Il
n'y a pas de Ajar, Grasset, 96 p.
Quatrième
de couverture : Létau des obsessions identitaires,
des tribalismes dexclusion et des compétitions victimaires
se resserre autour de nous. Il est vissé chaque jour par tous ceux
qui défendent lidée dun "purement soi",
et dune affiliation "authentique" à la nation,
lethnie ou la religion. Nous étouffons et pourtant, depuis
des années, un homme détient, daprès lauteure,
une clé démancipation : Emile Ajar.
Cet homme nexiste pas
Il est une entourloupe littéraire,
le nom que Romain Gary utilisait pour démontrer quon nest
pas que ce que lon dit quon est, quil existe toujours
une possibilité de se réinventer par la force de la fiction
et la possibilité quoffre le texte de se glisser dans la
peau dun autre. Jai imaginé à partir de lui
un monologue contre lidentité, un seul-en-scène qui
sen prend violemment à toutes les obsessions identitaires
du moment.
Dans le texte, un homme (joué sur scène par une femme
)
affirme quil est Abraham Ajar, le fils dEmile, rejeton dune
entourloupe littéraire. Il demande ainsi au lecteur/spectateur
qui lui rend visite dans une cave, le célèbre "trou
juif" de La Vie devant soi : es-tu lenfant de ta lignée
ou celui des livres que tu as lus ? Es-tu sûr de lidentité
que tu prétends incarner ?
En sadressant directement à un mystérieux interlocuteur,
Abraham Ajar revisite lunivers de Romain Gary, mais aussi celui
de la kabbale, de la Bible, de lhumour juif
ou encore les
débats politiques daujourdhui (nationalisme, transidentité,
antisionisme, obsession du genre ou politique des identités, appropriation
culturelle
).
Le texte de la pièce est précédé d'une préface
Delphine Horvilleur sur Romain Gary et son uvre. Dans chacun des
livres de Gary se cachent des "dibbouks", des fantômes
qui semblent séchapper de vieux contes yiddish, ceux dune
mère dont les rêves lont construit, ceux dun
père dont il invente lidentité, les revenants dune
Europe détruite et des cendres de la Shoah, ou linjonction
dêtre un "mentsch", un homme à la
hauteur de lHistoire.
"Javais 6 ans lorsque Gary sest suicidé, lâge
où japprenais à lire et à écrire. Il
ma souvent semblé, dans ma vie de lectrice puis décrivaine
que Gary était un de mes 'dibbouks' personnels
Et que je
ne cessais de redécouvrir ce quil a su magistralement démontrer
: lécriture est une stratégie de survie. Seule la
fiction de soi, la réinvention permanente de notre identité
est capable de nous sauver. Lidentité figée, celle
de ceux qui ont fini de dire qui ils sont, est la mort de notre humanité."
Vivre
avec nos morts, Grasset, 234 p.
Quatrième de couverture :
"Tant de fois je me suis tenue avec des mourants et avec leurs
familles. Tant de fois jai pris la parole à des enterrements,
puis entendu les hommages de fils et de filles endeuillés, de parents
dévastés, de conjoints détruits, damis anéantis
"
Etre rabbin, cest vivre avec la mort : celle des autres, celle des
vôtres. Mais cest surtout transmuer cette mort en leçon
de vie pour ceux qui restent : "Savoir raconter ce qui fut mille
fois dit, mais donner à celui qui entend lhistoire pour la
première fois des clefs inédites pour appréhender
la sienne. Telle est ma fonction. Je me tiens aux côtés dhommes
et de femmes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin
de récits."
A travers onze chapitres, Delphine Horvilleur superpose trois dimensions,
comme trois fils étroitement tressés : le récit,
la réflexion et la confession. Le récit dune vie interrompue
(célèbre ou anonyme), la manière de donner sens à
cette mort à travers telle ou telle exégèse des textes
sacrés, et lévocation dune blessure intime ou
la remémoration dun épisode autobiographique dont
elle a réveillé le souvenir enseveli.
Nous vivons tous avec des fantômes : "Ceux de nos histoires
personnelles, familiales ou collectives, ceux des nations qui nous ont
vu naître, des cultures qui nous abritent, des histoires quon
nous a racontées ou tues, et parfois des langues que nous parlons."
