Alfredo Bryce Echenique
La vie exagérée de Martin Romana

Nous avons lu ce livre en avril 2003.

Monique
J'ai lu les 80 premières pages qui ne sont pas ennuyeuses mais je ne suis pas emballée. La description de la façon dont il est pris dans une certaine idéologie est intéressante et l'aspect humoristique est un peu stéréotypé. Je ne suis pas encouragée à continuer la lecture qui s'arrêtera là, à la page 80. Le livre est trop long.

Jacqueline
Je l'ai lu jusqu'au bout. C'est long, baroque, humoristique au début et lourd à la fin. Il y en a trop. La visite de la mère, la rencontre du héro avec l'écrivain et même le traducteur sont amusantes ainsi que la description des étudiants sud-américains. Malgré tout, le livre manque de matière "mais se lit bien".

Françoise
Le narrateur est attachant et agaçant à la fois. Il y a des passages drôles (la digression sur le chien et le frigidaire à propos du mariage), poétiques (quand il explique " la combe "), émouvants (l'histoire d'Enrique). Il y a aussi pas mal de répétitions. Le parti pris des retours en arrière et des bonds en avant est parfois un peu lassant. Cependant, la forme du récit reflète bien l'état d'esprit du narrateur, confus, amoureux, " fou ", qui redevient petit et perd ses pantalons… Les références à Hemingway et sa façon d'évoquer l'écrivain Bryce-Echenique sont plaisants et bien trouvées. C'est très vivant. Il nous montre très bien comment un couple peut continuer à s'aimer et se défaire à la fois (p.514). J'ai bien retrouvé aussi " l'esprit 68 ", son terrorisme intellectuel (nous, si on ne baisait pas tous les jours, on n'était pas radical, si bien que celui qui n'avait pas de partenaire…) et la soudaine toute-puissance de la psychanalyse (mal digérée) etc. Pour autant, il me semble que le récit aurait gagné en intensité s'il avait été plus ramassé, moins digressif.

Brigitte
De prime abord je n'ai pas aimé la couverture du livre : beurk ! Puis j'avais peur de m'ennuyer avec ce type dans son fauteuil Voltaire. C'est lorsqu'il en sort que le livre a commencé à m'intéresser et surtout une phrase : "comme cela se produit souvent à Paris, le printemps arriva, mais l'hiver continua comme de rien n'était ". C'est ce qui se passait à ce moment là à Paris avec un temps glacial en plein mois d'avril ! J'habite également le quartier parisien de Martin Romanã, à 50 mètres de la place de la Contrescarpe. La folie du héros lui permet de vivre dans un monde qui est lui même fou, par exemple la scène du curé (qui m'a parue invraisemblable). Il vit 68 avec beaucoup d'humour. Ce livre a beaucoup de remarques intelligentes, il est fin mais il ne correspond pas à ma culture. C'est une bonne lecture pour le métro mais c'est assez laborieux. La dernière partie m'a semblée meilleure que le commencement. Je ne parle pas de la vraie fin, où il fait intervenir Bryce-Echenique. Ça, on aurait très bien pu s'en passer! Mais j'ai beaucoup aimé la description de la dépression nerveuse du narrateur : comment elle s'installe sournoisement, puis le déclenchement à la mort de son ami Enrique Alvarez de Mazaneda, ensuite la dépression elle-même et toutes les péripéties de la maladie fécale, qui accompagnent son retour à une meilleure santé. Même si elle n'est pas très vraisemblable, j'ai aimé lire le déroulement parfois cocasse et drôle de cette maladie fécale. J'aime aussi la description, dans la longue durée, de sa relation avec Inès. Jamais on ne pénètre dans l'intériorité d'Inès, mais on finit par la connaître assez bien avec son long cou et ses loucheries.

Martine
Je l'ai lu jusqu'à la page 127. J'aime la littérature latino-américaine, mais finalement je n'ai pas accroché. Les histoires compliquées du héro m'ont fatiguée, j'avais autre chose à faire ! Le personnage ne m'intéresse pas, sa passivité face aux événements m'énerve. Enfin, j'en ai assez des romans complaisants et de 68. C'est un livre trop long !

