Quatrième de couverture
 : Après avoir évoqué les deux émouvantes figures que sont sa mère naturel et sa mère adoptive, l'auteur relate succintement son parcourt : l'enfance paysanne, l'école d'enfant de troupe, puis les premières tentatives d'écriture.
Charles Juliet
Lambeaux

Nous avons lu ce livre en novembre 2001.

Manuel
Ce livre me laisse perplexe. Je ne sais pas si je l'ai vraiment apprécié ou pas. Ces deux destins qui s'opposent sont poignants. J'ai trouvé qu'il y avait une grande qualité de narration mais au détriment d'une certaine spontanéité. On perçoit que le choix de chaque mot a été longuement pensé. De même que la décision de traiter tout le roman à la seconde personne : ce choix se tient dans la première partie, mais pas vraiment dans la seconde partie. Pourquoi l'auteur parle de lui également à la seconde personne ? Ce que je reproche à ce livre c'est son côté "fabriqué": le roman est en deux parties, avec ses oppositions et ses points communs. J'ai beaucoup apprécié la fin qui termine le livre sur une note (enfin) optimiste et qui renvoie au parcours de l'auteur lui-même (cf. interview). La soirée mériterait de se tenir en soirée de bure, pour être à l'unisson du livre…
Liliane
Je partage l'avis de Manuel. J'avais lu Attente d'automne en trouvant cela fleur bleue. Je retrouve dans Lambeaux une sensibilité féminine. Si la fin vire au pathos, à l'élégie, le début passe bien, est sobre, bien ancré dans la réalité. La première partie m'a touchée, et j'y ai vu des ressemblances avec la vie de ma mère. J'ai été conquise par la façon de mettre des mots si justes à propos de cette femme. La deuxième partie est plus abstraite, plus démonstrative, moins convaincante. Je ne crois pas à l'happy end.
Jacqueline
Ce livre m'a beaucoup touchée et j'y retrouve aussi des éléments personnels. Le contenu, au-delà de l'aspect pathétique de l'histoire, est très fort d'émotion. Je suis très sensible à ce tu, qui n'est qu'un je qui se cherche. Il y a un retournement dans la deuxième partie, une belle pudeur. C'est un grand livre.
Sabine
Je connaissais déjà Charles Juliet, et j'avais un a priori plus que positif en abordant ce livre. Le titre lui-même est très fort : le livre " recoud" en quelque sorte ces morceaux de vie. La première partie est plus poignante et m'a rappelé le livre d'une journaliste de Libération, Les chênes verts, où était évoqué le triste destin d'une enfant anormale et la façon dont la famille la rejetait. La condition des gens enfermés dans les HP jusqu'en 1945 (et sûrement même après) est incroyablement scandaleuse (j'ai aussi repensé à Camille Claudel). Je trouve que Juliet a su pénétrer dans l'âme de cette mère qu'il n'a pratiquement pas connue. Il parle d'elle avec une émotion toute féminine ; il a tout compris de sa détresse de femme et je trouve cela extraordinaire. Le choix d'une narration à la deuxième personne n'est pas inintéressant : rapprochement avec sa mère pour la première partie, distanciation avec lui-même dans la seconde. Cette deuxième partie est aussi très belle, mais elle m'a moins intéressée puisque j'avais lu L'année de l'éveil où sont évoquées ses années d'enfant de troupe. Je suis donc une "juliettiste" convaincue, mais Bobin, dans le même genre, me séduit davantage.
Monique
Je l'ai lu rapidement. Le tu adressé à sa mère est trop utilisé. Comment l'auteur a-t-il pu reconstruire la vie de sa mère, elle-même enfermée dans un silence parmi les siens ? Et cette béance causée par le suicide de la mère ? Je suis touchée par l'histoire de la mère, tellement touchée par des souvenirs personnels, que je le rejette, comme une boue remuée. L'auteur doit avoir quelque chose de terriblement attirant pour avoir ainsi suscité de tels attachements : sa deuxième mère, la femme du capitaine, sa compagne.
Loana
