Extrait du bonus du DVD blu-ray Tous les matins du monde

Tous les matins du monde c’est un film dont j’avais l’envie je crois depuis le début que je faisais du cinéma. Je crois toujours que les films sont une espèce de conjonction hasardeuse entre une passion très profonde qui n’arrive pas à coucher d’un projet et des rencontres des fois avec des livres des fois avec des gens. C’est comme ça que ça se produit. Ma vie est partagé en deux entre cinéma et musique, depuis toujours. J’ai même hésité entre la musique et le cinéma, donc régulièrement je me disais il va falloir faire un film où la musique sera le corps central, mais quelle musique ? Très longtemps après je me suis dit pourquoi pas la musique baroque mais il n’y a pas de sujet, ça ne veut rien dire de dire ça.

Et puis un jour Louis Garrel me dis : tu devrais voir Pascal Quignard, il a écrit des choses là-dessus. Je me suis dit c’est une bonne idée. Je l’avais d’ailleurs vu en concert où il jouait un peu de la viole de gambe. Donc je vais voir Pascal Quignard. On se retrouve au bar du Petit pont de l’hôtel Lutétia. Je lui demande : qu’est-ce que je fais, j’ai très envie de ça, de la musique baroque, de Louis XIV, Versailles. Il me dit : pas du tout il ne faut pas être frontal, le pouvoir tout ça. Il faut voir ce grand siècle par la petite porte janséniste, par la rébellion, par les gens qui récusent tout, par les gens qui remettent tout en cause. Je lui réponds que c’est intéressant et que ça coûtera moins cher (rire de Corneau).

Et deuxièmement le pouvoir frontal c’est toujours très compliqué au cinéma, en terme musical aussi.

Alain Corneau


Voix au chapitre a programmé
Tous les matins du monde
en novembre 2020