Quatrième de couverture :

"À la fin de sa vie, sur l’invitation du roi de France, un maître italien, peintre et architecte, quitte son pays. Accompagné de ses élèves, il fait le long voyage jusqu’à la Loire où il aura sa demeure.
On lui donne une servante.
La relation de cette rencontre, en vérité bouleversante, impossible à cerner dans une formule, est le cœur du roman servi par la prose tendue, insidieuse et dense de Michèle Desbordes qui porte – magistralement – le récit jusqu’à son point d’orgue : la demande.

Cet ouvrage a reçu le Prix Flaïano de littérature étrangère 2001, le Prix du roman France-Télévision 1999, le Prix du jury Jean Giono 1999, ainsi que le Prix des auditeurs de la RTBF 1999."

Michèle Desbordes
La Demande

Nous avons lu ce livre en octobre 2000. Nous lirons ultérieurement un autre livre de cette auteure, Les petites terres.


Françoise Del (avis transmis)
J'ai lu sans ennui et sans enthousiasme. Je fais remarquer qu'à cette époque il n'y avait ni pomme de terre ni café (par conséquent anachronismes…)

Monique S
J'ai adoré, je n'arrivais pas à quitter le livre. Pour moi, c'est comme la contemplation d'une nature morte. J'avais lu une biographie de Léonard de Vinci, et j'ai retrouvé donc beaucoup d'éléments. Les personnages sont anachroniques et opposés, leur relation est excessivement belle. Ils sont dans une époque de leur vie qu'on peut qualifier de "finitude acceptée". Il ne se passe rien. Tout est dans le regard. J'ai beaucoup aimé les descriptions. Ce qui se passe entre eux est transposé dans la description, cela me fait penser à la peinture de Chardin. La demande est surprenante et en même temps, elle ne l'est pas. J'ai trouvé ce livre très beau. Les phrases sont longues, le temps est long, cela fait penser à l'eau du fleuve qui passe.

Christine
J'ai assez aimé, mais je suis mitigée. J'ai aimé ce qui concerne la femme. Le peintre trouve que ça manque de corps, de chair. Les gestes de la servante sont magnifiques. On voit, on sent, on entend. J'ai aimé la description des saisons. Je trouve que l'histoire elle-même est originale, mais que c'est moins abouti. Quand elle exprime sa demande, c'est un peu inabouti. La mort de la servante m'a déçue de par la façon dont c'est traité.

Brigitte
J'aime les descriptions de la vie quotidienne à cette époque-là. Je pense à Venise, au mode de vie au bord de la Loire, à la façon de voyager alors. La région de la Loire qui était la région dorée de cette époque. Le style est lassant. Malgré la brièveté du livre, j'ai une impression de longueur. Le thème de la demande n'est pas assez mis en évidence. Il y a trop d'élision.

Liliane
J'ai ressenti une séduction immédiate et aimé la langue, le ton élégiaque. On sait dès le début que c'est le dernier voyage. La lenteur, j'adore, mais à la longue, je me suis lassée. J'ai pensé à Vermeer. Je suis séduite par le côté nostalgique, mélancolique. J'attendais la demande et ça n'a pas eu l'impact que j'espérais. Le récit passe de lui à elle, d'elle à lui, puis elle fait sa demande et de sa part à lui, on n'a rien en réaction. Je suis intéressée par les points de vue, le glissement lent et progressif des points de vue : il et l'a, elle et les, ils devient il, puis commence il elle, il l'a regardé, elle vue par lui, il venait la retrouver, elle le regardait dessiner. Ce rapprochement est très beau, lui vu par elle, échange du regard, elle se tourne vers lui, il ferme les yeux, puis au moment ou ils se retrouvent la nuit ils ont un réel échange. Une histoire d'amour à travers les pronoms…

Catherine
J'ai trouvé la progression très lente et je n'ai pas senti cette rencontre, elle est trop lointaine. J'ai beaucoup aimé ce temps très lent qui s'impose. Mais ce rapport entre les deux personnages ne m'intéresse pas du tout. J'aurais voulu quelque chose de plus saisissant. La fin est très décevante. Quand elle a formulé sa demande, le rythme reprend, et le peinte ne s'exprime pas.

Rozenn
J'ai lu le livre deux fois. La première fois, j'ai aimé. Je n'ai compris la demande qu'à la seconde lecture. Je n'ai pas aimé la page sur les sexes et les matrices, c'est trop appuyé. Il y a des choses trop opaques et d'autres trop légères.

Jacqueline
J'ai lu une fois vite, et je n'ai pas fini de le relire. Je n'étais pas sûre qu'il s'agissait de Léonard de Vinci. J'ai été sensible au vieillissement. Il me semble sentir Léonard de Vinci vieillir : ses carnets, ce qu'il mélange… Dans son métier, son regard, il reste lui. L'écriture est intéressante. J'ai aimé la manière dont elle, elle est vue et comment à ce moment là elle prend plus de réalité : elle devient quelqu'une qui a eu une vie ordinaire avec des malheurs ordinaires. J'imagine Michèle Desbordes construisant le livre en feuilletant les croquis de Léonard de Vinci. Cela m'a rappelé les livres de Pascal Quignard. Ce livre soulève des questions métaphysiques. Elle fait sa demande parce qu'elle pense que ça l'intéresserait de travailler sur son corps, mais lui, peut-être que ça ne l'intéresse plus. Elle a réussi ainsi à donner sens à sa mort. Lui, il sent que la vie le quitte, mais il ne sait pas comment la quitter.

Françoise Dub
On dit que Léonard de Vinci est mort dans les bras de Françoise Ier... J'ai regretté que ce livre ne s'arrête pas à la demande. Ce n'est pas une relation égale car les conditions de vie sont différentes. Elle formule la demande et lui, on ne sait pas. Le style du livre, avec l'emploi de l'imparfait, dégage une sérénité, ce rythme du fleuve. Mine de rien, à chaque fois elle rappelle la vie ailleurs, la vie si dure à l'extérieur. Elle est maintenant partagée. J'ai été très portée par le récit, et quand la demande est arrivée, j'ai été époustouflée.

Monique
Ils se parlent beaucoup, mais on ne sait pas ce qu'ils se disent.

Marie-Christine
Le style ne me plaît pas, les phrases sont trop longues, c'est fatiguant à lire. J'ai fini le livre et ai eu le sentiment qu'il courait très vite après moi... La séquence de la mort du fils ne comporte aucune description de sentiments.

Claire
L'art d'écrire ou comment perdre rapidement beaucoup de lecteurs avec l'emploi de l'imparfait. Cet imparfait a une grande force d'embourbement, j'ai trouvé que c'était un véritable somnifère. J'ai essayé d'imaginer le livre au présent : il y aurait alors plus de présence. J'ai beaucoup sauté, et de nombreuses pages… Ma lecture reprenait au moment de l'attente de la femme. C'est un livre pour les contemplatifs qui ont une sensibilité poétique que je n'ai pas.

Martine
Je me suis endormie rapidement en le lisant. Je me suis arrêtée au milieu et ai survolé certains passages. C'est un procédé répétitif : elle cache sans arrêt dans le bouquin des choses qu'il faut savoir, elle ne nomme pas Léonard de Vinci. L'aspect servitude, l'histoire sur un ton répétitif et monocorde des deux personnes qui n'ont rien à se dire, me font réagir aux fantasmes que vous avez exprimés quant aux relations entre les deux personnages car la façon dont l'auteur écrit autorise plein de fantasmes différents. Or on ne sait rien de ce que lui sent. Quand arrive la demande, il ne répond même pas. Je me suis forcée à finir le livre.

 

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