'est l'harmonie pure.
        De la source aux tréfonds de la terre, l'humain est intégré 
        dans le cycle de l'univers, et la mort en fait partie. Alors c'est joyeux, 
        pas sans douleur, mais rassuré, fait sens. Tout cela devient mystique, 
        et même catholique, sans la culpabilité : "On 
        est tous des mendiants", Il ramène l'homme à 
        sa condition face à ce qui le dépasse et c'est bourré 
        d'humilité comme un évangile, un prêche invitant à 
        porter son regard sur l'immense valeur de ce qui ne semble être 
        "rien". Et le mystère reste entier avec "pour 
        réponse 
        au bord du chemin : seneçon, berce, chicorée"
        Avec le cerisier, il y a comme un petit monument pour Proust, une offrande, 
        avec une phrase, oui, de 100 lignes, qui va s'arrêter où
 
        
        Marie-Thé
        J'ai adoré parcourir ce Cahier de verdure avec Philippe 
        Jaccottet, cahier que j'ouvre en grand, même si je me suis quelquefois 
        égarée sur les sentiers de la poésie. Je me suis 
        laissé porter par des pages apaisantes, douloureuses aussi, chemin 
        faisant... 
        Dès les premières lignes, la merveilleuse apparition du 
        cerisier, à la lisière du champ de blé, après 
        le coucher du soleil, relève du sacré... 
        La nature peinte dans ce cahier de verdure est magnifique, invite... naturellement 
        à la contemplation. Verdure "apaisante, 
        ombrages, fraîcheur, asile d'un instant." Cadre 
        protecteur : "Je crois 
        bien qu'en tout verger, l'on peut voir la demeure parfaite (...) pour 
        le mariage de l'ombre et de la lumière (...) Tout mariage humain 
        devrait s'y fêter, plutôt qu'en ces tombes que sont devenues 
        tant d'églises" Nous ne sommes pas loin de Gilles 
        Clément avec Notre-Dame-des-Plantes. 
        
        Je note chez Philippe Jaccottet l'importance de l'ombre et de la lumière, 
        en tous lieux et en lui : "Impression 
        naïve du sublime qui est liée si naturellement aux montagnes 
        et à la venue de la nuit."  L'auteur se souvient 
        particulièrement de sa venue autrefois, un soir d'été, 
        dans la montagne. J'aime le poète exprimant avec sensibilité 
        et émotion ce moment d'après le coucher du soleil :"un 
        délai est accordé, une séparation retardée, 
        un sourd déchirement atténué." Je 
        remarque que l'ombre de la nuit (au propre et au figuré) est repoussée, 
        pour quelques instants. Et toujours la beauté du texte évoquant 
        "l'invisible ou le dérobé."
        "Perséphone, 
        fille de la Terre, cueillait des fleurs quand le sol s'ouvrit sous ses 
        beaux pas." Perséphone représente bien pour 
        moi les deux mondes de ce livre : la lumière et l'ombre, l'aérien 
        et le souterrain (feuillages, cimes, et "un 
        monde obscur, de sous la terre"), le renouveau de la nature 
        avec "Le chant des alouettes 
        (...) à la fin de la nuit du solstice d'été" 
        Toujours plus haut, le vol et le chant "pour 
        soulever l'énorme poids de la dalle nocturne. Toutes les cordes 
        tendues à se rompre" (allusion de l'auteur à 
        Lazare au tombeau et à lui-même).
        Renouveau du printemps après "les 
        couleurs graves des fins d'après-midi, l'hiver (...) 
        qui vient à toi dans 
        cette nuit d'hiver ?" Et Perséphone est retournée 
        près d'Hadès.
        Beauté et face sombre du monde : "Un 
        ami était entrain de mourir (...) Le vieil homme n'a pas survécu 
        longtemps à ces fleurs apparues. Naturellement, elles ne l'ont 
        pas sauvé, elles ne nous ont pas consolés." 
        Pourtant, un peu plus loin : "Une 
        part invisible de nous-mêmes se serait ouverte en ces fleurs... 
        mort est effacée, le temps d'avoir longé un pré." 
        Mais encore : "En ce 
        monde nous marchons sur le toit de l'enfer et regardons les fleurs." 
        (Poème d'Issa le Japonais cité par Ph. Jaccottet). Ceci 
        m'emmène vers le très beau dernier livre de Ph. Jaccottet 
         
