Expiation
Ian McEwan
Expiation

Nous avons lu ce livre en octobre 2006.

 

Sabine
J'avoue, je n'ai pas pu dépasser les cent premières pages. C'est une écriture dense, trop difficile pour moi en ce moment, et d'attendre encore trois cents pages pour connaître l'expiation, ça m'use. Cela dit, j'attends vos avis avec impatience pour reprendre ultérieurement cette lecture.

Christine
J'ai lu 1/3 du livre. Cette histoire ne m'a pas intéressée. J'ai eu l'impression d'un pastiche du roman fin XIXe début XXe. Les phrases sont creuses. Je préfère les romans de cette époque plutôt que cette imitation. Seul passage qui m'a intéressé : celui où la mère devine l'activité de la maison par les bruits.
Le reste est sans intérêt.

Claire
Je trouve le livre ambitieux, architecturé, sans rien d'une parodie..., avec un retournement extraordinaire à la fin. Mais les allusions à l'écriture (un des sujets du livre) me paraissent assez artificielles et la partie sur la guerre est plombante — j'ai en partie sauté. J'ai eu un regain pour les passages à l'hôpital, sidérants. Bref, le livre m'a à moitié intéressée.

Françoise D
Je l'ai lu depuis longtemps, et je ne me souvenais pas de la fin. J'avais aimé l'atmosphère de ce livre, l'étouffement de cette famille passablement névrosée et le cours du récit avec tous les non-dits, les sous-entendus, et le personnage de cette petite fille très énigmatique. C'est un peu comme un polar et de ce point de vue l'intrigue est bien menée. J'avais eu plaisir à le lire et même la partie sur la guerre ne m'avait pas semblée pénible. L'auteur semble poser le problème de l'écriture, mais je ne me souviens pas m'être interrogée là-dessus ; pour moi, c'était plutôt la culpabilité qui était en question.

Geneviève
C'est moi qui l'ai proposé.
J'ai beaucoup aimé l'atmosphère anglaise, désuète ; l'intériorité des personnages, la petite fille qui croit ce qu'elle voit, c'est sa vision. Le passage sur la guerre est moins intéressant par rapport à la fin.
Les réflexions sur l'écriture m'ont intéressée. J'ai eu plaisir à le relire dans la version traduite. C'est très bien traduit.

Annick
Je l'ai lu deux fois. La 1ère fois, j'ai eu une lecture chaotique, embarrassée, une sorte de malaise. Et puis j'ai été époustouflée par le revirement final. La deuxième fois, j'ai adoré. C'est remarquablement écrit. La partie sur la guerre est un peu longue. Le lecteur est manipulé, la narratrice succède au narrateur ; le lecteur a été blousé.

Jacqueline
Je suis une bonne lectrice, j'aime bien qu'on me raconte des histoires, même avec des invraisemblances. J'ai bien aimé ce portrait d'une jeune fille qui veut écrire et ne comprend rien à la vie. J'ai beaucoup aimé la partie sur la guerre. Le retournement final m'a agacée ; j'ai eu l'impression de m'être faite avoir parce que le dernier chapitre donne subitement deux fins. Je n'aime pas être dans un projet qui me manipule.

Ève
J'ai trouvé ce livre complètement déséquilibré, décousu. J'ai adoré la première partie, très romantique, très dense. J'ai bien aimé la narration permettant de rejouer les scènes mais vues par des personnages différents, et ces légers reculs dans le temps formant une sorte de tressage qui entrecroise les fils conducteurs sans jamais les emmêler.
La deuxième partie m'a été très pénible mais je l'ai néanmoins lue intégralement. Trop longue, trop lourde. J'ai ressenti trop de complaisance dans les descriptions qui nous racontent les "horreurs de la guerre"...
La troisième partie je l'ai trouvée tout aussi lourde et complaisante. Certes l'ambiance et la vie de l'hôpital sont bien rendues, certains passages sont même poignants... mais au-delà, on n'apprend rien du cheminement de Briony, des circonstances de son revirement à l'égard de Robbie. On devine seulement qu'elle éprouve une espèce de délectation à expier son crime.
Quand à l'épilogue (Londres 1999) là, j'ai complètement lâché l'affaire... On y retrouve Briony 60 ans plus tard, qui devient la narratrice. Du coup, la perspective n'est plus la même. On se retrouve dans un autre roman... un roman dans le roman. Je me suis sentie flouée car on ne sait plus rien de ce qu'il advient de ce couple follement romantique, si ce n'est qu'ils sont morts tous les deux.