Claire
Cet auteur a un réel talent d'écriture, mais je trouve qu'il est difficile de tenir la route de 670 pages sans autre enjeu apparent que (se) raconter. J'ai sauté de la page 280 à la page 618 et j'ai eu l'impression de n'avoir aucune difficulté à me raccrocher à la suite... Cette logorrhée, encore une fois pleine de talent, me semble avoir quelque chose de puéril comme le héros. Celui-ci dit par rapport au lecteur, p.648 : "on pense que son devoir est, après tout, de raconter. Et non pas pour terminer un livre. Que diable cela peut-il faire de ne pas terminer un livre, si la vie est remplie d'exemples sans début ni fin, et d'histoires sans queue ni tête". Il me manque l'impression de sentir un projet autre que "moi qui suis si formidable dans le fond malgré mes faiblesses si touchantes, je vous raconte mes p'tit' histoires à moi qui sont si marrantes et émouvantes et vous avez vu comme je les tourne de façon vraiment spirituelle et délirante et 670 pages ne sont pas de trop pour ça".


Liliane
J'ai eu du mal a trouvé le livre qui est épuisé chez l'éditeur. Je l'ai lu jusqu'à la page 200 et jusqu'ici, j'aime bien. Je ne vous cache pas que j'ai beaucoup ri par exemple lors d'une noyade où Martin garde le sourire entre deux vagues. Mais j'ai peur que mon intérêt se délite, j'en suis au voyage de noces. J'apprécie beaucoup le style, le choix des épithètes, la critique de la révolution obligatoire. Cela fait prendre de la distance par rapport aux modes intellectuelles. Le narrateur fait de l'autodérision et l'enjeu n'est pas énorme. J'attends de voir si je vais continuer d'aimer.

Geneviève
Je l'ai lu à la montagne pendant mes pauses de randonnées. Le début me plaisait mais ensuite j'ai trouvé que ça tournait en rond. Je me suis laissé prendre par l'aspect loufoque, délirant, extravagant du héro et du récit. J'ai beaucoup aimé la période 9ème étage, la description du milieu latino-américain militant, la tendresse du héro et son rapport avec les femmes. Il reste de ma lecture plein d'images. Mais je trouve que le livre est répétitif et je ne l'ai lu qu'aux deux tiers mais en survolant pas mal de passages.

Manuel
Je n'ai pas terminé la lecture du livre mais j'aime beaucoup le récit de ce fou, il me reste plein d'images comme la malle qui coule. C'est vrai qu'on assiste à une succession de petites saynètes qui dans l'ensemble ne forment pas un tout très cohérent mais je trouve que la lecture est plaisante et drôle. J'attends de voir, sur les conseils de Claire, si je ne vais pas m'ennuyer pour donner un avis définitif.

Marie-Jo
J'ai ri de bon cœur au début. Mais tout est vu par le petit bout de la lorgnette. Mai 68 rien que par les anecdotes... Je n'ai pas eu envie de continuer.

Fernando
J'aurais voulu vous dire mon souvenir d'un livre qui a été très important pour moi : son ton, la liberté de construction et la capacité (rare à l'époque) de désacraliser le récit politique pour faire place aux faiblesses et échecs d'un être comme tout le monde, l'humour et la tendresse en plus. Quand les écrivains latino-américains se devaient d'être très politiques, très souffrants et très machos, Bryce revendiquait une forme de féminité à la quelle j'étais sensible (je vous prie de ne pas me demander ce que féminité peut signifier). Mais après avoir lu le compte rendu je crains qu'une relecture aurait pu être cruelle. Déjà à l'époque j'étais agacé par la longueur de certains passages.

Katell:
La lecture des avis m'a rappelé que lorsque j'avais essayé de lire ce livre, ça m'avait barbée et j'avais abandonné. L'avis de Liliane et de Manu ne me rendront pas plus courageuse !

 

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Dans la solitude d'un fauteuil Voltaire qui vaut bien la chambre de Proust, Martin Romanã narre ce que furent ses états d'âme et ses malaises organiques.