Quatrième de couverture : Gustave FLAUBERT (Rouen, 1821 - Croisset, 1880), fils et frère de médecins éminents, se consacra à la littérature, entraîné par une vocation irrésistible. Il voulut renouveler l'art du roman que Balzac et Stendhal avaient, semble-t-il, porté aux extrêmes limites de sa puissance. Pour réaliser une si haute ambition, il se forgea un style à la fois éclatant et sobre, construisant ses récits avec un art admirable, qui consacra sa renommée dès la publication de son premier ouvrage, Madame Bovary, en 1857.

Bouvard et Pécuchet est le dernier ouvrage de Flaubert. La mort l'a surpris avant qu'il n'en ait écrit les dernières pages. Avec un art paradoxal, le romancier a imaginé d'élever à la bêtise un monument satirique : à travers des scènes d'un réalisme puissant, Bouvard et Pécuchet vont d'expérience en expérience, entassant les erreurs et les déconvenues, ne rencontrant partout qu'ineptie ou méchanceté. L'auteur laisse éclater ici un pessimisme amer et truculent. Il rêvait de compléter son récit par un "Dictionnaire des idées reçues", où il aurait rangé toutes les sottises qui peuvent échapper même aux meilleurs esprits ; mais il n'eut pas le temps de mettre au point cet ultime projet. Bien qu'inachevé, Bouvard et Pécuchet reste une peinture pleine de verve des mœurs normandes, d'un comique souvent impayable, ce qui n'exclut pas d'ailleurs, à chaque page, une finesse et une sensibilité qui révèle un grand artiste.

Gustave Flaubert
Bouvard et Pécuchet

Nous avons lu ce livre en mars 1996.
Nous avons failli le relire en 2016 : il fut programmé mais déprogrammé... Il réussira à être admis en 2021...


Liliane
Je l'avais lu il y a longtemps sans le terminer. J'ai relu les deux premiers chapitres, ce qu'il y a de mieux, un vrai régal ! Mais l'impatience m'a prise, le style ne suffit pas... et je n'arrive pas à aller plus loin, c'est trop encyclopédique. Le rythme rapide m'a plu : en deux-trois lignes tout est dit. L'ironie de Flaubert est "fondante", c'est une pure délectation. Les deux personnages ont des caractères différents. Ce n'est pas un roman, c'est un inventaire de situations. Un ennui m'a prise. Je n'ai pas pu tout lire. Ce qui n'a pas été le cas pour Madame Bovary.

Fernando
J'ai lu 50 pages. Il y a une extraordinaire véracité : on voit..., on sent…, c'est moins compact que Madame Bovary. Pourquoi Flaubert a-t-il mis autant de temps à écrire ce livre ambitieux ? Il n'y a pas d'amour. Dans la rencontre entre ces deux hommes, il y a un regard plus dépouillé. La présentation de ces deux personnages est le reflet d'une époque. Les individus donnent un sens à leur existence sans difficulté financière. Y a-t-il de l'humour ou de l'ironie ? Flaubert semble s'être pris au piège, il a été pris de sympathie pour des personnages qu'il regardait d'une manière un peu cruelle. Il y a une évolution, Bouvard et Pécuchet ne sont pas les mêmes à la fin du roman ; les personnages sont imprévisibles ; les deux médiocres du début se sont enrichis. Flaubert disait dans une lettre qu'il faut écrire de manière que le lecteur ne se rende pas compte qu'on se "fout" de lui ; il semblait croire que c'était son livre le plus important. Il aurait eu le sentiment de la vanité de ses efforts.

Christine
Ce n'est pas une écriture haletante, je me suis endormie sur le roman, mais c'est une lecture importante Les personnages vont au bout de leurs obsessions. Ce ne sont pas des Français moyens, ils sont insaisissables. Je trouve que les personnages ne changent pas. Autour d'eux, les gens ne sont pas plus intelligents. Parfois ils ont des succès. Ces originaux sont finalement assez acceptés. Tout est complexe, ce n'est pas caricatural. Le style est incomparable.

Claire
Ma lecture a été d'abord passionnante, puis s'est essoufflée à partir de l'installation. J'ai passé les références des livres… Mon intérêt a été relancé par le thème de l'éducation. On comprend trop vite le projet de l'auteur. Le cœur du livre est épuisé d'une certaine manière. Je ne vois pas en quoi le roman représenterait le XIXe siècle : les personnages pourraient être actuels en lisant les "Que sais-je ?" ? Ce qui est remarquable, c'est leur enthousiasme inépuisable. Mais ils n'ont aucun humour sur eux-mêmes. C'est un livre extraordinaire qui suscite un certain ennui.

Brigitte
C'est un livre atypique. C'est le XIXe siècle, ce n'est pas vraiment l'esprit scientifique, mais ce sont les personnages qui sont dans l'état d'esprit de l'époque. Ce sont deux petits garçons qui sont collectionneurs, qui posent des questions simples. Le roman décrit aussi la médiocrité ambiante. Ils se prennent au sérieux. Une peu d'émotion parfois. Ce sont de vieux enfants. Ils sont une conception de la vie étriquée. Qu'est-ce que la pensé officielle ? Cf. "pensée unique" : Flaubert est novateur en affrontant cette réflexion.

Rozenn
J'ai adoré. J'ai lu par tranche avec la cassette vidéo. La fin est plus claire dans le film que dans le roman. Il y a une progression en rencontrant le doute, le découragement. Idem dans la rencontre avec les autres. J'aimerais vivre de même... Je comprends qu'on puisse s'enthousiasmer pour des recherches scientifiques. Cela s'arrête dès que leur curiosité est tarie.

Sabine
Je suis hyper heureuse d'avoir lu le roman. Il a une dimension baroque. C'est une recherche humaniste (vers le haut), mais tout est profané (vers le bas) : il y a une conjonction de ces deux pôles. J'ai ressenti un énervement à cause de l'aspect fantoche des marionnettes. Les personnages sont très réalistes et puérils et naïfs : ils sont plus des incarnations des idées, frères siamois dans la bêtise. Il leur manque de baiser un bon coup. Le côté dictionnaire m'a ennuyée, mais il y a un aspect aventureux. "Ce fut comme une apparition" c'est un clin d'œil de l'auteur. J'aurais aimé qu'il ait plus d'ironie. Il manipule le lecteur. Je rythme change avec Victorine et les enfants. L'épisode sur l'éducation est drôle. Bouvard et Pécuchet ne sont pas pires que d'autres…


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