Je n'ai pas aimé du tout. L'auteur a la chance d'avoir une vie "forte", il en fait quelque chose de niais. Je me suis emmerdée.
Brigitte
La première partie est bien, avec un style sans effet et sonne authentique. Dans la deuxième partie, l'auteur n'a pas osé parler de lui d'une manière aussi profonde qu'au sujet de sa mère. Le sujet est vraiment intéressant : le déterminisme, l'illusion de diriger sa vie. Le livre décrit cette impossibilité à diriger son existence. L'évocation de la lecture de la Bible qui nourrit sa mère est magnifique.
Catherine
Je n'ai aimé que la première partie. Je suis restée très distante par rapport à l'écriture. Il y a une pudeur sur ce travail analytique dans la deuxième partie. Mais quel est le but de ce livre ? Je ne comprends pas, je suis très heureuse pour l'auteur, mais pourquoi ce besoin d'écrire sa démarche ?
Françoise
Au début, je me suis dit que j'allais me lasser de ce style monotone et distancié, mais je m'y suis vite habituée, sans m'ennuyer, comme une musique de fond qui vous berce. En abordant la 2ème partie, j'ai été gênée qu'il garde le même ton et la même forme non pas pour s'adresser à sa seconde mère, mais pour parler de lui-même à la deuxième personne. Et puis finalement je m'y suis habituée aussi ; bien évidemment c'était un choix, délibéré, afin que ce lui-même qu'il décrit, entre ses deux mères, soit aussi distancié par rapport à l'homme et l'écrivain qu'il est devenu. Il marque le chemin parcouru, vers sa libération. Ceux qui ont lu L'année de l'éveil connaissaient déjà une partie de ce vécu, mais là il est mis en perspective et on appréhende totalement son parcours et son évolution, sa démarche obstinée et douloureuse. Sa (re)construction. Son style est en parfaite adéquation avec sa personnalité. Je me suis surprise à faire le parallèle avec Genet en ce que tous les deux sont des enfants abandonnés et recueillis par des mères adoptives aimantes. Ce sont deux écorchés vifs, mais tandis que l'un mue sa souffrance en agressivité extravertie et haine de la société, l'autre se livre à l'introspection, le travail sur lui-même et arrive à trouver un équilibre, une libération. Bien sûr, ce genre d'exercice a ses limites -il n'y a pas deux vécus identiques- mais je suis tentée de pousser la comparaison jusqu'au style de l'écriture, flamboyant de l'un et très retenu, très sobre de l'autre. Le livre de Juliet mérite attention et réflexion, il est émouvant, il demande une certaine maturation, c'est une séduction lente.
Claire
J'avais un a priori négatif : auteur sombre, sacralisation de l'écriture, etc. Or la première partie m'a complètement rétamée. La deuxième renouvelle l'intérêt. C'est pour moi un grand livre. Mais dans l'écriture, je vois des faiblesses, qui ôtent le côté "diamant" qu'elle pourrait avoir : le recours trop systématique aux phrases sans verbe et des considérations très plates. L'auteur doit être mortel à vivre et ne doit pas aimer les Deschiens…
Sandrine
C'est la quatrième de couverture qui m'a donné un a priori négatif. Mais dès le départ j'ai été touchée par la simplicité des mots. C'est un travail méticuleux, d'une grande sobriété, avec une pudeur. J'ai été sensible à la dimension d'espérance à la fin, avec cette démarche volontaire.
Christine
J'ai été saisie par la gravité du ton de ce livre, qu'on ne doit sûrement pas lire à la va vite, ai-je eu l'impression. Le tu nous force à nous impliquer ; il tisse un lien entre la mère et le fils. L'idée de fabriquer sa mère pour se construire lui-même est très forte. Je me suis posé la question de la vérité de cette construction : ce mystère est stimulant. L'écriture est forte et donne l'impression que le narrateur est témoin de situations qu'il n'a pas vécues. Il rejoint aussi sa mère dans le combat avec la folie. Le livre est bien construit. Avec sa mère, il crée un grand personnage.