        La Clarté Notre-Dame, de sa "belle 
        enclave protégée", l'auteur, inconsolable, 
        évoque Palmyre : "il 
        y aurait, sous tout ce que l'on a pu contempler de plus admirable au monde, 
        des caves ténébreuses où s'affaireraient des êtres 
        démoniaques." 
        J'ai été sensible à l'évocation du Temps, 
        des origines aussi. J'ai aimé la serpe : "Elle 
        m'est donnée (...) et pas à moi seulement, comme depuis 
        le commencement du monde auquel sa lueur semble me lier. C'est une serpe 
        et c'est un lien." Je pense à Pierre Bergounioux. 
        Très sensible aussi à l'évocation du temps qui passe, 
        inexorablement : "On 
        ne se protège pas de l'âge avec des souvenirs ou avec des 
        rêves." J'aime beaucoup cette métaphore : 
        
           "Le 
        tronc ridé, taché, 
              qu'étouffe, à force, 
        le lierre du Temps, 
              si l'effleure une rose, reverdit."
        "Le dernier écho 
        des bergeries", le tintement des fontaines, me ramènent 
        à la petite cloche des vêpres du couvent de la Clarté 
        Notre-Dame : "Ce frêle 
        tintement durait, insistait, vraiment à la manière d'un 
        appel, ou d'un rappel."
        Enfin, la "Chambre des époux" et "Tout en bas l'heureuse 
        rumeur du port", contraste avec ceci : "Le 
        port dont le nom rime avec un autre, moins rassurant." 
        La même "Chambre des époux" dans la Clarté 
        Notre-Dame, le temps a passé...
        J'ai oublié, j'ai parfois pensé à des haikus dans 
        les évocations de la nature. Par ailleurs, François Cheng 
        m'a souvent accompagnée dans ma lecture. 
        Et j'ai envie de terminer par ces lignes : 
           "À 
        quel brasier échappés, ces frelons ? 
              Moi, quand mes pensées brûlent, 
        
              je sais pourquoi."
        
        
         
 
 
 
 
 



|  
               Quelques 
              repères chronologiques  Traductions  Jaccottet et la peinture  Jaccottet et la tradition orientale  Vidéo  Radio  Articles | |
|  Quelques repères chronologiques | 
- Naissance en 1925 à Moudon, 
        en Suisse. Le père est sous-directeur des abattoirs de la ville, 
        avant dy être nommé vétérinaire cantonal.
        - Dès l'adolescence, Jaccottet écrit de la poésie 
        et offre des recueils dactylographiés à ses parents pour 
        Noël. 
        - Il considère le poète Gustave 
        Roud comme un maître, qui lui fera connaître Hölderlin.
        - Études de lettres à Lausanne ; son premier recueil, Trois 
        Poèmes aux démons, paraît en 1945, alors qu'il 
        est étudiant.
        - Séjour de 7 ans à Paris où il est le collaborateur 
        des éditions Mermod :
Mermod était "un éditeur un peu mécène. C'était un industriel qui aimait passionnément les livres et qui non seulement avait publié les meilleurs écrivains suisses, Ramuz, Cingria, Roud, mais les avait aidés, encouragés. C'est grâce à lui qu'après la guerre j'ai vécu, les premières années, à Paris, puisque j'étais un peu le collaborateur de ses éditions. Comme je suis d'un naturel plutôt sauvage, c'est à travers cette collaboration que j'ai rencontré Ponge, dont Mermod avait édité le Carnet du bois de pins, et Pierre Leyris, qui sont restés des amis, et puis par ricochet bien d'autres gens dans le milieu de la N.R.F. Paulhan et Arland m'ont confíé la chronique de poésie. J'ai beaucoup aimé ces années de Paris tout en restant un peu à l'écart. Mais comme j'ai plus de doutes que de certitudes, j'ai senti plus ou moins consciemment que, pour abriter mon travail, il fallait que je prenne une certaine distance par rapport à l'agitation, au mouvement des idées et des esthétiques." (Le Monde, 16 décembre 1983)
- En 1953, il sinstalle après son mariage avec Anne-Marie Haesler, peintre, qui illustrera Le cahier de verdure, à Grignan dans la Drôme (village immortalisé par Madame de Sévigné dans ses lettres à sa fille) et y restera jusqu'à sa mort, à l'âge de 95 ans. Il aura deux enfants : Marie et Antoine qui créera les éditions Le Bruit du temps avec sa femme Shoshana Rappaport-Jaccottet.
"Tout est parti d'une jubilation étrange qui était absolument inattendue quand on est venu s'installer ici. Il y a eu un choc, aussi bien pour ma femme que pour moi puisqu'elle en a, elle aussi, nourri son uvre. Et il y avait aussi une interrogation : comment est-il possible qu'une émotion aussi forte naisse à propos de presque rien ? De sorte que ces proses sont un mélange de célébration du monde, de réflexion sur le sens de la beauté et aussi sur les moyens de la poésie qui l'exprime." (Le Monde)
Il entre dans La Pléiade 
        en 2014 : de son vivant ! Un poète !  Le 
        troisième poète après Saint-John Perse et René 
        Char. 
        Son uvre est considérable : poèmes, proses réflexives, 
        pages de carnets, études critiques sur la poésie, publiées 
        aux éditions :
        - Gallimard 
        (36 titres)
        - Fata Morgana 
        (une trentaine de titres)
        - Le 
        Bruit du temps 
        (éditions de son fils)
        - La Dogana (éditions 
        du cousin).
        
