La quatrième de couverture : "J'avais voulu en savoir plus sur mon pays et à présent j'en savais plus... j'en savais plus que ce que j'aurais voulu savoir."
Tel est le constat auquel aboutit Choe Hooper à l'issue de l'impitoyable enquête qu'elle mène dans Grand homme, véritable plongée au cœur des ténèbres de l'Australie contemporaine.
En novembre 2004 à Palm Island, petite île d'apparence paradisiaque située dans le nord du Queensland, Cameron Doomadgee, un jeune Aborigène, décédait dans sa cellule après avoir été brutalisé par le brigadier-chef Chris Hurley. Deux ans d'enquête, d'instruction et de procès s'ensuivirent, au terme desquels Hurley fut acquitté.
Au-delà du décès tragique d'un seul homme, Chloe Hooper raconte la destruction d'un peuple et d'une culture vieille de plusieurs dizaines de milliers d'années, assassinée par les abus et la rapacité de la colonisation occidentale."

"Le remarquable livre-reportage de Chloe Hooper est une sorte de polar moral qui traite du pouvoir, de la misère et de la violence." (Philip Roth)

Précisons que Chloe Hooper a suivi l'atelier d'écriture de Philip Roth à New-York...

Chloe Hooper
Grand Homme : mort et vie à Palm Island
Nous avons lu ce livre en avril 2015.
En lecture complémentaire :
- sur Chloe Hooper et le livre : présentation de l'auteure, potins et articles sur le livre
- sur l'histoire des Aborigènes : des informations
- sur la situation actuelle : des articles récents du Monde
-
une table des matières pour le livre qui en manque, avec des photos qui sont dans le livre...

À BÂTONS ROMPUS, AVANT DE COMMENCER…

Liz
D'une certaine façon, je suis Chloe Hooper. J'ai beaucoup aimé ce livre qui n'a pas été pour moi une bataille avec le français... C'est un miroir des problèmes en Australie. Il est important de préciser que beaucoup d'Australiens ne connaissent pas les Aborigènes, ne connaissent pas le problème. L'île, Palm Island, est éloignée. J'ai trouvé impressionnantes les statistiques relatives au placement judiciaire des enfants du fait des violences familiales : un énorme pourcentage concerne les aborigènes.

Henri
Le livre m'a fait penser au livre de Philippe Descola, dans Par-delà nature et culture, qui m'avait beaucoup intéressé. Anthropologue, prof au collège de France, il définit quatre façons de voir le monde : l'animisme par exemple ne distingue pas comme nous l'humain et le non humain. On prend alors conscience de notre propre cadre.

Claire
Est-ce un livre pour le groupe lecture ?...

Henri
C'est un essai.

Jacqueline
Mais on en lit parfois...

Lisa
J'ai lu d'autres livres australiens et parmi ceux-là Le Chant des pistes de Bruce Chatwin : j'ai trouvé ça chiant, mais la première partie parle des "pistes" ; en chantant, les Aborigènes créent comme des cartes, c'est vraiment très impressionnant.

Monique L
L'alcool entraîne beaucoup de problèmes ; mais à l'origine, c'est de l'alcool qu'on leur a donné, c'est la civilisation occidentale qui a apporté l'alcool...

Manon
C'est normal, on essaie quand on ne connaît pas...

Claire
La religion a beaucoup de responsabilités par rapport aux Aborigènes...

Françoise D
L'enfer est pavé de bonnes intentions...

Henri
Je pense aussi Jared Diamond ; il montre dans Effondrement : comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie que l'Australie court à sa perte dans sa manière de traiter les ressources renouvelables : les Australiens les " minent", les exploitent à une vitesse qui les transforme en ressources non renouvelables. Leurs problèmes ne sont pas si différents des habitants de l'île de Pâques.

Manon
Le premier ministre australien n'avait-il pas fait de la suppression de la taxe carbone une promesse électorale ?

ON COMMENCE PAR LIRE TROIS AVIS REÇUS...

Séverine
Je ne peux venir ce vendredi. Je vais lire après coup vos commentaires sur le livre et j'en suis impatiente. Je dois dire que je n'ai lu que la moitié de l'ouvrage : je ne suis pas très adepte de ce genre de docu-fiction.

Plusieurs (à la lecture de l'avis de Séverine)
Il n'y a pas de fiction !

Séverine
C'est certes un témoignage intéressant sur les relations encore agitées et injustes qui existent entre les Aborigènes et les "blancs", mais je n'ai pas accroché du tout. J'ai peut-être plus envie de lire des romans que ce type d'exercice. Je n'ai guère plus à dire.

