Charles Chanvin, représenté avec Gide

Avec Marguerite Audoux, Charles Chauvin fait partie du "Groupe de Carnetin".

Il est représenté dans le tableau de Jacques Emile BLANCHE (1861-1942), intitulé ANDRÉ GIDE ET SES AMIS AU CAFÉ MAURE DE L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1900 (hauteur : 156, largeur : 220).

On voit :
- Gide, portant le chapeau noir
- Eugène Rouart, cheveux roux, fils du grand collectionneur Henri Rouart
- Athman Ben Salah, en cafetan rouge et turban de soie,
jeune poète tunisien
- Henri Ghéon, pseudonyme du Dr Vaugeon, portant chapeau gris
- assis, Charles Chanvin, poète, avocat.

© ADAGP, Photo RMN-Grand Palais - Bulloz

Des précisions sur le site L'histoire par l'image
du
RmnGP (Réunion des musées nationaux et du Grand Palais)

Comme l’avait fait quelques années plus tôt Henri Fantin-Latour en réunissant sur la toile plusieurs artistes, Jacques-Émile Blanche, jeune peintre et critique d’art proche du milieu littéraire, par ailleurs fils du docteur Blanche, le célèbre aliéniste, a alors l’idée de représenter André Gide avec ses amis. Connaissant leur habitude de se retrouver dans les salons, théâtres et cafés, Blanche met en scène ce portrait de groupe dans le café Maure de l’Exposition universelle de 1900 – par la fenêtre, on aperçoit des drapeaux français et d’autres pavillons étrangers qui avaient été érigés au Trocadéro à Paris. En réalité, le peintre fit poser ses modèles dans son atelier, et la correspondance échangée entre Blanche et Gide révèle même que c’est l’écrivain qui fournit les accessoires du décor – les petites tasses, la théière et le plateau qu’un jeune garçon est en train d’apporter –, souvenirs d’un voyage fait en Algérie quelques années auparavant. C’est naturellement autour de Gide, magistral et décontracté, vêtu d’une pèlerine noire et d’un chapeau, une cigarette à la main, que s’organisent les autres figures du tableau : de droite à gauche, Eugène Rouart, fils du grand collectionneur Henri Rouart, élégant et discret ; Athman Ben Salah, un jeune poète tunisien en cafetan rouge et turban de soie, protégé de Gide depuis qu’il l’a rencontré en Algérie et ramené en France ; Henri Ghéon, pseudonyme du Dr Vaugeon, plus passionné de littérature que de médecine, au regard vif et curieux ; assis, Charles Chanvin, un poète, plein d’allégresse.

Les différences d’attitudes choisies par le peintre reflètent de sa part une grande recherche de la physionomie et surtout de la psychologie de chacun des personnages et révèlent aussi ses propres intuitions à leur égard.

Interprétation


Lui-même fasciné par l’écrivain dont il a par ailleurs fait deux autres portraits, Jacques-Émile Blanche, en grand portraitiste des intellectuels de la fin du XIXe siècle, a voulu témoigner ici de l’engouement dont André Gide faisait l’objet dans un petit groupe d’admirateurs fervents, le « circuit » selon leur terme, qui vers 1900 formulèrent le désir de se doter d’un organe pour diffuser leurs idées à un plus large public. C’est ainsi qu’en 1909, André Gide avec Henri Ghéon et quatre autres écrivains (Marcel Drouin, André Ruyters, Jacques Copeau et Jean Schlumberger) fonda La Nouvelle Revue française, dont le succès a été confirmé deux ans plus tard par la création d’une maison d’édition confiée à Gaston Gallimard. Depuis près d’un siècle, la NRF apparaît comme une véritable institution littéraire à laquelle sont associés les plus grands de la littérature, de l’art et de la pensée.

Fleur SIOUFFI