Extrait de Startribune


Trad. Jacques Tournier, Livre de poche 1976 ; rééd. Grasset 1996 ; Grasset, Cahiers rouges, 2007 ; rééd. Livre de poche 2007 ; rééd. Livre de poche 2013 :

Trad. Jean-François Merle, Pocket 2013 :

Trad. Michel Viel, L'Âge d'homme, Lausanne, 1991 :

Trad. Julie Wolkenstein P.O.L 2011, GF Flammarion 2012 : 

Trad. Philippe Jaworski, 2012, La Pléiade et Folio 2012 n° 5338 et 2014 tirage limité sous étui :

Trad. Michel Laporte, Livre de poche 2014 :

Trad. Éric Coutelle, édition uniquement numérique Galand (Amazon) 2014 :

Les premières éditions de la traduction de Victor Llona en ligne : 1926 éd. S. Kra ; 1946 éd. Le Sagittaire :

Francis Scott Fitzgerald (1896-1940)
Gatsby le Magnifique
(1925)

Nous avons lu ce livre en mai 2018.

Nous avons visionné deux films : celui de Jack Clayton avec Robert Redford (1974) et celui de Baz Luhrmann avec Leonardo DiCaprio (2013).

Voir en bas de page des infos concernant :
- les œuvres de Fitzgerald
- des repères biographiques incluant les publications
- les 8 traductions de Gatsby
-
les films adaptés de Gatsby

Lisa (avis transmis)
J'ai lu Gatsby il y a 3 ans et je ne l'ai pas relu pour le groupe parce que je ne veux pas abîmer mon souvenir. J'avais beaucoup aimé à l'époque, mais je suis sûre de ne pas l'aimer si je le relis. Il m'en reste une impression d'ennui (mais positive !), un ennui agréable, une sorte de langueur. J'avais aimé l'atmosphère que je trouvais bien rendue. L'écriture ne m'a laissé aucun souvenir, donc rien de spécial à en dire.
J'ai vu l'adaptation la plus récente qui m'avait beaucoup plu.
Je l'ouvre aux ¾ et j'ai hâte de lire vos avis pour m'en souvenir un peu plus...
Nathalie R (avis transmis)
J'avais lu Gatsby quand j'étais jeune et je n'en avais aucun souvenir à part celui de me dire que cela ne m'avait pas marquée. Je pense surtout que pour lire ce roman, il faut déjà avoir vécu un peu. C'est souvent le cas avec la littérature classique ! Comment savourer le plaisir de ce qui nous est offert là, quand on n'a rien vécu ou presque ? Comment savoir parler de la femme aimée et désirée ? Comment parler des masques que les uns et les autres arborent ? Comment évoquer le tragique de la vie ?
J'ai donc lu comme si c'était une première fois et j'ai tout aimé. La façon d'écrire, très théâtrale, en tableaux composés avec soin, l'humour, la vie folle, les portraits féroces, les allers-retours dans le temps. J'ai aimé Gatsby, ce coin incroyable des États-Unis, ce microcosme atemporel, ces relations un peu dingues.
Je ne prendrai donc pas trop de temps à développer parce que je ne suis pas parmi vous. La seule chose qui m'a vraiment étonnée, ce sont les nombreuses notes de bas de page (dans la collection GF) qui signalent toutes les erreurs géographiques ou temporelles faites tout au long du récit. Je me dis qu'il n'y aurait plus ce problème aujourd'hui pour un écrivain qui n'a pas encore atteint ses trente ans, mais qui a percé à jour la plupart de ses contemporains.
J'ouvre en grand.
Monique L
J'ai lu ce livre il y a quelque mois et j'ai vu cette semaine les deux films avec Robert Redford et Leonardo DiCaprio.
Ce que j'ai apprécié tout au long du roman, c'est l'utilisation d'un point de vue externe en la personne de Nick, qui ressent pour Gatsby à la fois de l'admiration, de la fascination et de la répulsion. Ce procédé permet une certaine distance, voire l'expression d'une certaine naïveté. Nick est un peu le candide. Il nous permet d'être spectateur avec lui.
La composition en deux parties nettement distinctes met bien en exergue le point de rupture où tout bascule. Le changement d'atmosphère est radical. La première c'est la célébration de la jeunesse, l'espoir, l'éclat, la fête alors que la seconde c'est la mélancolie qui l'emporte. Il pleut d'ailleurs quasiment tout le temps.
Fitzgerald décrit à merveille un monde où règnent insouciance, débauche de luxe, illusion, opulence, superficialité, spectacle des apparences. Il nous livre aussi un portrait vivant et incisif de la faune de cocktails. On y rencontre des riches héritiers : Daisy, femme-enfant insouciante et capricieuse et son époux, le millionnaire Tom Buchanan, homme arrogant, à la fois paternaliste et condescendant. Mais c'est surtout la figure de Gatsby qui éblouit et effraie : ce personnage absolu, au passé trouble, acteur et créateur de sa propre image on ne peut plus romanesque, qui cultive les petites expressions au chic désinvolte comme son "Old sport" qui ponctue tous ses propos.
La tension dramatique est bien menée jusqu'à la confrontation fatidique du triangle constitué de Gatsby, Daisy et Tom Buchanan pour prendre "la reine". Gatsby réalise son rêve mais il perd ses illusions. Le rôle de l'argent occupe une place une place prépondérante.
C'est toujours difficile de ne pas apprécier ce que beaucoup considèrent comme un chef-d'œuvre.
Je n'ai pas de vraies critiques à faire de ce livre, mais il reste pour moi très descriptif. Je ne me suis pas sentie concernée. Je ne sens aucune empathie, ni même répulsion. Ce n'est pas totalement vrai : à la fin, le personnage du père apporte une certaine humanité.
J'ai beaucoup aimé les deux films. Ce qui est un phénomène rare. Je suis généralement déçue par les films après la lecture d'un livre car les images proposées ne correspondent pas à celles que la lecture m'a inspirées. Là, c'est le contraire, les images et interprétations ont enrichi ma lecture. J'ouvre à ½.
Brigitte
Cela fait 24h que je vis avec Gatsby, ayant vu un film hier et un aujourd'hui... J'avais lu Tendre est la nuit à l'ambiance analogue, si ce n'est que ça se passe sur la Côte d'azur, mais c'est pareillement dans des endroits magnifiques, avec de l'alcool ; il y a aussi une dimension autobiographique forte avec Zelda qui sombre dans la folie. En vieillissant, je deviens moins nulle en jardinage et j'ai repéré dans Gatsby une "énorme" erreur concernant les dates de floraison des jonquilles et des aubépines, qu'il place au milieu de l'été. En France, les chose se passent différemment !
J'ai beaucoup aimé les deux niveaux de lecture. La lecture que j'avais eue pour Tendre est la nuit était beaucoup plus superficielle que celle que j'ai maintenant pour Gatsby. Je pense que ce que je retiendrai de Gatsby est contenu dans la première phrase :
« Quand j'étais plus jeune et plus influençable, mon père m'a donné un conseil que je n'ai cessé de méditer depuis.
"Chaque fois que tu as envie de critiquer quelqu'un, me dit-il, souviens-toi seulement que tout le monde n'a pas bénéficié des mêmes avantages que toi." »
et la dernière phrase du livre :
« C'est ainsi que nous nous débattons, comme des barques contre le courant, sans cesse repoussés vers le passé. »
Cette dernière phrase est gravée sur sa tombe.
Gatsby veut fait repartir la vie 5 ans en arrière, comme si rien n'avait changé, or, lui-même a changé : il est devenu extrêmement riche. Il voudrait que tout se soit figé ; et pouvoir faire remonter le temps. Il n'a pas non plus perçu que Daisy est assez superficielle, et finalement s'accommode de son mariage avec Tom, même si elle trouve merveilleux l'amour de Gatsby. Lui la protège, au péril de sa vie, des suites de l'accident dramatique qu'elle a provoqué ; alors qu'elle s'est à peine aperçue du drame qu'elle a causé.
J'ouvre aux ¾, au moins.
Le début du roman me fait penser à quel point les incipit ont changé : maintenant on commence directement dans l'action.

