Le premier traducteur d'Orlando, Charles MAURON

Charles Mauron (1899-1966) était un traducteur d'auteurs anglais contemporains. Il était aussi poète, romancier et un critique littéraire ayant utilisé la critique littéraire psychanalytique pour établir la psychocritique.

Il était marié à l'écrivaine Marie Mauron, surnommée la « Colette provençale ». Leur maison à Saint-Rémy-de-Provence devint un lieu d'accueil, pendant l'entre-deux-guerres, pour leurs amis du Groupe de Bloomsbury.
Il s'était lié notamment avec Roger Fry (critique d'art important qui organisa à Londres une retentissante exposition "Manet et les postimpressionnistes", terme dont il est l'auteur).

Charles Mauron publia The nature of beauty in art and literature aux éditions Hogarth Press de Leonard and Virginia Woolf en 1927, traduction et préface de Roger Fry.

Ces liens l'amenèrent à traduire de de nombreuses œuvres du groupe, dont Orlando et Flush de Virginia Woolf (livre lu en 2010 et très apprécié par notre groupe LIRELLES), mais aussi E. M. Forster avec lequel il d'était lié d’amitié et dont il traduira tous les romans (sauf Maurice
qui ne fut publié qu’après la mort de l’auteur, notamment en raison de l'homosexualité claire du héros). Par ailleurs, il traduisit D. H. Lawrence (Les Sept Piliers de la sagesse), Katherine Mansfield, Laurence Sterne (Vie et opinions de Tristram Shandy*).
Il a aussi traduit en anglais les poèmes de Stéphane Mallarmé.

*Pour en revenir à la traduction, voici ce que disent les éditeurs d'une nouvelle édition de ce livre : « depuis 1946, on nous avait infligé la traduction du professeur Charles Mauron, le pensum le plus appauvrissant et anti-shandéen qui se puisse concevoir. Dépouillant le texte de Sterne de ses attributs les plus remarquables, cette vieille traduction réussit en effet le tour de force d'en donner une version ennuyeuse, fautive et incomplète, de nature à faire fuir tout lecteur innocent. (... ) Ce n'est pas ici le lieu de répertorier les contresens qui fourmillent dans la version Mauron (...) ou les choix désolants de certains termes (...) : ils sont légion (...) Au-delà d'une vision aplatissante de ce qui fait la singularité de Tristram Shandy, des bourdes et approximations incessantes, le plus fâcheux reste que dans cette version tragiquement dénuée d'esprit, de style et de légèreté, ce sont la saveur et la sève mêmes du texte de Sterne qui disparaissent. » (Sylvie Martigny et Jean-Hubert Gailliot, Le Monde, 5 octobre 2006)


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