L'avis de Sophie sur :

Le Consentement de Vanessa Springora


 

Livre lu en une fois avec beaucoup d'émotions.
Structure du récit hyper claire. 3 chapitres/3 phases de l'histoire. J'aime bien car on sait où l'on va.
L'écriture est simple et fluide. La lecture l'est aussi et les émotions peuvent y trouver place.
Chaque partie est écrite comme si elle y était, comme au présent et permet de mieux comprendre le ressenti de l'auteure au moment de son vécu.
Tout ce qui est décrit semble essentiel, rien ne semble de trop.

L'auteure analyse tout le processus d'emprise/désemprise, ses conséquences dans sa vie amoureuse et sexuelle, et le travail d'analyse et de déculpabilité qu'elle a du faire pour s'en libérer, ou plutôt pour vivre avec. L'auteure a choisi l'art pour attaquer son agresseur en l'attaquant sur son propre terrain, l'écriture. C'est une réussite.

Ce qui est atterrant c'est tout l'environnement de l'époque qui a permis cela, sa mère, son père, le responsable de son établissement scolaire, le milieu littéraire, les médias jusqu'à la présidence. Tous seraient complices, et donc coupables ? Autres époques, autres mœurs, il est difficile de juger maintenant.
Cependant il n'y a que 7 ans, un jury lui a attribué le prix Renaudot. Hier encore le gouvernement lui versait une bourse d'écrivain et la mairie du 5e lui loue encore un studio de 33m² dans un cadre social

Le titre j'adore. Justement c'est ce que Vanessa Springola veut faire comprendre. Il n'est pas question de consentement quand il s'agit d'enfants ou de mineurs sexuels. Qu'elle ait été "amoureuse" ou non, séductrice ou non, n'est pas le problème : c'est à l'adulte de ne pas franchir les limites et un enfant ne sera jamais consentant quoi qu'il fasse ou ressente. Donc l'adulte est condamnable et seul responsable. Malgré tout, la loi doit encore avancer car il y a encore trop de procès où l'on évoque le consentement d'un enfant… (voir ici par exemple).

J'ai bien aimé aussi qu'elle ne nomme pas précisément M, alors que tout lecteur sait de qui il s'agit. Cela permet de suite une complicité. J'ai pensé aussi à M le maudit, et à M qu'elle aime, au début du moins. C'est hélas bien trouvé.

Dans sa résilience pour reprendre un terme remis à la mode par EM (!!!), elle a la chance de rencontrer un jeune garçon de son âge à qui elle peut se confier et qui l'aide, puis d'avoir la littérature comme passion et, au terme de sa résilience, comme production artistique.

En résumé, j'ai beaucoup aimé cette lecture qui ne peut laisser indifférente et je trouve remarquable les avancées qu'elle entraîne pour toutes les victimes de nos pays riches. Il reste encore beaucoup à faire pour les autres du monde entier.

J'ai trouvé chouette de pouvoir rejoindre un échange Lirelles virtuel. Merci à ce confinement. A l'avenir, si on revient dans un monde libre, j'aimerais pouvoir suivre Lirelles ainsi.
 

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