Serge d'Avignon
C'est le même sentiment de révolte que pour l'un de mes films préférés (Mirage de la vie, qui évoque l'affrontement noirs/blancs) que je ressens après avoir lu Grand homme. "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir", dixit La Fontaine... Je préfère donc ne pas m'en tenir au fond, à l'histoire, mais strictement à la forme, au style. Grand homme se présente comme un roman alors que c'est avant tout une enquête.

Plusieurs (à la lecture de l'avis de Serge)
Il ne se présente pas comme un roman !

Serge
L'auteur a eut beaucoup de mal à gérer ce choix et tout le livre oscille entre les deux. Je suis harponné, au début, par les descriptions splendides proches de Steinbeck ou de Bernard Giraudeau : "barrière de corail", "îles aux stations balnéaires de luxe", "Palm Island", tel un dépliant touristique qu'on dévore sur une chaise-longue, pieds en éventail dans le sable, entouré de rochers, on joue au "two-up" cousins des osselets de mon enfance. Mais très vite l'enquête est posée : il y a un mort, c'est un assassinat. Cameron Francis Doomadgee, défenseur des aborigènes dont l'une des familles l'a adopté jadis et qui a eu une petite amie aborigène, à 25 ans, a été tué par un brigadier-chef, Christopher Hurley, joyeux drille raciste de 2 m, qui aime à faire danser les filles, à randonner à pied ou à vélo, pratiquer le jet-ski, le billard américain. Bref, le vrai militaire, le "flic modèle". Patrick, petit garçon maigre, fils d'une femme battue, "blackfella" qui traite la police de "connards de petits pédés" se voit corrigé par Hurley. Doodmage s'interpose. Emmené au poste avec Patrick, une bagarre éclate avec Hurley. La famille de Doomadge va pouvoir visionner sa mort en direct par le film de la caméra de surveillance de la cellule. L'émeute va gagner toute l'île et créer une révolution australienne où les kangourous ne feront pas la Loi mais seulement des motifs du décor. Et là, l'auteure est dépassée par son sujet. L'enquête préliminaire tourne au western, l'énumération des membres de la famille est fastidieuse et ne nous rapproche pas des personnes de ce clan, ce qu'elle devrait faire. C'est trop raconté et pas assez suggéré. Pourtant, les légendes et les mythes sont savoureux. L'alternance des chapitres de respiration sont trop peu nombreux (par exemple, l'excellent passage à l'église pentecôtiste) avec les chapitres d'action. Ces derniers, du coup, finissent par se ressembler. Il y a aussi des passages carrément plaqués comme celle de l'histoire du premier commissaire de Palm Island, Robert Curry. Indéniablement, ce récit manque du "polissage d'écriture". J'ai beaucoup aimé que l'auteure raconte la naissance, l'enfance puis la jeunesse d'Hurley seulement dans la deuxième partie avec ces beaux slaloms de buffles et de kangourous. A la fin du procès, Hurley est acquitté, il va réintégrer son poste mais d'abord partir en congé en Asie. Comme si rien ne s'était passé. Avec un vrai polissage d'écriture, il en faudrait peu pour que ce roman atteigne, par son intensité, les récits élégiaques de Nadine Gordimer ou d'André Brink. J'ai quand même aimé ce livre courageux qui comble une injustice malgré une écriture trop insuffisante.

Rozenn
Je suis dans un café en train d'essayer de finir le livre (p. 295). Je le trouve fabuleusement intéressant sur le plan documentaire. Et instructif. Mais je me suis beaucoup perdu au début parmi les différents protagonistes surtout dans la famille de Cameron : je ne dis pas "personnages" parce que justement ils n'ont peut être pas assez d'épaisseur pour exister en tant que tels. Le climat économique et social est formidablement analysé. J'aurais bien aimé participer ce soir mais en constatant tout à coup la façon dont les gens autour de moi me jettent des regards "noirs" (sic) quand j'éternue et que je me mouche. Je décide de rentrer finir ma lecture sous ma couette et de vous épargner une contamination qui gâcherait vos vacances. Et puis vraiment je n'ai aucune piste de solutions. Qu'est-ce qu'a donné au juste la tentative en Afrique du Sud : parler, dire, admettre toutes les violences liées à l'apartheid pour pouvoir continuer à vivre ensemble en bonne intelligence ? Tout ce que j'ai entendu et lu là-dessus était très contradictoire.