Claire (qui essaie de frimer)
In medias res...

Brigitte
Là, il nous introduit lentement. J'ai vu que même les traductions changent par exemple pour le Club des cinq. Les lecteurs ne sont plus pris par la main pour entrer dans le récit.

Claire
C'est Geneviève qui parlait des traductions du Club des cinq la dernière fois.

Jacqueline
Mais à l'époque de Fitzgerald, Hemingway faisait déjà ça.

Brigitte
Et parfois au début d'un livre, on est plongé directement dans une scène sans vraiment comprendre qui est qui. C'est la même chose au cinéma et dans les Séries.

Claire
A propos vous avez commencé le prochain (les yeux révulsés, l'air épouvanté...) ?

Brigitte
Le film le plus récent (avec Leonardo DiCaprio) donne à la demeure de Gatsby un côté Disneyland, que je juge trop outré. J'ai préféré le film de Coppola avec Robert Redford.

Monique L
Moi aussi, mais pas les acteurs. Je préfère DiCaprio par exemple.
Catherine, entre et
C'est le deuxième livre de Fitzgerald que je lis : j'avais lu Tendre est la nuit il y a quelques années mais je n'avais jamais lu Gatsby. Je dois dire que j'ai été déçue ; j'ai gardé de ma lecture une impression d'ennui pendant les trois quarts du livre.
C'est bien fait, bien écrit et la peinture de la société new-yorkaise à l'époque des années folles est intéressante ; il y a un côté fascinant à ce luxe, ces réceptions, ce cadre incroyable, mais on est contaminé par la superficialité et le vide de leurs vies ; ils ont l'air au fond de beaucoup s'ennuyer, de se traîner de fête en fête, toujours les mêmes, et cet ennui se communique au lecteur. Les personnages (Tom, Daisy...) m'ont paru assez conventionnels, les plus inattendus étant la maîtresse et le garagiste, et également le narrateur, qui assiste à ce spectacle et est le seul à s'attacher à Gatsby.
Je me suis bien sûr ranimée au moment où j'ai compris l'histoire de Gatsby (je n'avais rien vu venir) mais, même à ce moment-là, j'ai eu du mal à être émue par le personnage, à y croire vraiment. La partie que j'ai préférée est la fin quand le narrateur s'aperçoit qu'il n'y a aura personne à l'enterrement, et que Gatsby était totalement seul, à la poursuite de son rêve.
Après avoir vu le film avec Robert Redford, que j'ai préféré au livre, j'ai relu rapidement le livre, et j'ai préféré la deuxième lecture : peut-être qu'il me plaira vraiment si je lis une troisième fois... Je l'ouvre d'un quart, entre un quart et un demi...
J'ai nettement préféré Tendre est la nuit qui m'a paru avoir plus de profondeur ; j'avais lu ensuite Alabama song de Gilles Leroy, qui reprend l'histoire de Zelda, la femme de Fitzgerald, que j'avais aimé, même si je n'en ai plus un souvenir extrêmement précis.
Fanny
Je rejoins Monique et Catherine. J'ai eu du mal à le lire. J'ai aimé la peinture sociale de ce milieu. Quant au style, j'ai aimé surtout l'arrivée de Gatsby, quand Nick le découvre. J'ai aimé plusieurs moments de ce style.
Mais le reste du temps c'est l'ennui. La présence du narrateur m'a ennuyée. J'ai manqué de temps pour lire les nombreuses notes avec des précisions géographiques (dans l'édition GF Flammarion). Je n'ai pas ressenti d'empathie pour les personnages. J'ai regretté de ne pas avoir vu les films car j'ai eu le sentiment au fil de la lecture qu'il y avait une dimension très visuelle tout au long de ce roman.
Jacqueline
Je l'avais lu autrefois... je l'avais oublié... je l'ai relu : je ne comprenais rien à ce badinage américain et, telle le majordome des Vestiges, j'aurais eu, comme lui, besoin de leçons...
Par exemple, la description de la pelouse, je trouve ça d'un maniéré (Jacqueline lit l'arrivée de Nick chez Tom) :
"C'était une ravissante maison coloniale de style géorgien, rouge et blanche, qui surplombait la baie. La pelouse partait de la plage et grimpait sur cinq cents mètres jusqu'à la porte d'entrée, enjambait des cadrans solaires, de sentiers pavés de briques et des jardins flamboyants, atteignait enfin la maison et se brisait contre ses murs, dans une explosion de vigne vierge, comme emportée par son élan."

