Ce livre comporte treize nouvelles. Ce nombre est le fruit du hasard ou de la fatalité - ici les deux mots sont strictement synonymes - et n'a rien de magique. Si de tous ces écrits je ne devais en conserver qu'un seul, je crois que je conserverais " Le congrès ", qui est à la fois le plus autobiographique (celui qui fait le plus appel aux souvenirs) et le plus fantastique. J'ai voulu rester fidèle, dans ces exercices d'aveugle, à l'exemple de Wells, en conjuguant avec un style simple, parfois presque oral, un argument impossible. Le lecteur curieux peut ajouter les noms de Swift et d'Edgar Allan Poe. Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour cette entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps.

Jorge Luis Borges

Jorge Luis Borges
Le Livre de sable

Nous avons lu ce livre en mai 2005. Nous lirons le mois suivant Conversations à Buenos Aires avec Ernesto Sabato ; et nous lirons ultérieurement Fictions en 1989.


Annick
J'aime beaucoup. J'ai lu beaucoup de choses de Borges. J'aime - littérairement parlant - ces bijoux ciselés. Je suis fascinée, emportée intellectuellement, mais mon intérêt est intellectuel, cela ne me touche pas personnellement.

Christine
Décidément j'ai un problème avec la littérature sud-américaine. J'ai déjà raté la dernière séance et voilà que je ne peux pas venir ce soir non plus. J'espère bien participer à la séance de rattrapage où nous deviserons sur nos deux amis devisant.
Katell
Voici le livre qui me fait prendre conscience avec une acuité extrêmement douloureuse que je suis blonde avec un QI de géranium... Je n'y ai rien compris. Je ne sais pas de quoi ça parle. Je n'arrive pas à me représenter le moindre personnage, les lieux où se déroulent les actions, les époques (1874 ? 1914 ? 1975 ?). C'est comme si je lisais un assemblage de mots dont le sens de chacun pris séparément est intelligible, mais devient incompréhensible mis bout à bout. "L'autre rêva de moi, mais sans rigueur. Il rêva, je le comprends maintenant, l'impossible date sur le dollar." Qui peut avoir la gentillesse de m'expliquer ?
Borges est pour moi un écrivain extra-terrestre. Que ce soit les thèmes ("Le Congrès", je n'ai rien compris, dans "There are more things", je cherchais la suite, je pensais qu'une page avait été oubliée), les références... Dans "There are more things" toujours, juste la première page, il évoque :
- l'idéalisme de Berkeley : ?
- les traités de Hinton : ?
- l'austère doctrine de Knox : ?
Ouf, et le "jeune Wells" j'imagine que c'est HG Wells de La Machine à remonter le temps... Ensuite : "Il aimait les chiens ; il avait un grand berger allemand qu'il avait surnommé Samuel Jonhson en souvenir de Lichfield, son lointain village natal..." Mais qui peut me dire ce que ça signifie ? Heureusement qu'Internet et Google existent, parce que j'ai pris un peu le temps de parfaire ma culture G (pas mon point G, il est en pleine forme !). Mais comme chacun sait, la culture c'est comme la confiture... Et Borges d'affirmer qu'il " n'écrit pas pour une petite élite dont il n'a cure... "

Jean-Pierre des Alpes
J'avais le Folio dans ma bibliothèque depuis quelques années et je ne me souviens pas de l'avoir ouvert ; comme il est arrivé, hélas, avec nombre de mes livres ; ce qui m'a conduit d'ailleurs à me séparer de beaucoup d'entre eux. En alignant ces petits bouts de phrase qui n'ont pas un grand sens, je me dis que cela ressemble un peu aux menus propos qui, souvent, ouvrent les nouvelles de Borges. La différence, évidemment, c'est que ces arcatures forment un édifice et que pas une d'entre elles n'est là tout à fait sans dessein. C'est ce que j'aime beaucoup dans les textes de Borges ; sans doute parce que les symboles m'intriguent : ces objets bizarres aux composants souvent rudimentaires, inoffensifs que leur réunion transforme en masse critique. Tels sont bien les textes du "Livre de sable" , de "L'auteur"  ou du "Livre des êtres imaginaires". Des objets dangereux à manipuler. Et je pense au fameux "Trésor", le tiroir de commode où le frère et la sœur des "Enfants Terribles" entreposent toute sorte de trouvailles, anodines ou mortelles : du revolver au paquet de poison. Je ne saurais dire si les objets de Borges sont à risque. Il est vrai qu'il y a des mots qui tuent et la beauté peut produire le même effet. Bien sûr, tant qu'on s'en tient à la collection. C'est l'assemblage, la rencontre qui sont périlleux et c'est vrai qu'au fil de ces textes on a toujours un peu le sentiment qu'on va tomber sur des pièces troublantes dont on ne se débarrassera plus vraiment, que cela soit prononçable ou pas ("Undr") écrit ("Le livre de sable") ou peint ("Utopie d'un homme"...) ou même qu'il s'agisse d'une grande entreprise ("Le congrès") ; cela conserve toujours un caractère sensiblement volatil ("Le disque"). Et j'aime ces choses apparemment rangées qui recèlent un terrible désordre (encore "Le livre de sable"). Si encore le temps et l'espace vadrouillaient tout au long d'une seule et même ligne ("L'autre") ! Mais il semble tout aussi accessible que l'alphabet à l'anagramme ("There are more things"). Au fait, j'ai aimé toutes celles des nouvelles que j'ai lues. Pas toutes de ce recueil, donc. En mettant Le congrès au premier rang de mes préférences. Bonne soirée à tous.

