L'avis de Nelly sur :

Le Consentement de Vanessa Springora


 

J'ai lu sans difficulté ce livre, sur un sujet qui m'aurait fait hésiter s'il n'avait pas été dans le programme du groupe. Je l'ai lu d'abord par souci de me conformer au choix de Lirelles..., mais finalement j'ai été bien accrochée.

Contrairement à ce qu'on pourrait attendre, je n'ai pas ressenti de réelle émotion, car je l'ai surtout lu et pris comme un témoignage. Je n'ai pas été emmenée comme dans un roman, où l'on peut percevoir un suspens, par la construction, avec des signes avant-coureurs par exemple, et qui peut d'ailleurs nous faire dire ensuite "ah oui à ce moment j'ai bien senti que quelque chose allait arriver, c'était attendu". Je l'ai considéré avec objectivité : j'écoute, je "prends acte", sans mettre en cause la crédibilité de l'histoire – ce qui se passe aussi justement dans les romans où on peut dire à l'inverse "alors là je n'y ai pas du tout cru". Je l'ai lu donc sans a priori, et sans rien remettre en cause, mais j'ai été captivée.

J'y ai vu beaucoup de rigueur, de sincérité, le souci de raconter les choses au plus près. Il n'y a pas d'étalage, de détails sordides, mais c'est très clair. L'auteure ne se pose pas en victime, elle explique le contexte, son cadre familial, c'est très factuel et cela donne beaucoup de force au récit.

Sur le plan littéraire, sans parler réellement de style, j'ai bien aimé sa manière de dérouler les choses qui lui sont arrivées comme dans la vie, avec le rythme des années qui passent.

Ce qui m'a fait également beaucoup réfléchir, c'est... la résonance du titre : Le consentement.
Il donne toute la légitimité au livre, car il rappelle l'ambiguïté du sujet.
J'ai pensé à la lourde question qui peut donner lieu à tant d'interprétations, lors de procès pour viols par exemple : la victime n'était-elle pas consentante ?
À quel moment y a-t-il eu compromis, accord partagé ? J'ai pensé à l'expression "séparation par consentement mutuel" lors de divorces.
Dans son histoire, Vanessa S. consent, mais de manière pas volontaire.
Enfin j'ai pensé à la résonance de ce mot et son contexte selon l'époque : quelle avait été ma réaction quand j'ai peut-être vu l'émission d'Apostrophes ? Ai-je été révoltée comme Denise Bombardier ? Je ne m'en souviens pas, mais j'étais probablement à cette période bien moins nourrie par la culture et la critique féministe qui m'amènent à me révolter aujourd'hui. Quel courage a eu cette femme ! Bravo ! Avec le recul, cela m'a particulièrement émue.

 

Accueil Présentation du groupe – Livres lus Programme actuel
Programmation des années précédentes – Liens
Nous contacter