Les récits sacrés ouvrent un passage entre les vivants et
les morts. "Le rôle dun conteur est de se tenir à
la porte pour sassurer quelle reste ouverte" et de
permettre à chacun de faire la paix avec ses fantômes

L'angoisse du roi Salomon,
Folio, 352 p.
Quatrième de couverture : "-
Je vous préviens que ça ne se passera pas comme ça.
Il est exact que je viens d'avoir quatre-vingt-cinq ans. Mais de là
à me croire nul et non avenu, il y a un pas que je ne vous permets
pas de franchir. Il y a une chose que je tiens à vous dire. Je
tiens à vous dire, mes jeunes amis, que je n'ai pas échappé
aux nazis pendant quatre ans, à la Gestapo, à la déportation,
aux rafles pour le Vél'd'Hiv', aux chambres à gaz et à
l'extermination pour me laisser faire par une quelconque mort dite naturelle
de troisième ordre, sous de miteux prétextes physiologiques.
Les meilleurs ne sont pas parvenus à m'avoir, alors vous pensez
qu'on ne m'aura pas par la routine. Je n'ai pas échappé
à l'holocauste pour rien, mes petits amis. J'ai l'intention de
vivre vieux, qu'on se le tienne pour dit !"
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Delphine HORVILLEUR
(née en 1974)
Il n'y a pas de Ajar (2022)
Nous lisons ce livre pour le 3 février
2023. Nous y ajoutons :
Vivre avec nos
morts (2021)
Le
nouveau groupe le lit pour
le 10 mars et y ajoute :
L'angoisse du roi Salomon d'Emile
Ajar
(1979)
Nous avions lu
de Romain Gary La
Promesse de l'aube en 2011 et Le grand vestiaire en1987.
Présentation de Delphine Horvilleur
=> sur wikipedia
De Romain Gary (Emile Ajar) =>
wikipedia
Delphine Horvilleur a publié :
- en 2013 : En
tenue d'Ève : féminin, pudeur et judaïsme,
Grasset ; rééd. Points,
2018
- 2013 : Un
cur universel : regards croisés sur Etty Hillesum,
dir. Cécilia Dutter, éd. Salvator, avec cinq auteurs de
confessions et d'horizons différents : Delphine
Horvilleur, Alain Delaye, Ghaleb Bencheikh, Jacques Arènes
et Emmanuel Jaffelin
- 2015 : Qui
tient promesse ?, dir. Jean Birnbaum, Folio, contributions de
Rachid Benzine, Alain Boyer, Philippe Corcuff, Monique Dixsaut, Arnaud
Esquerre, Marie Gil, Hervé Guillemain, Delphine
Horvilleur, Jean-Luc Marion, Michela Marzano, Jean-Luc Nancy,
André Orléan et Véronique Ovaldé
- 2015 : Comment
les rabbins font les enfants
: sexe, transmission, identité dans le judaïsme, Grasset
- 2017 :
Des mille et une façons d'être juif ou musulman : dialogue,
avec Rachid Benzine, Seuil ; rééd. Points,
2019
- 2019 : Réflexions
sur la question antisémite, Grasset
- 2020 : Comprendre
le monde, Bayard, coll. "Les petites conférences"
- 2020 : Le
rabbin et le psychanalyste : l'exigence d'interprétation,
éd. Hermann
- 2021 : Sur
les chemins du paradis, éd. Hazan, Philippe Augier, Jacqueline
Chabbi, Gilles Chazal, Jean-François Colosimo, Eégis Debray,
Claire Decomps, Lynda Frenois, Thierry Grillet, Delphine Horvilleur,
Annie Vernay-Nouri
- 2021 : Vivre
avec nos morts, Grasset
- 2022 : Il
n'y a pas de Ajar : monologue contre l'identité, Grasset
- 2015 : Le
Bouc émissaire : ou la haine de lautre et lélimination
de sa différence, avec Michel Maffesoli, Ivan Levaï
et Pascal Perrineau, éd. Conform
- 2023 : Le
feuilleton de Tsippora, Bayard Éditions, coll. "La
mythologie grecque en 100 épisodes", avec Marie-Agnès
Gaudrat, Murielle Szac, ill. Joëlle Jolivet
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