Points de vue de Fanny
participant au groupe Voix au chapitre depuis septembre 2015
sur les groupes de lecture et sur le nôtre
après avoir lu TOUT, TOUT, TOUT, sur le groupe Voix au chapitre... et pas seulement

 

A propos de ce qui peut contribuer à la longévité d'un groupe de lecture

Longévité remarquable du groupe de Boulogne-Billancourt : la formule semble fonctionner puisqu'elle perdure depuis 50 ans ; cependant il s'agit d'un groupe fermé probablement voué à disparaître sans nouvelles recrues. Pourtant, intégrer de nouveaux membres, c'est peut-être aussi accepter que le projet évolue, mais tout en restant fidèle aux orientations premières. D'où peut-être l'intérêt de préciser les caractéristiques constitutives de l'identité du groupe de lecture pour déterminer ce qui peut-être susceptible d'évoluer et ce qui apparaît comme fondateur de l'identité du groupe.

Parmi ce qui fait la particularité du groupe Voix au Chapitre

Le fait que les avis publiés sur le Net soient nominatifs (même s'agissant uniquement du prénom voire d'un pseudo) contribue peut-être à une forme d'engagement des membres. En effet, cela induit me semble-t-il une forme de reconnaissance qui vient flatter l'ego, puisque l'avis individuel n'est pas dilué dans le collectif, chacun retrouve donc sa propre voix dans une sorte de mosaïque qui vient composer l'avis du groupe sur le livre. La question peut peut-être se poser cependant pour des lecteurs extérieurs au groupe, sur le lien entre cette somme d'avis individuels et une identité du groupe en tant que tel.
D'autre part, il me semble que le caractère nominatif des avis publiés contribue à une forme d'attention et de responsabilisation de chacun : il est d'autant plus important de prêter attention à ce que l'on dit et écrit justement parce que cela va figurer sur le Net, lisible par tous.

Par rapport aux conseils pour la création d'un groupe de lecture

Après lecture de la présentation des différents groupes de lecture existants, il me semble qu'il y a peut-être certaines questions à se poser au préalable à la constitution d'un nouveau groupe, notamment par rapport aux attentes et aux objectifs.
Par exemple : s'agit-il de fédérer du lien social dans une certaine communauté autour de la lecture - résidence, lieu de travail, maison de retraite... - auquel cas, le choix des livres peut s'orienter en fonction de la population, à travers une étude préliminaire de la sociologie de la lecture au sein de cette communauté.
Sous un autre angle d'approche, il peut s'agir de fédérer des groupes autour d'un certain profil de lecture, quelle que soit la provenance géographique des membres (l'éloignement pouvant être important s'il s'agit d'un groupe virtuel). Une fois le projet défini, une réflexion est nécessaire sur le mode de diffusion de l'existence de ce groupe de lecture pour cibler le public pressenti.

A propos du passage sur la bibliothérapie et les objectifs psychologiques

Quelques remarques même si elles sont assez redondantes avec le contenu du document.

Par rapport à la bibliothérapie, il me semble important de distinguer deux approches  :
- l'une qui serait directement prescriptive (un texte ou un genre littéraire pour "traiter" certaines pathologies ou certains troubles)
- et une autre approche plus subjective qui fait appel à la dimension métaphorique dans la littérature et repose également sur la rencontre entre le lecteur et le(s) sujet(s) auxquels il s'adresse.
Histoire de rendre à l'auteur ce qui lui appartient, je précise que Régine Detambel (*) insiste longuement sur cette distinction (ce n'est sûrement pas la seule).

Les objectifs psychologiques susceptibles d'être à l'œuvre dans des groupes de lectures s'articulent de façon assez naturelle avec cette approche. Il me semble que le livre ou la lecture de façon plus générale peuvent être un média, un support d'entrée pour un travail analytique et/ou thérapeutique. A mon sens, ce mode d'entrée peut être riche, mais il s'agit effectivement d'un écueil à éviter lorsque ce n'est pas l'objectif de groupe. Cela induit en effet très rapidement des dimensions très personnelles voire intimes dans les échanges, et la nature des liens entre les membres doit s'en trouver modifiée. Il s'agit de distinguer la frontière entre ce qui peut être déposé au sein du groupe et ce qui appartient à l'intime.
Repérer et éviter cet écueil est peut-être une des clefs pour la longévité d'un groupe de lecture à vocation littéraire ? Il me semble que s'il s'agit d'un groupe à visée psychologique, cela doit être clairement énoncé et animé par un professionnel.

A propos de la dimension marketing et médiatique

Il me semble que l'on se confronte ici à des zones d'influences médiatiques, mais également aussi probablement financières. Dans ces conditions, comment un groupe de lecture peut-il garder son indépendance en termes de choix de lecture et d'opinion ? De plus, pour prendre le fonctionnement de Voix au Chapitre, quelle serait alors la place laissée aux avis individuels en regard d'un avis qui serait celui de l'identité du groupe ?

Par rapport à la présentation de l'étude de Mary Léontsini

J'ai trouvé cette présentation particulièrement dense. Il me semble que cela met justement en avant des éléments qui font la spécificité de Voix au Chapitre.
Quelques points qui ont particulièrement retenu mon attention :

A propos de la page de présentation des membres, j'aime bien cette idée d'une sorte d'autoportrait par le livre, exercice que j'imagine assez difficile pour ma part. Pour les avoir lus avant de vous rejoindre, je trouve que cela aide à percevoir l'approche générale du groupe.

J'ai été sensible également à ce qui est dit à un moment de la dépendance que l'on peut avoir face à la lecture ou à un livre en particulier.

J'ai également trouvé que les extraits de l'entretien avec Geneviève faisaient bien ressortir des points essentiels, notamment l'importance de la distinction entre la réalité et la fiction et le risque d'éclats qui pourraient être liés à des divergences d'opinion plus "politiques" que littéraires.

Enfin, j'ai été sensible à ce qui est dit alors de la spontanéité de l'expression et de l'importance de se centrer sur le ressenti en temps que lecteur, par opposition avec un groupe professionnel. Il me semble que je comprends mieux après cette lecture pourquoi vous dites régulièrement que ce n'est pas forcément un plus d'avoir fait des études littéraires pour participer au groupe. Un peu comme à travers une image par opposition, cela m'a renvoyée à mon expérience de lycéenne, pourtant assez lointaine, je me rappelle comme la professeure de français décortiquait vers après vers Le Spleen de Baudelaire (et bien d'autres textes encore, mais ce cours m'a vraiment marquée), au point comme je le ressentais à l'époque de venir mettre à mal la dimension poétique du poème, la musicalité des mots et du rythme.
Cette forme de liberté d'expression fait probablement partie de l'identité et de la spécificité du groupe Voix au Chapitre.

J'ai également été sensible à ce qui est abordé concernant l'éthique du lecteur. Il me semble que cette partie est très centrée sur la lecture de romans d'Afrique, mais cela peut sans doute se généraliser. Pourrait-on dire qu'il s'agit de conserver une forme de modestie et de vigilance pour maintenir son propre point de vue tout en reconnaissant celui des autres lorsqu'il est en opposition ? Et également de s'efforcer de faire une distinction entre un avis littéraire et des prises de positions sociales ou politiques ?

 

(*) Fanny a suivi une formation avec Régine Detambel, auteure de Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, Actes Sud, 2015.

 

 

 

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