Danielle
J'ai eu des débuts difficiles. Il y a des phrases ridicules, sans parler de l'adjectif " improbable " répété en permanence. A d'autres moments, j'ai été prise comme dans un polar. Le personnage de Briony est exaspérant, mais les personnages en général sont bien dessinés. Si cette Briony est la représentation de l'écrivain, ça pose bien des questions : Qu'est-ce que la "traversée des apparences" ? Qu'est-ce qu'un créateur ? Remettre de l'ordre dans l'univers ? Or, elle perturbe tout. Chacun a sa vérité. L'expiation a été traitée avant en littérature, et en mieux. J'ai été touchée par le couple Cécilia/Robbie. Ils tiennent le coup. "L'illusion comique" est téléphonée. Que dit le livre sur l'écriture ? Ou le romancier est impuissant, ou il est hystérique.

Liliane
Je ne l'ai pas terminé, j'en suis à la page 287, au moment de la guerre. J'ai l'impression que le sujet c'est bien l'écriture ! La fiction n'est qu'un support, ce que confirme le procédé présentant les mêmes évènements vus par plusieurs personnes. Comment se situer en tant que narrateur ? La question est passionnante et on sent l'hésitation (avouée) du narrateur. Cependant, j'ai peiné, le style est ennuyeux ; ce livre aurait pu être réduit d'un tiers. J'ai aimé le couple Robbie/Cécilia l'histoire de cette lettre qui circule, fait son chemin, prémisse de la catastrophe. Mais j'en suis seulement à la moitié...

Françoise O
Je l'ai relu une deuxième fois, et je suis exaspérée par la façon désinvolte dont vous traitez les livres que vous n'avez pas lus en entier !
Je ne vais pas répéter tout ce qui a été dit de positif : la première partie, l'atmosphère, les scènes vues par plusieurs personnes qui créent de l'instabilité.
J'ai trouvé Briony sympathique, elle a une imagination débordante, elle est dans un autre monde, elle recréé le monde, et soudain elle se trouve confrontée à la réalité brutale. Elle dit "je le vois", "je l'ai vu" et se retrouve manipulée par les adultes. Elle est tout le contraire d'une gamine manipulatrice et odieuse, c'est elle qui est manipulée. J'ai aussi aimé la deuxième partie sur la guerre et les échanges de lettres. Briony est seule à expier alors que les adultes sont tout aussi responsables (voire plus pour Marshall). Dans la dernière partie, j'ai eu du mal à saisir ce qui était en jeu ; ne s'est-elle pas construit cette histoire positive pour pouvoir supporte sa culpabilité ? Mais il y a des longueurs...