        Et des traductions...
        
|  Traductions | 
"J'ai eu envie d'essayer de gagner ma vie autrement que par l'enseignement ; et j'ai proposé à un éditeur suisse, qui avait été justement l'éditeur de Ramuz, une traduction pour essayer de vivre comme traducteur. Et il a accepté mon essai. C'était une nouvelle traduction de la Mort à Venise de Thomas Mann, qui a été mon premier travail. Et c'est comme ça que j'ai commencé à devenir traducteur et je le suis resté jusqu'à aujourd'hui, traduisant des dizaines de milliers de pages pour gagner ma vie." (Voir "Poésie et traduction chez Philippe Jaccottet", par Christine Lombez, auteure d'une thèse sur Jaccottet poète et traducteur, La Revue des deux mondes, juin 2001)
Il a traduit principalement de l'allemand, de l'italien, 
        du grec et de l'espagnol.
        C'est grâce à Philippe Jaccottet que 
        l'on peut lire Musil. En 1944, il a découvert des passages de l'Homme 
        sans qualités dans une revue genevoise, Lettres, dont 
        s'occupaient Jouve et Starobinski. Il s'est mis en rapport avec la veuve 
        de Musil et il a publié des extraits dans différentes revues.
"Dès le premier contact j'ai été fasciné. De toute évidence, c'était une uvre extraordinaire. Disons qu'à la longue, même si j'ai passé tant d'années à la traduire, j'ai aussi pris mes distances. Parce que, finalement, je n'aime pas les livres pour les livres, je les aime, au contraire, dans la mesure où ils m'aident à rétablir mes relations avec le monde extérieur. Cela explique mes réserves à l'égard d'un certain aspect de Musil. En le lisant, j'ai quelquefois l'impression d'étouffer, de me promener dans le cerveau de quelqu'un."
 Il a traduit donc et fait connaître 
        en France toute luvre de Robert Musil (1880-1942), une part 
        considérable de celle de Rainer Maria Rilke et a établi 
        lédition de Friedrich Hölderlin (1770-1843) pour La 
        Pléiade. 
        Il a traduit du grec lOdyssée, 
        en vers de quatorze syllabes.
        Il a appris litalien en lisant son ami Giuseppe Ungaretti (1888-1970), 
        qui a tenu à faire de lui son principal traducteur, sest 
        lancé dans létude du russe à cause de la découverte 
        passionnée dOssip Mandelstam (1891-1938). 
        Il a traduit l'Espagnol Gôngora y Argote, le Tchèque Jan 
        Skacel ou les maîtres japonais du haïku : pour ces deux derniers 
        cas, Jaccottet a traduit à partir de versions anglaises ou allemandes 
        des textes concernés. 
        
