L'avis de Stéphanie

sur Les vies de papier de Rabih ALAMEDDINE


Mon avis est très positif. Il y a en effet longtemps que je n'ai pas eu autant de plaisir de lecture à Lirelles.

Je n'ai pas fini, j'en suis à la moitié.

Je suis monomaniaque dans le sens où je n'aime pas lire en traduction, je recherche la littérature en VO ; même lorsque je ne maîtrise pas la langue, je recherche une édition bilingue. Là, impossible de trouver à temps la version en anglais, donc j'ai lu en français, et justement j'en étais très contente puisque le personnage traduit et pas de la version originale justement : et elle passait très bien cette traduction, sans malaise, elle marche.

Le personnage pour moi n'est ni attachant, ni pas attachant. Elle est vivante, originale. Ça m'a plu tout de suite, j'ai été embarquée, et l'humour n'y était pas pour rien.

Je ne suis pas d'accord concernant l'invraisemblance de sa culture dénoncée par certaines parce qu'elle n'aurait pas fait d'études. Ma propre grand-mère, du fait de la guerre en Grèce, a arrêté l'école très tôt, et elle était d'une immense culture. Les livres, c'était son école. Sa bibliothèque a joué un rôle d'initiation pour moi.
Aaliya relie ses lectures et les moments de sa vie de façon non académique : quand on a fait des études, on dit ce qu'il convient de dire ; elle, elle dit ce qu'elle veut sur la littérature.

Agréable pour moi a été le côté méditerranéen, avec le rôle du voisinage.

Alors qu'on est dans le quotidien du personnage, comme pour le livre de Zoyâ Pirzâd que je n'avais pas du tout aimé, restant extérieure, ici je suis pleinement dedans.

Moi aussi j'ai du mal quand il n'y a pas de chapitres : là, pas de problème.

Pour tout dire, j'ai découvert seulement hier qui était l'auteur : je parlais de ce livre formidable écrit par une Libanaise à un collègue libanais ; il me demande de qui est le livre et me répond que c'est un homme. Impossible, lui dis-je, on ne lit que des livres de femmes dans le groupe pour lequel je le lis. Mais j'ai dû me rendre à l'évidence...

Pour ma part, cela ne me dérange aucunement qu'un homme écrive à la première personne pour une femme, et je ne parlerai pas d'appropriation. Tant mieux si un homme peut ainsi être au plus près de l'intériorité d'une femme.

J'ai été également sensible au contexte de la guerre, car dans mon travail, j'entends des récits de ce type et j'ai découvert des aspects du conflit. C'est bien dosé, la façon dont la guerre est évoquée sans être présente.

Pour ce qui est d'Hannah, je suis curieuse de ce qu'Aaliya va en dire, là où j'en suis du roman...

 

Lirelles a programmé Les vies de papier de Rabih Alameddine en novembre 2021