ON COMMENCE POUR DE BON...
Jacqueline
Au début j'ai eu du mal avec tous les personnages, du mal à m'y retrouver. Pour moi c'est un reportage. J'ai noté les noms pour me repérer, et alors cela est devenu passionnant. Ces situations avec les Aborigènes rappellent l'existence en France de population en marge - je pense aux Tziganes. La situation ne nous est donc pas complètement étrangère. Je pense aussi aux Indiens, par exemple du Canada. Mon côté démocrate est complètement bouleversé par cette situation, non sans un mouvement de recul face à l'alcoolisme. Je ne vois pas de solution. C'est un très beau livre, peu facile à lire, qui nous confronte à des choses difficiles ; Chloe Hooper a le mérite de nous y plonger. J'ai lu les deux autres romans traduits de Chloe Hooper : Un vrai crime pour livre d'enfant et Fiançailles qui nous montrent aussi la situation d'un pays où des gens arrivent de l'extérieur depuis longtemps.

Il y a là aussi des emboîtements et j'en sors avec la même impression d'ambiguïté. Je me sens complètement impuissante. Je n'ai pas aimé Un vrai crime pour livre d'enfant. Les Fiançailles, cela m'a beaucoup plu.
J'ouvre en grand pour Grand homme même si je suis mal à l'aise.
Monique L
J'ai aimé que le sujet soit traité de façon non manichéenne : Chloe Hooper cherche à comprendre la complexité de la situation et les différents points de vue, avec l'alcoolisme. Cela rappelle l'Afrique du Sud. J'ai aimé certaines descriptions et certains portraits. Ce livre a un sens, il est intéressant, avec son sujet : la destruction d'un peuple, une culture, les méfaits de la colonisation bien-pensante, l'incompréhension par rapport à des cultures différentes. Comment sortir de là ? Surtout que les aborigènes ne s'expriment pas.

Françoise D
On les sollicite à un moment donné.

Brigitte
Mais ils ne comprennent pas l'anglais, ils ne comprennent pas ce qu'on attend d'eux.
Je voudrais parler d'un autre sujet.

Plusieurs
Si tu parlais du livre ce serait bien...
Brigitte
Quelle est l'histoire de ce livre ? Est-ce de l'artisanat ? Fait à la ronéo ? Pas de table des matières, des photos de mauvaise qualité ! Au début de la lecture, c'était compliqué, tout se mélangeait. Et cela m'a paru téléphoné : j'ai eu l'impression de savoir déjà l'avance ce qui allait se passer. Jusqu'à la révolte du jeune homme. Je n'avais pas vu venir. À partir de la révolte, ça m'a beaucoup intéressée et sans que mon intérêt ne faiblisse. Des proches à moi vivent au nord du Canada, ils parlent de la même chose avec les Indiens. En Australie, à 10h du matin, ils sont déjà bourrés. Il y a une grande affection pour les enfants, mais quand ils boivent !... Quel est le degré de responsabilité de Harley ? Il l'a voulu où il a été débordé !? Il a choisi d'aller travailler auprès des Aborigènes quand même, même s'il a en tête une promotion. Une phrase m'a frappée : "les gens qui vivent sans espoir ne peuvent pas se faire comprendre de ceux qui en ont " (p.247)
L'autre sujet dont je voulais parler vient d'une référence que Claire a envoyée au Matricule des anges : cette revue met en ligne des réponses à la question "Quelle critique littéraire attendez-vous ?" Il y a une trentaine de réponses formidables que je vous engage à lire. Pourquoi ? Parce que nous sommes un exemple de la critique littéraire en acte. Pourquoi je continue à venir dans ce groupe depuis si longtemps ? Parce que je découvre des auteurs et des avis différents. On répond à cette question dans notre manière de fonctionner.

Claire
J'ai justement prévu - et j'ai commencé - à écrire quelque chose sur le groupe : qu'est-ce que c'est que participer à ce groupe ? En effet, il y a d'autres fonctionnements où justement l'approche n'est pas littéraire, où le texte peut être un simple prétexte pour parler d'autre chose, de soi par exemple.

Françoise D
Et c'est là que Claire dit : d'accord, mais qu'est-ce que tu penses du livre ?...

