L'avis de Mathilde

sur Les vies de papier de Rabih ALAMEDDINE


Lorsque j'ai entamé la lecture de ce livre, j'ai été séduite d'entrée de jeu par cette Libanaise âgée, Aaliya, vivant seule chez elle, à Beyrouth, ancienne libraire et traductrice de romans en arabe.

Dès le début, j'en ai aimé le ton :
- Apparemment distraite, elle commence par nous raconter ses soucis de shampoing qui ont rendu ses cheveux bleus.
- Elle nous interpelle : "Que je vous explique…"
- Son sens de l'humour apparaît quand elle évoque la définition de 2 droites parallèles donnée dans les livres de géométrie d'Arabie Saoudite : "Ce sont 2 lignes droites qui ne se croisent jamais, sauf si Dieu dans toute sa gloire le veut".
Bien plus, on comprend qu'une femme, Hannah, a occupé très tôt une place importante dans sa vie.

Après une telle introduction, j'étais donc prête à suivre Aalya jusqu'à la fin…

Hélas, peu à peu :
- Les citations littéraires (en italique) de grands auteurs (dès la page 20) ont commencé à envahir l'espace du livre, brisant chaque fois ma lecture visuellement et émotionnellement.
- J'ai trouvé que le style était souvent lourd - serait-ce dû à la traduction ? (le titre anglais d'origine m'a d'ailleurs interpelée : "An Unnecessary Woman" = "une femme inutile"…)
- Son histoire avec Hannah est complètement diluée dans un environnement de personnages bien trop nombreux !
- Sans parler des nombreuses digressions qui émaillent le livre.
Plusieurs fois, Aalya se sent d'ailleurs obligée de s'en excuser - comme si elle avait conscience qu'elle s'éparpillait…

De fait, si le côté dense, voire étouffant de ce texte a pour but de rendre compte de l'univers cette femme - enfermée dans ses souvenirs, ne vivant que pour son travail de traductrice (entourée de livres comme un cocon protecteur contre le monde extérieur) - c'est donc réussi ! Mais était-ce bien là le but de l'ouvrage ?

Pour ma part, je dois avouer que j'ai eu du mal à en terminer la lecture…

 

Lirelles a programmé Les vies de papier de Rabih Alameddine en novembre 2021