|  Quatrième de couverture :
 Dans les forêts du Morvan, loin du 
        monde, vivent bûcherons, flotteurs de bois, bouviers, des hommes 
        que les forêts ont faits à leur image, à leur puissance, 
        à leur solitude, à leur dureté. Même l'amour, 
        en eux, prend des accents de colère - c'est ainsi par excès 
        d'amour que Corvol, le riche propriétaire, a égorgé 
        sa belle et sensuelle épouse, Catherine, au bord de l'eau - 
        et la folie rôde : douce, chez Edmée Verselay qui vit 
        dans l'adoration de la Vierge Marie ; ou sous l'espèce d'une faim 
        insatiable, chez Reinette-la-Grasse ; ou d'une extrême violence, 
        chez Ambroise Mauperthuis qui se prend de passion pour Catherine, qu'il 
        n'a vue que morte, et qui s'empare de son corps, puis des biens de Corvol, 
        enfin des enfants de Corvol. Il finira par perdre sa petite-fille Camille, 
        le seul être qu'il ait jamais aimé, par excès d'amour, 
        encore. |  | Sylvie GermainJours de colère
 
Nous avons lu ce livre en novembre 2014. 
        Nous avions lu auparavant Le 
        Livre des nuits en 1997, que le 
        nouveau groupe parisien lira à son tour en 
        2020.
 Jacqueline  J'ai d'abord été contente de me retrouver dans cette région 
        (le Morvan) : les lieux me parlent, c'est comme le flottage du bois 
        - d'ailleurs je m'étonne qu'elle parle de "bûches" 
        pour ces énormes billots de bois, ce doit être un mot utilisé 
        localement. Bref, c'est une lecture facile. Mais son style est un peu 
        "trop". Il y a beaucoup d'images originales, des comparaisons 
        inattendues : j'admire ce style, mais je ne marche pas complètement, 
        je reste à distance. Je l'ai lu avec plaisir, mais je ne sais pas 
        pourquoi je suis restée à côté : est-ce l'aspect 
        "trop" de l'écriture ?...
 Séverine
  J'ai beaucoup aimé. J'ai découvert cet auteur : merci, 
        donc ! Au début je n'ai pas marché, mais le coup de 
        foudre d'Ephraïm pour Reinette m'a emportée. Le style est 
        musical. On est entre roman et conte de fées, un monde régi 
        par les hommes, mais les femmes sont l'origine d'une partie de leurs actes. 
        On ne sait jamais ce que pense Reinette. Ce personnage m'a vraiment enthousiasmée.
 Claire entre
  et  Les mots qui me viennent pour qualifier le livre sont "respectable" 
        et "ambitieux". Mais aussi "puissant" : plus 
        que vers le conte c'est vers le mythe, la mythologie que je le vois tendre. 
        C'est un livre fort, y compris par la langue, mais hélas bavard : 
        c'est parfois long, avec un lyrisme exagéré (par exemple 
        sur la laideur d'un fils), parfois cucul ("les seins avaient la lumineuse 
        rondeur du jour"...), raté (l'émerveillante monstruosité"), 
        ampoulé (les titres des différentes parties). Le mysticisme 
        qui sourd m'intéresse, mais là aussi, il faut se taper le 
        Dies irae en latin en entier... Des scènes imaginées sont 
        très fortes : la chambre avec le linge blanc du personnage 
        qui se lave une fois par mois, le buf et l'homme
 J'ai après 
        la lecture lu des articles sur Internet et écouté des entretiens, 
        elle est passionnante à entendre, par exemple sur sa foi à 
        France 
        culture.
 Brigitte
  Contrairement à toi, le Dies irae m'a sauvée
 Au début 
        je n'arrivais pas à entrer dans le livre. Pourquoi je lis ça 
        ?! Ca ne m'intéresse pas ! C'est trop ! Dans La 
        pleurante des rues de Prague, ça pleurait trop aussi
 
        Il se trouve j'ai perdu une amie récemment et alors que l'on a 
        besoin de quelque chose de fort pour être accompagné, l'enterrement 
        c'était le degré zéro de l'enterrement ! Rien, 
        c'était rien. A la mort de Reine et avec le Dies irae, au contraire, 
        ça y va ! Cela m'a rappelé des églises où 
        on fait tonner l'orgue et cela m'a remise en forme, ça m'a plu 
        et intéressée alors. Certes ce livre est le contraire du 
        minimalisme
, c'est luxuriant. Je me suis laissé emporter, 
        c'est violent. Ambroise ne dit rien, est très méchant
, 
        il y a des personnages falots, il y a Léger... Finalement je l'ai 
        lu jusqu'au bout avec intérêt. Cependant c'est artificiel, 
        en dépassant le réel, en allant tout le temps à l'extrême 
         ; bref ce n'est pas mon style, c'est pourquoi j'ouvre à moitié.