Lisa
Pour ce qui est de la forme, la quatrième couverture mentionne De Sang-Froid de Truman Capote : je ne suis pas d'accord sur ce rapprochement. Parce que l''auteure a un parti-pris pour les Aborigènes, ce que ne doit pas faire un journaliste. La forme n'est pas exceptionnelle : c'est une écriture facile à lire, mais il n'y a pas de travail littéraire. Quant au fond, j'ai été touchée par l'histoire, je ne pensais pas que le racisme était aussi présente la part des Blancs (cf. les statistiques données dans le livre). Les solutions, où sont-elles ? Il est trop tard... Les laisse-t-on livrés à eux-mêmes ou essaie-t-on de les assimiler ?
Claire
Souvenez-vous que nous avions du mal à choisir un livre australien ; nous voulions un livre qui nous parle d'Australie et notamment des Aborigènes : nous sommes servis avec ce livre ! En le lisant, j'ai repensé à ce que dit Nabokov - l'auteur que nous avons lu la dernière fois - des trois facettes que combine le grand écrivain : conteur par le récit, pédagogue par l'enseignement, enchanteur par la magie ("lorsque nous nous efforçons de saisir la magie propre à tel génie et d'étudier le style, les images, la construction"). Le récit existe, avec ses rebondissements, ses répétitions aussi ; il y a une part très importante de connaissances (sur les aborigènes, les questions sociales autour, l'aspect historique), apportées à la fois par les faits que Chloe Hooper observe (alcoolisme), les rencontres, mais aussi les experts ; quant au talent d'écriture, je le vois dans la composition, très bien faite, avec un habile entrelacement ; ce qui me manque c'est le "je" : elle a voulu en rester aux faits dans une remarquable objectivité je trouve, mais l'auteure narratrice reste discrète, trop discrète : "j'avais été happée", "je m'étais lancée dans une quête" (p.78) ; mais on n'en saura pas davantage : en quoi cette aventure la touche, la transforme ? Il me manque ce je. Et puis, même si elle a matière à développer, j'ai trouvé le livre long, avec l'impression que cela n'en finissait pas. On évoque De Sang-froid de T.Capote en regard de ce roman ; il avait pour moi un suspense qui me manque ici. Mais je suis contente d'avoir lu ce livre, intéressant.
Françoise D
Ce n'est pas un objet littéraire, c'est un reportage. Je trouve qu'il y a un manque de rigueur : ce serait plus percutant si l'auteure s'était tenue plus déroulement des faits. Souvent elle se perd dans la description des personnages. On connaît dès le départ l'issue du procès. On est ramené à d'autres récits avec les Noirs aux USA où le peuple colonisé n'a pas voix au chapitre. Je n'ai pas eu l'impression d'apprendre quelque chose. C'est un peu longuet. Je n'ai rien lu d'autre de cet auteur.
Manon
J'évoquerai comme Lisa la forme puis le fond. La forme c'est ce que j'aime : l'écriture journalistique c'est entraînant. Non, ce n'est pas un roman. Ce qu'elle raconte est très dur et très éloigné de nous, exactement comme un roman. Ce n'est pas trop long, on apprend des choses. Au contraire de ce qui a été dit, l'auteure me semble très objective, elle ne prend jamais parti ; elle ne sait pas si Hurley est coupable. S'il est condamné, va-t-il payer pour quelque chose dont il n'est pas coupable ? C'est super, c'est hyper objectif, sans leçon de morale derrière. J'en reste bouleversée. J'ai beaucoup appris. C'est fabuleux.
Ouvert 10 fois en grand.
Manuel
Je n'ai pas fini le livre et j'ai eu du mal à avancer dans la lecture. Je me suis perdu dans les noms. Pour moi, c'est l'enquête de l'inspecteur Colombo, donc la forme… je ne capte pas. J'ai aimé certaines scènes, comme celle de l'émeute, avec le retour entre le présent et le passé. Pour ma part, j'ai beaucoup appris sur les Aborigènes. Le personnage de Hurley - avec son échec - me semble très pessimiste. Pourquoi placer les Aborigènes isolés dans une île ? Il y a une manipulation des populations. J'ai découvert l'histoire de l'Australie qui montre que cela se répète : l'homme occidental arrive quelque part et domine par la terreur. J'ai découvert la violence, le viol, la pédophilie chez les Aborigènes ; est-ce l'homme occidental qui fait basculer dans la violence ?... Je vais finir le livre.
Annick E
C'est un livre que je n'aurais pas lu de ma propre initiative : et donc, merci au groupe lecture. J'aime les textes littéraires. Au début, j'ai eu un peu peur, mais ça m'a plu. J'ai beaucoup appris. Le livre m'a permis d'aller à la rencontre des du peuple aborigène. L'écriture ne m'a pas gênée. Je n'ai pas trouvé un texte littéraire, mais j'ai trouvé du romanesque : les personnages Hurley et Cameron se rencontrent, c'est très bien construit, tout est fait pour les amener là, à cette rencontre. J'aime bien les choses compliquées dans les livres et j'ai trouvé cela ici. Il y a des choses qui m'ont énormément touchée sur le langage : ces expressions de langage aident à entrer dans la pensée des Aborigènes : le temps du rêve, celui des missionnaires, celui de la fureur. J'ai aimé aussi comment les Aborigènes réussissaient à communiquer à l'insu des missionnaires avec des forme de langage originales. C'est important de voir comment on enlève à des familles leur enfant à cinq ans. Ce livre évoque pour moi un autre texte, de Laurent Mauvignier, Ce que j'appelle oubli écrit à partir d'un fait divers et en une seule phrase.