Claire
Qu'est-ce que tu as contre cette pelouse, je trouve ça au contraire super…

Brigitte
Moi aussi.

Jacqueline
Le style ne me convient pas. Et puis les premières conversations se traînent. J'étais larguée. Plus tard, j'ai fini par m'y intéresser. C'est en voyant le film avec Robert Redford que j'ai découvert l'histoire : les personnages ont pris de l'épaisseur, ce n'était plus absurde.
J'ai lu Accordez-moi cette valse de Zelda Fitzgerald qui m'a plu : le personnage y a plus de poids que dans Gatsby.
Je suis gênée par l'écriture de Fitzgerald. Un autre exemple, quand le narrateur découvre un accident en sortant d'une fête : "A vingt mètres de la porte, une douzaine de phares éclairaient une scène étrange et chaotique. Dans le fossé qui bordait la route, encore d'aplomb, mais amputé d'une roue, gisait un coupé neuf qui avait quitté l'allée de Gatsby à peine deux minutes avant. L'arête du muret avait dû arracher la roue, qui faisait maintenant l'objet d'une attention soutenue de la part d'une demi-douzaine de chauffeurs curieux". J'ouvre à moitié.
Ce milieu évoque pour moi Françoise Sagan.

Claire
On n'a jamais lu de Sagan...
Séverine
Depuis le temps que je voudrais qu'on en lise un.
Je n'ai pas vu les films. J'avais lu le roman, je l'ai relu pour le groupe. Mon intérêt a commencé au deuxième chapitre avec l'apparition de Myrtle. C'est un livre sur la confrontation de classes. Je préfère les Wilson qui ne sont pas pervertis par l'argent. C'est un livre sur l'argent. Quant à la description des Juifs et des Noirs, cela ne passerait plus aujourd'hui. Ça se lit bien, je ne me suis pas ennuyée. Finalement les fêtes, ce n'est pas représentatif. J'ouvre à moitié.
Claire
J'ai lu le livre dans la traduction de Julie Wolkenstein et vu les deux films : j'ai tout aimé. Et j'ai encore plus aimé cette triplette : les films se situent par rapport au livre (par exemple : que font-ils de la narration à la première personne ?) et ils se situent par rapport aux films qui les précèdent : ainsi le film de 2013 avec DiCaprio a des acteurs qui ressemblent à ceux du film précédent…

Monique L
Ah oui, c'est incroyable.

Claire
Je suis même allée voir en cours de visionnage la distribution du précédent pour être sûre que ce n'était pas, sauf pour Gatsby, les mêmes acteurs… Et le film de 2013, c'est la folie ! Tout est trop ! Les fêtes sont dingues : des chorégraphies incroyables, à l'argent de Gatsby s'ajoutent les sommes folles qu'a coûtées le film. J'ai retrouvé aussi une vieille édition de poche que j'avais annotée (la première traduction de Liona, vraiment bizarroïde) et j'ai reconstitué que j'avais lu Gatsby il y a 30 ans, ayant tout oublié bien sûr.
J'ai aimé l'écriture et la distance mise par le narrateur. L'écriture est faite de distance, avec un très léger humour en permanence, par exemple, après la mort de Gatsby : "je voulais que tout soit en ordre avant mon départ ; je ne suis pas le genre d'homme à laisser derrière moi des ordures et à m'en remettre au seul temps, cette nappe d'eau serviable et indifférente, pour les recouvrir" ou encore, le jour de ses trente ans : "Trente ans : la promesse d'une décennie de solitude ; de moins en moins d'amis célibataires, de moins en moins d'enthousiasme en réserve, de moins en moins cheveux. Mais j'avais Jordan à mes côtés, Jordan qui, contrairement à Daisy, était trop raisonnable pour s'encombrer, une fois adulte, de rêves de jeunesse morts et enterrés. Lorsque la voiture s'engagea sous le pont obscur, son visage pâle et las se posa sur mon épaule et le choc épouvantable de la trentaine s'estompa avec la pression rassurante de sa main sur la mienne." J'adore... C'est en même temps dramatique et léger, d'où le charme du livre.
L'intrigue est très bien menée, avec son lot de mystère qui s'éclaircit peu à peu et pas complètement d'ailleurs. Je trouve que les films apportent des éléments de vraisemblance complémentaires. De plus, dans le dernier film avec DiCaprio, le narrateur est en train, plus tard, d'écrire l'histoire qu'on nous raconte, et cela ajoute une distance intéressante.
Quelles sont les valeurs de cette société ? L'argent. Gatsby n'a pu épouser Daisy qui était riche et lui non. Donc il devient riche pour la séduire à nouveau et il ne montre rien d'autre de lui. Rien d'autre n'est nécessaire pour la séduire a-t-on l'impression. Malgré cela si j'ose dire... ou à cause... j'ouvre à 75%...
Richard (précision : Richard participe au groupe depuis trois ans et n'a jamais "aimé vraiment" un livre lu dans le groupe ; catastrophés, nous lui avons dit : Richard, on programme un livre que tu aimes ! Ce fut Gatsby... nous ne sommes pas sûrs qu'il ne va pas le renier...)
Je n'ai pas vu le film avec DiCaprio mais celui avec Redford. J'ai lu ce livre quand j'avais 21 ans et j'en gardais un grand souvenir. Je n'ai pas changé d'avis. Ma fille l'a lu en classe avec sa prof spécialiste de Fitzgerald (Richard a en mains le livre de sa fille bourré de post-it de couleur). Oui, elle l'aime aussi. Pourquoi j'aime ce livre ?
- Les personnages sont tout à fait crédibles dans leur époque, ils sont "analysables", on peut étudier leur psychologie.
- La lecture est facile, l'action maintenue, on ne s'ennuie pas.
- Il y a une description superbe de l'Amérique du début des années 20 : ces personnages ont existé, après la Première Guerre mondiale. Le gouvernement de Coolidge laissait la bride sur le cou à l'industrie, ce qui a entraîné beaucoup de corruption ; c'est comme cela que Gatsby fait fortune. C'est également la prohibition. Avant la Première Guerre mondiale, c'était différent : les cendres sont la métaphore de cette destruction de cette ancienne société où les premiers migrants y avaient trouvé le vert, l'espoir. Cet espoir disparaît dans la corruption. Qui est le héros de ce livre ? Le héros, c'est Nick. Pas Gatsby. Gatsby est un symbole. Seulement 4% du discours direct est dit par Gatsby. Il s'agit de la destruction d'un pays, du pourrissement d'une société. Seul Wilson, le garagiste, est proche de nos valeurs d'aujourd'hui.
- Fitzgerald manie les couleurs de façon très travaillée, "the best crafted", avec un enchevêtrement des couleurs : verte la lumière au loin dans la baie, jaune la voiture, blanches les fleurs pour Daisy...
- Il ne faut pas sauter de phrases, sinon on perd le fil, il faut une lecture active. Certaines phrases sont de petits bijoux, par exemple, quand ils partent à New York : "Un cadavre passa devant nous sur un corbillard couvert de fleurs, suivi de deux carrioles aux stores baissés
". J'ouvre toujours en grand !