Monique
Je ne pourrais pas être là ce soir campagne... Borges : un mythe, par ses écrits, sa vie. Les nouvelles de Borges sont un condensé de vie en quelques lignes. On parle de leurs thèmes fantastiques mais je les qualifierais plutôt de métaphysiques. En quelques feuillets, il ouvre les grands questionnements de toute vie humaine. Il condense le monde et le dilate... Ce qui m'émerveille, c'est l'économie de moyen. La nouvelle que je trouve la plus remarquable et la plus exemplaire de Borges : c'est "Le disque". On y trouve traitées les questions de la fraternité (idée d'une autre vie qui nous est proche : frère, ami, double... ), du deuil, de la finitude (le paysage que l'on a pas tout exploré comme la vie qui est toujours une infime partie de toutes les expériences possibles), de l'arrivée d'un inconnu (avec tous les possibles qui s'ouvrent), de la possession, de l'envie, de la haine, du crime. Et du désir (objet idéal tout juste entrevu... jamais acquis), avec ce vide laissé, toujours là, toujours ouvert, laissant cette nostalgie, cette recherche jamais refermée. Et bien sûr et surtout la solitude. Tout ça avec quelques phrases toute simples (sujet verbe COD). On lit quelques lignes, on avance dans le texte comme sur un terrain très familier. Et à la fin, notre vision du monde est totalement explosée... Borges est pourtant très complexe, très cultivé et très éclectique. Il a par l'écriture, sans système et sans école, touché à une multitude de sujets : poésie, atlas, notes de voyage, critiques littéraires... (voir les tomes de la Pléiade). Je regrette de ne pas être avec vous ce soir pour entendre vos avis.
Claire
Nous avions déjà lu Fictions qui m'avait également barbichonnée. On ne peut pas rester indifférent au nom de Borges, de sa place dans la littérature ; je n'y pige que couic, mais n'en suis pas cette fois complexée. J'ai lu le prochain livre de notre programme, le dialogue entre Sabato et Borges, et quand Sabato lui dit qu'il est hermétique ou encore : "vous êtes un écrivain pour écrivain, mais pas pour le lecteur commun", je souscris. Monique en parle avec des mots qui sont de l'ordre de l'émotion à laquelle je suis étrangère. Pourtant, j'ai lu je me demande à quelle occasion, car la poésie ne m'attire pas, des poèmes de Borges, que j'ai trouvés d'une grande densité. Pour mes cinquante ans, j'ai transmis à mes amis ce poème, "Limites", qui me plaît beaucoup :
Il y a une ligne de Verlaine dont je ne dois plus me ressouvenir,
Il y a une rue toute proche qui est défendue à mes pas,
Il y a un miroir qui m'a vu pour la dernière fois,
Il y a une porte que j'ai fermée jusqu'à la fin du monde.
Parmi les livres de ma bibliothèque (je les ai devant mes yeux),
Il doit y en avoir un que je n'ouvrirai jamais plus.
Cet été, j'aurai cinquante ans ;
La mort me rogne, incessante.