DES INTERNAUTES NOUS ONT ENVOYÉ LEUR AVIS


Marie-Christine
J'ai découvert cet ouvrage il y a 3 jours (en fait la première partie). C'était lors d'une "lecture théâtralisée" par une comédienne de la compagnie Les trois huit de Lyon. Ce spectacle était donné dans la petite salle de La ferme du Vinatier, l'Hôpital psychiatrique de Lyon. Les deux premiers rangs de spectateurs étaient occupés par des malades... les autres par des spectateurs en bonne santé mentale paraît-il.
J'ai été scotchée par la performance de l'actrice !! et profondément touchée par le personnage de la mère. Je connais bien la région où elle a vécu ; je connais bien la souffrance de grandir dans un milieu pauvre, replié sur lui-même et avec lequel toute communication est impossible. Je sais l'angoisse que génère cette solitude ; cette sensation d'être différente, cette peur de déranger et de ne pas être acceptée. J'ai vécu ce long monologue intérieur, et j'ai connu cette flamme de vie qui lutte contre l'envie de s'endormir pour toujours et pour échapper à cet enfer. J'ai connu aussi l'hôpital psychiatrique de Bourg où ma mère a été internée (dans de meilleures conditions que celle de Juliet car 40 ans plus tard, donc à une époque où la camisole chimique avait déjà remplacé l'autre !!). Mais j'ai eu la chance d'être la dernière de 5 enfants ; et lorsque j'ai passé mon certificat d'études, je ne suis pas allée à l'usine comme les autres, mais au CEG qui venait d'ouvrir ses portes. Et bon an, mal an avec les bourses et la pension de mon père enfin reconnu invalide après des années de galère, je suis arrivée au bac, et j'ai trouvé un boulot pour poursuivre le financement de mes études. Je suis aujourd'hui professeur. C'est l'école qui m'a sauvée, je lui dois tout ! J'essaye d'être un professeur stimulant et convaincant. Mon métier, des lectures comme dont nous parlons me soutiennent quand remonte en moi l'envie de m'endormir pour toujours. Certains appellent cela la résilience. Juliet a soufflé sur ma petite flamme cette semaine et je lui en suis redevable. Si vous êtes de la région lyonnaise ne ratez pas la création de cette pièce par la troupe Les trois huit à l'automne 2005.

Denis
La première partie est bien, pleine de sentiments mais trop triste à la fin. Quant à la deuxième partie, il ne raconte pas la vie de sa deuxième mère mais sa propre vie : c'est inadmissible !!!!

Pauline d'Amiens en classe de cinéma
J'ai étudié ce livre en classe de première L et ce livre me touche. Je m'identifie facilement aux héros, c'est un livre intéressant à étudier et à lire sachant que la lecture n'est pas une de mes passions. Ce livre est à lire je le recommande. Cependant je n'ai pas aimé la seconde partie. La fin de la première est percutante et pousse à faire réfléchir le lecteur qui se retrouve face à la vérité de l'histoire de France. Je n'aurai plus qu'un seul mot : LISEZ CE LIVRE...

Ouassila
Ce livre m'a particulièrement touchée, surtout la première partie où il raconte la vie de sa mère avec une émotion toute féminine, on voit bien dans cette première partie que Juliet à tout comprit de la détresse de sa mère et qu'il a su la retranscrire avec émotion, sans même l'avoir connue. De plus, pour ajouter à cela, on constate que le titre choisi par Juliet est significatif. En effet, il traduit la fragmentation de cette vie qui est cependant "recousue" par le livre. Pour en venir à la deuxième partie, elle aussi est intéressante mais est toutefois moins attractive que la première selon moi, peut-être parce qu'il nous parle pas de sa mère adoptive avec profondeur comme il a su le faire avec sa mère.
Pour conclure, je dirais que Lambeaux est un livre fort intéressant qui ne peut que être lu ! Mais une question me taquine tout de même : comment Charles Juliet a-t-il pu reconstruire la vie de sa mère, elle-même enfermée dans un silence parmi les siens ?

Amélie
Pour commencer j'ai lu les commentaires des lecteurs comme Loana et je ne trouve pas ses remarques particulièrement pertinentes. Pour parler de Lambeaux j'ai adoré ce livre et malgré mon jeune âge j'ai été très touchée par ce qu'a vécu l'auteur. Je me sens très proche de lui particulièrement dans la deuxième partie. Mais je pense personnellement qu'il faut avoir vécu quelques difficultés personnelles pour pouvoir comprendre le besoin de se confier de l'auteur et tout le reste.

Pauline
Lambeaux est l'œuvre que j'étudie en ce moment en classe de première L. A ma première lecture, cette œuvre était tout simplement banale, avec l'histoire d'une mère décrite par son fils en mal d’amour. Première impression totalement fausse : ce livre est un régal depuis que j'ai compris le but de cet auteur celui de faire "parler" sa mère souffrant d'un non-dit et par cela se connaître. Un livre débordant d'amour avec un grand Hommage de la part de l'auteur à tous ceux qui ne peuvent s’exprimer, à ceux et celles qui souffrent d'une aphasie. Une œuvre particulièrement touchante que je ne cesse de répéter. Une œuvre à lire.