Claire
Je l'ai lu dans la traduction de Julie Wolkenstein dans l'édition de 2011 chez P.O.L qui se termine par un texte de la traductrice disant ceci :
« Only Gatsby" : les lecteurs français de The Great Gatsby connaissent le roman sous le titre, trouvé par Victor Liona et conservé par Jacques Tournier, de Gatsby le Magnifique. "Magnifique" pour l'anglais "great", ce qui, traduit littéralement, donnerait Le Grand Gatsby. Magnifique, la trouvaille de Liona Test aussi, et traîtresse. Ne voyant pas d'équivalent satisfaisant à l'original, je propose Gatsby tout court, Gatsby "only". C'est souvent ainsi abrégé que les passionnés se le désignaient déjà entre eux, comme un nom de code. C'est d'ailleurs à ce titre, Gatsby, que Fitzgerald a renoncé, parmi d'autres : The Great Gatsby ne lui a jamais vraiment plu. Il lui a imputé, plus tard, l'échec commercial du livre. S'il n'a pas retenu Gatsby, c'est simplement pour se démarquer du best-seller de Sinclair Lewis, Babbitt, publié en 1922.
"Only Gatsby" : je n'ai jamais traduit aucun autre roman, n'en traduirai probablement jamais d'autre. Ce qui précède est le résultat d'une rencontre, d'une histoire d'amour unique avec ce texte.
 »
Sa traduction avait été contestée, en particulier par Beigbeder qui l'avait traitée de salope… (voir l'article "Gatsby" & Cie : faut-il retraduire les grands classiques ?").

Claire (après la soirée)
Fanny m'a prêté son livre, la traduction de Julie Wolkenstein en édition de poche GF Flammarion : c'est vraiment étonnant ! Le texte traduit brut, hormis le message d'amour de la traductrice à la fin, est là complètement habillé par la traductrice : présentation (brillantissime d'ailleurs), notes innombrables, chronologie, bibliographie et carte. Carte de quoi ? Carte de la vallée des cendres ! Car elle existe. En fait tout cet appareillage, appareillage amoureux certes, rend Gatsby plus réel que réel : tout a existé, le moindre nom propre – un lieu, une chanson – est documenté en note. Et le pire, ou le meilleur, la traductrice dédie le livre (privilège réservé d'ordinaire à l'auteur). A qui, devinez ? "A mon old sport". Et sans prévenir, un changement dans la traduction affecte justement l'expression "old sport", traduit "très cher" dans l'édition P.O.L et "mon pote" dans l'édition poche. Par-dessus le marché, il s'avère que Julie Wolkenstein a fait depuis d'autres traductions... Les potins : ICI
Ah oui, elle cite dans son texte le premier prix Nobel américain dont je n'ai jamais entendu parler, Sinclair Lewis, et son livre le plus célèbre Babbitt, préfacé par Paul Morand, paru peu avant Gatsby.

Françoise H (du nouveau groupe parisien qui a lu le livre pour le 29 juin 2018 et dont les avis suivent)
En lisant ce livre, j'ai rapidement pensé à une tragédie. Un père transmet à son fils qu'il ne devra jamais juger autrui et cet homme devient témoin d'une histoire. Or en la racontant, il ne lui sera pas possible de ne pas juger car ce qu'il vit est l'histoire d'une tragédie et il va sans cesse devoir avoir un avis sur les personnages et les situations dans lesquelles il va se trouver impliqué. Le plus énigmatique sera Gatsby. Celui-ci qui est de basse extraction va devoir gravir bien des chemins sinueux et pervertis afin de pénétrer la haute caste où se trouve la femme qu'il aime passionnément. Il s'entoure d'oisifs, mais n'adhère pas véritablement à ce milieu. C'est finalement l'histoire de la déchéance d'un homme qui a tout fait, c'est-à-dire transgressé, pour obtenir la femme aimée. Ce livre m'a rendue inconfortable car le narrateur est ambivalent vis-à-vis de Gatsby et pourtant s'est engagé auprès de son père à ne pas juger autrui. Je l'ouvre à moitié.
Audrey
Ce livre décrit l'amour de la richesse avant tout sentiment. Gatsby est attiré par l'argent et n'est pas un homme fidèle, il a renié son milieu, c'est un pourri qui fait son business. Je ne comprends pas l'amour qu'il a pour cette femme qui n'est pas touchante. Il est attiré par elle car elle évolue dans un monde d'argent : qu'est-ce qui les unis ? Je l'ouvre à demi.