Si Le Livre des sables m'a laissé de grès, en revanche, je recommande chaudement le livre d'Alberto Manguel, Chez Borges, que je trouve délicieux. Que d'anecdotes savoureuses sur l'univers de Borges...
Françoise D
Je me range comme Katell parmi les "blondes qui ont un QI de géranium" ; et comme Claire je suis hermétique, je n'y comprends rien. Tout d'abord, je l'ai déjà dit à l'occasion de Christa Wolf, je n'aime pas les nouvelles, et plus grave encore, celles-ci sont très courtes (à peine 4 pages parfois)… et n'ont pas de fin ! C'en est trop pour ma petite rationalité basique.
Aussi je me sens irritée, frustrée, flouée. Après m'être arrêtée à la page 69 (la non-fin de "There are more things"), j'ai refait une tentative et je me suis aperçue que j'avais déjà oublié ce que j'avais lu ; finalement, j'ai bien aimé "Le livre de sable", cette idée d'un livre sans fin m'a plu. Je crois en effet qu'il faut lire ces nouvelles comme des contes, ou des rêves, il y a indéniablement une écriture, mais je n'en retire aucune satisfaction, aucun plaisir de lecture ; trop frustrée.
Françoise O
Moi, je n'ai pas besoin de comprendre pour aimer. Je n'avais rien lu de Borges et je n'aime pas non plus les nouvelles, mais ce sont des contes ! Ça m'a rappelé Sebald, auteur allemand, dont j'ai lu 4 livres. C'est "Le stratagème" que j'ai le moins aimé, c'est trop simple.
"La nouvelle est un songe bref, un conte hallucinatoire" (lit-on dans la conversation Sabato-Borges), ce qui pose le problème des relations du rêve avec la vie. J'ai beaucoup aimé les aspects en référence à un passé et un futur lointains ; ça me rappelle les bibliothèques baroques des villes d'Europe centrale. Borges aime le labyrinthe, la pensée qui tourne. On n'a pas besoin de comprendre.
Liliane
J'ai déjà lu quatre livres de Borges, mais je n'avais envie de lire celui-ci. Je l'ai beaucoup utilisé en tant qu'animatrice d'ateliers d'écriture, et j'ai tout oublié et j'éprouve un certain malaise à relire Borges. J'ai relu "L'autre" et "Le livre de sable" et ça ne m'emballe pas. Les nouvelles constituent un tremplin d'écriture ce qui corrobore l'expression citée : "C'est un écrivain pour écrivains". Pour Borges, la première littérature, c'est l'épopée comme on la trouve dans "L'infamie et l'éternité", notamment la chambre des statues. Borges renoue avec les archétypes, l'inconscient, comme dans les contes. Les nombreuses connotations littéraires et culturelles ne me convainquent pas. Quand on lit le livre de Manguel, on comprend qu'on retrouve chez Borges le même univers que dans ses nouvelles. C'est le lecteur qui donne leur vie aux œuvres. Selon lui, une œuvre est annonciatrice de quelque chose qui va venir ; il se situe aux racines de la création. Il cherche ce qu'est la création littéraire, quel est le lien entre la vie et la littérature. Borges n'oubliait rien, c'est impressionnant.
Lona
Je ne connaissais pas Borges. Je n'ai pas terminé ce livre (j'en ai lu la moitié), car l'histoire de cet homme vieillissant, fatigué, usé, me fatigue moi-même. D'abord il y a trop de personnages dans ces nouvelles, trop de références littéraires : c'est comme si l'auteur voulait nous impressionner avec un carnet d'adresses bien rempli (écrivains, auteurs de toutes sortes qu'il n'a souvent pas connus personnellement). La solitude de ce vieux monsieur est omniprésente : regrets, souvenirs ? Même les femmes qu'il a aimées - ou cru aimer, puisqu'il voulait quand même épouser une de ses nombreuses relations éphémères - n'ont laissé aucune trace : parties sans laisser d'adresse ! rendez-vous fixés pour le lendemain, mais chacun sait qu'il ne viendra pas !! Ce livre m'a filé dans les doigts comme une poignée de sable ; il ne m'en reste rien, malgré quelques passages (hymne à l'amour pour "Ulcira", l'histoire de la captive indienne…) qui sont étouffés par la pagaille dans le grenier ("There are more things"), l'interprétation délirante et très personnelle de l'Évangile ("Secte des trente").Serge d'Avignon
Mon avis est très positif, j'avais beaucoup aimé quand je l'avais lu. Extase.
Jacqueline