 Annick L
  Je suis heureuse que Sylvie Germain ait été choisie. Je 
        l'ai découverte dans les années 80, en ai lu plusieurs dont 
        celui-ci il y a 20 ans. J'aime le trop plein, la luxuriance ; les 
        belles évocations de la forêt, des arbres, des paysages. 
        A sa manière, elle rappelle le réalisme magique de Garcia 
        Marquez. L'écriture est particulière. Ses romans marquent 
        mon imaginaire : la scène des linges blancs, les frères 
        qui n'en font qu'un, Mauperthuis l'incarnation du mal (il a tout faux), 
        les frères qui sculptent les arbres, l'amour maternel, fraternel, 
        la passion amoureuse
 Le mysticisme m'est étranger (d'ailleurs 
        j'ai arrêté de lire ses livres qui sortaient quand la dimension 
        mystique est devenue trop forte). C'est très cinématographique.
 BénédicteAh non, je ne voudrais pas que ce soit porté au cinéma
 AnnickParfois il y a des scènes triviales alors que c'est une philosophe, 
        elle est dans le sensuel aussi. Le lyrisme m'emporte. Les personnages 
        sont des prototypes, ils touchent à des questions humaines profondes. 
        J'ouvre en très grand.
 Maureen (nouvelle dans le groupe ce jour)
  Au début j'étais perdue, je sortais de Katarina Mazetti, 
        de Pancol
 AnnickTu t'es dit j'arrive dans une secte avec ce groupe de lecture
 MaureenMais j'ai quand même continué
 Tous ces personnages 
        sont atteints de folie. J'ai aimé des scènes, comme quand 
        Simon vient kidnapper Camille. Les sentiments sont poignants et bien décrits. 
        La couleur bleue revient tout le temps - c'est pourquoi j'ai apporté 
        de l'eau de Quézac
 le bleu c'est l'intouchable. Je me suis 
        sentie emportée par le livre, j'en perdais moi aussi la raison
 
        C'est une lecture facile, et du plaisir.
 Corinne
  Ca fait un peu histoires de famille cachées dans un village. J'ai 
        lu seulement la moitié, mais j'aime le style, les adjectifs, l'aspect 
        ampoulé, on peut tout visualiser. J'aime la folie des personnages, 
        l'aspect conte, avec les secrets, le sordide, le non dit. Je vais sans 
        aucun doute le finir.
 Bénédicte
  Elle avait eu le prix Femina en 1989 avec ce livre. J'ai rencontré 
        justement récemment des parents de Sylvie Germain : il semble 
        qu'elle soit dans la vie comme dans ses livres... J'avais lu ce livre 
        il y a longtemps, je l'avais énormément aimé, mais 
        à la relecture il me paraît trop chargé, trop mystique, 
        agaçant même. Je suis fascinée par Reinette-la-Grasse, 
        cela évoque Botero, mais non cette référence ne va 
        pas, il faudrait chercher autre chose. Je suis fascinée par l'amour 
        qu'Edmée porte à sa fille, qui ne parle jamais. Éphraïm 
        non plus ne dit pas grand chose. Finalement Reinette meurt de la disparition 
        de Simon l'Emporté. Ce livre m'a accompagnée très 
        longtemps
 Danièle
  Je l'avais lu il y a 10 ans, l'avais beaucoup aimé. Je l'avais 
        relu pour un autre groupe lecture. Je me suis dit hier que j'allais le 
        survoler mais c'est impossible de survoler ce livre ! Et donc je l'ai 
        relu à toute vitesse, complètement. C'est un livre qui me 
        transporte. Rien n'est trop. C'est un souffle qui m'emporte. J'ai aimé 
        le voyage dans le temps, les lessives
 On ne sait pas quand cela 
        se situe, on sait que c'est dans le Morvan, un pays de légendes, 
        de sorciers  ; l'animisme c'est énorme et ça passe 
        très bien. Cela m'a évoqué la littérature 
        d'Amérique du Sud, mais aussi Hugo
 AnnickC'est vrai et Zola, dans Germinal par exemple à la fin du 
        livre
 BrigitteRevient dans vos avis un trop
 Mais je vois pour ma part un manque
 
        Sur l'obésité, elle aurait pu aller plus loin, car elle 
        pose la question d'où vient cette faim, dont elle aurait pu creuser 
        la réponse.