Danièle
J'aime la complexité psychologique : chez Hurley, malgré tous ses efforts, sa violence est revenue à la surface. Chloe Hooper arrive parfois à nous en faire douter. La confrontation entre deux mondes et deux cultures, ça j'ai aimé. Mais à un moment, l'auteur a fait le tour de la complexité et, à la fin, elle en rajoute, c'est trop long...
Henri
Ce n'est pas un roman, ce n'est pas une fiction, c'est clair. Mais j'ai eu du plaisir à lire ce livre. Je reste sur ma faim concernant plusieurs points de vue. Le fait de partir de Palm Island, une sorte de dispensaire qui crée une ségrégation, ce n'est peut-être pas le meilleur point de départ pour ce sujet. Je n'ai pas trouvé de personnages aborigènes instruits et militants.

Brigitte
Si, il y a le révolutionnaire.

Henri
Mais qui soit suffisamment développé, dont on connaît les motivations. Il manque la voix des Aborigènes. Sur la peinture, bof le grand homme n'a pas le contre-champ aborigène. J'ai aimé quand elle va récolter des racines avec les aborigènes. J'ai aimé quand on quitte les deux personnages, Cameron et Hurley, pour la description des policiers, tous très grands, de fort gabarit : n'y a-t-il pas là une forme d'eugénisme, avec cette opposition entre cette "ethnie" et celle des Aborigènes ? J'avais lu Les Mahuzier en Australie :

I y avait aussi un film de Wim Wenders qui se passait en Australie, vous ne l'avez pas vu (Jusqu'au bout du monde) ? Je suis frappé par ce constat d'impuissance qui sort du livre. Je me souvenu de deux phrases d'un prof de philo : "La philosophie prend la couleur des choses dont elle s'approche" et "À quoi servent les autruches ?" Ont-elles vraiment à "servir" ?... Cela renvoie au sens ou au non sens de la civilisation occidentale. 3/4 en termes de plaisir.

Liz
Je trouve très français de lire avec cette approche de la littérature. Moi, je lis pour l'histoire, pour apprendre, pour expérimenter des vies différentes, mais pas pour l'analyse.

Claire
Des Français aussi… Mais c'est le propre du groupe lecture d'avoir ce type d'approche…
Liz
Le livre m'a beaucoup plu en raison de son sujet : la nature, la culture australienne. Et Chloe Hooper a mon âge. Elle explore le problème ; c'est un miroir des problèmes en Australie ; j'ai apprécié la façon dont elle le fait, car elle est sensible, elle est pro-aborigène, mais cela est léger. Le style du reportage, c'est intéressant. Il est difficile d'écrire sur un problème si lourd et si réel, avec un grand style littéraire. Il y a un sujet : quel style ajouter ?

Claire
De Sang-froid, dont on vante le style, n'avait guère été apprécié par le groupe (voir ICI). En revanche, nous avions lu Ébène de Ryszard Kapuscinski que nous avions beaucoup aimé, à la fois comme livre de journaliste, mais aussi comme œuvre littéraire.

Liz
Ce que j'ai moins aimé, ce sont les visites dans les communautés aborigènes, que j'ai trouvées superficielles. Mais ce que je trouve très intéressant, c'est d'avoir un livre écrit par une Blanche, du côté des Aborigènes.

Jacqueline
Y a-t-il des écrivains aborigènes ?

Liz
Mais oui ! Par exemple Eva Sallis.

Claire (sort son livre sur le panorama du roman australien)
Il y a un chapitre sur le roman aborigène...


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :

à la folie, beaucoup, moyennement, un peu, pas du tout



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