        Dans le groupe, trois titres traduits par Jaccottet ont été 
        programmés jadis :
        - Malina 
        d'Ingeborg Bachmann
        - Les 
        Désarrois de lélève Törless de 
        Robert Musil
        - Mort à Venise de Thomas Mann, mais sans doute pas dans 
        la traduction de Jaccottet, introuvable.
|  Jaccottet et la peinture | 
"Ses travaux avec l'éditeur Henry Louis Mermod affinèrent grandement sa perception de la peinture ancienne et contemporaine. "Industriel épris de poésie", Mermod était un vrai mécène, un collectionneur de premier plan qui affectionnait et comprenait Matisse aussi bien que Dubuffet : en compagnie de son éditeur, Jaccottet eut l'occasion de rencontrer Raoul Dufy et Georges Braque. De plus, il participa aux nombreuses séances de travail qui aboutirent, avec la participation d'historiens d'art comme René Huyghe, Jean Cassou et Jean Adhémar, aux grandes réalisations de Mermod du côté des Dessins français des XVIe, XVIIe, XVIIIe et du XIXe siècles, des ouvrages de grand format pour lesquels il s'était beaucoup investi, puisqu'il lui fut demandé de rédiger d'impeccables notes biographiques." (voir "Philippe Jaccottet, la compagnie des peintres", par Alain Paire, site Poezibao 21 juin 2012)
Il épouse en 1953 Anne-Marie 
        Haessler qui fréquentait l'Atelier Jullian à Paris ; 
        elle devint illustratrice et peintre. Elle réalise avec son mari 
        : 
        - Le 
        Cerisier, Philippe Jaccottet, Marchant Ducel, 1986
        - Haïku, 
        présentés et transcrits par Philippe Jaccottet, Fata Morgana, 
        1996.
De Jaccottet, sur ou avec des artistes : 
        - Bonjour Monsieur 
        Courbet, éd. La Dagona/Le Bruit du temps, 2021
        - Vies 
        silencieuses, Fata Morgana, 1986
        - Le bol du pélerin 
        (Morandi), La Dagona, 2008.
        Exposition en ce moment au musée 
        des Beaux-arts de Grenoble (visite avec les commissaires en 
        ligne ici).
|  Jaccottet et la tradition orientale | 
La découverte de la poésie japonaise, à travers l'anthologie de haïku de Blyth, a été pour Philippe Jaccottet une véritable révélation.
"Je venais d'écrire l'Obscurité, qui est, d'une certaine manière, le récit d'une crise de confiance à l'égard de la poésie. Cette anthologie était remarquable parce que l'Anglais qui l'avait établie l'avait accompagnée d'un commentaire qui aidait à voir la force qui réside dans ces espèces de gouttes de poésie extrêmement concentrées. Je me suis mis à lire lentement ces haïku, un par jour. J'avais l'impression de boire un verre d'eau fraîche, en sortant d'une période difficile.
En même temps, j'ai très bien compris que, pour moi, cela ne pouvait être qu'une indication lointaine à l'horizon, et que je ne pouvais imiter ce genre poétique, étant un homme d'Occident avec ce que cela signifie d'attachement à la culture qui est la nôtre. Et aussi parce que la souffrance et l'angoisse sont singulièrement absentes dans le monde du haïku, et que cela, l'aurais-je voulu, je ne pouvais quant à moi l'oublier." (Le Monde, 16 décembre 1983)
Il a aussi une grande connaissance de la poésie chinoise, à travers François Cheng, Jean-François Billeter et Segalen, comme le montre l'article hyper savant "Philippe Jaccottet et la pensée chinoise", revue Europe consacrée à Jaccottet, novembre-décembre 2008, par Jiang Dandan, qui a fait une thèse à Pékin "Transparence et paradoxe : éthique et esthétique chez Philippe Jaccottet" et a traduit des poèmes en chinois. Elle montre les échos chinois dans ses poèmes : effacement du moi, dépouillement, non-savoir, contemplation du paysage...
|  Vidéo | 
- "Poésie et Nature Philippe Jaccottet" : pour son émission Hôtel, Pierre-Pascal Rossi lui rend visite à Grignan où il vit depuis les années 50 (Jaccottet a 65 ans lors de cette interview), RTS (Radio Télévision Suisse), 20 décembre 1990, 21 min.
- Philippe Jaccottet, un film de Jacques Laurans, réalisé par François Barat, Ina, Centre Georges Pompidou, 1991, 56 min, en ligne sur le site des bibliothèques parisiennes (gratuit si on est inscrit).
- Un entretien filmé en deux parties 
        en 2011 par les libraires de L'arbre à 
        lettres : 1. Traduire 
        pour vivre : 23 min  2.  
        Trajectoire : 4 min 36.
        