 DanièleElle répond : la tendresse.
 BrigitteJe suis restée sur ma faim
 C'est un sujet qui m'aurait intéressée.
 JacquelineQuand j'entends Reinette-la-Grasse, je vois Reinette-la-Grâce
 BrigittePlutôt qu'un personnage comme Mauperthuis (qu'on a déjà 
        vu), elle aurait pu braquer sur Reinette un approfondissement.
 DanièleA la troisième lecture, j'ai été attentive à 
        l'occasion de l'enterrement de Vincent Corvol aux réflexions de 
        Claude qui m'ont touchée - peut-être parce que j'ai 
        perdu mon père il y a peu. Elle parle de ce qui revient de façon 
        discrète, en contre-point de ce passé de Vincent qui s'est 
        écrasé toute sa vie et qui par Claude laisse une trace.
 AnnickDans ses romans, on trouve cette question de l'héritage qui revient.
 Les personnages, ce sont de toute manière des taiseux.
 SéverineC'est réaliste, dans ce contexte des campagnes.
 DanièleIls ne causent pas, mais justement Vincent Coriol dans sa lettre juste 
        avant sa mort parle, trouvant des symboles.
 ClaireCe que j'aimerais savoir c'est comment elle écrit, comment lui 
        viennent ces scènes, ses situations
 AnnickElle doit fréquenter beaucoup la peinture, on sent derrière 
        des tableaux.
 Elle était prof de philosophie. On sent cela aussi dans ses livres.
 DanièleMais c'est de la littérature pas de la philosophie !
 ClaireElle dit dans un entretien qu'elle se voyait bien peintre ou sculpteur 
        quand elle était jeune fille et que sa vocation a bifurqué 
        en terminale, lors d'un cours de philosophie : " On nous avait 
        donné comme sujet de dissertation une phrase des Frères 
        Karamazov, de Dostoïevski : "Si Dieu n'existe pas, tout 
        est-il permis ?" Je ne sais plus trop comment je m'en suis sortie, 
        mais je me suis dit, à partir de ce moment-là, que si la 
        philosophie consistait à réfléchir à des questions 
        auxquelles il n'y avait pas de réponses satisfaisantes, alors c'était 
        une aventure extraordinaire et sans fin." Elle a fait des études 
        de philo avec Emmanuel Levinas, mais assez vite elle s'aperçoit 
        qu'elle ne se destine pas à être philosophe, elle veut écrire : 
        "Une manière de poursuivre le questionnement philosophique, 
        mais à travers des chemins bien plus buissonniers." (article 
        du Monde du 15 juin 2012, "Foi 
        d'écrivain").
 Denis
  J'ai trouvé deux parties dans ce livre, une qui m'a passionné, 
        et l'autre qui m'a repoussé. J'ai lu attentivement la première, 
        captivé. La deuxième, malgré mes efforts pour m'accrocher, 
        j'ai fini par la survoler, tournant rapidement les pages. Ces deux parties 
        sont pour moi très visibles : la séparation, c'est 
        la scène du 15 août où les frères font leur 
        propre célébration mariale. La première partie comporte 
        plusieurs trouvailles qui m'ont rappelé Cent ans de solitude. 
        La plus belle me semble de faire naître chacun des neuf frères 
        à une heure différente du 15 août considéré 
        comme un jour de travail (journée de 9 heures ! et le travail de 
        l'accouchement...). La distinction entre les fils du matin et ceux du 
        soir est admirable. J'ai aussi beaucoup aimé le coup de foudre 
        du garçon pour la grosse fille, ainsi que le portrait de cette 
        grosse divine. Mais tout cela bascule après la scène du 
        15 août dans un méli-mélo vaguement religieux, vaguement 
        apocalyptique. Le style lui-même change, il me semble : il devient 
        lourd, ampoulé, répétitif, incantatoire ; je 
        n'aime pas trop les textes du genre prophétique, il y faut beaucoup 
        de talent. Au bout d'une trentaine de pages, j'ai craqué et me 
        suis mis à survoler pour voir "comment ça se termine" : 
        l'intrigue se traîne, il n'y a plus de surprises. De cette partie 
        j'ai gardé un souvenir désagréable. Ecrivant ceci 
        dans le train et loin de Paris, je n'ai plus le livre sous les yeux et 
        n'en dirai pas plus...