Jean-Pierre
Encore un (trop) long livre. Quel besoin ont donc tous ces auteurs de dépeindre le détail jusqu'à rendre la lecture aussi fatigante ? L'histoire de ce fait divers traîne en longueur pendant d'innombrables pages. Pour tenter de nous plonger dans cette société post victorienne complètement bouchée et factice, où les faux semblants tiennent lieu d'éthique, l'auteur confond le projecteur avec le microscope électronique.
Quant aux personnages, à part Cecilia (dont on ne comprend cependant pas très bien pourquoi elle passe de l'irritation la plus forte au désir le plus charnel, sauf à imaginer qu'il suffise de célébrer son con pour lui ouvrir... les yeux et le cœur) et son Chatterlay's boy Robbie (dont la fuite devant les troupes nazies n'en finit pas de finir), ils sont vraiment d'un autre monde. Un monde que je soupçonne de n'exister que dans l'imagination du romancier : Briony totalement inconsistante, surtout au début où elle est présentée tour à tour comme une pré ado fantasque et comme une adulte schizophrène, et dont le remords, tardif sinon sincère, n'est cependant pas assez fort pour lui faire courir un risque de son vivant ; sa mère, malade incurable mais qui vécut encore près de 40 ans après les événements de 1935 (en 1999, il y avait 25 ans qu'elle était morte - p. 476) ; son père, patriarche aristocrate, absent et infidèle. Sa cousine Lola, aveugle et oublieuse ou vénale, au point d'épouser son violeur ; Marshall, prototype du salaud intégral. Seuls les comparses ont un peu d'épaisseur, mais n'est-ce pas, ce qu'à Dieu ne plaise, parce que l'auteur ne les dissèque pas plus que ça ?
Malgré tout, et pour peu que le courage et le temps soient présents pour lire le livre jusqu'au bout, on trouve un plaisir, dilué mais réel, à suivre l'histoire. La fin est un peu surprenante, ce qui ne gâte rien, bien au contraire : un peu de sel ne nuit pas au plat fadasse de l'ensemble. Quelques passages très douloureux (lors de la débâcle ou à l'arrivée des blessés à l'hôpital), sont émouvants et horribles à la fois. La traduction est facile à lire. Les noms propres des lieux ou des personnages historiques parsèment un peu d'exotisme de banlieue (de banlieue, parce l'Angleterre, c'est quand même la porte à côté). Mais on pourrait aujourd'hui trouver ce type d'histoire dans la presse people dont nos voisins britanniques semblent si friands.

Marie-Laure
Bryoni, est une écrivaine en herbe peu crédible, avec les divers sentiments de l'existence découverts par une préadolescente : la fin de l'enfance, le divorce par le biais des cousins, le désir par sa sœur et Robbie, ainsi que l'Amour.
Je me suis sentie mal à l'aise devant la rapidité avec laquelle l'accusation de viol a pu être faite. Victime parfaite, Robbie est accusé sans réflexion ni enquête sérieuse, sans parler du mariage de la victime et du bourreau.
J'ai remarqué les études pour les filles, le ressenti d'une femme, petite bourgeoise trompée, et d'une époque ; la guerre, la fratrie au milieu des bombes, les infirmières qui doivent aller au bout de leur dégoût pour ces hommes abîmés par les bombes.
Les portraits sont superbes, les décors bien amenés, la scène de la fontaine est particulière. Celle de la découverte du viol m'a frappée, avec Bryoni qui entend les larmes de sa cousine et Robbie (fils du jardinier… coupable désigné) qui arrive serein avec les deux enfants sur les épaules. Le suspens est là, c'est un livre qui se laisse lire et qui pose des questions sur la cruauté des situations, des sentiments et des castes. Je retiens le mot de la fin de Bryoni à 77 ans : "la tranquillité s'achète au prix de la neutralité et de l'obscurité."

Katell
J'ai bien aimé le sujet de ce livre. La construction est un peu bancale avec une première partie très longue et très détaillée, la deuxième qui fait le point (et malgré les horreurs de la guerre) et la troisième comme conclusion. Mais c'est surtout la première partie que j'ai trouvé réussie, l'écriture sensitive, le point de vue de chaque personnage. D'après moi, la petite Briony est complètement jalouse de sa grande sœur.

 

Nous écrire
Accueil | Membres | Calendrier | Nos avis | Rencontres | Sorties | Liens

Sous la canicule qui frappe l'Angleterre en ce mois d'août 1935, la jeune Briony a trouvé sa vocation : elle sera romancière. Du haut de ses treize ans, elle voit dans le roman un moyen de déchiffrer le monde...