Nathalie B
Non, l'amour du luxe n'est pas la même chose que l'amour du fric. Daisy est imprégnée de ce qu'il souhaite intégrer, un monde raffiné. Il veut l'argent pour le luxe, pas pour le pouvoir.
Ana-Cristina
J'ai aimé le début du dénouement et la fin, au milieu je me suis un peu ennuyée. La présence du narrateur m'a particulièrement intéressée. Je ne pense pas qu'il soit dans le jugement, il se contente de raconter. Il est spectateur et j'ai aimé ça. A la fin de ma lecture, j'ai eu le sentiment d'être passée à côté de quelque chose. J'ai réfléchi et me suis demandée ce que je n'avais pas vu dans ce livre et que Fitzgerald tentait de dire. Je me suis souvenue de la publicité dans le chapitre III et de la présence des yeux de hiboux. J'ai pensé qu'à la fin il y a encore ce regard, comme un regard qui surplombe l'histoire, oui, un regard divin, une justice divine, car il y a de l'excès et c'est comme dans une tragédie grecque où les dieux punissent l'excès. Il y a aussi l'idée du choix et le narrateur, au milieu de la tragédie comme au milieu d'un chœur, fait des liens comme un coryphée, il est tout le temps en retrait des autres. J'ai aimé le style tout à la fois très sophistiqué et direct. M'étant toutefois ennuyée au milieu, je l'ouvre à moitié.

Nathalie B
On voit tous les milieux sociaux de l'époque.

Françoise H
Il raconte des scènes de façon très belle comme la virée à New York. Les premiers dialogues entre Jordan et Daisy sont très beaux également.

Audrey
C'est un fait, il y a un côté très moderne dans la façon de faire parler les jeunes filles.

Françoise H
Le tas de cendre est étonnant… une des raisons de la dépression… J'adhère au point de vue d'Ana-Cristina. Il y a comme une convocation de la mort.

Ana-Cristina
Le narrateur dit "non" à la vie de Gatsby ; tout au long du livre il va contre, mais il s'attache à lui et se trouve heureux de l'avoir rencontré.

Audrey
Je pense qu'au début il admire la vie de cet homme bien que ce soit tout ce qu'il déteste. Pour ma part je ne me suis attachée à aucun des personnages. Il y a du mensonge et du non-dit très présent.

Françoise H
Tu ne t'es pas attachée à l'histoire non plus ?

Audrey
Je ne sais pas.
Valérie
J'avais vu le film et j'ai bien aimé le personnage de Gatsby. Est-il fasciné par le luxe ? C'est touchant quand il achète la maison et qu'il se trouve en face de Daisy avec la lucarne. Je me suis ennuyée aussi, mais j'ai bien aimé la scène avec le garagiste. Il y a des moments assez glauques et j'ai été gênée par le manque de morale de Daisy quand elle conduit la voiture. J'ai beaucoup aimé le style. Le livre représente bien l'univers des années folles. C'est un livre très visuel, mais je ne sais pas si je vais en retenir grand-chose. Je ne vois pas en quoi ce livre est un chef-d'œuvre. Je l'ouvre tout de même grand.

Ana-Cristina
Ah je trouve que Gatsby est un aventurier, j'aime beaucoup.
Lina
Oui, mais surtout un idéaliste. Dès la phrase "on ne juge pas…", j'ai senti que j'allais adorer ce livre. Pourtant le narrateur juge et par la suite je n'ai pas compris pourquoi ce n'est pas Gatsby qui raconte et pourquoi la présence du narrateur. J'ai mieux compris sa présence en avançant dans le texte, en fait j'ai fini par l'adorer car il ne se laisse pas pervertir. Il est touchant au fil de l'histoire et j'aurais aimé le connaître plus. Qui est-il ? D'ailleurs quand Daisy part, il ne la juge pas. J'ai un avis mitigé. Ce texte a des phrases percutantes et très bien placées, ce livre est magnifique. C'est terrible ce qui arrive à Gatsby, il cherche à s'élever, s'élever, et il tombe. Néanmoins le milieu du roman est ennuyeux et je ne l'ouvre qu'à moitié.