J'ai un rapport très ambigü avec Borgès. Je n'arrivais pas à me mettre à cette lecture et je me suis aperçue que, ayant déjà lu ces nouvelles, j'avais oublié. Il m'en restais cependant une émotion (forte !). J'étais incapable de rédiger un compte rendu de lecture. Je suis agacée par l'aura de Borgès qui n'est pas spécialement sympathique mais je trouve ces nouvelles intéressantes : le mystère, la tenue en haleine... c'est plein d'inattendu en particulier dans "L'autre". Cette situation pourrait être conventionnelle mais le raisonnement du narrateur sur ce thème est tout à fait original. Je suis stupéfaite que toutes les notes (dans la Pléiade) reportent tous les noms de lieux ou de personnages à des éléments de vie de l'auteur et en même temps il n'y a rien d'intime dans ces textes. "Le livre de sable" me rappelle La Peau de chagrin de Balzac, au lieu de rétrécir, le livre s'étend et varie à l'infini, mais cela distille le même effroi je ne comprend pas pourquoi, ni pourquoi le narrateur doit s'en débarrasser. Ne pas tout comprendre me fait retrouver des impressions d'enfance, ça me séduit et m'impressionne.
Brigitte
Je ne sais plus que dire après tout ça. Je l'ai lu en édition bilingue et ça m'a perturbée. Je ne pouvais pas m'empêcher de lire l'espagnol… que je ne comprends pas. J'étais gênée par le volume des nouvelles, car en fait, ce n'était que la moitié. L'écriture est magnifique. D'une fausse simplicité. Même en traduction. J'ai été gênée par l'aspect haché. Les thèmes sont très intéressants mais c'est trop court. Le temps que je comprenne, et c'était fini. J'ai beaucoup aimé "Le Congrès", moi qui travaille dans la recherche, j'ai vu des situations comme ça où des gens mettent tout dans quelque chose qui n'aboutit pas. Souvent on part dans des chimères pour le plaisir de faire autre chose. J'ai aimé le "Stratagème", la situation alambiquée est bien vue. J'ai aimé aussi l'histoire du type qui a décidé de faire un assassinat politique et ne lit plus rien ; l'idée de la force qu'il faut pour prendre une décision. Au café, il hurle "Vive le Président !" alors que 2h après il l'assassine… Il y a une grande finesse, mais la forme me gêne.
Florence
Aujourd'hui, au lieu de relire Le Livre de Sable, je suis allée à la plage… J'avais envie de légèreté, et avouez que la lecture de Borges, ce n'est pas des vacances ! Bizarrement, à vous entendre parler de ces nouvelles, je me rends compte à quel point elles me sont familières. Je croyais les avoir oubliées et voilà qu'à la moindre évocation, je me retrouve enfermée dans ces labyrinthes mentaux qu'il a construits pour nous et dont nous ne sortons jamais tout à fait, même des années après y avoir pénétré. En fait, j'ai des sentiments très ambivalents pour Borges. D'abord, je trouve l'homme foncièrement antipathique, vivant dans sa tour d'ivoire, au-dessus des préoccupations du commun des mortels. Il est resté directeur de la Bibliothèque Nationale pendant la dictature, et, à ma connaissance, n'a jamais fait la moindre déclaration pour la condamner. D'ailleurs, s'il a un profond amour pour l'Argentine des années 20, on sent bien qu'il se désintéresse totalement de la vie de ses contemporains. En réalité, ses sources d'inspiration et ses références viennent beaucoup plus du monde anglo-saxon et germanique que du monde latin. D'où l'abstraction, la construction mentale et l'absence quasi-totale d'affectif et de sensualité…
Et pourtant, Borges n'en reste pas moins fascinant pour moi. Je vais me plonger dans le petit livre d'A. Manguel car j'ai envie d'en savoir plus, sur sa mémoire infaillible, son érudition, ses coquetteries d'écrivain célèbre. Et puis, il faut bien reconnaître que si l'on se met à le lire sérieusement, en essayant de comprendre vraiment, en cherchant les références, ça prend du temps, certes, mais ça nous mène loin et on en sort (ou pas ?) plus intelligent, non ?
Cristina
