La quatrième de couverture : Pour éviter le scandale et protéger les intérêts de leur fille, Bernard Desqueyroux, que sa femme Thérèse a tenté d'empoisonner, dépose de telle sorte qu'elle bénéficie d'un non-lieu.
Enfermée dans sa chambre, Thérèse tombe dans une prostration si complète que son mari, effrayé, ne sait plus quelle décision prendre. Doit-il lui rendre sa liberté ?

François Mauriac (1885-1970)
Thérèse Desqueyroux (1924-1925)

Nous avons lu ce livre en septembre 1990.
Nous lirons ultérieurement Le Désert de l'amour en février 2022.

Sabine a mis ses notes en forme à sa manière...

Séance fort agréable, pas du tout empoisonnée ou macabre (ce sont les 20 ans de la mort de Mauriac). Jacques ne se déclara pas disposé, prêt, que sais-je ? (oh ! Le narrateur se dévoile !) à le lire, même après ces analyses subtiles et inattendues que je vous laisse découvrir...

Brigitte
- J'ai réfléchi… Je ne saurai quoi dire… Hormis les landes et l'empoisonnement, j'ai tout oublié... (Après quelques secondes de réflexion, mais toujours hésitante) je pense que je l'aime… On le lit facilement, on est tenu en haleine.
On apprend finalement, qu'outre ses accointances stendhaliennes, Brigitte se révèle être une mauriacienne dans l'âme :
- J'ai visité sa maison, je l'ai rencontré plusieurs fois.
En fait, ce blocage, ces aphasies momentanées ne sont-ils pas les signes d'un dédoublement ?
- Je dois me reconnaître dans Thérèse, avoue Brigitte.
Sa véritable passion ne fera que croître tout au long du débat.

Claire
Aucun enthousiasme, non, aucune "révélation divine". Livre, dont, elle aussi, ne sait pas trop quoi dire.
- L'histoire est vite oubliée.
À cela se mêle un sentiment d'une compréhension (pauvre Claire) :
- Pourquoi l'a-t-elle empoisonné ?
Claire a relevé des maladresses littéraires.
- C'est certes séduisant intellectuellement, mais l'aspect religieux ne passe pas.
On en revient finalement à Stendhal (c'est pas sa fête, à lui !) :
- Mauriac et Stendhal sont des auteurs scolaires. C'est très bien qu'ils y restent, à l'école !
(Claire est très dure… Elle ne se doute pas combien Henri-Jean, à mes côtés, frémit…)
Bref :
- Résonance limitée, richesses pas immenses, seront ses derniers mots.
Inutile de rajouter qu'elle ouvrira de nouveau son bec bien grand, toute vibrante d'une passion nouvelle… ! (Henri-Jean, que nous ne nous fais-tu pas découvrir !)

Fernando, très attendu, à l'opinion mitigée
- Je suis largement plus favorable au livre. Mauriac est assez près de la réalité. Les personnages ont une "épaisseur" : l'existence de Thérèse va au-delà de la psychologie. Le cynisme, la misanthropie donne une profondeur humaine. Je n'ai pas aimé la préface, et la citation de Baudelaire est assez étonnante. Mais je reste surpris favorablement.

Sabine
- J'ai aimé aussi le livre, qui est plus un livre "universitaire" que "scolaire"... C'est un livre qui semble plus apporter après la lecture que pendant la lecture. C'est le livre de l'étouffement, de l'empoisonnement, du non-dit (syllepse...), du "non fait". Thérèse est anachronique : son côté intellectuel (qui ne peut éclore) tranche avec son milieu social, sa vie. Les personnages sont forts, ils évoluent (Bernard ressuscite après son empoisonnement, physiquement et moralement). J'ai beaucoup apprécié certaines formules : celle-ci, citée (par cœur) par Henri-Jean : "Thérèse admirait que cet homme pudique fut le même dont il lui faudrait subir, dans moins d'une heure, les patientes inventions de l'ombre".
… Patience, patience. Ce sera bientôt le tour d'Henri-Jean…

Marie-Christine
Ne sait plus quoi dire non plus, après tant de réflexions… Puis, d'un coup de rocking-chair, elle s'emporte sur la dimension charnelle chez les personnages de Mauriac :
- Ils sont dégoûtés par la chair, le corps et ses plaisirs (nombreux passages cités).
Marie-Christine a aimé la sobriété du livre :
- En peu de mots, beaucoup de choses sont dites. Il y a une homosexualité latente (Thérèse est amoureuse d'Anne ? => Mauriac aurait, lui-même, eu des aventures homosexuelles). Marie-Christine n'a pas de pitié pour Bernard, au cou rouge ("pur porc…").

Henri-Jean
- "La source du crime est là…" Le dégoût qu'inspire Bernard pousse Thérèse au crime. C'est un livre froid ? Tant mieux ! C'est un livre qui passe les années.
Henri-Jean nous révèle un autre aspect du livre : la solitude et l'absence de sentiments, d'amour.
- Thérèse est incapable d'aimer… Elle a d'ailleurs été élevée par une sourde.
Henri-Jean est aussi sensible aux descriptions de la nature de l'environnement (fenêtre mal fermée).

Séance particulièrement agréable : plus que jamais la lecture des autres aura permis d'enrichir celle de chacun. Tant pis pour les absents…

 

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