 Françoise D
  L'écriture est assez lourde, débordante ; ce livre 
        m'a fait penser à Carole Martinez par son côté fantastico-baroque 
        ou baroco-fantastique, avec ses débordements et ses personnages 
        à la fois basiques - c'est ce que l'on croit au début - 
        et qui prennent une dimension extraordinaire, à la fois physique 
        et mentale.
 Mais n'est-ce pas un peu "too much" ? Mon côté 
        midinette aurait préféré un peu moins de noirceur. 
        L'assassinat du buf ne m'a pas plu. Personne n'est sauvé, 
        pas de salut pour ceux-là, c'est très pessimiste.
 J'ai lu aussi L'inaperçu : même dimension fataliste 
        et même destin inexorable.
 J'en conclus - peut-être à tort - que c'est donc une constante 
        chez cette auteure (qui écrit très bien), ce qui du coup 
        ne me donne pas tellement de lire autre chose, pour l'instant.
 Manon
  Voici un mini compte rendu de ma lecture dont il ne me reste plus grand 
        chose après deux semaines... Je me rappelle être parti avec 
        un a priori assez négatif sur ce livre : encore un livre sur 
        le monde rural..., Pierre JOURDE m'en ayant véritablement dégoûtée... 
        Ici rien à voir avec PJ, je me suis assez vite retrouvée 
        dans un monde parallèle, fait de forêt, de miracle (la naissance 
        de Reine) et peuplé de lutin (Léger), de géants ( 
        les frères du matin), d'un monstre (le vieux) et d'une princesse 
        emprisonnée dans sa tour (Camille dans la grange)... : ça 
        semble un peu stupide raconté comme cela, mais c'est bien l'univers 
        remanié du conte qui me saute aux yeux dans ce livre, un conte 
        dans lequel il n'y aura pas d'happy end car empli d'une violence extrême 
        !!
 Et voilà donc le second point du livre que je retiens : la 
        violence. Violence dans le choix des mots de l'auteur, violence des situations, 
        violence des (re)sentiments... : je pense notamment à une 
        scène insoutenable où le vieux lèche le sang de Catherine. 
        J'étais dans le métro lorsque je la lisais et j'ai dû 
        fermer le livre tant les expressions de dégoût qui se lisaient 
        sur mon visage semblaient effrayer la personne assise en face de moi...
 Bref j'ai malgré tout beaucoup aimé ce livre ; mais 
        de trop nombreuses longueurs concernant les psaumes, les chants, les prières 
        m'empêchent de l'ouvrir en grand... je ne l'ouvre donc qu'à 
        moitié.
 Monique D
  C'est un roman de l'excès, de la folie, de la brutalité, 
        de l'amour de la colère, de la mort très présente  
        : très dur comme la vie de ces hommes qui vivent dans ces forêts.
 J'ai en général beaucoup de mal avec Sylvie Germain ; j'aime 
        beaucoup son écriture - dans ce livre en tout cas ; tout 
        ce qu'elle décrit me fait penser à des tableaux superbes 
        mais impressionnants, à une série d'images qui m'ont obsédée, 
        face à ce conte et à cette histoire effrayante, en tout 
        cas, pour moi, et qui conduit toujours vers la mort. J'ai calé, 
        je n'ai pu terminer.
 Mireille
  J'ai lu Jours de colère comme un conte tragique, poétique 
        et inquiétant. La folie redoutable, cruelle de deux hommes et le 
        fantôme de Catherine déterminent le destin de leur descendance. 
        Sylvie Germain aime ses personnages simples, pauvres en mots, et même 
        désavantagés physiquement.