Pour moi Le Livre des sables est comme un voyage dans le temps ; sauf peut-être "There are more things", qui est un conte de mystère un peu Agatha Christie, le reste des récits nous emmènent dans un monde fantastique fascinant. Comme tous les contes, ils racontent des histoires, mais il y a toujours le point de départ dans la réalité pour arriver à une surprise que le lecteur ou lectrice attend quand même et après cette tournure, la narration devient fantastique. L'écriture me rappelle d'autres livres d'auteurs comme Pere Calders ou Quim Monzó (écrivains catalans). Je comprends que certains lecteurs pensent qu'il s'agit des contes écrits pour des personnes avec un bagage culturel important qui puissent déchiffrer les symboles et les références à la mythologie qu'on trouve constamment. À mon avis, dans les histoires, il y a beaucoup de l'autobiographie de Borges, puisque son père était prof d'anglais et il voulait que son fils soit écrivain, donc il a pu se consacrer sa vie à étudier. Même quand il était déjà un ancien, il apprenait toujours des langues étrangères. Le monde imagé où il veut nous amener est fruit de cette vie d'homme cultivé. Les références à des livres anciens et d'autres questions érudites peuvent être un obstacle à la lecture. Mais ça dépend du lecteur/lectrice, car on peut aussi sauter ces obstacles et continuer le fil de l'histoire sans plus. Ça vaut le coup de prendre ces citations comme le fruit d'une éducation et de la volonté de savoir encore plus, d'arriver plus loin aussi dans l'imagination. Une autre chose que j'ai aimée, est le questionnement et la déconstruction par rapport à la Bible et aux bases de notre culture. Actuellement, je suis en train de lire Fictions, un autre recueil de contes de Borges, cette fois-ci avec une thématique plus proche des relations humaines, et plus éloignée des conflits de pouvoir (par exemple "Le congrès", ou "Le suborn" construisent leur base dans le concept du pouvoir et l'influence de certains hommes sur les autres). Le conte "L'autre" m'a fait réfléchir sur le hasard des personnes qui se ressemblent sans le savoir. Nous ne sommes pas "uniques et irrépétibles", mais l'on s'imprègne de notre entourage qui nous fait aussi être qui nous sommes.
Jean-Pierre du Morbihan
Ce livre de sable s'est perdu dans celui que saupoudre le marchand, et qui ne fait pas que fermer les yeux des enfants. Impossible en effet pour moi de finir de lire cette œuvre. Je sais bien que c'est la loi du genre qui saucissonne les recueils de nouvelles. Mais justement, dans le nombre, on peut espérer en trouver au moins quelques-unes qui plaisent ou intéressent. Ce ne fut pas le cas pour moi. L'ésotérisme et l'étrange ne se justifient que lorsqu'ils sont mis au service du sens et du récit, me semble-t-il. Rien de tel dans ce livre que j'ai trouvé parfaitement inconsistant, vide et oiseux.
Quand je constate, éberlué, que ce type de production trouve des éditeurs, je comprends comment les présentoirs des livres offerts à la vente sont pleins. Épurés de tels navets, j'ai le sentiment que les grandes surfaces disposeraient sans conteste de davantage de place pour leurs lessives et crèmes de soin.
Ironie du sort, en lisant la quatrième de couverture, où il est dit que l'auteur n'écrit pas plus pour l'élite que pour les masses, je souris. Car les quelques nouvelles que j'ai lues sont parsemées de citations et de références à des personnes, des lieux et des faits probablement connus du seul auteur, et en tous cas effectivement pas de la masse dont je m'honore de faire partie. Bref de bref, livre fermé, complètement, avec le secret espoir de lire bientôt, et jusqu'au bout, une production plus soucieuse de ses lecteurs, ou du moins qui ne ferait pas que tourner autour de son nombril avec le risque de tomber dedans, et qui raconte, enfin, une histoire.
Jessica
J'ai eu beaucoup de mal à finir le livre qui, pourtant, par le titre m'attirait. Je n'y ai trouvé aucun intérêt, trois nouvelles ont été éclipsées. S'il fallait conserver au moins quelque chose, je garderais "L'autre", "Le miroir et le masque" ainsi que les deux dernières nouvelles pour lesquelles j'ai eu un bref intérêt. Demain, j'aurai tout oublié, à part les deux heures perdues à la lecture de ce livre.
Mon
J'ai cheminé difficilement à travers ces nouvelles… étonnée et déroutée par leur diversité. Diversité dans le temps : du moyen-âge nordique au futur, diversité de ton, de personnage principal. Certaines se perdent en digression ennuyeuses, d'autres s'arrêtent abruptement avec un parti pris de brièveté agaçant. J'en ai aimé pourtant deux. "There are more things" qui me rappelle Poe ou Hawthorn, et "Le disque" et même "Le livre de sable" ? Il me semble que Borges ne se prend pas au sérieux (impression toute personnelle !) et pourtant qu'il semble sous entendre un "message" religieux ? ou philosophique ?