|  Radio | 
- Dans Carré 
        d'art, Philippe Jaccottet commente et lit Après beaucoup 
        d'années, 24 mai 1994, 31 min.
        - Du 
        jour au lendemain retransmet un entretien avec Alain Veinstein, 
        France Culture, 12 février 2001, 
        34 min.
        - Philippe 
        Jaccottet entre en Pléiade, La Grande Table, par Caroline 
        Boué, 12 mars 2014, 29 min.
|  Articles | 
Une interview 
        approfondie
        
        - Entretien 
        avec Philippe Jaccottet  
        avec Mathilde 
        Vischer, poétesse, traductrice, universitaire, site suisse 
        Culturactif, 27 septembre 2000
Un article sur Le cahier de verdure
        
        - "Noces 
        éphémères", Richard Blin, Le Matricule 
        des Anges, n°45, juillet 2003.
Une étude 
        universitaire, parmi d'innombrables analyses
        
        - Un exemple d'étude universitaire : "L'expérience 
        poétique du fragment dans Cahier de Verdure de Philippe 
        Jaccottet", Evelio Miñano, Université de València, 
        Queste, n° 8, 1998.
Mieux encore, 
        tout un cours !
        
        - "Éléments 
        d'un cours sur l'uvre poétique de Philippe 
        Jaccottet", par 
        Jean-Michel Maulpoix - Université Paris X-Nanterre - 2003-2004
Quelques articles tout récents 
        suite à sa mort en février 2021
        
        - "Philippe Jaccottet, poète 
        et écrivain, est mort à l'âge de 95 ans", 
        Thierry Clermont, Le Figaro, 25 février 2021.
        - Libération : "Philippe 
        Jaccottet est mort, cest la dernière nuit", Guillaume 
        Lecaplain, 25 février 2021  "Juste de vie, 
        juste de voix": la parole poétique de Philippe Jaccottet, 
        Benoît Heilbrunn, 26 février 2021.
        - "Tout 
        simplement poète", Télérama, Pierre 
        Lepape, 3 mars 2021.
        - Le Monde, Monique Petillon : "Le poète 
        et écrivain Philippe Jaccottet est mort", 
        25 février 2021  "Philippe 
        Jaccottet, le chant des signes", 7 mai 2021.
        - Cahier d'hommages à Philippe 
        Jaccottet (1925-2021), Poezibao, mars 2021. De courts textes 
        d'auteurs différents : 
 les traducteurs de Philippe Jaccottet en anglais (John Taylor), espagnol (Rafael-José Díaz), catalan (Antoni Clapés), italien (Fabio Pusterla)
 les spécialistes de l'édition de la Pléiade : Hervé Ferrage, Jean-Marc Sourdillon, José-Flore Tappy ; ou d'un ouvrage sur Jaccottet : Fabien Vasseur auteur de Philippe Jaccottet : le combat invisible, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2021 ; ou d'une thèse : Ecrire le verger au 21e siècle de Bronwyn Louw
 ou encore des poètes, écrivains, crtiques : Sylvie Fabre, Stéphane Lambion, Jean Gabriel Cosculluela, Christophe Gallaz, Christian Travaux, Jean-François Perrin.
- Et le dernier numéro de la Quinzaine 
        littéraire, n° 1236, mai 2021 
 
         
| Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme 
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