 Deux moments forts pour moi : la rencontre avec les frères du matin, 
        du midi et du soir surgissant dans la clairière, les sept de front 
        avec leurs instruments, Louison-la-Cloche en tête, habillé 
        en fille et Léon-le-seul fermant la marche ; et la description 
        magnifique de Reinette-la-Grasse : cette "souveraine captive, 
        en son magnificient palais de chair, des caprices d'un petit animal féroce 
        : la faim", "C'était un corps de gloire, une illumination 
        blanche". J'ai été étonnée, touchée  ; 
        je ne me souviens pas avoir lu un aussi beau portrait de femme obèse 
        tenaillée par la faim et l'attente. Phraïm, en elle, était 
        délesté du poids de ses doutes, de sa haine, ignorant toutefois 
        que ce n'était pas son corps d'homme que la faim insatiable de 
        sa femme attendait. Et pourtant, ce grand corps d'homme fit "se lever 
        en elle une fertilité nouvelle, un instinct doué du sens 
        de la tendresse dont elle nourrit ses fils". Elle mourra de la disparition 
        de Simon, le fils de midi. Il y a aussi la scène de la mère 
        morte porté par ses fils dans l'arbre de l'ange-aux-fruits, celui 
        qu'ils avaient sculpté en son honneur. C'est très imagé.
 J'aime les histoires, l'écriture de Sylvain Germain (Tobby des 
        Marais, Magnus). J'ai apprécié de passer de l'univers 
        glacé des forêts de Sibérie aux forêts dévorantes 
        du Morvan, dans un lieu-dit sans pancarte où il était rare 
        qu'un étranger ne monte.
 Monique L
  S'agit-il d'un roman ? Ou plutôt d'un conte ? Je pencherais plutôt 
        pour la deuxième solution tellement ce récit s'apparente 
        à la légende, à la fable et emprunte au merveilleux. 
        Ce qui m'a le plus impressionnée, c'est l'ambiance générale 
        très bien servie par l'écriture : l'intrigue est poignante, 
        déroutante, effrayante. Les thèmes dominants sont la folie 
        et l'amour dans leur diversité :
 - la folie douce d'Edmée, qui croit que la naissance de sa fille 
        Reine est due à une faveur de la Vierge, la folie extrêmement 
        violente d'Ambroise Mauperthuis envers la famille de Catherine Corvol 
        pour laquelle il éprouve un amour morbide, mais également 
        envers ses enfants et petits enfants, la folie insatiable de Reine qui 
        ne peut se passer de manger ;
 - l'amour maternel et protecteur de Reine pour ses enfants, l'amour morbide 
        d'Ambroise Mauperthuis pour Catherine, l'amour dévastateur d'Ambroise 
        Mauperthuis pour Camille, l'amour d'Ephraïm et de Reine qui auront 
        neuf enfants et vivront en harmonie et bonheur, le manque d'amour entre 
        Claude et Marceau qui conduira ce dernier au suicide, la passion féroce 
        du vieux Mauperthuis pour Camille (ou pour la réplique de sa grand-mère 
        Catherine ?) et son désir maladif de possession ; la jalousie 
        le harcèle et le rend malade, surtout lorsqu'il découvre 
        la liaison entre Camille et Simon.
 Deux scènes m'intriguent (j'ai du mal à les raccrocher au 
        reste) : la manifestation bruyante et pieuse des 9 fils d'Ephraïm 
        autour de la Vierge et l'épisode sanguinolent du buf. Les 
        personnages sont des personnages de conte, avec leurs surnoms qui accentuent 
        leur singularité, le découpage de la fratrie des enfants 
        de Reinette et d'Ephraïm, leur même date de naissance, le 15 
        août. Je me suis posé des questions sur la douce obèse 
        : n'est-elle pas niaise ? Ou est-ce une sainte ? Les décors sont 
        oppressants : puissance, solitude, dureté. L'écriture est 
        belle, poétique ; la description des paysages et des sentiments 
        est exceptionnelle. Mais je n'ai pas adhéré à tout 
        du fait de mes interrogations.
 BrigitteEn rentrant chez moi, je réalise que "Dies irae" signifie 
        "Jour de colère". C'est donc peut-être l'intention 
        de l'auteur d'illustrer ce psaume par son texte, cela le rapproche des 
        personnages mythiques de la Bible, qui ont encouru la colère de 
        Yahvé. Voilà ma dernière contribution à nos 
        discussions de ce soir...
