L'avis de Nelly (confinée à Paris) sur :

Avant que j'oublie d'Anne Pauly


 

Quand j'ai refermé le livre d'Anne Pauly, je me suis demandé pourquoi j'avais éprouvé des impressions si contradictoires. J'étais arrivée au constat que je ne trouvais pas l'auteure sympathique quelques pages avant la fin, et puis cette scène poétique m'avait fait pencher vers un avis plus favorable ; enfin… je ne savais plus quoi penser ; alors par curiosité, j'ai eu envie d'en savoir plus sur elle et ai écouté son interview sur France Inter, ce qui m'a fourni un autre éclairage et approfondi ma réflexion.

Évidemment, étant lauréate du Livre Inter 2019, elle ne reçoit qu'éloges et compliments lors de l'interview, mais les réponses qu'elle donne, au sujet de ce qui précisément m'avait dérangée, m'ont plu.

Je maintiens toutefois ne pas avoir tellement aimé le style, reflet du réalisme des situations certes, mais trop "langage parlé", "la vie comme elle est"… Par moments on la sent prête à prendre de la distance et hop ! soudain c'est la cassure, la rupture de rythme ; à moins que ce ne soit ce que certaines ont qualifié d'humour noir ? J'ai été mal à l'aise face à ses colères ou ses ricanements. Je l'ai entendu dire qu'elle avait ménagé le lecteur pourtant. Pour ma part j'ai été plutôt bousculée.

Au début, j'avoue avoir été captivée par la justesse du ton pour décrire l'ambiance qui succède au choc du deuil dans les familles. J'ai retrouvé cette expérience ressentie devant l'impossibilité de prévoir ce qui va arriver juste après, la torpeur qui succède à la légèreté, les visions très pratiques de ce qu'il est nécessaire de faire qui cohabitent avec un total désordre émotionnel, et puis les images incohérentes ou même inconvenantes qui surviennent au milieu de souvenirs nostalgiques. Anne Pauly est très douée pour témoigner de cette alternance et de ce décalage très particulier entre la vie réelle et nos pensées qui, dans ces moments-là, partent dans tous les sens.

Elle tenait à raconter la vie de son père, simple, avec ses ombres et ses lumières, décrire son tempérament tour à tour violent puis tendre. Pourquoi la lettre de Juliette au milieu de tout cela, si bien écrite ? (Trop bien écrite à mon sens). J'ai eu du mal à y croire. Cela ne cadre pas avec l'histoire.

En revanche, même si c'est sous forme d'une parabole, la poésie des dernières pages est bien plus réelle, tout à fait compréhensible, et sans effet de style.

Enfin pour finir, les questions :
- Pourquoi si peu de tendresse dans l'évocation du milieu LGBT ? Se croit-elle en avance d'une expérience ? Là-dessus j'ai été un peu déçue.
- Pourquoi les premiers romans ont-ils si souvent pour sujet le deuil du père ou de la mère ? La psychanalyse est passée par là, classique presque inévitable, elle le dit avec un modeste sourire lors de l'interview, et là on ne doute pas de son authenticité.

 

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