Émilie
Les personnages deviennent de plus en plus complexes et moins superficiels. Il y a beaucoup d'allusions à l'actualité, à la vie de l'époque. On apprend à connaître Gatsby et la tragédie souligne, une fois de plus, que quoi que fassent les gens de basse extraction, ce sont les riches qui s'en sortent tout le temps. La fin est intéressante, on ne s'y attend pas et je trouve le livre paradoxal. Je l'aime et en même temps je ne m'en souviens pas… J'éprouve aussi de l'ambivalence pour les personnages. Mais il montre bien le rêve américain avec ses univers troubles.
Anne
Je suis embarrassée pour donner mon avis, car je n'ai pas lu le livre en entier, l'ayant oublié lors d'un départ en vacances où je comptais le terminer. Tout le début m'a plu à cause de son style remarquable, notamment certains passages étonnants (la scène des femmes dont celle sur le canapé), mais je me suis vite fatiguée de l'histoire. J'ai trouvé peu d'intériorité aux personnages et si j'avais pensé, comme en parle Ana-Cristina, à l'idée de la coryphée à propos du narrateur (excellente idée !) je pense que j'aurais trouvé une piste attrayante qui aurait donné un sens à cet observateur. Je me demandais en effet quel pouvait être son rôle au milieu de situations mondaines ennuyeuses qui ne me semblaient pas évoluer. De plus Gatsby n'apparaissait jamais ! Le mystère autour d'un Gatsby absent me m'a pas séduite et je me suis même demandé si ce roman ne souhaitait pas décrire le "jeu" des rumeurs dans la vie d'un homme que peut-être on ne verrait jamais. Il est enfin apparu… puis j'ai oublié le roman chez moi… Je me suis donc un peu déprimée dans cette presque moitié de livre. Peut-être aurais-je changé d'avis vers la fin où l'amour surgit et prend une tournure plus tragique, semble-t-il. Néanmoins si je n'ai pas pu entrer dans cette histoire, je tiens à le répéter, mon attention a été vraiment soutenue par le magnifique style de Fitzgerald. Je serai donc amenée à lire d'autres romans de lui pour être sûre de ce que je pense, mais bien sûr avant, je compte terminer celui-ci, même si j'en connais la fin. Pour l'instant je l'ouvre à moitié.
Anne-Marie
J'ai lu ce livre il y a très longtemps et je ne m'en souvenais pas vraiment. J'ai aussi vu le film avec Redford, que j'ai pas mal oublié également, je me souviens seulement que Mia Farrow en Daisy, était beaucoup trop maniérée, genre poupée écervelée, ce qui n'est pas complètement le personnage à mon avis.
Après en avoir discuté avec Nathalie et Françoise, j'ai relu le livre en anglais. Le style était plutôt emphatique et recherché, certes élégant mais pas vraiment sobre, un peu moralisateur, un peu agaçant. Cela vient de la posture du narrateur qui est très critique. Il nous indique pourtant dès le début que son père l'avait toujours mis en garde contre les jugements sur les gens, et explique pourquoi : il fait suivre ce souvenir d'une page de considérations plutôt obscures et un peu ennuyeuses qui ne semblent d'ailleurs pas avoir un rapport étroit avec le cœur de l'histoire et qui n'ont d'intérêt que lorsqu'il aborde le personnage de Gatsby, qu'il ne peut se défendre d'admirer tout en le jugeant.
L'histoire de Gatsby elle-même, mystérieuse à souhait, est très séduisante, on vibre immédiatement avec lui et on voudrait le protéger contre le monde dans lequel il a choisi de s'immerger, les parasites et tous les fantômes plus ou moins recommandables, petits et grands truands qui gravitent autour de lui , même si on comprend petit à petit qu'il n'a pas amassé sa fortune de manière très honorable.
Les personnages secondaires ont eu du mal à m'intéresser. Je les ai trouvés tantôt vulgaires de manière éclatante, tantôt naïvement snobs et bourrés de clichés. Mais leur égoïsme et leur insouciance sont bien rendus. Leurs intrigues compliquées manquent un peu de "chair" et je n'ai pas tout compris des différentes affaires dans lesquelles était mêlé Gatsby. Le récit des fêtes données dans l'immense maison de Gatsby est une vraie réussite, en revanche c'est traité avec minutie et une gentille ironie, c'est bien comme cela que je m'imagine les heureux du monde de cette époque, insouciants, mal élevés et cruels. C'est bien une image de rêve, parfaitement adaptée au héros. La scène dans laquelle Gatsby interpelle le mari de Daisy est un peu ratée en revanche, trop grandiloquente, presque puérile. Le narrateur quant à lui n'est pas vraiment intéressant, et son intrigue avec Jordan un peu mollement racontée, on n'y croit moins qu'aux extravagances de Gatsby.
Je ne regrette pas d'avoir relu ce livre, mais dans mon souvenir, il était plus éclatant, plus vraisemblable.
Monique M
Ce livre est un chef d'œuvre, il est fascinant, on ne le quitte plus. Les procédés littéraires sont extraordinaires. On est pris par l'histoire écrite de façon vibrante, par l'élégance et la beauté du style qui magnifie la description des lieux, la richesse des décors ou leur aspect morbide ; par le portrait réaliste des personnages, le vocabulaire précis, imagé, toujours au plus près de la réalité ou de l'effet voulu ; le choix des mots, parfois incisifs, agressifs, volontairement vulgaires ou poétiques, toujours adaptés à la situation ; les ruptures d'un chapitre à l'autre qui maintiennent la tension, le suspense ; le regard du narrateur qui accompagne le récit, participe à l'intrigue, jusqu'à la fin qui se termine comme un polar haletant où tout s'éclaire et se défait. J'ai aimé tout cela, notamment :
- la précision et la beauté des verbes et des expressions qui créent l'atmosphère : "A marée haute, l'après-midi, j'épiais ses invités, les regardais prendre leur envol depuis le plongeoir dressé sur son ponton, ou bronzer sur le sable brûlant de sa plage, tandis que ses deux bateaux à moteur fendaient les eaux du détroit, remorquant des aquaplanes qui soulevaient des cataractes d'écume… son break tel une abeille infatigable assurait les allers et retours à la gare… Et tous les lundis, huit domestiques, dont un aide-jardinier supplémentaire, passaient la journée à nettoyer, armés de balais, de brosses, de marteaux et de sécateurs, réparant les dégâts de la nuit précédente." On imagine tellement bien le décor, la mer, la chaleur et la vie autour.
- la description précise, documentée à l'extrême, des soirées glamour de Gatsby : "fêtes somptueuses avec orchestre et buffets chatoyants… les cocktails circulent, tanguent dans le jardin, où ont lieu des retrouvailles enthousiastes entre des femmes qui n'ont jamais su le nom des unes et des autres…" J'aime ce regard distancié, cette analyse d'une société de plaisirs superficielle, dont le narrateur n'est pas dupe.
- l'atmosphère mystérieuse, romantique, excitante, qui entoure Gatsby, personnage ambigu, énigmatique. On ne sait jamais à qui on a à faire, escroc, aventurier, fils de famille fortuné aux fréquentations douteuses ou jeune homme chanceux au destin mirifique ! Le narrateur, fil conducteur du récit écoute, analyse, se perd en conjectures. On est au plus près de ses réactions, ses émotions, ses doutes. On est immédiatement pris par le personnage de Gatsby, hôte si mystérieux, qu'il est introuvable parmi la foule de ses invités, il fait l'objet des supputations les plus extrêmes : on dit à mi-voix qu'il a tué un homme, qu'il a fait ses études à Oxford, que c'est un bootlegger… Il reçoit des appels téléphoniques mystérieux de Chicago, Philadelphie, roule en Rolls Royce, fréquente toutes sortes de gens : ceux qui ont somptueusement réussi, les plus grandes fortunes comme les milieux mafieux, les malfrats, les paumés à la dérive. Sans cesse, le récit bascule du somptueux à l'inquiétant. Tout est trop, on pressent le drame.
- l'écriture légère, juste, parfois sublime : "Il y avait de la musique qui s'échappait de chez mon voisin, les soirs d'été. Sur ses pelouses bleues, des hommes et des femmes allaient et venaient comme des papillons de nuit, environnés de chuchotements, de champagne et d'étoiles".
Ou encore : "Le vent s'était calmé cédant la place à une nuit sonore retentissant de battements d'ailes dans les arbres et d'un son organique insistant comme si une soufflerie souterraine animait les grenouilles d'une vitalité déchaînée".
Le vocabulaire est vif, précis et il y a une atmosphère qui fait penser aux tableaux de Hooper. Tout est d'un très grand style.