Michèle
Livre refermé très vite. Aucun intérêt.
Maryvonne
Ai commencé à le lire et l'ai perdu !
Lil de plum'
L'érudition de Borges est là, certes, (parfois trop présente, pour ne pas dire pesante), mais j'entre, difficilement, dans ce genre littéraire qu'est le fantastique. On "funambule" sur l'étroite frontière entre rêve et réalité, souvent déséquilibré sous le poids des références de tous ordres, jusqu'à tomber : cf. "le stratagème", d'un ennui mortel !
Borges dit qu'il écrit, essentiellement, pour lui, pour adoucir le cours du temps…. Ce doit être vrai, car le plaisir qu'il éprouve à élaborer ces récits, est palpable. Son ego semble, aussi, en retirer grand profit… Pour tout dire, le personnage ne m'est pas éminemment sympathique. Certaines nouvelles, dont l'amorce me paraissait alléchante, m'ont laissée dans une grande frustration, une espèce de " flop " final qui me faisait regretter d'avoir lu jusqu'au bout. J'ai eu l'impression de me faire avoir ("There are more things , "La secte des trente", "UNDR"). Quant au style "simple", dixit l'auteur, ça ne m'a pas paru toujours le cas : cf. dernière phrase de "Ulrica", par exemple ! Cependant, j'ai bien aimé "La nuit des dons" qui m'a semblé une intéressante réflexion sur l'impact du temps, de la mémoire, dans la transmission de faits anciens et de l'inévitable évolution/transformation des évènements au fur et à mesure de leurs successives relations (interrogation sur la réalité, la vérité…).
Et pour terminer sur une note très optimiste, je citerai la seule nouvelle qui ait vraiment retenu mon attention "Avelino Arredondo", mais elle relate un fait historique bien réel, ce qui explique, sans doute, pourquoi j'ai accroché. En fait, j'ai eu beaucoup plus d'intérêt à lire le petit livre d'Alberto Manguel (merci à la personne qui nous l'a recommandé), livre éclairant sur Borges, sa vie, son contexte familial, sa mémoire colossale, son amour des mots, sa culture encyclopédique, et aussi, son racisme ordinaire (dont on retrouve des traces dans "Le Congrès" à propos des Basques et d'un personnage noir). Ce petit livre m'a aidée à mieux comprendre le pourquoi et le comment des 13 nouvelles du Livre des sables. Merci encore.
Claude
J'ai essayé de m'intéresser au livre en bonne élève et ai abordé le début de chaque nouvelle avec appétit, mais j'ai été constamment déçue au fil des pages. Comme beaucoup ici, j'ai été gênée par la profusion de références.
Nicole
J'étais contente de lire enfin du Borges, n'ayant lu que des éloges à l'égard de ses livres. Catastrophe ! Je me suis ennuyée. L'amoncellement de références m'a irritée et l'impression de racisme rampant n'a pas arrangé les choses.
Alors pourquoi un quart ouvert ? Pour les trois nouvelles qui ne m'ont pas ennuyée : "Avelino Arredondo", "Livre de sable" et "Utopie d'un homme fatigué". J'ai lu le livre d'Alberto Manguel après avoir lu les nouvelles et malgré l'éclairage qu'il apporte sur le "personnage Borges", je n'ai pas du tout eu envie de les relire.
Désirée
Le Livre des sables m'a passionnée. Ça fait déjà un petit moment que je l'ai lu (ou dévoré, plutôt), et mon impression générale est très, très bonne. Je me souviens mieux de "L'autre" ; j'ai trouvé très intéressante la matérialisation de la rencontre entre le conteur aux 70 ans et lui-même quarante ans avant. Je pense que c'est quelque chose qui peut arriver dans la tête de n'importe qui, le fait de dialoguer ou de se voir dans le passé ou de penser sur comment serons-nous dans l'avenir, mais dans le récit ça se passe à l'extérieur et avec beaucoup de naturalité. Au fil de la lecture j'ai réalisé que l'auteur parlait avec des sujets universels ; c'est sûr que les citations à livres ou à cultures qu'on ne connaît pas donnent un ton d'érudition un peu dérangeant, mais elles sont peut-être aussi inventées, pourquoi pas ?


Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

 

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