 10 AVIS DU GROUPE "VOIX AU 
        CHAPITRE MORBIHAN"réuni le 14 novembre 2014 (Marie Thé, Claude, Marie-Claire, 
        Lona, Yolaine, Mon', Suzanne, Nicole, Chantal et Lil)
 Cotes d'amour :5 :
  3 : 
        entre  et  2 :
  1 : entre  et  
 Ce que certains ont apprécié, voire 
        adoré - l'écriture magnifique, le lyrisme flamboyant, la richesse du 
        vocabulaire, la poésie derrière la noirceur - la beauté 
        des images (une écriture très visuelle), les couleurs, les 
        répétitions/incantations qui donnent le rythme et expriment, 
        entre autre, l'obsession folle des personnages, les rites religieux et 
        païens entremêlés
 - la nature omniprésente, avec de superbes descriptions
 - l'imagination débordante qui surprend, fascine, embarque le lecteur... 
        : un souffle extraordinaire qui envoûte...
 - la grande sensibilité dans la description des sentiments, des 
        passions, de la violence (la folie : désir et mort confondus), 
        une ode à la passion fatale
 - un récit/conte qui n'est pas sans rappeler les veillées 
        d'autrefois : rêve et réalité mêlés, 
        paraboles et mythes
 - l'éloge de l'explosion de la vie, envers et contre tout
 - les contrastes : le mal, la mort, la folie contrebalancés par 
        l'amour, la tendresse, la beauté
 - l'étrangeté, l'insolite : les portraits (Reinette la grasse, 
        Huguet Cornebugle, etc.), les noms, les événements...
 - des scènes magnifiques : la faim de Reinette, la cuisson 
        du pain, l'orchestre dans la forêt, la grande lessive annuelle, 
        la neige de mai, etc.
 - le décor (qui rappelle Pays perdu), fort bien posé
 - les terribles destins (Léger, Claude et Marceau)
 - le temps qui passe sur le hameau et sur les hommes
 - le vieux Mauperthuis tenu debout par la colère et la vengeance, 
        solitaire et dément
 - la progression vers le drame très bien menée et la fin 
        du livre.
 Un talent qui nous rappelle celui de Carole Martinez !
 Ce que certains n'ont pas aimé, voire détesté 
        - un récit long, lent, verbeux, parfois ridicule, une complaisance 
        dans le verbiage : l'auteure abuse de son talent ce qui donne une écriture 
        redondante, emphatique (c'est très agaçant)
 - des personnages invraisemblables, des marionnettes peu crédibles
 - un livre ennuyeux, artificiel, grandiloquent, prétentieux, qui 
        sonne faux (d'où le survol de certains passages, voire chapitres)
 - la multitude des symboles religieux
 - la noirceur du personnage principal, la prégnance du mal
 - des scènes beaucoup trop longues (les amours de Camille et Simon, 
        par exemple)
 - un livre qui suscite, à la fois, enchantement et déception.
 Marie Thé
  J'ouvre ce livre à moitié, un peu à contrecur, 
        car il m'agace vraiment souvent : répétitions, délayage, 
        descriptions ou évocations à n'en plus finir et parfois 
        à la limite du ridicule ; sans parler de ce côté 
        mystique illuminé (l'auteur ?). Mais j'ai pourtant été 
        sensible à ce roman tendant vers le conte, j'ai aimé (quelquefois) 
        le côté mythologique, la beauté et la poésie 
        de certains passages ; l'imaginaire, le foisonnement ne m'ont bien 
        sûr pas été indifférents, mais c'est excessif. 
        Livre donc attrayant et repoussant à la fois, et ceci dès 
        la quatrième de couverture. Je suis vraiment partagée maintenant 
        que je l'ai enfin terminé, je croyais d'ailleurs ne jamais en venir 
        à bout.