Nathalie B
Je pense que ce livre a dû poser pas mal de difficultés aux traducteurs pour en faire ressortir les qualités. L'écriture est précise et musicale, très belle. La composition du livre est très travaillée. Les atmosphères sont très visuelles, mais on entend une musique, ce livre est de l'art. Par exemple au début la scène vaporeuse des femmes sur le divan est belle, puis brusquement avec l'arrivée de Tom qui ferme brusquement les fenêtres, la réalité s'amorce et annonce déjà la fin qui se termine mal. Le style est magnifique et très novateur, notamment avec le personnage tiers qu'est le narrateur. Il est plein d'ironie car il sait qu'il juge les personnages, alors qu'il ne devrait pas le faire. Et puis finalement, à la fin, on n'est pas sûr que ce soit un meurtre, rien ne le dit vraiment, on ne sait pas, mais Gatsby a tout pris sur lui. Gatsby est un peu Fritz. C'est un très beau livre.
Martine
J'ai aimé la belle lumière triste qui traverse tout ce roman. Le personnage principal, Gatsby, obsédé à retrouver l'amour qu'il a connu dans le passé pour Daisy, s'est construit une fortune immense pour éblouir l'objet de cet amour et accéder à la classe sociale de celle ci ; malheureusement il n'y parviendra pas.
Humanité et solitude suintent du personnage, dansent le désenchantement, tels des feux follets sur une marre de conquérants cyniques, assourdis de musique, aveuglés de lumières artificielles, et alcoolisés.
L'atmosphère devient si pesante que l'on pressent un drame.
J'ai moins aime le déroulé de l'histoire, trop filmographique et attendu, et je laisserai le livre mi-ouvert.

 


DOCUMENTATION
- Les œuvres de Fitzgerald
- Des repères biographiques incluant les publications
- Les 8 traductions de Gatsby
-
Les films adaptés de Gatsby

LES ŒUVRES DE FITZGERALD

L'écrivain est surtout connu pour ses romans (tous les 5 en poche) :
-
1920 : L'Envers du paradis
- 1922 : Beaux et Damnés
- 1925 : Gatsby le Magnifique
- 1934 : Tendre est la nuit
- 1941 : Le Dernier Nabab (inachevé)

Fitzgerald a également écrit des pièces de théâtre et des essais, de la poésie, ainsi que de nombreuses nouvelles, dont voici quelques recueils parus en poche :
- La Fêlure et autres nouvelles
- Je me tuerais pour vous
- Contes de l'âge du jazz et Les enfants du jazz
-
Un diamant gros comme le Ritz
- Fragments de Paradis
-
Entre trois et quatre

17 interviews sont recueillies dans Des livres et une Rolls. Il liste dans un entretien, alors qu'il a un peu plus de 30 ans, les livres qui l'ont marqué par périodes de deux ans :
- à 14 ans, The Varmint d'Owen Johnson
- à 16 ans, Le Maître de la terre de Robert Hugh Benson
- à 18 ans, Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde
- à 20 ans, L'Impasse
de Compton Mackenzie
- à 22 ans, Tono-Bungay de H. G. Wells
- à 24 ans, Généalogie de la morale de Friedrich Nietzsche
- à 26 ans, Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski
- à 28 ans, Mémoires de Ludendorff
- à 30 ans, Le Déclin de l'Occident de Oswald Spengler.

QUELQUES REPÈRES BIOGRAPHIQUES

- 1896 : Francis Scott Fitzgerald naît dans le Minnesota, dans une famille de la petite bourgeoisie
- 1913 : entre à la célèbre université de Princeton. Frustré de n'être ni athlétique, ni brillant, ni riche, il écrit et néglige ses études au profit de la poésie ; il quitte Princeton sans en être diplômé.
- 1917 : il s'engage dans l'armée.
- 1918 : il rencontre la belle et excentrique Zelda Sayre.
- 1920 : publie L'Envers du paradis, roman qui connaît un énorme succès et qui fait de son auteur le représentant de la génération de l'Ère du Jazz (il écrira les nouvelles Les enfants du jazz).Comme nombre de leurs compatriotes, Fitzgerald et son épouse décident de tirer profit du dollar fort et émigrent en France, à Paris et sur la Côte d'Azur. Fitzgerald fera partie de la Génération perdue (Gertrude Stein est l'auteur de cette expression forgée par pour décrire un groupe d'auteurs américains expatriés à Paris durant l'entre-deux-guerres ; Hemingway l'évoque dans Paris est une fête. Durant ces années 1920, la librairie Shakespeare and company, ouverte rue de l'Odéon par Sylvia Beach sert de point de ralliement...). Pour Fitzgerald, ce sont des a
nnées de beuveries, d'argent facile.
- 1922 : Beaux et Damnés, portrait de l'élite new-yorkaise aux débuts de l'Ère du Jazz, largement inspiré de la propre vie de Fitzgerald et de son mariage avec Zelda.
- 1925 : Gatsby le Magnifique, écrit en France et dont Fitzgerald fait lire le manuscrit à Ernest Hemingway à la terrasse de La Closerie des Lilas...
- 1924 : aventure de Zelda avec Édouard Jozan, aviateur français rencontré sur la Riviera, après laquelle Francis Scott devient invivable. Les efforts soutenus de Zelda pour atteindre la célébrité (peinture, danse, littérature) se révèlent vains, et ce sera diagnostiquée schizophrénie apparaît.
- 1926 : Scott est appelé à Hollywood et Zelda commence à perdre la tête : elle entend désormais parler les fleurs, et son mari entamera une tournée des cliniques psychiatriques (Suisse, USA), une situation qui rend les dernières années de l'écrivain aussi coûteuses que déprimantes.
- 1932 : Zelda publie Accordez-moi cette valse, son seul roman, en partie autobiographique. Scott est furieux, lui reproche d'utiliser les mêmes souvenirs sur lesquels il travaille à l'écriture de Tendre est la nuit depuis des années ; il force Zelda à récrire son roman, afin d'enlever les passages qu'il évoque lui-même dans son livre... et elle accepte.
- 1934 : en dépit de son propre alcoolisme, les dépressions et les soucis financiers (évoqués dans le recueil de nouvelles La Fêlure), Scott Fitzgerald parvient toutefois, au bout de neuf ans, à écrire Tendre est la nuit.
- 1940 : Fitzgerald meurt à 44 ans à Hollywood d'une crise cardiaque alors qu'il exerce la profession de scénariste qu'il déteste. Il laisse Le Dernier Nabab inachevé.
- 1948 : mort de sa femme dans l'incendie qui ravage le sanatorium d'Asheville, où elle est internée.

