Nathacha APPANAH
La mémoire délavée, rééd. Folio, 160 p.

Quatrième de couverture : "Toute leur vie, une partie d’eux restera dans le camp et bien sûr ils continueront à travailler, à faire des enfants, à vivre, à progresser mais ça leur manquera toujours comme une enfance perdue à jamais, comme une langue oubliée."

En 1872, le trisaïeul de Nathacha Appanah débarque à l’île Maurice avec sa femme et leur fils âgé de onze ans. Comme des milliers d’autres coolies, cet homme a quitté l’Inde pour venir remplacer les esclaves noirs dans les plantations sucrières coloniales. Plusieurs générations se succéderont dans ces champs de canne, jusqu’au grand-père de l’autrice, dont le courage et la dignité briseront l’asservissement et éclairent ces pages.

La mémoire délavée, Mercure de France, coll. Traits et portraits, 2023, 160 p.  

Quatrième de couverture : Ce poignant récit s’ouvre sur un vol d’étourneaux dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d’aïeux, partis d’un village d’Inde en 1872 pour rejoindre l’île Maurice.
C’est alors le début d’une grande traversée de la mémoire, qui fait apparaître autant l’histoire collective des engagés indiens que l’histoire intime de la famille de Nathacha Appanah. Ces coolies venaient remplacer les esclaves noirs et étaient affublés d’un numéro en arrivant à Port-Louis, premier signe d’une terrible déshumanisation dont l’autrice décrit avec précision chaque détail. Mais le centre du livre est un magnifique hommage à son grand-père, dont la beauté et le courage éclairent ces pages, lui qui travaillait comme son propre père dans les champs de canne, respectant les traditions hindoues mais se sentant avant tout mauricien.
La grande délicatesse de Nathacha Appanah réside dans sa manière à la fois directe et pudique de raconter ses ancêtres mais aussi ses parents et sa propre enfance comme si la mémoire se délavait de génération en génération et que la responsabilité de l’écrivain était de la sauver, de la protéger. Elle signe ici l’un de ses plus beaux livres, essentiel.


PRIX

- Prix des Écrivains du Sud 2023

Sélection de prix

- Sélection Prix France Télévisions 2024 - catégorie Essai
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Sélection Prix Joseph Kessel 2024
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Sélection Prix littéraire Le Monde 2023
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Deuxième sélection du Prix Renaudot 2023 – catégorie Essais
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Deuxième sélection du Prix Femina 2023
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Deuxième sélection du Prix Médicis 2023 – catégorie Essais

 

Nathacha APPANAH (de l'Ile Maurice, née en 1973)
La mémoire délavée (publication en 2023)
Nous avons lu ce livre pour le 5 septembre 2025.
Voici =>ici les détails

Le groupe de Tenerife l'a lu pour juillet 2025.

L'avis de Nieves
J'ai bien aimé cette histoire écrite d'une façon très délicate et poétique, juste avec un désir d'éclaircissement du passé, vu que la mémoire n'est pas très solide, n'est pas un monde clos. C'est justement à cause de cela que l'auteure commence par une belle image, le parallélisme des vols des étourneaux traçant des formes mouvantes dans le ciel et allant d'un endroit à l'autre comme les êtres humains qui quittent leur pays en cherchant une vie meilleure, sans savoir souvent comment ils vont y arriver et ce qu'ils vont y trouver.
Bien que le roman semble un hommage à ses grands-parents, et à son grand-père en particulier, l'écrivaine remonte à deux générations avant pour imaginer, à l'appui de très peu de documents, comment ces coolis étaient arrivés à Port-Louis où ils ont été identifiés avec un numéro avant d'être emmenés à la plantation de Camp Chevreau. Les conditions de vie de tous les migrants sont toujours épouvantables tout au long de l'histoire ; cependant, Nathacha Appanah ne raconte l'histoire de sa famille avec rancœur, je trouve que c'est un récit plutôt émotionnel où elle essaie de reconstruire son passé, tâche pas très facile avec si peu de renseignements et avec les va-et-vient de la mémoire, des fois très fragile. Elle essaie de le faire quand même "mais d'une manière détachée, éclairant en biais ma propre famille et son chemin. Ils m'intéressaient comme m'intéressent l'histoire de l'humanité, la transhumance des êtres depuis la nuit des temps et les façons multiples qu'ont trouvées les hommes d'asservir leur prochain".
On dirait également que la convivialité et la vie en communauté de ces migrants sont pleines de dignité, étant pour elle une forme d'accrochage, bien que quelquefois elle oublie ce passé et s'en prend à la mémoire qui, comme les étourneaux, fait des détours tout le temps et rend difficile la récupération de ce passé dont elle parle avec beaucoup d'affection : "De mes grands-parents, je garde un monde qui ressemble à un cœur vivant avec des veines caves, des artères multiples des faces cachées, des membranes délicates. Je l'oublie parfois pendant de longues semaines et soudain j'ai l'impression de n'avoir que ça, de n'être que cela, ce cœur-là, et sa complexité fragile"
C'est un récit exempt de victimisme, une façon différente de parler des grands drames humains.
Bref, je suis très contente d'avoir découvert cette auteure et aimerais bien lire d'autres ouvrages comme Tropique de la violence ou Rien ne t'appartient.



Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
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ouvert ¼
pas du tout
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