 Difficile aussi de venir à bout d'Ambroise Mauperthuis, ce personnage 
        qui représente le mal, qui semble indestructible. Le centre du 
        livre est bien là, le mal, la folie ; et à l'origine, 
        une victime sacrificielle. J'ai pensé à Magnus, le mal était 
        là aussi, et la fin m'avait aussi déçue. Si j'essaie 
        de rentrer dans les détails (comment venir à bout d'une 
        synthèse avec un livre pareil), je retiens et j'aime dès 
        le début la description du village, des chemins qui y mènent, 
        du prêtre et de ses ouailles, les "sauvages" venant de 
        ces hauteurs reculées, et je pense à Pays perdu de 
        P. Jourde, ici on voit la différence entre récit et roman, 
        entre authentique et imaginaire. Chez S. Germain tout semble baigner dans 
        un songe flou, à côté de la réalité, 
        et cette folie partout... Le songe habite Reinette-la-Grasse, on apprendra 
        peu à peu qu'elle était dévorée d'une infinie 
        tendresse pour le monde ! L'explication de la faim insatiable de Reinette-la-Grasse 
        nous sera donnée: elle avait faim de tendresse à donner, 
        l'arrivée d'Ephraïm et de ses enfants la comblera. Camille 
        dans son grenier est aussi dans le songe, l'écoute, comme transportée 
        dans le monde de Léger.
 Ah le côté mystique avec Edmée ! Folie douce 
        peut-être, mais délire d'Edmée rendant grâce 
        et délire de la chair de sa fille, de plus en plus grasse, "vierge 
        obèse" ; "la beauté de la grâce... 
        une sorte d'émerveillante monstruosité" selon Edmée. 
        Jousé et Edmée font penser à Joseph et Marie. "Jousé 
        s'effaça tout à fait après toute une vie de soumission 
        à l'effacement." Pour Edmée, les signes de la Vierge 
        et du Très-Haut sont partout. Ephraïm "blessé 
        et rejeté...lui semblera annobli et même sanctifié." 
        Le dernier enfant, béni entre tous avec son bec-de lièvre, 
        a été "élu pour recevoir la visite de l'ange", 
        le doigt de l'ange "comme une pointe de feu", l'empreinte de 
        l'ange... Et cette évocation de la visitation avec l'ange Gabriel... 
        Et finalement, Edmée et Ephraïm dans le renoncement... (je 
        commence à abréger). La religion s'infiltre partout, pour 
        Vincent Corvo ce sont les tourments et non le jugement des hommes qu'il 
        recherche, le jugement sera celui de l'Éternel. Parfois on va vers 
        le ridicule, lors des ébats à n'en plus finir de Camille 
        et Simon par exemple : "Le Temple qui est dans le ciel s'ouvrit", 
        "Un signe grandiose apparut dans le ciel" ; tout cela pour 
        parler du désir !
 La création occupe une place importante, mais Blaise-le-Laid et 
        ses frères me paraissent complétement "allumés" 
        lorsqu'ils évoquent les abeilles, la voie lactée, les anges... : 
        "Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière", 
        serais-je tentée de dire.
 J'ai aimé la neige de mai, mais association quand même pour 
        moi : "Mariage de mai ne fleurit jamais", souvent entendu 
        (mai est le mois de la Sainte Vierge !). Je retiens aussi ceci: "On 
        n'arrêtait les horloges que dans les maisons où la mort s'était 
        glissée." Et l'évocation des miroirs qu'il fallait 
        voiler (comme pour se voiler la face ?). Tout ceci entendu dans le temps 
        de l'enfance...
 Je retiendrai encore l'affrontement père-fils, terrible et libérateur 
        pour Ephraïm ; pour Marceau, pas d'affrontement, il n'existera 
        donc pas. Le petit garçon qui ne grandit pas (Léger) pour 
        que sa mère puisse le reconnaître, ce passage est extrêmement 
        déchirant. A noter la présence des masques, des couleurs 
        (noir, blanc, et surtout bleu).
 A noter encore et surtout les métamorphoses de la nature et bien 
        sûr des êtres. Au commencement, la beauté des corps 
        (Catherine, Camille, Simon), beautés inaccessibles et interdites, 
        figées à jamais en Mauperthuis et Huguet Cordebugle ; 
        puis "Simon devenu homme-bête, dieu de chair et de sang, torche 
        en marche", se transforme par le feu avec Camille en "chimère... 
        couleur de sang et de poussière". Tous deux seront comme purifiés 
        dans la blancheur de la chambre d'Huguet Cordebugle, Camille rejoindra 
        Simon dans une ressemblance troublante qui lui sera fatale : chute 
        finale.
 Pour terminer, un livre qui me laisse entre enchantement, envoûtement, 
        déception.
       Nos 
        cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
         à la folie, beaucoup, 
        moyennement, un peu, pas du tout
    
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