Gérard
J'ai été amené à lire Lambeaux dans l'optique d'un stage d'enseignants sur la lecture où cet ouvrage devait être évoqué (académie de Nice). Je ne suis jamais parvenu à goûter cette œuvre qui m'a horripilé par son côté auto-flagellation permanente. Ce n'est pas Charles mais Cosette Juliet... ou Caliméro !!! Je m'étonne de voir cet auteur si souvent étudié au collège, au lycée, voire à l'université. C'est un écrivain fort besogneux de l’écriture (il le dit lui-même) et qui fait de la macération. En cela il peut, à la rigueur, être cité comme un exemple de réussite auprès de nos élèves qui éprouvent, eux aussi, tant de mal à écrire... En fait ce doit être plus simple que cela : il est très en avance sur son temps et je n'ai rien compris !

Violette
C'est en cours de français que j'ai découvert le livre Lambeaux. En effet, mon professeur nous l'a imposé dans le but d'enrichir notre culture littéraire. J'avoue que lorsque je l'ai acheté j'étais un peu sceptique. D'abord ce titre "Lambeaux", qui ne m'évoquait rien puis le fait que ce soit une autobiographie. Je craignais l'ennui. Pourtant, à la lecture de la première page, j'ai tout de suite adhéré au texte. Ce choix d'énonciation particulier m'a interpelé : le "tu" de la première partie permet à l'auteur de se rapprocher de cette mère qu'il n'a pas connu. Le "tu" permet aussi au lecteur de se sentir plus proche de la mère. Le destin de cette femme est épouvantable. Elle n'a presque jamais connu le bonheur. Lorsqu'elle l'a effleuré (la rencontre du garçon dans la forêt), il s'est évaporé du jour au lendemain, la ramenant brutalement à sa triste vie. En partageant son mal-être et en s'identifiant à cette figure, le lecteur éprouve émotion, compassion et mélancolie.
Dans la deuxième partie, le "tu" est toujours employé mais cette fois-ci c'est l'auteur qu'il désigne. J’ai aussi adoré cet autre passage. Ce nouveau choix énonciatif particulier a un but différent du premier. Effectivement, cette fois-ci c'est un effet de distanciation qu'il créé en choisissant de ne pas employer la première personne.
Ne serait-ce pas un moyen de renier sa propre existence ?

Alice
C'est un roman qui m’a particulièrement touchée par son histoire émouvante. J’ai pu ressentir toutes les émotions que l’auteur a voulu faire passer. Cette tristesse déchirante d'une vie où l’on ne trouve plus aucun sens, cette sensation d’être emprisonnée, d’être déchirée en deux, en lambeaux, de ne plus savoir qui l'on est réellement. Cette dualité intérieure qui nous tire vers le bas. Des mots qui ne peuvent exprimer ce que l'on ressent au fond de notre cœur. Quelque chose d'indescriptible… L’auteur, selon moi, a très bien su l'exprimer par son écriture tout à fait originale, marquée par de nombreuses phrases nominales, des phrases courtes, ou d’un simple mot qui vient pointer sur le cœur.
En narrant ces deux histoires, l’auteur a voulu graver en lui le portrait de ses deux mères, leur dire ce qu'il ressentait au fond de lui, comme dans une lettre, le “tu” qui s’adresse à la fois à sa mère biologique, à lui-même et à nous, lecteurs. Il réussit à nous toucher et à nous faire comprendre le pourquoi de ce livre. Un livre qui remercie ses deux mères, l'une de l’avoir donnée la vie et l'autre de lui avoir donné de l'amour. Malgré des passages douloureux, l'auteur a su ainsi regarder au-delà des imperfections de la vie, car aujourd'hui il est heureux de ce qu’il est. Et ce qu'il est aujourd’hui, c'est son passé qui l’a construit, ce sont ses épreuves qu'il a traversées qui ont fait de lui un homme heureux, un écrivain épanoui. Chaque jour est un présent, un cadeau, où toutes les montagnes peuvent être surmontées. Voilà, selon moi, le message qu'il a voulu nous donner et qu'il a très bien fait passer.

Nos cotes d'amour, de l'enthousiasme au rejet :
                                        
à la folie
grand ouvert
beaucoup
¾ ouvert
moyennement
à moitié
un peu
ouvert ¼
pas du tout
fermé !

 

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