LES 8 TRADUCTIONS DE GATSBY

C'est le troisième roman de l'écrivain américain. Publié en 1925 aux États-Unis, il a été traduit en français à partir de 1926 sous ce titre, Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby). Trois traductions récentes choisissent pour titre Gatsby.

Gatsby le magnifique, traduction de :
- Victor Llona : 1ère version 1926, éd. S. Kra en ligne ; 2e version, 1946, éd. Grasset et Le Sagittaire ; rééd. Livre de Poche, 1962
- Jacques Tournier : Livre de poche 1976 ; rééd. Grasset 1996 ; Grasset, Cahiers rouges, 2007 ; rééd. Livre de poche 2013
- Michel Viel : 1991, Lausanne, L'Âge d'homme.

Gatsby, traduction de :
- Julie Wolkenstein : P.O.L 2011, Garnier Flammarion 2012
- Philippe Jaworski : La Pléiade 2012, Gallimard Folio 2012 n° 5338 et Folio 2014 tirage limité sous étui
- Jean-François Merle : Pocket 2013.

Gatsby le magnifique, traduction de :
- Michel Laporte : Livre de poche 2014
- Éric Coutelle : édition uniquement numérique Galand (Amazon) 2014.

Voici comment sont traduites les deux premières phrases du roman :

« In my younger and more vulnerable years my father gave me some advice that I've been turning over in my mind ever since. "Whenever you feel like criticizing any one," he told me, "just remember that all the people in this world haven't had the advantages that you've had." »

- 1926 (trad. Victor Llona) :
« Quand j'étais plus jeune, ce qui veut dire plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je ne cesse de retourner dans mon esprit :
"Quand tu auras envie de critiquer quelqu'un, songe que tout le monde n'a pas joui des mêmes avantages que toi."
 »
- 1990 (trad. Jacques Tournier) :
« Dès mon âge le plus tendre et le plus facile à influencer, mon père m'a donné un certain conseil que je n'ai jamais oublié.
"Chaque fois que tu te prépares à critiquer quelqu'un, m'a-t-il dit, souviens-toi qu'en venant sur terre tout le monde n'a pas eu droit aux mêmes avantages que toi." »

- 2011 (trad. Julie Wolkenstein) :
« Quand j'étais plus jeune et plus influençable, mon père m'a donné un conseil que je n'ai cessé de méditer depuis.
"Chaque fois que tu as envie de critiquer quelqu'un, me dit-il, souviens-toi seulement que tout le monde n'a pas bénéficié des mêmes avantages que toi." »

- 2012 (trad. Philippe Jaworski) :
« Quand j'étais plus jeune et plus vulnérable, mon père, un jour, m'a donné un conseil que je n'ai pas cessé de retourner dans ma tête.
"Chaque fois que tu seras tenté de critiquer quelqu'un, m'a-t-il dit, songe d'abord que tout un chacun n'a pas eu en ce bas monde les mêmes avantages que toi." »

Voici comment est traduite la dernière phrase « So we beat on, boats against the current, borne back ceaselessly into the past. »

- 1926 (trad. Victor Llona, 1re version) : « C'est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé. »
- 1946 (trad. Victor Llona, 2e version) : « Car c'est ainsi que nous allons, barques luttant contre un courant qui nous ramène sans cesse vers le passé. »
- 1990 (trad. Jacques Tournier): « Et nous luttons ainsi, barques à contre-courant, refoulés sans fin vers notre passé. »
- 2011 (trad. Julie Wolkenstein) : « C'est ainsi que nous nous débattons, comme des barques contre le courant, sans cesse repoussés vers le passé. »
- 2012 (trad. Philippe Jaworski) : « C'est ainsi que nous avançons, barques à contre-courant, sans cesse ramenés vers le passé. »

Michel Volkovitch, traducteur, estime que les traductions vieillissent inéluctablement : « Il faut en changer tous les trente ans, comme les papiers peints"... Il étudie quatre traductions (Llona, Tournier, Viel, Wolkenstein) de plusieurs autres extraits : et conclut : "Restons prudent : il est dur de juger à partir d'échantillons si brefs. Mais plus je parcours ces quatre versions, plus je suis perplexe. Aucune d'elles ne me ravit sans réserves. Chacune alterne les moments de grâce légère et (plus souvent) les passages poussifs. Viel est sans doute le plus plat, Tournier le plus pesant. Llona n'est sûrement pas le pire des quatre. Le nouveau Gatsby vaut sans doute mieux que ce que laissent voir les présents extraits, il offre le plus souvent un certain confort de lecture — à condition de passer sur ses gadgets branchouilles et de ne pas trop regarder l'original —, mais la traductrice a bien fait de le rebaptiser Gatsby tout court : il n'est guère magnifique... La nouvelle venue n'enverra pas au cimetière les trois papys qui lui ouvrirent la route. Moi qui voudrais croire à un sens de l'histoire, à un progrès de l'humanité, ou du moins de l'humanité traduisante, me voilà déçu. Chaque époque, apparemment, a ses bonnes et ses mauvaises traductions, et si, globalement, on traduit sans aucun doute mieux qu'avant, cela ne se voit pas toujours.»

LES FILMS
Gatsby a été adapté au cinéma à 4 reprises et à la télévision :

- 1926 : Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby), réalisé par Herbert Brenon un an après la publication du roman. 1 min : ICI.
- 1949 : Le Prix du silence (The Great Gatsby), film d'Elliott Nugent avec Alan Ladd. 3 min 28 : ICI
- 1974 : Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby), film de Jack Clayton avec Robert Redford (144 min). Les 10 premières minutes : ICI. Oscars 1975 de la meilleure musique de film + de la meilleure création de costumes.
- 2000 : Gatsby le Magnifique, téléfilm de Robert Markowitz. 10 min 50 : ICI.
- 2013 : Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby), film de Baz Luhrmann avec Leonardo DiCaprio (143 min). Le film fait l'ouverture du Festival de Cannes 2013 hors compétition. 4 min 42 : ICI. Oscars 2014 des meilleurs décors + meilleurs costumes.

 

 

 

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :

à la folie, beaucoup, moyennement, un peu, pas du tout


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